samedi 7 décembre 2024

Jarretière, dentelles et falbalas (Yvanne)

   


Quand on parle de jarretière on pense évidemment à celle de la mariée lors de ses noces et au jeu qui s'y rapporte. On peut trouver ce jeu démodé, vulgaire et même sexiste. La tradition a bon dos parfois. De toute façon il n'y a plus beaucoup de cérémonies de mariages aujourd'hui et on procède différemment pour amuser la galerie afin de ne pas avoir l'air ringard. Mais il y a 3 ou 4 décennies, on convolait encore et on vendait la jarretière de la reine de la fête pour que le nouveau couple dispose d'un peu d'argent. Il n'y avait pas d'enveloppe avec un chèque la plupart du temps. On offrait des cadeaux choisis par les mariés s'ils avaient dressé une liste ou bien chacun faisait à sa convenance. Ce qui n'était pas une réussite très souvent. Et on n'osait pas se débarrasser du service de table de la tante Jeannette ou du miroir tarabiscoté du cousin Albert par la suite car il était de bon ton de pouvoir flatter les généreux donateurs quand ils vous rendaient visite, en exhibant leurs bienfaits. Bref.


J'ai assisté à quelques unes de ces célébrations et une en particulier m'a laissé un souvenir mitigé quant aux jeux qui ont suivi la pièce montée et les premières danses. Le garçon d'honneur du marié s'était improvisé animateur pour la soirée et les idées farfelues pour divertir les invités ne lui manquaient pas. L'une d'entre elles justement avait trait – il paraît - à la jarretière. Mais il ne s'agissait pas de celle de la mariée qui avait mis pudiquement son tour de cuisse en rubans et dentelles aux enchères sans rien montrer de ses gambettes potelées. Et ce qui suivit n'était plus du tout pudique.

Douze chaises furent disposées dans la salle, six face à face. Le boute en train choisit six couples au hasard – ou pas ! Les messieurs prirent place sur les chaises de gauche et les dames furent priées de s'asseoir sur celles de droite. On apporta des foulards et on banda les yeux des hommes. Il leur fut demandé de chercher, parmi la gent féminine celle qui partageait leur vie à partir d'un élément de leur anatomie  et pas n'importe lequel : le genou. A tour de rôle, ils s'agenouillèrent devant chaque femme et se mirent à tâter...à tâtons mais avec persévérance et insistance. Les mains se mirent tout à coup à dépasser les bornes chez certains qui n'attendaient que ça pour profiter de la liberté qui leur était largement offerte.


Des rires indélicats fusèrent. Des sourires gênés ou réprobateurs marquèrent plusieurs visages. Pas une seule des femmes concernées ne bougea cependant. On vit bien quelques gestes pour tenter d'arrêter ces actions que je trouvais, quant à moi déshonorantes. Mais le jeu alla quand même à son terme sans que personne n'intervienne vraiment, sans doute pour ne pas avoir l'air de vouloir gâcher la fête.


La question est de savoir si aujourd'hui, à l'heure de « me too » ce genre de situation pourrait se produire et quelles en seraient les conséquences. J'ose espérer que l'on stopperait vite fait la montée de testostérone chez ces mâles au comportement machiste avant qu'ils puissent sévir. Faire la fête lors d'un mariage - sans tomber bien sûr dans la pruderie - ne veut pas dire se conduire comme un goujat. « Honni soit qui mal y pense » ! 

  

12 commentaires:

  1. Tiens, j'ai connu ça, mais c'était aux épouses qu'on demandait de retrouver leur mari en tâtant des mollets... Y en a une qui a eu plus de facilité : son mec portait des fixe-chaussettes ! ;-)

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    1. Et dire qu'il y a des hommes qui portent des jarretelles ...quand leurs chaussettes sont hautes ! Bof ! Entre jarretière et jarretelle ... :-)

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  2. effet mitigé , en effet, quant à la drôlerie !

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    1. Et encore je n'ai pas parlé des commentaires salaces qui accompagnaient la chose ! Parce que bien sûr ils ne manquaient pas.

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  3. quelle que soit l'époque, c'est dégoûtant... la seule différence est que les femmes subissaient plus facilement, j'espère que ce n'est plus le cas aujourd'hui, même si on a toujours peur de "casser l'ambiance"

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    1. Oui : les femmes subissaient sans mot dire de peur de se faire remarquer et d'être traitées de mijaurées.

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  4. Les animateurs de soirées de noces rivalisent d'imagination pour des jeux incongrus qui n'amusent qu'eux-même ... Allez, Vive la mariée !

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    1. J'ai assisté à d'autres mariages où les jeux, parfois très coquins, n'ont jamais cependant atteint ce degré de lubricité.

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  5. C'était la belle époque où on savait s'amuser même si parfois l'alcool nous emportait dans le délire.
    Amicalement, Marie Sylvie

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  6. Marie-Sylvie : il s'agit plutôt là de profiter sans vergogne.

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  7. Tout cela me donne une furieuse envie de revoir "Le genou de Claire" et le lac d'Annecy en été !

    https://www.youtube.com/watch?v=xNnaIs8LAak

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  8. Comme Joe, vite, un film de Rohmer, SVP (non, pas "11 11 !)... D'ailleurs, son esprit plane sur les lieux de la ville (et surtout dans ma tête) où il a tourné "Ma nuit chez Maud"... Nostalgique aussi mais pas de ces mariages où l'alcool conduisait à bien des débordements...

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