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samedi 18 octobre 2025

Pas encore tout à fait amnésique. 20, Salut les bidasses ! (Joe Krapov)

 

Scrongneugneu ! Ces rogntudju de militaires ne nous foutront donc jamais la paix ?

Voilà que l'autre excité qui nous gouverne, celui dont le leitmotiv de technocrate encravaté est l'inquiétant « Nous sommes en guerre ! », nous balance comme ultime premier ministre rien de moins qu'un moine soldat !

Celui-là, au reste, est fort sympathique : il met 27 jours à rassembler ses troupes, ce qui laisse au fût du canon cher à Fernand Raynaud le temps de refroidir. Puis au bout de 13 h 56 de combat nocturne au creux des draps, il démissionne ! Là où les Athéniens s'atteignirent, le combat cessa faute de combattants.

« Scrongneugneu ! Quand faut y aller, faut y alller ! » peste le général face à la position démissionnaire de son lieutenant préféré et il le remissionne pour deux jours. Il accomplit la mission, dit devant tous qu'il ne retournera pas au front mais on l'y retrouve peu après, disposé à rejouer Azincourt, Trafalgar ou Dien Biên Phu. Charlot soldat ! Laurel et Hardy conscrits ! La Grande vadrouille avec le mitrailleur allemand qui louche ! Voilà, c’est ça, scrongneugneu : on a retrouvé la 7e compagnie, on va sauver le soldat Ryan et moi, du coup, ça me donne envie d'entamer un 20e bistrot mémoire sur les militaires sympathiques - ou pas - dont l’antimilitariste que je suis à l’occasion se souvient quand même.


BANDE DESSINÉE

Commençons par ceux des bédés de notre enfance. Je me souviens de Taka Takata dans le journal Tintin, des généraux Tapioca et Alcazar et du colonel Sponsz dans les albums d’Hergé. de Beetle Bailey, du sergent Laterreur dans Pilote, du lieutenant Blueberry de Charlier et Giraud, des Tuniques bleues, du 20e de cavalerie chez Lucky Luke, des combats entre Snoopy, l’as de la première guerre mondiale, et le Baron rouge. D’autres aviateurs célèbres et concurrents ? Tanguy et Laverdure, Buck Danny, Dan Cooper.

Plus loin dans le temps il y a les légionnaires romains d’Astérix, Le sergent Kirk et les Scorpions du désert d’Hugo Pratt. Et bien sûr, couronnant le tout caricaturalement, l’Adjudant Kronenbourg de Cabu !



CHANSON

Enchaînons avec la chanson : rappelons-nous le colonel Bogey, dont la célèbre marche « Hello, le soleil brille, brille, brille » est sifflotée dans le film « Le Pont de la rivière Kwaï ». A la même époque Graeme Allwright chante la traversée d'une rivière avec de l’eau « jusqu’à la ceinture » quand il était en manoeuvre dans le Louisiana, une nuit au mois de mai, sous les ordres d'un vieux con qui dit d'avancer, scrongneugneu, où on n'a pas pied.


Évidemment tout a commencé bien plus tôt avec« L’Ami Bidasse » de Fernandel , dernière incarnation en date des comiques troupiers et tourlourous de la fin du XIXe siècle, Ouvrard, Polin, Bach et Laverne, etc.

On a eu droit aussi à « La Casquette du Père Bugeaud », aux trois capitaines d' « En passant par la Lorraine ». Malbrough s’en va-t-en guerre en compagnie de Babette (Brigitte Bardot) alors que Trois jeunes tambours s'en reviennent « Ran plan ran pataplan ». Le « Légionnaire » d'Edith Piaf est repris par Gainsbourg.

Nous, bien sûr, nous ne ferons pas de cadeaux au maréchal Nouvoilà. Nous chanterons plutôt « Le Déserteur » de Boris Vian ou, moins digne, « La Médaille » de Renaud. Nous garderons dans notre besace « La chanson de Craonne », « La Butte rouge », « Gloire au dix-septième » de Montéhus.

Nous écouterons, plus gentiment, le « Sergent Pepper’s Lonely Hearts club band » des Beatles, le « Général à vendre » (paroles de Francis Blanche) et « Le Général Castagnetas » chantés par les Frères Jacques, le messager de « Marathon » de Marcel Amont et « Le Général dort debout » de Ray Ventura ainsi que « La Guerre de 14-18 » de Georges Brassens.

Nous concédons toutefois la présence dans notre discothèque d’un tank saugrenu sur la pochette de l’album "Salisbury" d’Uriah Heep.

De « L’Histoire du soldat » de Stravinsky et Ramuz et du « Soldat rose » de M. nous savons simplement qu’ils existent.


CINÉMA

Ne prisant ni la guerre ni les militaires je n’ai rien à dire sur « Les Canons de Navarone », « Le Jour le plus long » et autres films nombreux qu’on a tournés autour des conflits du XXe siècle. Je retiens juste le drôlissime « Uniformes et jupons courts » de Billy Wilder, « How I want the War », un film de Richard Lester avec John Lennon et la patrouille des éléphants du colonel Hathi dans le « Livre de la jungle » de Disney d’après Rudyard Kipling.

