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samedi 23 novembre 2024

Ont-ils sévi aux Bouffes Parisiens ?

 

 


 

 

L'Histrion rennais (Joe Krapov)

 

 

Spectateur 1 - C’est encore une fois cet histrion de Joe Krapov ?

Spectateur 2 - Hé oui ! Il vient ici tous les ans !

Spectateur 1 - Quel clown ! Il n’a toujours pas compris que ce sont des apéros poétiques et non un club de chansonniers ?

Spectateur 2 - En même temps, il n’a pas amené sa guitare qui fait "plonk plonk " aujourd’hui !

Spectateur 1 - Normalement, un histrion, de toute façon, ça joue de la flûte !

Spectateur 2 - Ou du pipeau ! Écoutons-le déballer le sien !



La Comédie de Clermont (Kate)

   

- Alors, ce club, qu'en dis-tu ?
Tu connaissais quelqu'un ?
- Non, personne.
- Et alors ?
- Quelques curieux à mon égard...
- Bien sûr !
- Et une majorité d'indifférents...
- Ah !
- Et tu n'étais pas trop dépaysé ?
- Pas du tout.
- Raconte.
"Partenaire trouvé  STOP
Tournoi terminé  STOP"
Ton SMS en style télégraphique m'a fait rire !
- C'est simple, c'est comme dans mon club, tu dis bonjour, tu t'assois et tu joues.
- Mais les personnes sont bien différentes.
- Oui... Enfin, non, pas vraiment !
Moyenne d'âge élevée, femmes fardées, souliers vernis, ongles vernis ou ternis, jeunes plutôt mal mis, fronts dégarnis, baskets pourries, ceux qui entendent mal, ceux qui n'y voient plus goutte, ceux qui ont mal à marcher, à parler, à se taire, ceux qui savent tout !
- Quelle galerie ! Mais quand même...
- Oui, je sais, j'exagère, mais j'ai vu la même pièce de théâtre...
- Hein ?
- Oui, comme "Bridge dans la ménagerie", tu connais ?
- Non...
- Un classique anglais ou comme le livre "Bridge logique, bridge magique", regarde la première page...

- Ah oui, des caricatures... apprendre en amusant !
- Écoute, j'ai même eu droit à celle qui demande pendant toute la partie ce qu'on joue, à celui qui dit qu'il croyait qu'on jouait à Sans Atout et qui ne coupe pas, à part le souffle à son partenaire... Ceux qui n'arrêtent pas de piailler voire de s'engueuler...
- Pendant la partie ?
- Oui, et même qui continuent à reparler de la partie précédente pendant qu'on en joue une autre...Et tous les histrions habituels : celui qui reconnaît qu'on a gagné la donne mais qu'au final on ne gagnera pas le tournoi, celle qui commente tout à voix haute sans respecter le silence de rigueur et non sans donner quelques pistes à ceux qui n'ont pas encore joué cette partie...
- Dis donc !
- Je t'ai gardé le meilleur pour la fin : les deux gars qui doivent avoir raté leur vocation de comédien (et la vague #MeToo) en racontant des blagues débiles et servant des "Mademoiselle !" ou des "Mesdemoiselles !" des plus appuyés... Ils étaient juste à la table derrière nous et ma partenaire à discrètement glissé à nos adversaires outrés qui venaient de les rencontrer : "C'est le Muppet Show !", ce qui les a légèrement décrispés...
- Oh là là !
- Ah ! J'oubliais  ! J'ai vu celui qui joue ses cartes plus vite que son ombre comme s'il faisait une course de vitesse alors qu'on a le temps de réfléchir...
Je te passe aussi le doyen, le champion, qui croit toujours qu'il va gagner et qui reste parfois plusieurs minutes avant de jouer sa carte tout en te dévisageant pour tenter de savoir si ton visage va lui donner la moindre indication...
- Mais je te connais Jean-Marc, tu restes impassible, non ?
- Évidemment, je joue la comédie aussi. Je ne montre rien, ne dis rien et compatis intérieurement quand sa femme lui répète : "Alors Bernard, tu joues ! Allez, Bernard, c'est à toi !"...
- Au final ?
- Au final, j'ai joué aussi face à un gars complètement intériorisé, qui fait abstraction totale du monde extérieur, des enchères très lentement, qui réfléchit longuement avant de poser la moindre carte, même la plus évidente, qui ne gagne pas forcément pour autant, à part peut-être un rôle dans un film...
- Muet ! Une star du muet !
- Exactement, d'ailleurs, en y repensant, ce gars devait être un jouer de poker...
- Poker face !

