samedi 12 juillet 2025

Défi #880

   

 


 
 

 

Se sont enf(o)uis dans la neige

 

 


  


 

TOKYO ; Ghislaine ; Walrus ; Kate ;

Marie Sylvie ; Yvanne ; François ; Joe Krapov ;

   

Pas encore tout à fait amnésique. 18, Les Chiens (Joe Krapov)

 


Les gens qui ne se souviennent pas du prénom d’Alzheimer – Alois, tu parles d’un blase ! – n’ont pas à se poser cette question qui me taraude à chaque fois que j’ajoute un chapitre à cette entreprise quasi pérecquienne du bistrot-mémoire thématique : mais pourquoi est-ce que je retiens tout ça ? Ça ne sert absolument à rien !

Par exemple que le chien de l’oncle Walrus soit une chienne, s’appelle Câline et soit de race Jackie Russell, je ne peux même pas le placer dans une conversation par ici. Les Bretons que je fréquente se fichent pas mal de ce que j’aie de la famille virtuelle en Belgique, de ce que, ancien latiniste, je sache traduite l’expression « Cave canem » et du fait que j’ai passé mon enfance à lire chaque semaine « Vaillant le journal de Pif » le chien.

Que, dans ce chenil « quasi communiste », j’ai pris plaisir à découvrir le Gai-Luron de Gotlib, Pifou le fils de Pif qui ne s’exprimait qu’avec « Glop ! », « Glop glop ! » et « Pas glop ! », que Raymond Mas ait pris son autonomie pour faire vivre à ce personnage sans langage des conflits avec l’infâme Brutos dans des pages autonomes, qui s’en soucie ?



« Tout ça intéresse tout ça ! » me répond-on de la rivière Kwaï, Kwaï, Kwaï, onomatopée qui signifie qu’on a marché sur la lune et sur la queue du chien.

De fait, cette pop-culture là n’a plus cours. Toutes les choses ont une fin, sauf les saucisses qui en ont deux et si tu attaches ton chien avec, des saucisses, c’est beau, superbe et généreux mais ne t’étonne pas s’il part divaguer au parc des Carmes à La Flèche !


Les saucisses ont deux bouts et les spaghetti aussi. Si un même spaghetti tombe dans la gueule d’une belle et d’un clochard, pas de doute on est bien chez Walt Disney dans le film homonyme. Si tu trouves 101 dalmatiens dans ton séjour ou quatre bassets pour un danois, c’est la même punition-diagnostic !

Que serait Tintin sans Milou ? Que feraient Astérix et Obélix sans Idéfix qui les sort de la pyramide-tombeau dans « Astérix et Cléopâtre » ? Certes, Lucky Luke peut se passer de Rantanplan mais il manquerait quand même quelque chose dans l’histoire s’il n’était pas là, non ?

Le chien du Club des cinq d’Enid Blyton s’appelle Dagobert. Et comment dans l’original anglais ? Ils ont eu des rois fainéants aussi, les British ?

Le chien de « Sans famille » d’Hector Malot s’appelait Capi.

Je me souviens de « Youhou Rintintin ! », du caporal Rusty et du sergent O’Hara.


Je me souviens de « Non mais ! Oh ! Dis ! » envoyés au chien qui pisse sur le pot de fleurs en ouverture des émissions des Deschiens.


Je me souviens que le fox-terrier blanc de Nora dans « M. et Mme Détective » s’appelait Asta.


J’ai eu la trouille comme tout le monde en lisant « Le Chien des Baskerville » de Conan Doyle. J’ai eu droit au feuilleton « Belle et Sébastien » (d’après Cécile Aubry avec son fils Mehdi) avant que ça ne devienne un duo musical dont je n’ai jamais rien écouté.

Plus tard j’ai emmené mes enfants au cinéma « Le Palace » voir « Beethoven ». Ils ont ri, moi pas vraiment, je préfère l’arrivée du 3e mouvement dans le concerto de piano n° 4 (c'est à 25 ').