Par contre je vous dispense des « Bidasses en folie » avec Les Charlots et même de « La Vache et le prisonnier » d’Henri Verneuil avec, encore, Fernandel en « Kriegsgefangene » (und die Kuh).

De la télé des années 60 il ne me reste que le sergent Garcia dans « Zorro » et le caporal Rusty et son chien Rintintin dans le feuilleton homonyme.





LITTÉRATURE

En littérature il y a « Le Colonel Chabert » de Balzac, « Le Caporal épinglé » de Jacques Perret, Fabrice del Dongo dans "La Chartreuse de Parme" de Stendhal qui passe allègrement du sabre au goupillon, « Les Aventures du brave soldat Chveïk », un roman satirique tchèque de Jaroslav Hasek, « Le Hussard sur le toit » de Jean Giono, « Les Gaîtés de l'escadron » de Georges Courteline...

Je ne sais plus avec certitude qui est l’auteur de ce calembour « Tire ailleurs, c’est mes galets ! ». Jean Yanne, peut-être ?




MENTIONS DE MILITAIRES CÉLÈBRES

Je n'ai pas en mémoire les noms de tous les maréchaux qui ceinturent la ville de Paris sous forme d’un long boulevard. Je sais qu’il y a Ney dans la liste parce que lui se voit comme son homonyme au milieu de la figure ! Je crois savoir qu’on n’y trouve pas Cambronne qui est resté simple général parce qu’il a eu des mots qui ont déplu à sa hiérarchie. Plus loin dans la capitale on trouve le zouave du pont de l'Alma.

Quelle ville de France n’a pas sa rue, son avenue ou sa place du général de Gaulle ? On honore également à Rennes le général Guillaudot, le sergent Palicot, le sergent Maginot qui fut un visionnaire sur toute la ligne et même le général Lafayette qui avait légèrement tendance à épater la galerie au printemps.

Saint-Georges de Lydda est un nom qui me dit quelque chose mais quoi ?

Le capitaine Haddock et les commandants Cousteau et Charcot ne sont pas forcément des militaires mais des marins, tout comme le capitaine dans « Pim Pam Poum » et les différents capitaines imaginés par Jules Verne.


BATAILLES

On se souvient tous de lieux où ont eu lieu des foutages sur la gueule célèbres, pas forcément avec leur date à part Marignan (1515) : le défilé des thermopyles, Alésia (52 av. J.-C.), Hastings (1066), Bouvine (1214), Crécy (1346), Sedan (1870), le soleil d'Austerlitz, le pont d'Arcole, la Bérézina, Waterloo morne plaine... Ajoutons la bataille de Reichshoffen et l’expression « Il pleut comme à Gravelotte ».




Inkerman, Malakoff, Alma et Sébastopol sont des restes de la guerre de Crimée de 1853-1855

En terminant j’ai une pensée pour la grande Duchesse de Gerolstein, créature de Jacques Offenbach, qui déclare avec fougue, à l'instar de Johnny Hallyday, « Ah que... j'aime les militaires » !

Ne pouvant souscrire à pareille assertion, je ne puis pas non plus signer mon texte « GI Joe » !

Pourtant G.I. pour Gentil Iconoclaste, ça me va bien au teint, je trouve !

Ce sera tout ! Repos ! Vous pouvez disposer, Scrongneugneu !


P.S. Comme dessert la maison vous suggère une coupe colonel, une boule de glace citron arrosée de vodka.




samedi 11 octobre 2025

Une Curiosité bibliophilique (Joe Krapov)

 

Il est curieux de constater que la table des matières du « Manuel de vulcanisation / par Peter Rustinov », ouvrage édité par Jean Bellis, 6, rue André Parassion à Crevaisons-La-Romaine (84150), a exactement la même structure que celle du « Manuel de survie pour homme politique ministrable dans un pays ingouvernable / par Jean Plâtre » publié chez Locus Solus à Corps-Nuds (35150).

Nos lecteurs et lectrices pourront en juger d'après le tableau de mise en correspondance ci-dessous :


Chapitre

Manuel de vulcanisation

Manuel de survie

1

Retourner le vélo

Retourner aux urnes

2

Desserrer les ailettes

Desserrer l'étau présidentiel

3

Dégager la roue

Dégager des pistes pour obtenir une majorité alors que tous les éléments susceptibles d'en composer une sont incompatibles

4

Démonter le pneu

Démonter la rhétorique des oppositions,

5

Sortir la chambre à air

Sortir le 49.3 de son chapeau, le ranger puis le manger (le chapeau)

6

Remplir une bassine d'eau

Remplir son ventre à la buvette

7

Donner un coup de pompe

Donner des interviews

8

Plongez la chambre à air dans la bassine

Plonger dans le maelström des petites phrases et du buzz sans y perdre son âme si on en a une