- Bon, assez ri, bu et mangé, on change d'ambiance, bientôt vingt heures, "Hamlet" n'attend pas, on y va !

  

Pascal-Etienne (Yvanne)

  

Cette fois c'est la fin des haricots ! Avec un « h » aspiré comme Bourvil quand il les chante. N'est ce pas Walrus ? Histrion. En lieu et place de haricot. Bon. Vous voulez que je vous parle de mon grand-père maternel Pascal-Etienne, c'est ça ? Un fameux histrion le bonhomme. Non. Ce n'est pas ce que vous croyez. Mon pépé n'était pas un fanfaron, un pitre. Si on avait dit ça à cet ancien poilu, il aurait immédiatement pris la mouche. Et on aurait vu ce qu'on aurait vu ! Pourtant il se la jouait un peu le grand-père avec son képi et son tambour. Un peu cabotin tout de même ! Mais oui Pascal-Etienne était garde champêtre de son état.

C'est beau cette appellation « garde champêtre » . Bucolique. Plein de poésie. Dans la catégorie serviteur de la République on pense immédiatement au sous-préfet aux champs de Daudet. Mais pépé n'était pas un poète ça non. Il était très sérieux et strict dans l'exercice de ses fonctions. Assermenté qu'il disait. Et bien sûr c'était la vérité. Chargé par le préfet et le maire de faire régner l'ordre dans la commune de ma naissance et de mon enfance.

Pourquoi donc ai-je pensé à lui en voyant la photo postée par notre ami ? Je l'ai tout de suite revu perché sur la pierre ronde et assez haute qui se trouvait sur la place de l'église, juste à gauche du porche. Je pense qu'elle avait été disposée à cet endroit exprès pour le garde comme on l'appelait. Peut être même que c'était lui qui en avait fait la demande. Pas beaucoup de sorties de ce temps. On allait à la messe le dimanche. C'était bien le seul moment où l'on trouvait un peu de distraction. Si l'on peut parler de distraction. Parce que souvent on avait droit aux sermons du curé.

Et à la sortie ? Le garde était là, sûr de lui et de ses pouvoirs pour vous en infliger un autre à sa manière. Il avait coiffé son képi, ajusté autour de son cou la lanière en cuir qui portait son tambour, accroché ses médailles à sa veste. Il fallait rappeler que ses fonctions de policier municipal avant l'heure il les devait à sa conduite exemplaire durant la guerre de 14/18. Bien placé pour ne rater personne, il surveillait du coin de l'œil que pas un citoyen, homme, femme ou enfants ne prenne le large. Surtout les enfants d'ailleurs. Quand tout le monde était tourné vers lui, pépé se saisissait de ses baguettes et frappait sur son tambour d'un air pénétré.

Avis à la population criait-il. Il déroulait alors son affichette et lisait les informations contenues. Elles concernaient principalement les affaires communales en cours, les décisions du conseil municipal et les manifestations à venir. Ensuite, il enroulait consciencieusement son papier et le remettait dans sa poche. Et c'est là que les garnements tentaient d'échapper à son regard perçant.