Dans la vraie vie le chien noir de mon grand-père s’appelait Micky, je ne l’ai pas connu et on a perdu la photo prise sur le seuil de la maison. Celui de ma grand-mère s’appelait Charlie, celui de mes beaux-parents Plouc et celui de mon frère Nobody. Celui de Mitterrand s’appelait Baltique. Ça nous fait bien des bosses et des belles jambes, tout ça !

On m’a raconté l’histoire de quelqu’un qui avait appelé son chien Sarkozy pour avoir le plaisir de pouvoir lancer parfois :« Sarkozy ! Au pied ! »

Je me souviens de « Combien pour ce chien dans la vitrine ? » de Line Renaud, d’« Azor » d’Arletty, de « Dites-moi ma mère pourquoi les chiens dans la rue se montent dessus », du chien devant le gramophone de « La Voix de son maître », de « Hey Bulldog » des Beatles. Clifford Simak a écrit « Demain les chiens ». Le chien de Jean de Nivelle se carapate quand on l’appelle. Les Saint-Bernard ont un tonneau de rhum accroché sous le menton. Mon partenaire musical dans le duo « Les Am’nez zique » s’appelle Monsieur Le Bichon. Jacques Bodoin donnait l’accent anglais à Pollux dans « Le Manège enchanté ».

J’ai failli oublier Boule et Bill, Cubitus, Pluto, Roquet Belles oreilles, Kador et Petit caniche qui n’est pas un chien mais le compagnon indien de Chick Bill de Tibet. Je n’ai toujours pas retrouvé la Mirza de Nino Ferrer et je passe sous silence ma passion pour Snoopy de Charles M. Schulz qui m’a valu d’être surnommé ainsi un temps par une douce jeune fille disparue aujourd’hui dans les limbes.

Voilà, j’ai posé ma balise Argos, je me sens « heureux qui comme Ulysse » mais mon voyage n’est pas fini : bon été à tout le monde ! Le conseil de la semaine sera : « Mangez sain, n’abusez pas du hot-dog, même s’il fait un temps de chien ! ».




LE FRISSON D'APRÈS (Marie Sylvie)

   


Cette photographie m'évoque l'hypothermie, ce froid muet qui serre la gorge. Elle murmure ce souvenir d'un froid qui empêche de respirer. 

Je ne me souviens pas de la douleur, pas au début. Seulement de cette chaleur brutale, viscérale, comme une fière née de la panique. Mon cœur, tambour en guerre, frappait chaque seconde comme s'il pouvait repousser la mort elle-même. Mon corps, trahi et meurtri, s'était mué en animal. L'adrénaline fuyait mes veines comme de la lave, me prêtant une force venue d'ailleurs. Mon souffle était court, rapide mais vivant. Vivant. 

Puis vint le silence. 
Lorsque la porte s'est refermée derrière moi, chez moi, lorsque les échos de la violence se sont tus  ... le feu s'est éteint.
Et le froid est venu, pas un froid de saison mais un froid ancien, intime. 
Un froid qui se glisse sous la peau, qui se tapit au creux des os et qui lentement t'arrache la voix. 
Chaque inspiration était une bataille, chaque souffle un pic acéré. Mes mains tremblaient comme si l'univers en moi se désintégrait. J'avais si froid que même mes larmes semblaient hésiter à couler. J'étais en vie ... mais plus tout à fait. 

J'avais si froid  ... jusqu'à ce que mes forces se taisent. 
J'ai perdu la notion du temps : Quelques jours ? Quelques semaines ? Peut-être quelques mois. Il n'y avait plus de repère, seulement ce vide glacé qui m'a volée à moi-même. 

Lorsque mes paupières se sont enfin ouvertes, ce n'était pas un réveil mais c'était une résurgence. Une remontée lente depuis les profondeurs. Mon corps était déserté comme une terre après l'orage. Mes lèvres fendillées murmuraient à peine, et chaque muscle criait  famine d'eau, de chaleur, de vie.

Et pourtant, je respirais encore. Mais depuis ... il fait froid même sous ce soleil de Juillet, même sous les draps enroulés tel un cocon.
Ce froid là n'est plus une température. C'est une mémoire. Une empreinte sous la peau, une cicatrice invisible que ni le temps ni les saisons n'effacent. 