9

Voir apparaître une ou plusieurs bulles d'air

Voir apparaître la fin des privilèges au bout du tunnel de la dissolution

10

Localiser la fuite

Localiser le point de chute pour après

11

Marquer l'endroit de la crevaison

Marquer l'adversaire à la culotte ou à la veste verte

12

Gratter pour éliminer les poussières

Gratter là où ça fait mal chez les opposants

13

Etaler la colle sur le trou

Étaler de la pommade chez les concurrents

14

Attendre pour qu'elle sèche

Attendre juillet-août pour faire passer les mesures qui fâchent

15

Poser la rustine

Poser pour la postérité avec une horloge dont on se prétend le maître

16

Remettre la Chambre à air à l'intérieur du pneu


Remettre sa démission (surtout valable pour les premiers ministres, pas pour les présidents qui ne s'avouent jamais désavoués)

17

Replacer le pneu dans la jante, la roue dans le cadre

Replacer les mêmes ministres aux mêmes postes après avoir annoncé qu'on allait tout changer

18

Resserrer les ailettes

Resserrer les rangs et l'équipe ministérielle

19

Regonfler la chambre à air

Regonfler les troupes et le torse à la chambre des dépités. Nous sommes en guerre, quand même !

20

Retourner le vélo

Retourner pantoufler dans une banque

21

À la fin, préférer la marche à pied.

A la fin, pour celles et ceux qui n'ont plus de chauffeur et savent se ranger des voitures, rouler à vélo, s'occuper de ses enfants et petits-enfants, préférer vivre bien avec ses voisins et continuer à rouler le plus longtemps possible, si possible sans crever.




samedi 4 octobre 2025

Cougar au gorille ? (Joe Krapov)

 




Ah que nenni,
Amie grenouille !

Jamais ne crus
Cette infinie
Carabistouille
D'une princesse ni-
Guedouille
Qui, pour vaincre ses insomnies,
Se piqua l' doigt
Sur sa quenouille !

Cent ans,
Paraît-il,
Dormit-elle !

Sans que rien
Ne changeât
En elle ?

Pas un seul cheveu
N'eût blanchi ?

Elle fût restée
De sa blondeur
Perrault-xydée ?

Les lèvres toujours purpurines
Et les rondeurs bien affirmées
Comme affermies ?

Les inventions de ce poète
Serpentent au doux nom de sornettes !




Ah que nenni,
Amie grenouille !

Sous son matelas
Il n'y avait pas
Une boîte de ratatouille
Ni même un humble petit pois,
Pas de boîtier transhumaniste
Qui préservât la joliesse
De son Altesse,
Qui maintînt
Son joli teint
Et conservât son apparence
D'icône de l'adolescence 
Pour qu'un amant,
La réveillant,
Criât au génie! *

* Je crois que mon amour du subjonctif m'a fait rater ici un calembour de 1er choix !

Le prince qui passa par là
La débroussailleuse avec soin
Fut consterné de ce tableau.

- Que font tous ces gens endormis
En cette superbe demeure ?
Et ce vieux tromblon décrépit,
Quasi hideux,
Rêve-t-il d'être à son affaire
Auprès de moy ?

Qui croit que je vais embrasser
Cette vieillarde trépassée ?



Il s'app’lait Ludwig II
Et créchait en Bavière.
Lors, il y retourna.

Cruel fut le hasard
Pour la dame cougar :
C'était un solitaire
Que l'amour laissait froid.

Ouvrant l'oeil à demi,
Constatant le mépris,
La princesse comprit
Qu'un siècle avait passé
Et qu'aux plus belles de ses choses,
Le temps avait fait un affront.

- Bah ! soupira la centenaire,
Qu'on pût encore me désirer,
Ce serait extraordinaire
Et pour tout dire inespéré !

Ell' s'retourna de l'autr' côté
Et s' rendormit pour cent années.

***

Sinon, amie grenouille,
T'as de beaux yeux, tu sais ?

- Embrassez-moi !







samedi 20 septembre 2025

Les Angles sont-ils plus obtus que les Pictes ? (Joe Krapov)

 


Cette semaine on a encore demandé à un littéraire, c'est à dire à un gars plutôt obtus vis à vis des sciences, d'expliquer un terme de géométrie, le mot « obtus », adjectif qualificatif qui s'applique à un angle dont la valeur est supérieure à 90°.

Résultat, au bout de la première phrase, on ne comprend déjà plus rien : qu'est ce que c'est qu'un angle ? Qu'est ce qu'un degré ? Je vais tâcher d'être plus clair et de vous expliquer tout ça avec une feuille à petits carreaux, des allumettes et un stylo ou un crayon à papier. Il vous faudra également une règle, une équerre et un rapporteur. Vous avez certainement gardé ça chez vous, même si vous ne vous en êtes plus servi, du rapporteur, depuis au moins trente ans.

Sur la feuille, avec le stylo, là où vous voulez, mais plutôt vers le centre, considérez que vous avez gagné et marquez un point. Le point est un tout petit cercle qui ne suscitera pas de commentaires moqueurs chez celui ou celle qui vous regardera le dessiner alors que si on vous demande de représenter un ballon de football sans utiliser de compas, tout le monde rira du résultat et les footballeurs professionnels refuseront de disputer un match avec un ballon dont on n'est même pas sûr qu'il puisse rouler sur le gazon vu qu'il est en 2D.