Après avoir accompli sa mission en français, il reprenait, afin d'être bien compris de tous le patois occitan pour faire part de ses griefs. Et ils ne manquaient pas. Sans jamais citer personne il faisait comprendre à certains qu'il ne fallait pas le prendre pour un imbécile parce qu'il pouvait sévir et dresser procès verbal. Ce qu'il ne faisait pas généralement mais attention de ne pas l'asticoter trop longtemps.

Ensuite, il descendait de son perchoir et s'approchait d'un pas décidé de la bande de polissons que nous étions, ses petits enfants y compris. Rien ne l'empêchait de tirer une oreille ou de nous abreuver de menaces. Évidemment, dès qu'il avait le dos tourné, les rires fusaient et les chansons de mal appris aussi. Mais pas trop fort.

Un drôle de boulot le travail de garde champêtre. Qui prenait beaucoup, beaucoup de temps à mon grand-père. Beaucoup trop de temps au goût de mes parents. De mon père surtout à qui il manquait des bras pour accomplir le travail de la ferme. En général, on venait le chercher à l'heure du repas de midi pour être sûr de le trouver à la maison et ne pas perdre l'occasion de boire un coup. C'était le plus souvent pour des querelles de voisinage : vaches mal gardées dont les dégâts étaient préjudiciables pour le plaignant, volailles soit disant volées etc. Il y avait aussi le bornage. Les bornes délimitant les terrains faisaient la plupart du temps l'objet des déplacements du garde à travers notre petite commune.

Pascal-Etienne, toujours fidèle à son serment enfourchait sans plus attendre sa bicyclette et on ne le revoyait pas de la journée. Quand il rentrait, il avait abandonné l'honneur dans son képi et l'avait remplacée par quelques verres de rouge ou de gnole. C'était un brave homme mais dans ces moments là il valait mieux qu'il aille se coucher pour éviter les débordements en paroles et en actions. 

 


Cabotin, va! (Adrienne)

   

Un néo-zélandais est devenu champion du monde de scrabble en espagnol alors qu'il ne connaît pas la langue: il a appris par cœur 240 000 mots.

Tout simplement. 
Voilà qui attire l'attention de l'Adrienne, donc elle va se renseigner et c'est là qu'elle découvre encore trois choses: primo, il a déjà fait le même coup avec le français, en 2015, devenir champion en ayant 'tout simplement' appris par cœur le dictionnaire français du scrabble (380 000 mots), secundo, il a été aussi performant que l'ordinateur... et tertio: sa grand-mère s'appelle Adrienne.
Bref, il y en a qui feraient n'importe quoi pour se retrouver sur un podium :-) 
  

Sur les planches (Walrus)

   

Histrion maintenant, c'est un hystérique ce mec !

Qu'est-ce qu'il veut que je raconte ? Ma vie sur les planches ?

Remarquez que dans mon jeune âge, j'y suis grimpé sur les planches... à l'insu de mon plein gré comme  disait l'autre. Obligé : à cette époque, dans les écoles primaires on montait un spectacle chaque année, alors...

Dieu merci, à cette même époque, mes parents n'avaient pas d'appareil photo, mes prestations n'ont donc pas été immortalisées (sauf une, hélas).

Dans ma toute première participation, je faisais partie de la troupe des soldats de bois opposée à celle des soldats de plomb. Le seul souvenir  précis que j'en ai, c'est que les instituteurs avaient bricolé un canon à partir d'un bout de descente pluviale en zinc, d'un cylindre en bois et d'une chambre à air de vélo, lequel canon en fin de représentation envoyait une volée de petits pois secs dans l'assistance.

Pour la suivante, ma classe s'était associée avec les grands du quatrième degré  et on donnait une resucée du Blanche-Neige de Walt Disney. C'est marrant, à l'époque il n'y avait que des 78 tours et les instits se relayaient autour d'un phono pour noter les dialogues au vol. Moi, ma grande taille aidant, j'interprétais un nain et je n'avais qu'une réplique : "Et moi, c'est Simplet !" (le premier qui rigole je lui file un coup de ma pioche en contre-plaqué cintré à la vapeur et peinte à l'argenture par l'instituteur).