 

UN TERREIR DANS LA NEIGE (François)

  

Les deux chiens et l’enfant,

Accompagnés de ses parents,

Dans la neige sont allés,

Pour se divertir et jouer.

 

Voilà que dans une congère,

Un trou béant à l’enfant sembla plaire,

Comme un terrier faisant office de cabane,

Il y entra avec ses bêtes, on voyait dépasser leurs cranes.

 

Ce n’étais pas un igloo mais cela pouvait faire l’affaire,

En mimant un lapin il eut une sucette,

Et ses animaux quelques croquettes.

 

Sa joie il l’exprimait devant père et mère

Le chérubin alors s’imagina en inuit,

Même, qu’il voulut rester là jusqu’ à la nuit.

 

Mais la froidure eut raison de son initiative,

Tremblotant, il sortit vite de sa demeure,

Sans attendre cette heure tardive,

En avouant que cette sortie était la meilleure.

 

Le lendemain à l’école à ses copains a raconté,

Son aventure sans oublier d’exagérer.

 

 

Chaud froid. (Yvanne)

  

  • Tiens te voilà Jacky ! Tu ne viens pas me parler de Louis j'espère ?

  • Il faudra bien pourtant que je te raconte ma visite à la maison de retraite.

  • Pas la peine. Je t'ai déjà dit que ça ne m'intéresse pas.

  • T'inquiète. Ce n'est pas le sujet du jour. Tu as reçu une carte de Brigitte ?

  • Brigitte ? Celle de Macron ?

  • Peuh ! N'importe quoi ! Brigitte. La présidente. Notre présidente. De notre association « Cavadou et Truffadou ».

  • Ah mais c'est ta copine. Pas la mienne. Ça risque pas qu'elle m'envoie des mots doux.

  • Des mots doux ! Jaloux va ! Si t'étais moins sauvage aussi. En plus tu ne viens jamais aux réunions.

  • Pour faire quoi ? Du blabla ces séances. Vous avez tous la réunionite aiguë. Et du temps à perdre.

  • Tu penses ce que tu veux. Tu es bien content quand elles aboutissent à quelque chose qui profite à tous.

  • Ouais. Tu me fais la morale là ? Viens plutôt boire un café.

  • C'est pas de refus. Le temps s'est rafraîchi.

  • Alors qu'est ce qu'elle te raconte Brigitte ?

  • Figure toi qu'elle est allée à Gotland.

  • Au Groenland ? Qu'est ce qu'elle est allée fiche au Groenland ? Il y a des truffes au Groenland ?

  • Elle a passé une semaine sur l'île de Gotland. C'est en Suède. Et tu ne crois pas si bien dire. Oui on y ramasse des truffes imagine toi. Et des belles il paraît à Gotland.

  • Y en a pas assez chez nous des truffes ? Et certainement bien plus parfumées.

  • Elle a été invitée à un séminaire sur la culture de la truffe par le « Gotland Tryffel Akademi ». Ces échanges étaient très intéressants écrit-elle. On lui a posé beaucoup de questions sur notre champignon. Je crois qu'elle a rendu la politesse : à Noël nous recevrons le président de leur comité.

  • Mais dis donc qui paie tout ce tralala ?

  • Ce sont des échanges . C'est important les échanges. Tu ne vas pas mégoter là dessus tout de même ?

  • Voilà où passe l'argent des cotisations ! Alors que nous aurions besoin de prospecter pour trouver plus de marchés pour écouler nos tubercules quand il y a abondance.

  • Grincheux ! On les écoule facilement nos truffes. Inutile d'engager des frais pour rien. Tu ne vas pas te plaindre si ? C'est toi qui en vends le plus sur le marché de la Guierle à Brive. Regarde plutôt la belle photo que Brigitte vient de m'envoyer sur Whatsapp. Elle a prolongé son séjour à Kiruna pour dormir dans un igloo et voir les aurores boréales. Et à ses frais Monsieur ! Elle est belle hein ?

  • Qui ? Brigitte ? Moi je préfère les chiens.

  • Je te parle de la photo imbécile !

