Joe Krapov ; TOKYO ; Marie Sylvie ; Lecrilibriste ; Walrus ;
Question existentielle
En 2006 j’avais suivi sur le net un concours. Celui du Tiger l’Osmose. Un nom inventé de toute pièce.
Le but du concours organisé par PackRef était d'arriver à positionner
une page web (correspondant au domaine inscrit), en un temps donné, en
première position du moteur de recherche Google sur la requête tiger
l'osmose .
J’avais suivi un peu, tout ceci sur le net, et bien aimé ce nom donné à quelques boissons zarbies par certains participants.
Voilà, d’où un peu la relation avec la Bistouille. Du tigre elle en
aurait la force et elle serait en osmose avec son temps. La Bistouille
serait juste un Tiger l’Osmose, parmi d’autres. C’est possible.
Je dis cela, car dans le quartier où j’habite, il est un café qui
sert ce genre de boissons. Qui tuent. À tout-va et à Dieu vat. On s’y
réunit souvent entre voisins et voisines pour parler de choses et
d’autres. Dont de moi.
Et dernièrement ma tendre et jolie voisine, la Mère Michel, a donné d’un petit discours improvisé :
« Chers voisins. Vous savez, s’il n’est pas facile, pour le prototype
du Smartphone temporel, d’être le bébé de Cavalier, il n’est pas facile
non plus, pour mon doux voisin, d’assumer la paternité du développement
technique du prototype du Smartphone temporel de mon susdit voisin !
Vous me suivez …
Si d’une part, cette invention prend la totalité de la surface de son
garage, divan inclus, ainsi qu’une bonne partie de l’électricité qu’il a
détournée chez deux ou trois autres voisins, d’autre part, les
différents essais qu’il doit effectuer pour avancer ne sont pas de tout
repos non plus.
En effet, son prototype fonctionne bien un peu au niveau de la
partie quantique. Par contre, il ne sait jamais ni quand ni à qui il
téléphonera dans le futur pour ses essais.
Les gens qui lui répondent au téléphone, et à qui il demande des
conseils techniques pour faire progresser son invention, ne sont pas …
mais pas du tout … coopératifs. Jamais … au grand jamais !
Il n’est pas dans leur liste, sa fréquence est brouillée,
bistouillée, bidouillée ou hors norme, il n’applique pas du tout le
protocole temporel … Il y a toujours quelque chose qui ne va pas !
De plus, quand à ces gens du futur, il leur dit qui il est,
« l’inventeur du Smartphone temporel» , ils s’esclaffent, rigolent haut
et sont complètement écroulés. Pour eux ce ne sont que des
carabistouilles. Paraîtrait qu’ils sont nombreux, comme lui, à le
prétendre, et qu’on les range enfin dans des maisons spécialisées entre
les messies, les napoléons, les trumps et autres manus.
Il lui reste donc encore du pain sur la planche à mon Lustucru …
Allez garçon ! Un autre Tiger l’Osmose, s’il vous plaît ! Et une double Bistouille pour tout le monde, c’est ma tournée ! »
Le mystère reste entier. C’est dit !
...
Mais enfin c'est quoi cette carabistouille ? Je vais chercher la définition de bistouille sur gougueule. On me dit : mélange de café et d'eau de vie (mauvaise eau de vie d'ailleurs et ce n'est pas moi qui le dis!) dans le ch'nord et en Belgique. J'en demande un peu plus - toujours à « je sais tout « et il m'annonce : bistouille, synonyme ratafia. Ça ne va pas du tout du tout. Le ratafia, est-il précisé, est une boisson obtenue par macération de végétaux ou de fruits dans l'alcool. En l'occurrence chez moi on obtient le ratafia avec du raisin et de l'eau de vie. Le café a proprement disparu. Peut être reste-t il le marc pour la cafédomancie ? Pour y voir un peu plus clair ?
Bref. Laissons la bistouille à ses amateurs. Parlons plutôt du champoreau. Je connais cette mixture depuis l'enfance. Quoi ? Vous pensez peut être que ma maman ne m'a pas nourrie au sein mais à la bibine ? Que nenni ! Si j'ai été au parfum très tôt avec le champoreau c'est à cause de Menaud.
