Walrus ; Vegas sur sarthe ; Kate ; Adrienne ; Joe Krapov ;
P/ - Tu peux rire espèce d'idiot. Aide moi plutôt...
J/ - Tu crois quand
même pas que je vais venir te chercher ?
M/- Hep vous là bas !
Paulo voit arriver en
face de lui une femme attifée d'un pardessus à la Colombo
brandissant un gros gourdin. Il n'en mène pas large et pense que les
ennuis vont commencer. Comment se sortir de ce guêpier ?
Évidemment, Jacky a disparu.
M/- Je vous parle :
qu'est ce que vous faites chez moi ?
P/ - Pardon Madame...
M/- Vous étiez deux
tout à l'heure. Où est passé votre copain ?
P/ - Il est parti de
l'autre côté du pré. C'est vos chèvres ?
M/- A qui voulez vous
qu'elles soient. Il n'y a personne ici à part moi. Je vous écoute :
pourquoi c'est plein de cèpes écrasés dans l'herbe ?
P/- Ben...Mais... C'est
les chèvres. A cause du bouc...
M/- Bêêê !
Mêêê ! C'est qu'il bêle mieux que mes biquettes celui-là !
La bonne femme se moque
mais ne quitte pas Paulo des yeux. Il voit bien qu'elle n'a pas peur.
Qui sait ? Peut être est elle armée ? Finalement, Jacky
avait raison : qu'est ce qu'on est venus foutre ici ?
M/- Alors ?
J'attends. Il a fait quoi mon bouc ?
Voilà Jacky. Il a dû
contourner le bois de sapins. Paulo respire un peu mieux.
J/- Bonjour Madame. On
va vous expliquer...Comme on traversait votre pacage, le monsieur à
cornes nous a attaqués.
M/- Bien fait. Déjà
vous n'aviez rien à faire là. Et puis mon Bigoudi n'aime pas les
hommes. Des fois qu'ils s'en prendraient à ses femelles...Vous avez
compris non ? Avec les femmes il est doux comme un agneau. Vous
allez voir. Bigoudi ! Bigoudi ! Viens ici avec maman.
Jacky et Paulo se
regardent et réfrènent une forte envie de rire malgré la
situation peu avantageuse pour eux. Le bouc, la barbichette arrogante
s'approche, toise les deux amis puis se frotte à sa maîtresse qui
semble insensible à son épouvantable odeur.
J/- Euh ! Pardon.
Vous êtes la sœur de Louis ?
M/-Vous connaissez
Louis ? Je parie que c'est lui qui vous envoie. Quand il peut me
mettre la misère celui là, il n'y manque pas. Ne me parlez pas de
cet abruti qui m'a mise sur la paille en bouffant tout l'héritage de
nos parents. Que les yeux pour pleurer il m'est resté ! Et mes
chèvres heureusement.
P/- Non. Ce n'est pas
Louis qui nous a envoyés chez vous. C'est juste une coïncidence. On
ne l'aime pas nous aussi. Il n'arrête pas de nous causer des
problèmes.
J/- Mais on se venge
vous savez. Pas méchamment mais on ne laisse pas passer.
M/-Tant mieux !
Venez jusqu'à la maison tout me raconter. Je m'appelle Marinette.
Avant, vous allez m'aider à changer mes bêtes de parcelle. Vous
tombez bien tiens et vous me devez bien ça. C'est toujours un peu
difficile pour moi toute seule de guider le troupeau à travers les
chemins. Quelquefois mes filles sont enragées et Bigoudi et moi
avons du mal à en venir à bout.
P/- Je veux bien vous
rendre service Marinette mais s'il vous plaît, gardez votre animal
près de vous. Au fait : pourquoi vous l'appelez Bigoudi ?
C'est un drôle de nom pour un bouc !
M/- Ah regardez le beau
toupet cranté qui frisotte entre ses cornes. On croirait que je lui
ai fait une mise en plis non ? Et puis c'est rigolo Bigoudi. Il
le porte bien je trouve.
Marinette rit tout en appelant ses bêtes. Paulo et Jacky acceptent de lui donner un coup de main. Puis, invités par la bergère ils se rendent chez elle boire un café. Et bien sûr, comme elle l'a demandé ils ne se font pas prier pour lui confier toutes les péripéties occasionnées par son frère. Mais aussi leurs vengeances quelquefois cocasses ce qui fait jubiler la frangine de Louis.
M/- Je suis contente finalement d'avoir fait votre connaissance. Revenez quand vous voulez chercher les champignons chez moi et surtout faites en sorte que ce corniaud de Louis le sache. Vous n'allez pas repartir sans cèpes aussi. Je vous donne ma cueillette de ce matin. Regardez comme ils sont frais et parfumés. Et puis voilà une clayette de cabécous à vous partager. Bonne route et à la prochaine les amis ! Drôle de bonne femme songent les amis en question ! On reviendra.