 


 

  

Glace hier (Kate)

  

 

On s'est bien amusé
hier
on s'est photographié
La lumière
était belle
On a creusé un tunnel
dans la glace
on y a pris place
serrés comme des saucissons
ou plutôt trois gros glaçons
pris dans une souricière
une sorte de glacière
le bonnet sur le côté
avec le pompon gelé
les chiens étaient trop mignons

De retour à la maison
il y faisait si bon
le chat faisait ronron
et on était fier
d'être dans la glace hier !
  

  

Creuser, ça creuse... (Walrus)

   

- Salut Wally ! Tu m'as appelé ?
- Oui mon frère, je m'ennuie un peu tout seul !
- Dis donc, on ne se croirait pas vraiment en Provence !
- À cause de la neige ? C'est les Alpes ici tu sais...
- C'est toi qui as creusé ce boyau ?
- Non, c'est ma bipède ici à côté...
- Quelle drôle d'idée... pourquoi elle a fait ça ? et pour quoi on est là ?
- Pour se cacher  et la tenir au chaud ! 
- Se cacher de qui, de quoi ?
- Des gens du patelin...
- Elle sait que son col rouge ça va pas aider côté camouflage ?
- C'est qu'une bipède, tu sais...
- Ouais, ils sont pas très futés hein ? Et les gars du patelin, pourquoi ils la cherchent ?
- Ben, ce matin, avec son pick-up, elle est descendue au village acheter des croissants pour toute la bande...
- Et alors ?
- Alors, sous la neige, il y avait de la glace...
- Et alors ?
- Alors, le machin a glissé !
- Et alors ?
- Alors, c'est une borne d'incendie qui l'a empêché de verser dans le ravin !
- Et alors ?
- Alors, la borne s'est un brin arrachée...
- Et alors ? Et alors ?
- Alors... depuis, y a plus d'eau dans le patelin !
- Ah ouais ! Quand même ! ...... T'as pensé à amener de la bouffe ?



Le petit carnet perdu. (Ghislaine)

  


Après le décès de ma Mère, il a fallu trier, garder, donner, jeter…
Ce jour là, j'ai retrouvé, à l'âge de quarante cinq ans, un journal que j'avais tenu étant adolescente. Je croyais l'avoir perdu depuis longtemps.
En le feuilletant je tombais dur cette page….

Samedi 2 janvier 1965.
(j'ai douze ans). 
Aujourd'hui je vais passer trois jours chez mon amie Sandra, et nous allons à la neige. L' hiver qui fait tout blanc partout, et quand on marche sur la pointe des pieds, ca craque.
Sandra et moi, on a construit un igloo dans le jardin.

Ça fait longtemps que je n’ai pas joué dans la neige,
mais aujourd'hui, c'est bien et tu sais petit journal,
 personne pour venir m'embêter dans ma chambre.
J'ai dors dans le lit jumeau de Sandra.
Tu sais petit journal, j'aimerai rester vivre ci.

Toujours là, toujours ensemble Sandra et moi.
Elle à deux chiens avec des poils longs.
(Mes parents ne veulent pas d'animaux).
Cet après midi, ils nous ont regardé
regarder creuser et nous tournaient autour.
On s'est fait un petit igloo juste pour nous et les deux chiens.
Un petit abri, rien que pour nous quatre.
Dedans, même pas froid !

Encore deux jours et je vais devoir rentrer chez nous.
Je vais devoir dormir dans ma chambre...



 

Mission Igloo (catégorie : rocambolesque arctico-comique) (TOKYO)

 

 

— QG à Alpha-Lulu, vous me recevez ?

— Cinq sur cinq. Les chiens sont sortis, l’enfant aussi.

— Parfait. Phase 2 enclenchée. Localisez le fromage.

 

On ignore toujours pourquoi le Comté 48 mois d’affinage s’est volatilisé du frigo diplomatique de l’ambassade suisse. Mais ce qu’on sait, c’est qu’une fillette de douze ans et deux bergers australiens ont été vus en train de creuser un tunnel dans la banquise, à mains nues et truffe humide.

 

À l’entrée du tunnel : rires étouffés, haleine givrée, et traces de croquettes de contrebande.