Ah Menaud ! Un
poème Menaud ! C'était le facteur de ma commune dans les
années 50. Je ne sais pas et je n'ai jamais su son nom de famille.
Tout le monde l'appelait Menaud ou facteur. Pourquoi Menaud ?
Tout simplement parce qu'il habitait près de la Menaude, une petite
rivière qui serpentait dans la vallée, au bas de la colline. Le
bourg et donc le bureau de poste se situaient tout en haut d'une
bonne montée. C'est là où j'ai passé mon enfance. Sur cette même
colline.
Menaud grimpait
allégrement ses 5 kilomètres de côte tous les matins, été comme
hiver, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il grêle ou qu'il fasse une
chaleur terrible. Évidemment le soir, pour rentrer chez lui c'était
plus facile d'autant qu'avec tous les canons enfilés tout au long de
sa tournée, il avait l'humeur joyeuse et les mollets aguerris. Mais
ça c'était après le boulot.
L'homme portait, quelle que soit la saison son uniforme composé d'un pantalon bleu marine, d'une veste de même couleur agrémentée de boutons dorés bien astiqués. Et par dessus, suivant le temps, une grande cape qui lui descendait jusqu'aux chevilles. Menaud était sérieux, fier de son travail de postier et il fallait le voir poser crânement sur sa tête son képi gansé de rouge avant de commencer sa distribution. Pas le genre du facteur de Tati. Plutôt austère le matin le bonhomme.
Alors, me direz-vous quand vas-tu nous parler du champoreau ? J'y viens ! J'y viens !
Après avoir effectué son tri, garni ses sacoches de courrier, compté les sous des allocs ou autres mandats des veuves de guerre etc...argent qu'il rangeait consciencieusement dans sa musette portée en bandoulière, Menaud se rendait au bistrot pour prendre son casse-croûte.
Et c'est surtout là que je pouvais l'espionner à l'aise quand j'allais acheter le gris ou le job de mon pépé ou les boîtes d'allumettes pour démarrer le feu, le bistrot faisant office de bureau de tabac. J'y allais aussi quand ma grand-mère avait perçu la veille sa pension de veuve de guerre - justement - Oh, une pension rachitique ! Parce que ma grand-mère avait eu la bonne idée de se remarier avec Pascal-Etienne (dont je vous ai déjà parlé il y a peu) sinon je ne serais pas là en train de vous raconter ma vie. Comme Joe ? Figurez-vous que ma mémé plaçait les dits sous dans la limonade. Ben oui. Elle m'envoyait au bistrot en acheter deux bouteilles. Vous pensez bien que je n'allais pas rater ça : une bonne rasade de limonade pour ma commission. Je n'oublierai jamais ces petits plaisirs d'enfance : ils n'étaient pas si nombreux.
J'allais faire les courses le matin avant l'école et je trouvais Menaud occupé à se sustanter avant d'attaquer son travail. Il sortait de son sac une serviette à carreaux qu'il dépliait délicatement sur sa table. Elle contenait des radis au printemps. Que c'était beau ces petits croquants roses et blanc et vert ! Ils me faisaient envie moi qui n'en mangeais jamais. Il n'y en avait pas dans notre jardin familial. Menaud les trempait dans un bol de sel que lui avait fourni Solange, la patronne des lieux. Il les accompagnait d'un verre de vin. A la fin de sa collation il réclamait du café qu'il versait dans son verre de rouge. Je voyais bien qu'il adorait ce breuvage. Quelquefois pour me taquiner il me tendait sa boisson en disant : « tu veux un petit coup de champoreau petite ? « Il n'en fallait pas plus pour que je détale, un peu honteuse de m'être plantée devant lui tout ce temps pour l'observer.
J'ai aimé tous ces personnages de mon enfance. Ils étaient naturels, avec pour chacun une petite particularité qui ne m'échappait pas. Ils m'ont tous aidée à grandir dans ce village que je porte dans mon cœur.