Le point que vous avez tracé, appelons le Ahmed, Albert ou Archibald. Pour faire court, appelons le A. Ailleurs sur la feuille marquez un autre point. Ne passez pas par la case "Départ", ne touchez pas francs 20 000, ça ne vous servira à rien, on est passés à l'euro en 2002. Ce nouveau point, appelons la Brigitte, Bernadette ou Brunehilde. Pour faire court, appelons l'abbé, non pardon, appelons la B.

Supposons qu'Archibald ait envie d'aller conter fleurette à Brigitte. Pour aller la voir, il va emprunter le chemin qui va de A à B. Ce chemin peut être sinueux, tortueux, compliqué, voire labyrinthique. C'est pour cela qu'on a inventé la droite et la règle. La droite est le plus court chemin qui relie deux points séparés. Pour tracer la droite, on positionne la règle sous le point A et on s'arrange, en la faisant pivoter délicatement pour la positionner simultanément, c'est-à-dire en même temps, sous le point B. On maintient solidement la règle et, avec le crayon,  on trace le trait qui relie A à B.

Voilà. Si vous n'êtes pas trop gauche, vous venez de dessiner une droite. Si le maniement de ces instruments est trop compliqué pour vous ou que, au finale, vous avez obtenu ce résultat-ci…

sortez une allumette de la boîte. Ne frottez surtout pas le bout rouge contre le côté soufré de la boîte, souffrez de la poser simplement sur la table. Et veuillez considérer que c'est une droite, que nous appellerons AB et qui fait se rejoindre le bout soufré A et le bout non soufré B qui ne sert pas à allumer le feu sous Johnny Hallyday mais à tenir l'allumette avec le pouce et l'index quand le bout soufré est enflammé.

Sur la feuille, marquez un autre point que vous appellerez Claude, Camille ou Caméléon ou, pour faire court, C. On ne connaît pas le genre ni la couleur de C mais on s'en fiche, ça n'a pas d'importance pour définir « obtus ». Reprenez la règle, tracez une autre droite qui fait se rejoindre les points A et C. Pour les malhabiles du crayon, vous prenez une autre allumette et faites en sorte que les deux bouts rouges soient en contact. La figure que vous avez obtenue s'appelle un angle. Je la définis par "espace compris entre deux droites qui ont une extrémité commune". Le point A est nommé sommet de l’angle, même s’il est positionné sous les deux pieds de la montagne que vous venez de dessiner ! Ils sont renversants, ces scientifiques !




Wikipedia voit plutôt les choses comme ça : Dans son sens ancien, l'angle est une figure plane, portion de plan délimitée par deux demi-droites. Choisissez votre camp, camarades !

Là où nous sommes d’accord, Madame Wikipe et moi, c’est que cet espace peut être mesuré en degrés à l'aide d'un rapporteur. Prolongez les lignes AB et AC, ainsi que la ligne B du RER jusqu'à Saint-Etienne ou au moins jusqu'au bord de la feuille. Si votre rapporteur est de grande taille et/ou si vous utilisez des allumettes, une fois arrivé·e à Saint-Etienne, n'allumez pas le feu sous le chaudron.

Posez la base du rapporteur sur la droite AB et le petit trou du milieu sur le point A, au point de jonction des deux droites AB et AC. Notez le chiffre sous lequel passe la droite AC quand elle ressort à à l'air libre, telle une rame de métro, de dessous le rapporteur. Apposons derrière ce chiffre le signe ° ou le mot « degrés ». Par convention, on dit que l’angle tracé mesure n degrés.

Tout cela est sans doute mieux expliqué ci-dessous :




Si la valeur de l'angle est 90°, on appellera cet angle un angle droit.

Si la valeur de l'angle est inférieure à 90°, on dira que l'angle est aigu.

Si la valeur de l'angle est supérieure à 90°, on dira que l'angle est obtus.

Si vous faites un double avec les dés, rejouez et si vous faites 3 doubles de suite faites avancer votre oie jusqu'à la case 62 (image du pot de rillettes).

Si la valeur de l’angle tracé est de 180°, on dira que l'angle est plat.

Si vous avez marqué le point C pile-poil par-dessus le point B, l'angle mesure 360°.

Attention, le degré qui mesure les angles n'a rien à voir avec celui qui mesure la température qu'il fait dehors. Celsius et Fahrenheit n’interviennent jamais dans la mesure des angles pour la bonne raison que le premier a égaré son rapporteur et que le deuxième a perdu son équerre.

L'équerre justement sert à tracer des angles droits, ceux qui mesurent 90°. C'est un instrument très utile, surtout lorsqu'on veut bâtir une démonstration un peu carrée ou une maison qui tient debout. A noter que dans un régime capitaliste illibéral à emblème de tronçonneuse, travailler au black est d’équerre.

La règle est fort utile pour tracer un angle plat : il suffit de tirer un trait et d'inscrire B a un bout, C à l'autre bout et de poser un point A au milieu du trait.

La prochaine fois, nous aborderons le triangle, les notions d'isocèle, d'équilatéral, de rectangle, de bissectrice, d'hypoténuse, de Pythagore et de Bermudes. Si ce programme ne vous intéresse pas, vous pouvez ranger équerre et rapporteur là où vous les avez pris et les laisser dormir à nouveau pour trente ans. Si vous voulez rester et qu'en plus des allumettes vous avez amené le camping gaz et la cafetière, je prendrais bien volontiers un petit café noir et discuterais avec vous et avec plaisir de ce sujet pointu : « Pourquoi appelle-t-on obtus un angle qui est plutôt ouvert alors qu'on appelle obtus quelqu'un qui est du genre plutôt fermé ? » .

