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samedi 9 novembre 2024

Ont trouvé leur Factotum

 

 


 


 

Factotum (Adrienne)

  

Aux élections communales d'octobre dernier, un tout nouveau parti se présentait avec à sa tête et parmi ses membres des anciens élèves de Madame.

Elle a donc pris la peine de lire attentivement le programme.

C'est ainsi qu'elle y a vu que cette belle jeunesse comptait sur le bénévolat pour régler un certain nombre de problèmes.

C'est sûr, les bénévoles, c'est magnifique, ils sont toujours présents, ils sont polyvalents et ne coûtent rien.

Où vont-ils encore en trouver, s'est-elle demandé, tant de choses déjà tournent grâce au bénévolat, les clubs de sport, les visites aux malades, les activités dans la bibliothèque, le soutien scolaire, les paroisses, le service culturel...

Même des ramasseurs de déchets dans les rues.

***

Hier après-midi, dans le local du "quartier social" de l'autre côté de la ville, il y avait Krista: arrivée sur les lieux bien avant l'heure du rendez-vous, pour mettre le chauffage en route, installer les tables et les chaises, faire du café, disposer sur des assiettes quelques gâteries confectionnées de ses mains...

Et elle trouve ça tout naturel.

  

Octopus's garden (Joe Krapov)


  

 Le factotum s’appelle Octave. On fait appel à lui pour dégager le tractopelle embourbé, pour calculer la surface d’un octogone lyonnais, pour fournir une protection rapprochée aux acteurs de cinéma dont les exactions sexistes sortent au grand jour, pour cramer les Ektachromes compromettantes des factieux en voie de dédiabolisation et pour bien d’autres tâches plus ou moins suspectes dans des tas de secteurs de l’activité humaine.



La rectitude, l’exactitude, la perfection et le caractère discret voire secret de ses actions sont les points forts de tout factotum qui se respecte.

Il goûte le nectar avec le savoir-faire de l’oenologue averti qui a quinze ans de bouteille dans un palace sélect et commente doctement, avec très peu d’affectation, la présence de cuisse ou de touches de fruits rouges dans le vin dégusté.

Il charrie des bactéries pour l’Institut Pasteur, des briquettes pour construire le palais du facteur Cheval, des phylactères pour les éditions Dupuis où l’on sait qu’il ne bulle jamais, qu’il est réactif, productif et pas réfractaire à la tâche comme ce paresseux de Gaston, le collaborateur jadis occasionnel et désormais dysfonctionnel qui ne fait rien qu’à soupirer après la dactylo, Mademoiselle Jeanne. Et on ne parle pas des ses inventions qui ont pour objectif de saboter la vie du journal de Spirou ! Gaston ou la didactique du pire !

Sans même consulter Doctolib, Octave, lui, sait distinguer une infection urinaire d’une attaque de conjonctivite mais bon ça c’est facile. Il sait réparer les lecteurs de Compact-Disques défectueux, faire fonctionner un extincteur, analyser la conjoncture, ne pas se perdre en conjectures ; il sait où se trouve le disjoncteur en cas de panne de lumières au gouvernement, il sait additionner les fractions mais il est bien d’accord que ça ne sert à rien quand les élections ont fait venir à la chambre deux tiers de gaulois réfractaires qui ne s’entendent pas et un tiers de godillots réactionnaires qui sont là pour défendre le maintien du pactole pour les actionnaires et les banquiers.




Mais laissons l’actualité sociale et passons à la vie privée. Lorsqu’il termine sa tâche quotidienne et cesse de pactiser avec la direction, les directives, les directeurs, les directifs, les inspecteurs des travaux finis, les prospecteurs de gains de productivité et autres pondeurs d’injonctions en tous genres, Octave redevient le petit mari plein de tact de Dame Bénédicte.

Depuis « toutes ces années déjà ! » leur bonheur est intact, idéal, pictural, factuel et peut-être éternel ; l’affection qu’ils éprouvent l’un·e pour l’autre est constante. C’est peut-être parce que le proverbe dit « Factotum un jour, factotum toujours ! ».

