Walrus ; Marie Sylvie ; Adrienne ; Kate ;
Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais sachez que si j’avais le temps, avec toutes mes connaissances inutiles, je rédigerais volontiers les questions d’un Jeu des mille euros à ma manière.
Par exemple, avant d’aller voir « En fanfare » au Ciné-TNB, j’ai posé à Marina Bourgeoizovna la question Super-banco suivante :
- Qui sont Labélure, Trouffigne et Peaudhareng (Peaudarent ?) ?
Elle a séché.
- Ils appartiennent à la classe des lépidoptères ! ai-je précisé, taquin.
Ça ne l’a pas aidée.
- Ce sont les plus connus, en fait. Comme autres condisciples il y avait Vulcain, Myrtil, Robert Lediable, Pierrick de La Rave, Tristan, Machaon, Petit Sylvain, Alex Anor, Flambé… Ce sont des enfants.
- C’est dans « Le Petit Nicolas » ?
- C’est plus court qu’un roman ou même qu’une nouvelle. C’est une chanson.
Elle n’a pas trouvé. Et vous ?
***
Ce sont trois des élèves du « Lycée Papillon » de Georgius. J’aurais pu gagner 45 euros si j’avais envoyé la question sur carte postale à Roger Lanzac au cirque Pinder ou à Lucien Jeunesse à la Maison de la radio mais ils m’auraient retourné un chèque en francs et cette monnaie n’a plus cours de nos jours.
J’aurais pu vous la chanter aussi, la bluette, mais s’il vous plaît, relisez ma première phrase : comme tous les gens qui vivent leur vie avec la légèreté du lépidoptère, je manque de temps !
J’ai juste pris celui de retrouver la photo de classe. Qu’est-ce qu’on était beaux quand même ! Je suis le troisième assis en partant de la gauche. Croyez-moi, je ne suis pas un imbécile, j’ai même de l’instruction !
Au jardin un papillon volage
Jouait de ci de là le joli cœur.
Prêt à présenter ses hommages
A une demoiselle, avec ardeur.
Cet insecte en mal d'amour
Voletait de feuille en fleur
Étalant ses ailes de velours
Aux chatoyantes couleurs.
Attiré à la tombée du jour
Par une lumière clignotante
Il se posa tout près d'un gour
Aux hautes herbes luxuriantes.
Que veux tu toi le lépidoptère
Ne t'approche pas. Sois certain
Le cas échéant foi de coléoptère
Que je ferai de toi un vrai festin.
Oh oh tu dardes ta luciférine
En même temps que ton venin
Je n'ai pas peur de ta médecine
Et ne passerai pas mon chemin.
Je voudrais te dire sale bestiole
Qui sans gêne chez moi a chu
Tu t'adresses ici à une luciole
J'aimerais que ce soit entendu.
Luciole ? Ce beau mot te flatte
En vérité tu n'es qu'un petit ver
Luisant. Crois tu que tu m'épates
A me regarder ainsi de travers ?
Allons faisons donc un pacte
Tu regagnes vite tes pénates
Et je saurai oublier cet entracte
Va ailleurs folâtrer, acrobate !
Mais je ne baille pas à la lune.
Je suis juste un pauvre papillon
Qui cherche par hasard fortune
À une belle prêter mon aiguillon.
Petites
blagues saisies lors d'un butinage festif de papillons :
Permettez,
cher Monsieur,
Ce
nœud lépidoptère
vous
sied à merveille.
Encore
un lépidoptère
sur
le pare-brise
de
votre voiture !
Minute
lépidoptère !
Il
n'y a pas urgence.
Cessez
de lépidoptérer
d'une
idée à une autre !
Entendu
dans une manifestation de papillons autonomistes :
Papillons
OUI !
Lépidoptères
NON !
Le soleil se leva
Piégeant la lune
Dominant les astres
Papillon déploya ses ailes
Terminant la nuit de la chrysalide
Drôles de vies !
Bien sûr, commença le professeur, on pourrait dire 'signal de détresse' mais avouez qu'aposématisme, c'est franchement mieux!
Et quand vous situez le bombyx dans l'analyse cladistique, n'oubliez pas en passant de préciser que chitineux se prononce [k].