 

Le Comté, lui, reste introuvable. Seuls indices : une carte dessinée dans la neige avec une patte, un bonnet à pompon laissé sur une motoneige, et un biscuit en forme de loutre.

 

La brigade canine du pôle Nord est formelle : c’est encore un coup du Réseau Caninternational.

Et avec la neige qui fond… ils vont passer par le Canada.

   

samedi 5 juillet 2025

Défi #879

   

Comme le veut une tradition établie par MAP (aujourd'hui décédée) en 2012, les sujets de juillet et août seront des photos.

Voici la première :

 


 

Se sont pelotonnés dans le molleton

 

 


  


Walrus ; Ghislaine ; Marie Sylvie ; TOKYO ;

Kate ; Yvanne ; François ; Joe Krapov ;

 

 

Molloton (TOKYO)

 

Rêve d’un molleton en canicule

J’ai rêvé cette nuit qu’un molleton me poursuivait.

 

Un énorme, doux, obstiné molleton.

Rose pâle, gonflé de silence, traînant derrière lui une odeur de linge tiède et d’hiver oublié.

Il avançait lentement, mais inlassablement, sur l’asphalte fondu.

 

Moi, pieds nus, dégoulinante, je courais dans la ville en feu.

Les fontaines avaient tari. Les climatiseurs avaient rendu l’âme.

Et lui, moelleux, gonflé d’amour ou d’angoisse, je ne savais pas,

me traquait, comme une promesse étouffante.

Je criais :

 Laisse-moi respirer !

Je veux du lin, de l’ombre, du vent dans les draps ! »

Mais il ne répondait pas.

Il roulait, il ondulait, il transpirait presque…

Et chaque fois que je ralentissais, il me rattrapait, m’enveloppait un peu.

Une manche. Une doublure. Une pensée chaude autour du cou.

 

Alors je me suis réveillée, le dos trempé, les draps collés à la peau.

Et pendant quelques secondes, je l’ai senti là, dans la pièce :

un coin de couette trop chaud, un fantôme d’hiver, un chagrin doux.

La chaleur m’avait roulée dessus comme un camion de sable brûlant.

Je n’étais plus qu’une pensée liquide, glissant du lit jusqu’à la salle de bain.

 

J’ai ouvert l’eau froide, j’ai fermé les yeux.

Quelques secondes de grâce.

La canicule se taisait, le monde reprenait forme autour de moi.

Et puis —

la voix.Celle de ma mère, pétrie d’amour envahissant, surgie de l’Antarctique domestique :

 

« Tu veux le molleton en sortant de ta douche ? »

 

Le molleton.

 

Il m’a semblé que l’eau se réchauffait brutalement,

que le carrelage se moquait de moi,

que même le savon avait envie de fuir.

 

Le molleton !

Cette épaisseur d’hiver, cette chaleur non désirée,

ce fantôme d’enfance qui me rattrape à chaque sortie de bain.

 

J’ai crié, je crois.

Ou j’ai bégayé un « non merci » acide, entre les dents.

 

Mais je savais que quelque part, dans le placard du couloir,

il m’attendait.

Plié, prêt.

Avec son regard de tissu brossé et sa tendresse asphyxiante.

 

Le molleton est une étreinte qu’on ne choisit pas.

C’est un câlin imposé, une armure douce contre le vent...

même quand il fait 42 degrés à l’ombre.

 

"Ghyzair" (Ghislaine)

   


"Le Molleton d’Été, l’Invention Qui Rafraîchit Les Idées Reçues"

Ghyzou, future styliste textile et aimant les  siestes d'été, avait un rêve :
pouvoir porter du molleton d'été quand il fait 35°C à l’ombre.

Bien sur quand elle exprima son idée, tout le monde lui a ri au nez !
""Ghyzou le molleton c’est pour l’hiver""
Elle s’enferma dans son atelier climatisé, déterminée à prouver
au monde que le confort ne devrait pas être saisonnier.

Finalement, grâce à Valrus qui lui avait suggéré bien malgré lui cette idée,
elle mit au point une fibre révolutionnaire.
Un molleton thermorégulant, tissé avec du bambou,
des fibres recyclées et un soupçon d'énigme.
Une matière douce, légère, respirante,
et légèrement fraîche au toucher fut son invention.
Elle l’appela, ""Ghyzair"" le molleton qui vient du frais.