Non, merci, pas de sucre dans le café !

samedi 13 septembre 2025

Nez de banane ! (Joe Krapov)

 


J’avais vraiment la baraka
La dernière fois que j’ai joué au canasta
Avec le Dalaï Lama.
Il a misé l’Annapurna et sa cabane au Canada.
Abracadabra ! J’ai fait une razzia !


Je suis donc devenu les dernier des nababs :
J’ai des puits de pétrole dans tout l’Alabama
Des casinos à Las Vegas
Et des hôtels dans l’Arkansas
Qui font que je suis plein aux as ;

J’ai des maisons de passe au Kamtchatka
Des stations de ski dans le Sahara
Et bientôt une riviera à Gaza.

J’ai investi dans l’industrie du sparadrap,
Du cautère sur la jambe de bois,
De l’intelligence à la noix
Des fake-news auxquelles donner foi,
De l’outrance, de l’éclat de voix

Mais en fait rien ne va !

Le joueur de balalaïka
Que j’ai reçu en Alaska
Ne m’écoute pas !

Jamais je n’obtiendrai
Le prix Nobel de la paix !

Les faucons sont de vrais cons
Et tous les étrangers cuisinent dans des woks !

A quoi ça sert d’être nabab
Si c’est pour se faire traiter de « nez de banane »
Par les singes perchés dans les baobabs ?

Alors ce matin, nom de nom,
J’ai pris la bonne décision :

Je rachète le Tibet aux Chinois,
Je rappelle le Dalaï Lama
Pour qu’on rejoue comme autrefois
A la canasta sans enjeux
Dans un monastère près des cieux !

J’avoue : j’étais bien plus heureux
Lorsque j’étais simple nez d’boeu(f) !






samedi 6 septembre 2025

Une Coquille en héritage (Joe Krapov)

 




Heureusement que je me suis intéressée, un temps, à la généalogie de ma belle-famille ! Même si je ne l'avais jamais rencontrée, je savais que la tante Emmanuelle était la soeur de la mère de mon mari, François Homais, et qu'elle approchait de l'âge canonique de cent ans. Ça ne servait pas à grand chose, mais quand ce matin là, le téléphone a sonné et que le notaire, après s'être présenté, m'a annoncé avec les précautions d'usage que « ce matin, Emmanuelle Bovary est morte », ça ne m'a pas causé un grand choc et je savais « dekikikozé » comme écrivent mes petits enfants.

Maître Corboz, c'était là son nom, a poursuivi sur un ton quelque peu sentencieux :

- Elle a tenu à ce que tous ses neveux et nièces assistassent à ses funérailles qui auront lieu à Marcilly le lundi 1er septembre à 15 h 00 à l'Église. Toute la famille se réunira ensuite à 17 h 30 en mon étude, sise numéro 9, le bourg, pour l'ouverture du testament.

- Très bien, maître, je vais en parler à mon mari, nous y serons peut être.

- Soyez y sûrement ! Ne pourront hériter que les membres de la famille présents lors de la lecture de cette pièce.

- Bon, ben d'accord, nous y serons sûrement.

Mon mari, François Homais, est le troisième d'une lignée de cinq enfants. Il est le seul garçon, situé en position trois, au milieu de quatre filles. Ils exercent tous et toutes une profession médicale. François est pharmacien, son père était médecin, certaines de ses sœurs le sont ou l’étaient aussi.

La tante Emma était infirmière. Elle est restée célibataire toute sa vie et on ne sait par quel biais elle se trouvait dotée, à l'heure de son départ en retraite, d'un joli capital qui ne cessa jamais de fructifier et qu'elle convertissait avec un goût certain, paraît-il, en mobilier de luxe. Nous-mêmes, installés dans une sous-préfecture prospère d'un département dynamique, nous ne manquons de rien, sans doute en vertu du très célèbre ruissellement macronien qui assure une belle prospérité à tous les gens de bien qui ne sont pas rien.

Mon mari n'entretient que peu de rapports avec ses sœurs, neveux et nièces et encore moins avec ses tantes perdues de vue. Voilà pourquoi j'ai été bien étonné de l'entendre me répondre, à l'annonce du décès, « OK ! Lundi, je me fais remplacer à la pharmacie et on va à Marcilly. C'est où ce bled ? ».

J'ai consulté Google et Google Maps. J’ai vu que c'était dans la Manche, donc en Normandie et j'ai rempli un sac de vêtements. Comme le temps là-bas est toujours à la mode « p’têt’ ben qu’oui, p’têt’ ben qu’non » j’ai embarqué nos capes de pluie en supplément de vestes et parures plus légères et pas trop colorées. C'était un enterrement quand même.


- Tu n'appelles pas tes soeurs pour proposer un covoiturage ? ai je demandé naïvement à mon mari.