C'est toujours un rappel utile.
Vraiment, le monde des diptères est un terrain de jeu merveilleux!
Voyez ces hormones danaidones!
Ces processus endothermiques et exothermiques!
Admirez ce flambé, ces frénates, ces glossates!
Puis placez judicieusement quelques autres vocables, holométabole, hémolymphe, imago, jugate: le choix ne manque pas!
Et n'oubliez pas les kalligrammatides!
Le professeur, rouge et en sueur, venait de passer à la vitesse supérieure:
- Qui, mais qui? je vous le demande! qui oserait dire 'papillon' quand on a le mot lépidoptère!
Voyez ce monde fascinant du morio, de la nymphose et des ocelles!
Il dansait maintenant sur son estrade en tapant le rythme avec sa latte en métal:
- Phytophage! Plurivoltine! Photorécepteur! Proboscis! Phanère!
Les étudiants commençaient à s'inquiéter pour sa santé.
- Il va continuer encore longtemps, comme ça? s'est-on enquis auprès d'un redoublant.
- Jusqu'à ce qu'il soit arrivé à yponomeutoïde et zygène, fit-il, laconique.
Et en effet, c'est juste après ça que trois ambulanciers sont venus l'emmener.
***
Tous les mots marqués d'une initiale en gras viennent d'ici.
Ça, c'est bien moi, faut toujours que je fasse le malin et ça finit immanquablement par me retomber dessus !
Au lieu de lépidoptère, j'aurais pu dire papillon.
Non ! et pour deux bonnes raisons :
En écrivant "espèce", là je me suis demandé si c'était bien le terme approprié pour désigner un groupe spécifique dans le classement des êtres vivants. J'ai donc décidé de me référer à la science du classement : la taxinomie.
Taxinomie ou... taxonomie ?
J'ai consulté les manuels de référence (autrement dit "dicos"), sur le net, évidemment. Et mal m'en a pris, j'aurais dû m'en douter : les dictionnaires, c'est pas clair, ça suppute, ça discute, Madame la rousse sème à tout vent les graines de l'incertitude.
Y en a qui disent, comme les Québécois, que la forme française est taxinomie et que taxonomie est dérivée de l'anglais taxonomy (on connait la passion des Québécois pour la langue anglaise). La plupart des autres penchent pour dire que les deux sont admis avec des préférences variables pour l'une des deux formes sans faire de distinction précise entre les deux (sauf un qui réserve taxonomie au monde végétal).
J'ai même dégoté un truc spécial chez Wikisaitout où l'on mentionne à la fois taxinomique et taxonomie:
Un taxon est une entité conceptuelle qui regroupe tous les organismes vivants possédant en commun certains caractères taxinomiques ou diagnostiques bien définis. Le terme dérive du terme taxonomie par troncation, et non directement du grec τάξις / táxis, « placement », « mise en ordre ».
Ah ! Ça m'a rappelé le temps béni où je tentais (souvent en vain) d'appliquer les règles de la nomenclature chimique de l'IUPAC (International Union for Pure and Applied Chemistry). Mais revenons au vivant, même si celui-ci est bourré de chimie.
Je suis donc retourné à mes lépidoptères pour essayer de les dénicher au sein de la taxi ou taxo... nomie des êtres vivants et là, j'en suis resté comme deux ronds de flan : j'ai découvert que des tax-machin-mies du vivant y en avait deux, comme les testaments (vous savez : l'ancien et le nouveau-ohohoho, y a qu'un cheveu sur la tête à Mathieu). Ouais ! Deux taxionomies : l'ancienne (la classique) et la nouvelle (la cladistique) tout ça pour une sombre histoire de gènes ce qui démontre à suffisance qu'où il y a du gène il n'y a pas de plaisir. J'ai donc inséré un papillon (virtuel) au point actuel de mes recherches. J'y reviendrai peut-être une autre fois grâce à l'un ou l'autre mot tordu dont ce site a le secret, mais pour l'instant, je dois vous quitter, y a le chien qui est une chienne qui brait pour que je la suive dans sa promenade méridionale.
Quoi ?
C'est pas "du midi" méridional ? Les dicos seraient des pièges à con ?