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samedi 16 novembre 2024

Ont brandi leur gonfalon

 

 


 

  

Walrus ; Kate ; Lecrilibriste ; Adrienne ; Yvanne ; 

99 dragons : exercices de style. 83, Liste de vérification (Joe Krapov)

 

La cinéaste est assise dans le bureau du producteur. Elle vient chercher des financements pour son projet de film historique.

 

- Bon. On peut revoir votre check-list ? Parce que, voyez-vous, c’est la crise pour tout le monde, actuellement. Prendre des risques financiers en produisant un film, ça coûte cher et ça peut même coûter bonbon si le produit se ramasse.

 - Il y a peut-être le jackpot au bout, parfois !

 - C’est vrai. C’est pour ça que je veux voir combien vous allez me coûter. Pour savoir combien ça peut me rapporter si ça marche. Allez-y, déroulez !



- Un paysan bourru ; un troupeau de moutons ; un cheval ; son caparaçon ; son cavalier en costume de légionnaire romain. Il porte des sandales, une tunique, une armure de plaques en fer, un glaive, un bouclier, une ceinture militaire, un casque et un javelot sur lequel est fixée un gonfalon blanc à croix rouge. Il nous faudra des gros ventilateurs pour le faire flotter parce que là où on va tourner, en Espagne sans doute, c’est sec et il n’y a que très peu de vent.

 - Jusque là, ça va.

 - Un palais royal miteux ; une armée en déroute ; une population miséreuse prête à croire à n’importe quoi et à voter pour n’importe qui mais ça se passe dans un pays où il n’y a pas encore d’élections. Un monarque dont les caisses sont vides et qui est dépassé par les inondations.


 - Vous m’avez dit que c’était un pays sec ?

- Pardon, j’ai mal lu. Dépassé par les humiliations. Des manifestations paysannes.

 - Combien de tracteurs ?

 - C’est un film historique. Ils brandissent des fourches en gueulant « On en a gros ! »

 - Je préfère ça. Tant qu’ils ne mettent pas le feu au Parlement de Rennes ou à un symbole de ce genre, ça me va.

 - Après... Il y a le cas de la princesse.

 - Si les caisses sont vides, sa garde-robe ne doit pas être très fournie, je me trompe ?

 - Ce n’est pas la question du costume qu'elle porte qui va vous faire tiquer. C’est qu’on a l’accord de principe de Scarlett Johansson pour tenir le rôle.

 - Scarlett Johansson ! Vous voulez ma ruine ou quoi ?

 - S’il n’y a pas de vedette connue, les gens ne viendront pas au cinéma, savez-vous ? Enfin le plus gros…

 - Je vous écoute.

 - On a négocié avec le responsable des effets spéciaux de Jurassic Park et de ses suites. Il est d’accord pour nous construire un dragon comme on n’en a jamais vu.

 - Bon, si vous avez cette caution-là je veux bien envisager de les allonger.

 - Après…

 - Quoi encore ? Ce n’est pas fini ?

 - La responsable du casting a pris contact avec Dany Boon pour le rôle de Saint-Georges et avec Gérard Jugnot pour le rôle du roi.

 - Dites, vous voulez ma mort ou quoi ? Vous savez combien ils prennent comme cachet, ces malades ?

 - Ils sont disponibles aux dates de tournage et intéressés par le scénario.

 - Écoutez, ma petite, vous êtes bien gentille, mais vous allez me faire des coupes dans ce budget tel qu’il est sinon je ne finance pas.

 - On peut peut-être supprimer le gonfalon ?


La guilde des râpées (Yvanne)

   

Après réflexion et fait un choix parmi les diverses corporations qui fleurissent dans ma chère Corrèze, je vais vous introduire aujourd'hui dans la confrérie de la farcidure et du millassou. Il faut dire qu'elle vient de fêter ses 20 ans d'existence cette année. Et vous pouvez admirer son superbe gonfalon aux couleurs «   bleu royal et jaune d'or. »  Il n'a rien de glorieux mais comme le souhaitent les membres de la confrérie, il reflète le symbole de l'amitié, du bien vivre et bien manger. La moindre occasion est bonne chez eux pour faire ripaille entre copains. Ce qui n'empêche pas leurs actions caritatives, notamment auprès de l'hôpital de la préfecture, en pédiatrie. 