Après cette brillante prestation, mes parents ont décidé de déménager et je suis passé d'une école bourrée d'élèves et d'instituteurs à une école de campagne (oui, comme l'artillerie) où un seul bonhomme enseignait aux six classes dans un même local, fidèle à la règle classique : unité de temps, de lieu et d'action. C'est pas pour ça que j'ai échappé au spectacle annuel.

Dans un de ceux-ci, nous représentions une manifestation de... bossus ! (déjà un truc en faveur d'une société inclusive au début des années cinquante, ils étaient modernes à la campagne). Nous manifestions en chantant, je me rappelle encore parfaitement les paroles (et non, je ne la chanterai pas !*) :

Pourquoi de la Garde Civihihihique,
Tous les bossus, tous les bossus,
Malgré leur courage héroïhihihique,
Sont-ils exclus, sont-ils exclus,
Il n'y a pas d'soldats en Belgihique
Plus résolus, plus résolus !
Pourquoi de la Garde Civihique,
Sont-ils exclus, sont-ils exclus?

Intéressant, d'autant que la dite Garde Civique n'était plus en activité depuis 1920.

Je me rappelle aussi qu'une année, on nous a installés un condisciple et moi dans un castelet et que nous avons assuré le spectacle avec des marionnettes à main. Déjà qu'on était un peu à l'étroit derrière le machin, à un moment, l'instit venait se glisser entre nous pour peindre de deux coups de pinceau précis une grosse moustache à mon personnage. Quel artiste ce mec ! D'ailleurs là où d'autres instits auraient joué du flutiau pour nous faire entendre la mélodie d'une chanson, lui, il utilisait une mandoline !

Il y a aussi eu une représentation où le décor représentait le carrefour où se trouvait l'école (les deux coins contigus étaient des bistros et celui en diagonale la boucherie), le personnalités connues du patelin s'y croisaient et dialoguaient tandis que de temps à autre la femme du boucher venait l'appeler depuis la porte de son commerce et le boucher (c'était son fils qui tenait le rôle) sortait d'un des bistrots et traversait la rue,  puis quelque temps après, refaisait le trajet dans l'autre sens.

Il y en a aussi eu une où des individus voulaient rendre les choses mathématiques et imposaient une semaine de dix jours (les jours supplémentaires portaient leurs noms accompagné de "di", ce qui donnait "Linédi" "Gagadi" et "Jachetakredi".

Quoi ?

... Celle à la photo ?

Ouais, y a que ça qui vous intéresse, finalement !

L'instit avait imaginé une auberge où pour attirer la clientèle, le tenancier avait inventé un lieu où l'on pouvait entendre un écho. Écho qui consistait évidemment en un gusse caché derrière un rocher. Quand la supercherie était découverte, on appelait les gendarmes. Comme les gendarmes vont toujours par deux, je jouais le maréchal des logis et mon ami Godin le brigadier (grades hérités du temps où la gendarmerie était une troupe montée), c'est son père qui avait fourni les uniformes.

Sur la fameuse et tellement mauvaise photo qu'on croirait que c'est moi qui l'ai prise avec mon GSM, le plus petit avec la grosse moustache, c'est moi, cinquante ans avant de Funès, je montrais déjà mes galons pour faire comprendre au brigadier que c'était moi le chef !

À la fin de la représentation, mon copain Julien Omilinsky qui jouait le cycliste retour du Tour de France avait tellement bien joué l'emportement du mec traité de "tchafiaud bekteu" par l'écho qu'il était dégringolé de la scène avec sa bicyclette.

Après ces expériences, j'ai entamé mes études secondaires et je suis passé d'acteur obligé à spectateur obligé. C'était plus reposant...


* Bon si c'est ma voix qui vous passionne, j'ai déjà donné  une fois :

samedi 16 novembre 2024

Défi #894

   Vous nous ferez ça en un éclair !     Tonnerre