Ghyzou lança sa marque avec un slogan provocateur :

"Pourquoi transpirer et avoir trop chaud l'été quand on peut profiter du molleton d'été ?"

Son invention fit un tabac !
Les festivals d’été étaient pleins de gens en jogging beige molletonné !
Tous les pays au climat très chaud se l'arrachèrent !
On ne se calfeutra plus chez soi, tout fermé avec des ventilateurs !
On s'écria de partout ;
""Elle a mis l’hiver en été et ça j'achète"""

Aujourd’hui, Ghyzou vend ses créations "Ghyzair" dans plusieurs pays.
Et chaque fois qu’on lui demande si c’est vraiment raisonnable
de porter du molleton quand il fait chaud, elle répond avec un sourire :

""L'essayer c'est l'adopter """

Et si grâce à ce cher Valrus, quelqu'un inventait vraiment ce Molleton d'été ???


 

C'est l'été, enfin ! (Joe Krapov)

 

 


Alors ? Ce Défi sur le molleton,

S’y colle-t-on ?


C’est que cela n’est pas coton

Par ces chaleurs que nous avons

D’aller filer des métaphores

En même temps qu’la lain’ de mouton !


C’est tentant de botter en touche,

De s’allonger sur le gazon,

D’y relire Franz Taffetas

Ou « Les Trois moustiquaires »

Voire de s’envoyer « Le Soulier de satin »

Plutôt que de broder

Sur Gabardine Martin,

Sur Richard Burlington,

Sur Popeline Carton

Ou sur Paul Desflanelles.


C’est vraiment très facile de chambray le patron :

Tranquille comme batiste

Il joue sur du velours

Rien ne l’interlocke

Et il rétorque à nos critiques

« Viscose toujours ! Tu m’intéresses !

 Tous les mots que je propose

Sont tissus du dictionnaire » !



Soie ! C’est un fait

Mais batik comme nous sommes

Après l’avoir piqué (le somme)

Nous sommes aussi capables

De mettre les voiles

Vers le soleil

De laisser la cretonne aux Bretonnes,

Les crêpes dentelles

Aux danseuses de tarentelles,

Le sergé à Pontoise,

La mousseline aux Yvelines

Les robes Vichy aux folles à(l)lier

La toile de Jouy aux Josassiens

Le madras aux foulards

Et Jersey à son île


Peut-être aurions nous dû

Placer ici comme défausse

La chanson « Mademoiselle Angèle ? »





Soyons sérieux :

Rangeons le molleton

Dans la malle aux tissus

Pour l’hiver

Et terminons par un conseil :


Il se peut qu’au rugby

Dame Caroline Loeb

Et chante, victorieuse,

« De toutes les matières,

c’est la ouate qu’elle préfère »


Si le coton est hydrophile,

Si la canicule vous épate,

Ne jouez pas les imbéciles,

Ne jouez pas les hydropathes :

Buvez de l’eau, gazeuse ou plate !

 

  

MES MOLLETONS (François)

 

En hiver, c'est un grand bonheur,

En été trop chaud, c'est un malheur.

 

C'est une étoffe de laine que l'on peut porter,

Qui sait donner de la chaleur,

J’en ai sur mon lit en absence de couette.

Sur mon gilet doux et chaud que je porte,

Chez moi, quand j'ai refermé en hiver, ma porte.

 

Molleton gris, molleton rouge,

En fait, il y en a de toutes les couleurs,

Pour accompagner rideaux et draperies,

Ils permettent de nous donner de la chaleur,

Auprès de la buche rouge,

Pour un temps partagé avec sa chérie.

 

Mais aujourd'hui, il fait si chaud.

Que mes petits pas ont la lenteur d'un slow

Tous mes molletons au placard, je les range.

 

Je suis tellement déshabillé que je dérange.

En fait, pas grand-chose, je porte,

De toute manière, au frais, j'ai refermé ma porte.

 

À penser à toi Molleton, je me perçois en enfer,

Je reviendrai te libérer de ton tiroir en hiver.

 

Défi #880