- Et puis quoi encore? Elles habitent à différents endroits de la périphérie de Rennes et l'aînée - comment se prénomme-t-elle déjà ? Ah oui, Isabelle - a un labo à Trébeurden. Je ne vais pas faire du ramassage scolaire en plus ! Qu'elles se débrouillent entre elles si elles veulent !

Cela va faire quarante-cinq ans que je suis mariée à cet ours ! C’était juste proposé de mon cœur mais, de fait, je n'attends plus de miracle de ce corps... médical.

***

Le lundi matin, nous voilà donc partis revoir la Normandie de Stone et Charden. Le paysage est très vert, preuve qu'il pleut quand même encore par ici malgré ces stupides rumeurs de dérèglement climatique. Enfin, je parle de la partie juste avant Avranches, quand on prend la Départementale 976, après l'A84, qu'on passe à Launey, Ducey-les-Chéris et qu'on arrive... dans ce village minuscule où il n'y a même pas un café ou une auberge !

- Qu’est-ce qu’elle est venue faire à s'enterrer dans ce patelin ? peste déjà François. Où est-ce qu’on va grailler ?

On trouve justement une place sur le petit parking en face du cimetière, on descend. Pas un chat ! On pousse jusqu'à l'église : fermée ! Pas d'avis mortuaire, rien ! On cherche la mairie sans la trouver, il n'y a pas de nom aux rues, elles s'appellent toutes le bourg apparemment. Un panneau rouge indique qu'il faut partir à gauche pour la trouver mais il n'y a que des pavillons d'habitation tout le long de la route.

Au carrefour vers La Boulouze on aperçoit une personne de sexe féminin et dotée d'une brouette. « Une naine de jardin vivante ! », comme dirait mon François dans ses bons jours. Sans le savoir, elle fait office de représentante de l'humanité sur cette planète désertique.


- Madame ! Madame ! intercédé-je, nous cherchons la mairie ou l'étude de maître Corboz et nous voulons nous assurer que nous sommes bien au bon endroit pour la sépulture de Madame Bovary.

Tête ahurie de la Schtroumpfette. Je parle le charabia dans le texte ou quoi ?

***

Bon, OK, j'ai tout faux ! Il n'y a pas de notaire ici, il n'y a pas de Emma(nuelle) Bovary à habiter par ici. Et dans un pays nourri de crème fraîche et de doutes permanents, personne ne peut mourir tout à fait ni concevoir que cela puisse se faire.

François rage comme jamais ! On rentre à F.

***

Cette histoire m'intrigue. Le notaire n'avait pas l'air d'un plaisantin. Et qu'une centenaire décède fait partie des probabilités envisageables en ce bas monde. À la fin du repas improvisé, je monte dans le grenier où sont rangées les archives de la famille Homais. Ce nom de Marcilly me dit vaguement quelque chose.

Dans la boîte des photos d'enfance des sœurs Bovary, Emmanuelle et Madeleine, je trouve celle d'une église qui ressemble à un château fort, des clichés de gamines en robe blanche sur un bateau ou sur le port de La Rochelle, l'image d'un écrivain qui dédicace des livres. 


A tout hasard, je retourne la photo de l'église et je lis « Marsilly 1934 ».

Marsilly ! Marsilly avec un « s ». Après vérification cette ville se trouve en Charente-Maritime. Wikipédia m'apprend que Georges Simenon y a vécu entre 1932 et 1934. Est ce que j'en parle à François ? Est-ce qu'il est prêt à se fader 3 h 20 supplémentaires de bagnole à fond la caisse pour arriver à 17 h 30 chez le notaire et entendre le beau ramage de Maître Corboz ? Il est déjà de très sale humeur comme ça. Je choisis de ranger la photo dans la boîte où il ne met jamais le nez et de me taire pour toujours sur cette erreur due à une homonymie. Fin d'une drôle d'histoire.

***

Quelque temps après cependant, j'ai quand même téléphoné, en cachette, à ma belle-sœur Isabelle, celle qui habite à Trébeurden et qu'on n’est allés voir qu’une seule fois chez elle en quarante ans. Elle a fait le déplacement au bon Marsilly, celui avec l'église-château fort. Elle a vu le plumage du notaire, plutôt déplumé de fait tant il était "old school". 

On n'a rien perdu : tous les neveux et nièces sont déshérités. La Tatie a fait don de ses biens aux apprentis orphelins d'Auteuil-Neully-Passy ou une association de ce genre-là. François aurait été furieux d'apprendre ça, de voir que pour une fois, ça ne ruisselle pas dans son escarcelle. Moi, je suis rassurée sur la bonne marche du monde : si les célibataires s'occupent des orphelins, c'est qu'il n'est pas si mal fait que ça, finalement !


P.S. Ne trouvant guère de ressemblance du cliché walrussien avec les images de Google-images, je me suis retrouvé ici grâce à Google-recherche-par image :



Cette coquille des "Bidochon" m’a donnée l’idée de ce quiproquo !

samedi 23 août 2025

Dix-sept kilomètres et cinq-cents mètres en deux version (Joe Krapov)

 

 

On s’était perdus.

Ou plutôt on nous avait perdus. Pas de balise sur le chemin forestier, une bifurcation à droite alors qu’il fallait poursuivre tout droit...