Ces couleurs éclatantes sont évidemment celles du blason de sa commune de naissance : Sainte Fortunade. Les initiés portent aussi la cape et le béret aux mêmes coloris et autour du cou arborent la précieuse médaille retenue par un ruban dont la teinte varie selon le grade : Grand Maître, Grand Argentier, Officier, Chevalier...

Voilà justement que ces dignitaires se sont manifestés sur la place de la Guierle lors de la célèbre Foire du Livre briviste fin de semaine dernière. Ils ont à cœur de faire connaître – et déguster – leurs deux plats typiquement corréziens : la farcidure et le millassou.

Vous m'en voudriez si je ne vous donnais pas un aperçu de leurs recettes à base de pommes de terre râpées. Ce sont des gourmandises pour moi et pour bon nombre de corréziens et je crois pouvoir affirmer que les « étrangers », y ayant goûté en redemandent. J'en connais beaucoup.

La farcidure : se munir d'un grand factotum – tiens pour me faire pardonner de ne pas avoir participé samedi dernier – (c'est bien l'étymologie de ce mot non : fait tout.) Donc verser de l'eau dans un faitout. Porter à ébullition. Ajouter un beau morceau de petit salé sorti de son saloir – je préfère quelques côtes en un seul tenant – et une andouille. Pendant ce temps éplucher et râper des grosses pommes de terre, Bintge de préférence. Confectionner un hachis avec oignon, ail, persil et autres herbes. Poivre. Pas de sel bien sûr ! Façonner des boules avec les râpées et insérer à l'intérieur un peu de farce et un petit morceau de lard. Les mettre à cuire, entourées d'une feuille de chou - ou pas - dans le bouillon après avoir retiré les viandes. Les déguster avec les salaisons. Il y a un tour de main à prendre pour que les boulettes ne s'écrasent pas. Mais ça c'est une autre histoire ! 


Le millassou : j'en prépare souvent. C'est beaucoup plus facile et délicieux. Il faut donc éplucher et râper des pommes de terre – ici peu importe l'espèce – Ajouter un œuf, des petits morceaux de lard, beaucoup de persil, ciboulette, sel et poivre, un peu de muscade et de la crème fraîche. Bien mélanger et verser dans une poêle où l'on aura chauffé de la graisse de canard. Retourner plusieurs fois sur un couvercle jusqu'à ce que les deux faces soient bien dorées et croustillantes. L'intérieur se doit de rester moelleux. A déguster avec un civet pour un repas plus élaboré ou tout simplement avec une salade verte.


Et après ces mets roboratifs comment pensez vous que le repas se termine ? On change de confrérie et on rend visite à celle des croqueurs de pommes pour acheter de quoi faire une belle flognarde.

A quoi ça nous mène un gonfaron quand même !

 

N comme nasale (Adrienne)

  

Gonfalon!
"Mais on dit aussi gonfanon", précise Walrus.

Il n'en faut pas plus pour ouvrir tout grand le tiroir aux souvenirs: dissimilation nasale! Walther von Wartburg!

Ah! cette petite bible à couverture orange, qu'il fallait apprendre par cœur!

Et la surprise naïve, à dix-huit ans, de découvrir que tous les grands spécialistes de la langue française n'étaient pas Français, mais Suisses du côté des linguistes et Belges du côté des grammairiens.

L'œuvre de von Wartburg, un travail gigantesque, comme son Dictionnaire étymologique du français, vieux d'une centaine d'années mais toujours unique et inégalé, et ce petit livre orange, Évolution et structure de la langue française, qui reste d'une lecture agréable et intéressante, à cent pour cent fiable.

Chose rare.

Gonfanon, donc.

Il fait partie de ces quelques centaines de mots venus tout droit du parler des Francs, la langue germanique qui est à l'origine du néerlandais et de nos patois flamands, et qui désigne ce bout de tissu qu'on brandit fièrement au combat pour indiquer quel imbécile heureux on est d'être né quelque part.

 

Mon Gonfalon … Mon Gonfalon ! (Lecrilibriste)

 

 

Allez savoir pourquoi ce mot de Gonfalon m’a fait penser en un éclair à « Mon Pantalon ! Mon pantalon ! que Petit Gibus chantait triomphant dans la guerre des boutons !

Image inoubliable et si drôle que j’imaginais soudain Godefroy de Bouillon (là encore allez savoir pourquoi ?), agitant un magnifique Gonfalon orné de son blason pour partir libérer Jérusalem en hurlant : « Mon Gonfalon ! Mon Gonfalon ! »  Croisés ralliez-vous à mon Gonfalon ! Il sera bientôt planté sur le toit du Saint Sépulcre ».