Mais saperlipopette
je suis à la bistouille
sans être pompette
j'ai bu pour masquer ma trouille
je ne voulais pas faire de carabistouilles
ni raconter des calembredaines
ne pas causer d'embrouilles
ni donner prise à la haine
Je sais qu'à la télé
on entend des galimatias
qu'on soit en hiver en été
plus rien ne va
Mes propos semblent croquignolesques
quand je parle de saxifrage
plante qui est tout sauf grotesque
mais un éloge du courage
("un café, un grattage",
restons sage !)
On dit que je jette
de la poudre de perlimpinpin
alors que je projette
qu'on avance enfin...
sur le vocabulaire
s'entend !
Désuet mais fier
obscur mais interrogeant
autant les premiers
que les derniers de cordée
Je suis à la bistouille
après le Numéro Trois
même pas la trouille
c'est cette fois
je le confesse
le Bar des Quatre-Fesses !
Commençons par le début :
Les premières bistouilles que j'ai vues (et pas "bues", veuillez noter la nuance) remontent à mon enfance. On les fabriquait à base de café (sucré ou pas) et d'un alcool que les adultes de l'époque appelaient "Fine" et dont les étiquettes des bouteilles étaient garnies de plus ou moins d'étoiles.
Bien longtemps après, je me suis mis à rechercher la filiation éventuelle entre cette appellation et la "Fine Champagne" le summum du Cognac. Rien à voir, bien entendu : la dénomination "Fine" est bêtement l'alcool obtenu par distillation d'un vin par opposition au marc qui provient lui de la distillation des résidus de pressage des fruits. On pourrait donc obtenir une fine de Champagne qui n'a rien à voir avec la Fine Champagne du Cognac qui elle provient de deux régions appelées petite et grande Champagne autour de la ville de Cognac, bien loin de la Champagne et des rives de la Marne. Bizarre hein ? (Enfin, pas tant que cela si l'on se rappelle que "champagne" est une forme ancienne de "campagne").
Je n'en ai bues que bien plus tard de ces bistouilles, lesquelles étaient faites à base de Cognac (c'est plus "classe"!). Il est à remarquer que dans le Nord, elles étaient à l'origine plutôt à base de Genièvre.
Cette idée de mélanger du café et de l'alcool a eu beaucoup de succès et aujourd'hui, dans les restos on en trouve de toutes sortes qu'on n'appelle plus bistouilles mais cafés associés à un adjectif régional.
Le premier truc célèbre et un peu plus évolué que j'ai connu, bu et réalisé, c'est l'Irish Coffee. J'avais et même j'ai toujours des verres destinés à sa réalisation :
Vous mettez un peu de sucre dans le fond du verre, vous faites chauffer le whiskey irlandais dans un poêlon, vous y boutez le feu, et vous videz le liquide dans le verre jusqu'au niveau de la première ligne et vous éteignez l'incendie au moyen de café brûlant et faites monter le niveau jusqu'à le deuxième ligne. Vous touillez un peu et vous versez de la crème fraiche battue sur le dessus. Pour éviter qu'elle se mélange avec le café, versez-la lentement sur le dos de la cuiller qui a servi au touillage.
J'en ai fait des dizaines et des dizaines sans même mettre le feu à l'appart (ça, c'est mon fils qui a réalisé cet exploit, mais c'est une autre histoire).
Si incidemment vous examinez le cruchon, vous constatez que le nectar contenu dans ce joli récipient s'appelle "La rosée de Tullamore" (est-ce assez poétique !) et vous pouvez lire dans la petite bandelette la recommandation "Give every man his dew" (Donnez à chaque homme sa rosée) sauf que si vous prononcez la phrase en anglais vous constatez qu'il s'agit d'un jeu de mot puisqu'en anglais "dew" et "due" se prononcent de la même manière et que la phrase peut se comprendre "Donnez à chaque homme son dû". Marrant non ?