Bref on était perdus.

A force que je dise, en le faisant exprès, une bêtise par phrase, On n’écoute plus jamais ce que je dis, même quand c’est la voix de la Sagesse qui parle à travers ma bouche.

« Bien fait pour ta g… !» me susurre-t-elle à l’instant, la voix intérieure. La Sagesse est malpolie et emploie des verbes dont l’orthographe est compliquée vu qu’ils ne s’écrivent pas comme ils se prononcent.

- C’eût été bien mieux de descendre par la route départementale n° 3. Il faisait beau et chaud, il y avait très peu de circulation et on arrivait tout droit au village de Faux-la-Montagne où nous avions établi notre campement de base.

Mais On ne m’a pas écouté.

***

Bien entendu, on aurait pu raconter les choses autrement :

Publié le 22/08/2025 à 12:00
Le Petit écho de la Creuse

Sous un soleil éclatant qui apportait une note encore plus colorée à cette cérémonie de passage en perdition du 1er Régiment d’investigation pédestre (RIP), un parterre de feuillages de toutes couleurs et de différentes essences d’arbres et de nombreux animaux sauvages discrets dont Martine Mouetterieuse, représentant la municipalitailée, Alain Byrinthe, maire de La Queue du Tour, et le commandant de gendarmerie Rubarré s'étaient réunis autour de la petite clairière d’Ouskonédon dans la forêt du Colonel Légaré sur la base de Faux-la-Montagne.

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En plus c’est On qui avait la carte.

Quand on est sortis de la forêt on a trouvé une route. Un petit pont passait par-dessus un gros ruisseau canalisé. On a mis du temps à comprendre qu’on était sur la Départementale 85, entre La Sagne et la bifurcation vers Bessat, là où la carte indique l’altitude de 715 mètres. Alors on a cherché l’entrée du chemin blanc qui permettait de retrouver la D 3 un peu après le point « altitude 758 ».


- Et merde ! qu’a commenté la Sagesse. Va falloir remonter en plein cagnard !

Ce fut effectivement assez interminable. Pendant que je suais ou prenais des photos de la flore ambiante On galopait devant.

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Continuons le récit parallèle. En moi habite la Sagesse mais loge également la Fantaisie surréaliste et collagière !

Le général de brigade Lafeuillade, commandant la 11e brigade perditionniste présidait à ce dernier hommage rendu par les hommes du 1er R.I.P. à leur chef, le colonel Bonnet. Cette journée exceptionnelle était toute empreinte d'émotion et de pas perdus pour tous ces militaires qui, en deux ans, avaient appris à connaître et à estimer cet ancien « scout de France », figure de proue d'un régiment d’ibis railleurs et de moules nébuleuses. Clodoaldien d'origine, il est passé par trois fois à la base de Faux-la-Montagne : 1983, 1990 et 2001 où il avait pris le commandement du 1er R.I.P. avant de rejoindre désormais Redon en tant que chef de bureau logistique au commandement de la force d'évacuation des souks parentéraux. Chevalier de la Légion d'horreur et chevalier dans l'Ordre national du J’hérite, le colonel Bonnet a participé à plusieurs campagnes d’égarement : Vallée de l’Inferno près Charleville-Mézières en 2018, fabrication de pro-thèses pour les chevaliers paysans du lac de Paladru en 2015, plateforme multimodale d’Oignies en 2012, Puy-de-Sancy sous la pluie en 1978 et Sahara algérien en 1975 (opérations dites de la rue de la Soif).

Pour lui succéder, le colonel Blanchon arrive de Coëtquidan où il assumait les fonctions de professeur de groupe au diplôme de fausses cartes d'Etat-Major puis rédacteur au centre d'examen et d'enseignement extérieur des défèque-niouzes. Ce Parisien d'origine, lui aussi chevalier de la Légion d'horreur et chevalier dans l'Ordre national du J’hésite a deux campagnes à son actif : l’Italie où il fut blessé à la bataille de Solféo-Torino en peignant un faux drapeau monégasque sur l’arbre d’un propriétaire irascible qui ne l’entendait pas de cette oreille et l’Egypte d’où il ramena le nez retrouvé du sphinx de Gizeh et un obélisque magique permettant de vérifier que tout concorde dès qu’on a mis les choses en place.




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De fait le soir au camping tout rentra dans l’ordre.

- Quelle importance qu’On se perde si tu es perdu avec elle ? a pondu la Sagesse. Que vous ayez marché dix kilomètres ou dix-sept kilomètres cinq-cents, le monde entier s’en contre-fout. Pendant que vous avez fait ça, au moins, vous avez foutu la paix aux Ukrainiens et aux Gazaouis ! Non ? »

Je n’ai pas répondu : j’étais mort de fatigue.



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Après la prise d'oreiller et la fermeture des châsses eut lieu la passation aux bras de Morphée avant le défilé des ronflements bien guidé par les musiciens du 1er R.I.P que l'on ne cesse d'applaudir pour la qualité de leur prestation.


N.B. La trame originale de la version 2 se trouve ici :



samedi 16 août 2025

En voiture, Simone ! (Joe Krapov)

 




« Karl Marx et Patrick Modiano, tu les vires par la porte, ils reviennent par la fenêtre ! ».