A la maison aussi Octave fait tout ! Dans ses casseroles et faitouts il concocte pour sa douce des petits plats délicieux avec les victuailles qu’il a choisies lui-même sur les étals du marché. Il prépare des cocktails, choisit les Saint-Nectaire, programme des promenades forestières en octobre, des observations de la Voie lactée en été, des sorties au cinéma pour voir des super-héros indestructibles tenter toutes sortes d’actions pour empêcher la fin du monde d’arriver...

- C’est fait depuis mardi dernier, exactement depuis que le canard Donald a gagné ! plaisante Bénédicte. Rentrons chez nous et aimons-nous !




Effectivement, depuis que l’Amérique a ainsi disjoncté, le couple s’est réfugié dans la lecture d’histoires de détectives, dans la réécoute des Nocturnes de Chopin, dans la délectation du « Pendant le coïtum l’animal n’est pas triste », du « Fac moi totum, factotum ! » du « Jacte-moi d’amour, redis-moi des choses tendres », dans le contact des peaux et la joie d’être deux.

Il se trouvera sans doute, sur leur chemin, des détracteurs au rictus torve pour condamner ce repli sur soi, cette attitude « égoiste » de déconnectés de luxe. Mais ils n’y peuvent rien, Octave et Benedicte y sont addicts, au bonheur !




Le facteur Tom (Lecrilibriste)

 

 

Le facteur Tom
A commencé sa tournée
Sa tournée des calendriers
Il sonne
Et chaque maison le fait entrer
Un p’tit apéro « Tom » ?
Non, Plutôt un petit café si vous avez !
On met des sucres dans le sucrier
Car le facteur « Tom » aime le sucré
Et on sait dans le pays
Qu’il vient d’en baver
Avec une sacrée maladie
Qui pendant quelques temps
L’a vraiment terrassé
On est heureux de le voir revenir
Car il a toujours le sourire
Semble toujours de bonne humeur
Mais une copine qui le connait
Dit que pourtant c’est un rouspéteur !
Il étale sa pile de calendriers
Des petits chiens, des petits chats à volonté
Il a horreur des gros chiens le facteur
Quand il faut porter un recommandé …
Être obligé d’entrer pour faire signer …
Il n’y a pas d’autre image, facteur ?
Les petits chiens, les petits chats, j’en ai soupé !
Il étale sa pile d’images carton glacé
Quelques paysages défilent
Y’en a pas un qui me séduit
Je me résigne à décider
Et puis, le dernier, le tout dernier apparait
Au recto c’est « Le Belem » toutes voiles dehors
Se profilant majestueux en pleine mer
Au verso c’est encore le trois mats barque français
Mon désir de liberté s’est soudain aiguisé
Au vu de cette légende qui sillonnait les mers
Je prends celui-là, facteur !

Et si je vous raconte tout ça
C’est que le facteur Tom est un vrai factotum
Il vient d’écrire un livre sur son métier
Un livre où il raconte sa tournée
Sa tournée des calendriers
Un livre que je viens de lire car, bien sûr,  je l’ai acheté !

 

Factotum, tu m'étonnes ! (Kate)

   

Factotum, littéralement "fait tout" et l'on pourrait dire comme Monsieur Jourdain : "Ah ! La belle chose que de savoir quelque chose !" Et l'on s'en tiendrait là, tout simplement ?

Non ! J'ajouterais que l'on trouve ainsi dans la langue française (et d'autres) des traces de son histoire  et la conservation telle quelle de mots latins si parlants tels "agenda", "examen", "vice versa", "recto verso" et même "curriculum", enfin je m'égare mais "alea jacta est" ! (J'y reviendrai...)

J'ouvre une (autre) parenthèse. Je viens (enfin) de voir le film (de 2018) du réalisateur Emmanuel Mouret, "Mademoiselle de Jonquières", librement inspiré de "Madame de la Pommeraye" de Diderot (1796), comme explicitement mentionné au générique.

Ah ! Ce fameux Marquis de Arcis ! Ne serait-il pas tout bonnement inspiré du Valmont des "Liaisons dangereuses" (1782) ? Non, pas de factotum en vue,  ou alors parmi la domesticité, nombreuse et zélée...

