A
l'heure où je tape ces lignes, mon ordinateur habituel est chez le
réparateur qui officie un peu plus loin sur le trottoir d'en face. Mon
radeau de la Méduse a été remis en état mais mes fichiers de travail ont
peut-être disparu. Le mécanicien recherche les naufragés.
Voilà.
Arraisonné par un pirate, mis en quarantaine par un méchant virus, je
ne puis surfer sur Internet et sur les flots que sur un ordi-tablette
pas vraiment fait pour ça. C'est la galère.
Tous
ces flottements, ces tentatives de sauvetage de ma cargaison de photos
et de chansons ne m'ont laissé que peu de temps pour évoquer mes
souvenirs de navigation. Car j'en ai quelques uns, même s'ils sont très
peu avouables car très communs. J'ai beau connaître un large répertoire
de chants de marins, je ne suis jamais monté sur une goélette, une
frégate, un paquebot, un porte-avions, une baleinière, un trois-mâts
barque, dans un hors-bord, sur une yole, un yacht ni même une gondole ou
un bateau-mouche.
Si
ma mémoire est encombrée par des noms de navires de ce fait bien
inutiles, le Pequod du capitaine Achab, le Tirpitz (coulez-le !), le
Koursk (coulé !), le cuirassé Potemkine de Sergueï Eisenstein, le
Nautilus du capitaine Nemo, la Santa Maria, la Pinta et la Nina de
Christophe Colomb, La Cacahuète de Pepito, le Sovereign of the seas, le
Queen Elizabeth II, le France, le Belem, la Calypso du commandant
Cousteau, le Pen Duick d'Eric Tabarly, L'Hermione de Lafayette, l'Arche
de Noé, le Yellow submarine des Beatles, le Karaboudjan du capitaine
Haddock et la Licorne de son ancêtre, le Polarlys et la Providence de
Georges Simenon, le Mayflower, l'Exodus, les catastrophiques Titanic,
Costa Concordia et Pourquoi pas ? du commandant Charcot, je
reste personnellement un marin au très petit pied. C'est que, trouillard
de nature, je ne suis pas encore sûr que ô maman, les petits bateaux
ont des jambes pour y enfiler leur slip de même marque.
Ma
dernière traversée fut celle du lac de Vassivière - dix minutes sur un
petit rafiot sans nom. En 2017 j'ai fait une grande croisière... sur la
Meuse mais j'ai zappé le clair de lune à Maubeuge ! J'ai pris le bateau
pour les îles bretonnes et autres : Groix, Belle-Île, Bréhat, Sein, Ré,
Batz, l'île aux Moines, Jersey, Guernesey, Chausey et je suis même allé à
Chioggia en passant par le bout du monde. La pire traversée fut celle
vers l'île d'Yeu où nous étions assis près de la poubelle où l'on venait
jeter les sacs de vomi ! On a tenu bon, godillé sans dégobiller !
Mon
bateau préféré reste le vaporetto de Venise, surtout celui qui parcourt
le Grand Canal (le 1 ?) et le "circolare" (le 5 ?) qui fait le tour de
la ville en passant par l'Arsenal.
A
part cela j'adore photographier les bateaux dans les ports où je vais
et les barques et péniches sur les rivières que je longe.
Mais
au sortir de la très pluvieuse Ballade avec Brassens à Rennes, j'avoue
que mon embarcation favorite a pour nom "Les Copains d'abord" !
Moyennant quoi je vous gratifierai, pour terminer du "Petit bateau de pêche" emprunté à Paul Misraki.