E t voilà que je lis sur Wikl que la statue de Godefroy de Bouillon trône majestueuse sur la place Royale de Bruxelles ???

Il y a des hasards bizarres, avouez ! Hasards que l’IA aurait du mal à trouver.  Et c’est peut-être là notre richesse !

 

Comme autant de gonfanons (Kate)

   

"Se connaître,
Se reconnaître :
Avant d'avoir un nom, un visage, une silhouette
Déjà de loin savoir si l'on est du même clan
Si l'on appartient au même camp
Ou s'il faut préparer une retraite
Et s'enfouir dans une cachette
Avec cette apparition
Dans son champ de vision
Dont l'ampleur mérite réflexion...
Tant de nous n'ont pas eu peur
Alors qu'ils auraient dû être morts de frayeur
L'un fit d'une branche un pieu
Y attacha de son mieux
Un reste de peau de bête
Et de notre horde prit la tête..."
- Gontran !
- Comment ?
- Sors de tes gonds mon grand !
- J'écrivais, maman
Sur l'origine du gonfalon...
- Allons bon !
Mais mon enfant,
c'est l'heure du départ,
viens voir les étendards !
- Pas trop de vent !
- Fanny !
- Quoi maman ?
- Viens voir Tanguy...
- Oui.
- Et Charlie...
- Le favori !
- "22", mais c'est Guirec !
- Fanny, on est en Vendée !
- Mais c'est le numéro de son voilier !
Il est des Côtes d'Armor, de Perros-Guirec ?
C'est son surnom alors ?
- Gontran, tu connais pas Guirec Soudée ?
- Ah oui, l'aventurier !
- Il est unique !
- Et il part sans Monique...

- La voile rouge, c'est Samantha !
- Ah ! Sam ! Elle va gagner, là !
- Les enfants, 13 heures 02, c'est le départ...
- Et aucun retard !
Tour du monde à la voile
Et quelles voiles !
- Tanguy, ça va tanguer !
Guirec, garde-toi des dangers !
- Gontran, retourne à tes cahiers...
- Un moment, je regarde la télé
Et la mer hérissée de fanions
Comme autant de gonfalons !

(photo extraite du magazine Elle :

)

Il nous gonfle, allons ! (Walrus)

   

Oui, avec ses gonfalons (ou gonfanons), il nous gonfle !

J'irais même jusqu' à "Il nous les gonfle",  mais je sais me tenir...

Le comble, comme je le connais, c'est qu'il avait dû entendre le mot quelque part, Dieu seul sait où, et qu'il ne savait même pas ce que ça pouvait être, qu'il s'est jeté sur le premier dico à portée de souris et puis est venu faire son érudit ici, sous vos yeux ébahis.

Dans mon patelin d'adoption bien aimé, on appelle ça un "Stoef(f)er" (à votre tour de plonger sur un dictionnaire, bonne chasse !).


Eh, oh, ça va le mec ? Et  encore quoi ? 

C'est à moi qu'il les gonfle à toujours contester mes choix !

Surtout qu'en fait, il a tapé dans le mille : en dehors d'un vague lien avec les Templiers, je savais que gonfalon avait quelque chose à voir avec un truc qui se balance au vent, mais.... Faut dire qu'en cette matière, le français est plutôt riche (oui, tout arrive...) entre les drapeaux, les pavillons, les oriflammes, les étendards, les fanions, les bannières, j'en passe et sans doute de meilleures comme les flammes et les guidons, faut s'y retrouver.

Il semble que la caractéristique essentielle du gonfalon soit de se terminer par une ou plusieurs pointes. Le fameux dico dont question ci-dessus en donne deux acceptions principales :

  • une flamme de tissu attachée à la hampe d'une lance (comme celle du Saint Georges de Joe)

  • une bande de tissu terminée par une ou des pointes suspendue à une barre transversale attachée à une hampe (comme dans les processions de ma jeunesse et que j'ai toujours prise pour une bannière).

Ben oui : on ne peut pas tout savoir !

Et, franchement, ça me fait une belle jambe  maintenant, d'autant que mes jambes dans leurs bas de contention n'ont pas grand chose de sexy (mais je m'en fous : je porte toujours des pantalons, même à la plage).


 

samedi 9 novembre 2024

Défi #846

   

Bataille ou procession, au choix !

  

Gonfalon

 (on dit aussi "gonfanon")


 

Défi #894

   Vous nous ferez ça en un éclair !     Tonnerre