Cette parenthèse refermée, le mot "factotum" évoque le mot "facteur", il n'est pas sans m'évoquer un passage du "Tour de Gaule d'Astérix" où nos héros s'emparent du char du facteur...

J'y reviens : "Alea jacta est", ou plus exactement en latin "alea iacta est", le sort en est jeté, paroles prononcées par César le 12 janvier 49 av. JC avant de franchir le Rubicon.

Mais tant qu'à évoquer cet empereur, n'oublions pas son camp romain "Factotum" établi en Corse où ils étaient très nombreux...

Ainsi le factotum serait celui qui est bon à tout faire et n'est donc spécialiste en rien. Il renvoie à une personne et grammaticalement, c'est un nom, un substantif. Cela va de soi mais je constate qu'en plus d'être un nom, il peut être chargé de la fonction d'adjectif sous la plume d'Amélie Nothomb dans son premier livre, "Hygiène de l'assassin", titre prometteur d'un livre tout en dialogues. Par la magie des mots (et pas qu'un "pneu" !), le mot endosse le joli costume d'adjectif dans un passage qui fait référence à l'étymologie du mot grec "phero" (porter)... Voilà bien un joli rôle, qui n'est pas sans me rappeler que mes premiers professeurs d'anglais voulaient faire endosser au verbe "to get" ce rôle de factotum, si bien que traduire ce mot courant s'avérait difficile !

Bon, c'est pas tout ça, mais le dernier ouvrage d'Amélie m'attend et sûrement pour un voyage en Asie, alors que je vais terminer celui que je fais en Corée du Sud... 

Et pas de factotum pour organiser tous ces périples... Factotum, tu m'étonnes !

 

(photos 2 et 3 issus de :

et photo 4 issue de :

)

Réminiscence (Walrus)

   

Quel âge pouvais-je bien avoir lorsque je suis tombé nez à nez avec mon premier factotum ?

Cela revient à me demander quel âge j'avais quand j'ai lu "Le Bossu" de Paul Féval. Vous savez : Lagardère, celui qui vient à vous si vous n'allez pas à lui ! (Pas l'industriel français qui épousa en son temps une Jade sculpturale deux fois aussi grande que lui...)

Je pouvais pas le rater : le mot figure quarante-deux fois dans l'ouvrage. Si, si, je viens de vérifier : c'est très pratique les e-books (même s'ils ne sentent pas le papier et l'encre d'imprimerie comme les vrais livres chers à quelques puristes, fragrances qui avec le temps ont tendance à disparaître pour faire place à celles du moisi...). Dans cet ouvrage, le rôle du factotum, "l'homme à tout faire" confié à Monsieur de Peyrolles, semble essentiellement se concentrer sur des actes malfaisants quand ils ne sont pas criminels. J'ai donc gardé de cette époque une grande méfiance à l'égard de ces personnages mystérieux exécuteurs des basses œuvres.


Ce que j'ai peut-être raté, c'est sa rencontre sur les ondes : ma mère, femme au foyer comme la majorité des mères de l'époque lointaine où j'étais enfant, décidait souverainement du programme radio (diffusé par notre premier poste un SBR acheté en 1945 au moment de la naissance de mon frère puiné) et choisissait fréquemment le "Bel Canto". Il y a donc gros à parier que j'ai dû entendre (sans l'enregistrer) le mot de la semaine : la chanson de Figaro figurait certainement régulièrement au programme en compagnie de la fleur que Carmen avait jetée à ce brave Don José. Il me semble me souvenir que l'INR (Institut National de Radiodiffusion) diffusait préférentiellement des versions françaises, si bien que j'ai des circonstances atténuantes : si en italien le final s'envole sur "Sono il factotum della citta", la version française elle parle de voler vers la fortune (ça je m'en souviens), le factotum n'y parait qu'au tout début et passe un brin inaperçu.

Voyez comme les choses varient : mon épouse, consultée sur la chose, me parle de Nestor, le majordome du Capitaine Haddock au château de Moulinsart. Chacun ses références...



Défi #894

   Vous nous ferez ça en un éclair !     Tonnerre