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samedi 10 août 2024

Sont grimpés sur les toits

 

 

 

De voyageur à pigeon (Kate)

 
Tu étais venu me rejoindre dans mon tour de France où je découvrais les terroirs, l'architecture.
 
 

Tu étais rentré et je continuais ma tournée.

À la fin, j'avais pris des avions pour retrouver Sophie qui m'attendait au pays. Je voulais la retrouver plus tôt que prévu pour lui dire que je l'aimais mais je ne savais pas où elle était. Elle aussi voyageuse ! Je continuais à la chercher et je la retrouverais, j'en étais sûr, quitte à parcourir la Terre entière.

Et puis, je suis rentré chez moi pour y retrouver la solitude... enfin, pas exactement : ma Sophie était blottie au fond de mon lit, avec toi, mon meilleur ami.

Vous vous êtes enfuis
Je vous ai maudits
Ça fait un sacré moment
Je regarde le Saint Laurent
Je repense à mes tourments
Et avec le temps
En ce dix août
Quoi qu'il m'en coûte
Je te souhaite une bonne fête
Cher Laurent
J'ai poursuivi ma route
La vie est ainsi faite !

  

H comme hommes (Adrienne)

  

- Ils sont comme ça, les hommes! dit Irène à sa fille. Ils s'empressent de tuer en nous exactement ce qui leur plaisait au départ. Hop! un grand coup d'éteignoir!

Elle joint le geste à la parole.
Ah! c'est qu'elle est remontée contre Patrick!

Sa fille ne répond pas. Elle sait ce qui va suivre:

- Chez moi par exemple, ce qui lui plaisait c'était mon petit grain de folie...

C'est vrai qu'elle était jeune et folle!
Qu'on l'aimait pour ce grain, et pour cette façon qu'elle avait de tout tourner à la rigolade, surtout les choses graves.

Sa fille le sait bien, tous ceux qui ont connu sa mère "avant" le lui disent.

- Mais maintenant c'est de loin lui le plus fou de nous deux, fait Irène. Franchement! Vendre notre magnifique appartement à Knokke pour aller s'acheter une bicoque en Bourgogne!

Elle reprend une gorgée de son mocktail.

- Fou, je te dis! Il est devenu complètement maboule!

 

Le Couvreur (Joe Krapov)

 

 ​


Il vient d’arriver une tuile au Couvreur.

La tuile en question a la forme d’un courrier officiel de la ville de Colmar. Son contenu est déstabilisant au possible pour tout individu doté d’un minimum de sens esthétique. C’est un peu comme si Léonard De Vinci recevait ce message :

« Monsieur, 

En raison des jets de concentré de tomate de plus en plus fréquents sur les tableaux de notre musée, nous avons pris la décision de recouvrir de pâte à pizza la vitre qui protège votre portrait de Mona Lisa dite La Joconde.

Cordialement »

La formule d’impolitesse montre que la missive est un e-mail. Si Leonard avait donné son 06, il eût reçu un SMS et ce n’eût pas été mieux.

***

Il vient d’arriver une tuile au Couvreur.

Notre couvreur s’appelle Sébastien Mast. A vrai dire il est plus architecte et artiste plasticien que couvreur. C’est sa belle-mère, Solange Odonte, qui le surnomme ainsi, « Le Couvreur ».

C’est à la suite d’une longue réflexion à partir des sols de la basilique Saint-Marc à Venise que Sébastien Mast a imaginé de disposer artistiquement les tuiles sur les bâtiments qu’il conçoit. Tous les courants de l’histoire de la peinture se retrouvent dans ses réalisations. Il y a des toits « Lascaux », des toits impressionnistes, des toits fauves, des toits cubistes… Son chef-d’oeuvre absolu reste néanmoins son « Festin des dieux en bord de Seine », réalisé sur le toit plat du 9 quai de la Mégisserie à Paris. 

- Il est idiot ou quoi, ton mari ? a demandé un jour Solange Odonte à sa fille. A quoi ça sert de réaliser des œuvres d’art que personne ne peut voir si ce n’est les oiseaux ? Et tout le monde sait, depuis Chaval, que les oiseaux sont des cons !

- Mais enfin, Maman ! Il y a des photos, des objets dérivés, des maquettes, des posters ! C’est ça qui se vend aujourd’hui une fois qu’on a fait le buzz ! Regarde le succès en librairie de « La Terre vue du ciel » de Yann Arthus-Bertrand ! Et avec les drones, rien de plus facile que de réaliser des dévédés !

Solange n’a pas voulu bousculer plus sa fille Béatrice. En son for intérieur elle n’en pense pas moins que la dernière œuvre de Sébastien, « 99+1 » est de la foutaise. Elle se souvient du dernier repas de famille au cours duquel « Le Couvreur » a expliqué s’être inspiré de la salle des fêtes de Faux-la-Montagne dans la Creuse.

- Qu’est-ce qu’elle a de plus que les autres, cette salle polyvalente « qui sert à tout qui ne sert à rien » ? a demandé M. Odonte père qui entretient des rapports plus bienveillants avec son gendre.