C’est très particulier de pondre une phrase comme celle-ci à partir d’une photo de tulipes et d’un vieux répertoire téléphonique ayant appartenu à Madame Gallinatcheva.

C’est bien sûr indépendant du fait que Fanfan la Tulipe, héros incarné à l’écran par Gérard Philipe (avec un seul p pour que la rime soit plus riche), était une idole dans les familles communistes des années 1950-1960. Nul n’est besoin de revenir là-dessus ni sur l’adaptation en bandes dessinées de cette histoire signée par Gaty et Nortier. C’était un très bon et bel acteur, immortalisé par Larousse (Petits classiques) dans son costume du Cid, pour qui même les bonnes bourgeoises avaient les yeux de Chimène.

Si Karl Marx repointe son museau c’est surtout à cause de la notion de transfuge de classe. C’est parce que ce tableau fait penser, d’emblée, à une décoration de chambre d’hôtel.


- Et alors ? demande notre ami François Fillon.

Alors l’hôtel et le restaurant, il n’y a pas mieux comme endroits, pour qui vient de la raffarinesque France d’en bas, pour se sentir, une nuit ou deux heures durant, à égalité avec le bourgeois, ne fût-il que petit.

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Si Patrick Modiano sort, bien involontairement, de son silence de nobélisé, c’est que l’agenda de Mme Gallinatcheva nous plonge dans une époque révolue, celle où les numéros de téléphone ne comportaient que quatre chiffres.

On peut y lire ceci :

« Aiguebelette. Chez Michelon (Hôtel-restaurant) 73610 La Combe. Tél. 79 36 05 02 »

Figure également, à droite, à l’encre rouge, l’appréciation T.B. pour « Très bien ».


Si vous devez aller en Avignon le guide G. – appelons comme cela l’aide-mémoire gastronomique et logis-tique de Madame Simone ! – vous conseille :

L’Hôtel de Garlande 20, rue Galante tél 90 85 08 85

Un séjour en Tunisie vous tente ? Une étape aux îles Kerkennah vous agrée ? Essayez l’hôtel Cercina, 1 rue Sidi Fredj tél. 81 028 !

Si j'étais Patrick Modiano je vous recopierais ici tout le répertoire avec des liens vers les sites webs des hôtels qui, pour la plupart, existent encore !


- Et alors ? insiste l’ancien maire de Sablé-sur-Sarthe.

Alors Mme Gallinatcheva s’est bien transfugée ! Il y a dans ce carnet plus d’une centaine d’adresses dont certaines dans des villes très marquées « tourisme improbable » (Châteauroux, Bagnoles-de-l’Orne, Jalogny, Saint-Nazaire-le-Désert) mais aussi Djerba, Venise, Paris – quatre pages ! - et Tübingen.

Alors il y a aussi, ailleurs-partout dans la maison, des tonnes de photos, d’albums et de boîtes de diapos ramenées de voyages en Syrie, Pologne, Italie, Tunisie, Egypte…

Alors on ne prononce pas les mots « bilan carbone » dans la maison d’une dame décédée vu que les morts sont tous des braves types et que c’était la plus aimable des dames que le narrateur ait connues. De plus on a bien raison, toutes et tous, de profiter de la vie tant qu’on ne nous a pas démontré par A + B que « la mort c’est mieux ! ». L’intelligence artificielle pourrait peut-être répondre à cette question-là mais on a autre chose à faire ces temps-ci que de s’adresser à une machine plus ou moins idiote.

- Quoi donc, Joe Krapov ? Qu’est-ce que tu as de mieux à faire que de jouer aux échecs contre le « bot » de Lichess.org au niveau 4 qui n'est rien d'autre qu'une i.a. ?

- Rêvasser, m’interroger sur les "Bien, Assez bien ou Très bien"  qu’elle attribuait dans son carnet. A quoi s’appliquaient donc ces notes écrites en rouge ? A la literie ? Aux repas ? Aux prestations sexuelles de son amant du jour ? A l’ensemble ?

Peut-être cela ne concernait-il que la décoration de la chambre ! Combien aurait-elle mis au tableau des tulipes ?

Si c’est la bonne hypothèse, convient-il d’aller vérifier en Aguessac (Aveyron) si les murs du motel les Artys sont désespérément blancs et dénués de tableaux accrochés au-dessus du lit ? L’établissement n’a pas reçu de note.




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Je ne saurais terminer ce billet fort irrespectueux envers ma belle-mère préférée sans mentionner deux souvenirs personnels récents.

Grâce à l’artiste Brigitte Baudère des lambeaux de papier peint - provenant peut-être de chambres turpitudesques -, très artistiquement assemblés entre eux, se sont trouvés exposés… dans l’église de Faux-la-Montagne ! Mais on est où, là ? !



Dans cet hôtel de Tours où on nous avait attribué, Dieu sait pourquoi, deux lits séparés, était-il bienséant de positionner au-dessus de nos couches cette peinture érotique à effet aphrodisiaque immédiat ?

OK, je sors !



Défi #894

   Vous nous ferez ça en un éclair !     Tonnerre