Quand je fréquentais la région des Collines (en Belgique, pas au Bénin ni au Rwanda) qui se prolonge de l'autre côté de la frontière linguistique par la région des Monts, Monts qu'escaladent en enfilade les coureurs du Tour des Flandres cher à l'Adrienne, il y avait un restaurant disparu aujourd'hui : Les Prés Bossus, qui possédait son propre mélange tout prêt en bouteilles :
Si vous avez une bonne vue, vous verrez que le restaurateur faisait fabriquer son nectar... à Saint-Vith ! (Un patelin des cantons de l'Est où nous avons, mon épouse et moi, passé de nombreuses vacances en caravane et d'où nous avons exploré systématiquement l'Eifel et ses Bourgs).
Et si en plus d'une bonne vue vous avez un moyen de transport, faites un saut jusqu'ici : j'en ai encore une bouteille et demie !
Santé !
Pas un atome de bistouille dans ce pays … De l’anisette… de
l’anisette… du rosé et encore de l’anisette, mais la bistouille, la vraie
bistouille du Nord, ils ne connaissent pas !
Du moins je crois ! N’en ayant pas commandé, je n’ai
pas pu vérifier, à vrai dire !
En revanche, J’ai découvert des champs de tulipe… Oui !
Des champs de tulipe au milieu des
oliviers, des vignes et de la lavande… Des champs de tulipes bercés par le
mistral !
Quelle étrange
histoire … Des champs de tulipes
ici ?
Les champs de
tulipes, c’est en Hollande !
Il a fallu que je me
fasse raconter l’histoire … Voilà …
Une famille de hollandais s’est implantée près d’Orange, à
Jonquières. Je n’ai pas trop pu savoir pourquoi. Mais les rumeurs parlent de fuite
précipitée au moment de l’invasion nazie.
Ces braves gens avaient comme atout dans leur manche la
culture des tulipes, alors, avec un petit bout de terre, ils se sont mis à
planter des tulipes. Il faut bien faire avec ce que l’on a et ce que l’on vaut
pour survivre !
La culture a pris de l’essor, ils ont continué à acheter des
terres et à planter des tulipes.
Je me demandais
quelle filière ils avaient trouvé pour vendre leurs tulipes, mais ce ne sont
pas les tulipes qu’ils vendent … Erreur ! Ce sont les bulbes… Et à qui me
direz-vous ? Aux hollandais bien sûr ! La boucle est bouclée… Digne
retour des choses !
Je voyais des tulipes fanées et piétinées par terre, à côté
de tous les plants et je pensais révoltée à la désinvolture des visiteurs, si
peu respectueux des fleurs, en train de piétiner les plates-bandes… Mais ce
sont les horticulteurs cultivateurs qui ne se soucient pas des fleurs puisque ce
sont les bulbes qu’ils récoltent et qu’ils expédient en Hollande.
Et depuis trois générations se sont succédé, des enfants et petits-enfants
sont nés, d’autres terres ont été achetées, des tulipes de toutes les couleurs
ont été plantées et une fois l’an, à la floraison des tulipes ,les
propriétaires ouvrent leur domaine coloré aux visiteurs qui peuvent ramasser
des bouquets très bon marché à satiété en
se promenant entre les lignes plantées … Une affaire ! Et une sacrée
organisation de leur part pour recevoir tout ce monde et participer par la même
occasion à l’œuvre de la recherche pour le cancer.
Evènement connu dans tout le sud et peut-être plus. Les
réseaux sociaux font leur travail ! Deux pleins cars de touristes étaient arrêtés au
bord des champs, des immenses parkings en plein champ étaient pleins à craquer,
des bouchons se créaient au croisement des petites routes et encore des
voitures et des voitures se précipitaient vers le lieu de la floraison...
« Une bistouille. »
‘Alors tu me la sers ta bistouille.’
« CHUT on dit rien à marcel la bistouille à l’eau de vie sur le tournage c’est niet !! »
Ha bonne mére sans ta potion magique qu’est ce que je serai devenu ?
« Tu
serai une vielle bistouille ronflant devant le vieux port «
Fais
gaffe tu me fais pas le coup de l’eau de vie !!!
Bon je
vous quitte j’ai le château de ma mére à ecrire !!