- Elle a 99 fauteuils noirs et un fauteuil blanc !

- Quel intérêt ? a demandé Solange.

- Mais, Belle-Maman ! En déplaçant le fauteuil blanc, j’obtiens cent motifs de toiture différents ! D’un seul coup j’ajoute cent pages à mon catalogue. Et je multiplie cela par le nombre de couleurs de tuiles dont je dispose ! « 99+1 rouge et noir », « 99+1 jaune et vert », « 99+1 jaune et blanc »…

- Reprenez donc de ma tarte au citron meringuée, les enfants ! a éludé Solange.

***

Il vient d’arriver une tuile au Couvreur.

Le courrier de la ville de Colmar le met en demeure de repeindre en blanc toutes les toitures qu’il a réalisées dans cette riante commune d’Alsace.


« Par souci écologique et pro-planétaire de lutte contre le réchauffement climatique, le Conseil municipal de Colmar, en sa réunion plénière du 3 juillet 2024 a arrêté que tous les bâtiments de la ville seraient repeints en blanc, y compris et avant tout les toitures. ».

- Bravo ! a pesté Sébastien. Le grand remplacement de la France colorée par la Casbah d’Alger !

Et puis comme le Couvreur n’est pas du genre à se laisser abattre il a téléphoné à son imprimeur.

- Monsieur Brodin-Taupard ? Sébastien Mast à l’appareil ! Vous pouvez encore changer le titre de mon catalogue 2025 ? Oui ? Très bonne nouvelle ! Vous ajoutez juste « Collection Malevitch, semaine du blanc ! »

 

Tout bien réfléchi la tuile n’en est pas une. Elle va satisfaire Beau-Papa qui vote vert et faire taire Belle-Maman qui ne trouve rien à redire au port de l’uniforme par les hussards sur les toits !

Attention ! (Walrus)

   

Ne vous écriez pas "Un toit bourguignon !" à cause d'un vague souvenir des tuiles vernissées multicolores des toits des hospices de Beaune ou du château de La Rochepot !

Non,  regardez bien : les tuiles ont un bout arrondi, en Bourgogne, elles sont rectangulaires et même carrées et, soit dit entre nous, y en a de toutes pareilles dans mon pays sur la cathédrale de Tournai (une des toutes premières capitales de la France, capitale qui a migré progressivement vers le sud : Soissons, Reims...). 

Vernissées à bout arrondi ? Des tuiles comtoises (ben oui, y a pas que des horloges en Franche-Comté) ?

Ben non, regardez bien ici :



Oui, je sais, c'est un peu flou, c'était une plus ancienne génération d'appareils numériques, n'empêche, ça ne vous aura pas empêché de constater la présence de stries sur les tuiles non vernissées. Elles ne se trouvent pas là par hasard : elles servent à faciliter l'écoulement de l'eau. Et ça, c'est typiquement alsacien ! (Je vais quand même demander confirmation à mon beau-fils escaladeur de cathédrales)

La photo a été prise à Colmar.

Quoi ?

En 2011 !
Vous voudriez pas l'adresse exacte aussi ?



Le toit du monde (Lecrilibriste)

 

 

Son toit
C’était pour lui le toit du monde
Il fallait qu’il soit beau
Qu’il ait des couleurs
Pas celle de la brique rouge
Trop commune
Ni celle de l’ardoise grise
Trop triste
Il fallait vraiment
Qu’il ne ressemble à aucun autre
Qu’il soit à lui et à lui seul
Pour abriter sa famille
Et puis c’était son métier
Même si l’on dit que ce sont
Les cordonniers les plus mal chaussés
Lui, ferait de son toit une œuvre d’art

Alors, il a longtemps réfléchi
Longtemps des plans, il a établi
Longtemps les couleurs, il a assorti
Qui ne ressemblaient qu’à lui
Qui faisaient dire à sa femme
Mais enfin, tu n’as pas encore fini ?
A sa fille, Oh Papa
Comme c’est beau ces carreaux
Mais la croix, là, tu l’a pas mise au milieu
Et ces tuiles rondes vertes et jaunes
Comme un chapeau de Ste Catherine
Avec ses bords festonnés
Qui ressemblent à des broderies
Papa, tu es un artiste accompli
Alors Papa était heureux
Il corrigeait, il se surpassait

Et il s’est surpassé
Pour offrir le toit du monde
A toute sa maisonnée

 

Ô toit, mon toit (La Licorne)

 


Ô toit, mon toit

Dis, qui te voit ?

Tu étales tes couleurs vermeilles

Et tes tuiles au soleil

Tu attires les pigeons

L'eau ruisselle sur ton front

Inlassablement tu nous protèges

Du vent, de la pluie, de la neige

Mais qui te remercie

De ces bienfaits, oui, qui ?

Les gens cachés sous tes poutres

Ont tous l'air de s'en foutre...

Alors, peu à peu, tu te lasses

Tu t'abîmes, tu t'effrites

Sous le poids du temps qui passe

Et sous l'assaut des termites

De tuile en tuile

Tu te fais fragile

Ô toi, mon toit

Au fil des mois

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