Mon père avait un ami qui se prénommait André.
Cet André, question de simplifier les choses, avait un fils qui s'appelait... André !
Ce second André et moi étions amis, question de génération...
C'est avec lui que j'ai fabriqué ma première dose de poudre à canon (recette chinoise : salpêtre, charbon de bois et soufre). C'est avec lui que j'ai pratiqué mon premier troc : une mitraillette Schmeisser enrayée contre un casque américain. C'est avec lui que j'ai appris à me passionner pour le Jazz. C'est avec lui que j'ai assisté à Charleroi au seul concert de Count Basie de mon existence. C'est ensemble que nous avons méprisé le rock'n roll naissant. C'est chacun de notre côté que nous sommes devenus chimistes, lui industriel (il faisait dans les balbutiements du pare-brise chauffant), moi de laboratoire (je faisais n'importe quoi) dans deux établissements séparés de la même institution scolaire.
"Et les bigoudis là-dedans ?" vous écrierez-vous fort raisonnablement : c'est quand même bien moi qui ai choisi ce sujet à partir en boucle...
Vous inquiétez pas, j'y viens : mon copain avait une voisine que nous apercevions régulièrement dans le jardin contigu parée de ces accessoires capillo-modeleurs. Tout le monde l'appelait Ginette sauf mon copain qui l'appelait "La môme Bigoudis".
Comme c'était prévisible, après l'avoir charriée sur ce thème pendant quelques années, il a fini par l'épouser.
Ils ont eu quelques enfants et, pour faire un compte rond, j'imagine, la môme Bigoudis et lui ont joué famille d'accueil pour quelques autres. Je m'en souviens parfaitement vu le nombre de cadeaux dont nous nous munissions quand nous leur rendions visite.
Ça fait bien des années aujourd'hui qu'André est allé rejoindre Satchmo, Bix Beiderbecke et Boris Vian au paradis des cornettistes... (Je me demande ce que sont devenus les centaines de 33 tours de jazz qu'il possédait. Il avait même un copain pilote de ligne qui lui en avait ramené des États-Unis).
Eh oui : j'ai plus d'amis à qui on a pu réciter "Ashes to ashes, dust to dust" que de bien vivants.
Bah, l'essentiel demeure malgré tout :
Cette semaine, mes gribouillis sont terriblement à la peine !
Comment parler de bigoudis sans évoquer les Bigoudènes
Qui portent bien haut sur la tête un de ces objets-phénomènes ?
Elles sont des bijoux de prix, elles ont des minois de reine,
Elles viennent de Bénodet, de Spézet ou de Pont-Aven
Mais jamais de ce Missouri où ne sont que demi-sirènes.
C’est toujours coup de grisou pris en pleine face qu’elles amènent,
Comme acier froid de bistouri quand on est face à Miss Touraine
Car tant de beauté inouïe vous sonne, ébaubi sous Big Ben.
Qu’elles dansent ou qu’elles défilent, à Carhaix, Lannion ou à Rennes,
C’est éclat de bijouterie dans une ville souterraine,
C’est Venise sur pilotis avec l’âme encore plus sereine
Si n’étaient ces biniouseries qui vous bombardent d'acouphènes
On les suivrait à Biribi, Chicoutimi, Larmor-Baden
Pour admirer leurs broderies sur robe en velours noir d’ébène
Mais on connaît cette infâmie, cette horrible calembredaine :
Elles ont pour leur bon ami les yeux qu’avait jadis Chimène
Et pour le photographe épris elles n’ont que dédain suprême.
Ah ! Bigoudène à bigoudi ! Telle est ma braise, à l’aise même
Ou à Brest-même que – n’en déplaise à Paul Verlaine -
Sans souci de rime ou de rythme
Je le redis que je vous aime
Et je termine à la façon de Guy Brouty *
« La femme n’en fait met qu’à sa tête »
Et je la boucle.
* verbicruciste pour le journal Télérama pendant de longues années.
Grand-mère Adrienne avait le cheveu très sombre jusqu’à un âge fort avancé, avec à peine ici ou là sur la tempe un petit fil argenté.
Le vendredi en soirée, ou le samedi matin, selon la disponibilité de sa shampouineuse, avait lieu la séance bigoudis.
- Tu n’oublies pas de mettre du Plix ! disait-elle chaque fois, comme si on pouvait l’oublier, d’ailleurs tout le nécessaire était étalé là, il n’y avait qu’à tendre la main.
- Non, non, je n’oublie pas ! rassurait la shampouineuse, qui pourtant détestait l’odeur de ce truc, supposé rendre la coiffure plus « solide ».
- Et tu en mets bien partout, disait-elle encore.
Chaque petite bouteille de Plix contenait la ration nécessaire et il fallait en faire tomber goutte à goutte le contenu, précautionneusement, sinon des gouttelettes roulaient dans la nuque, où elles n’avaient évidemment aucune utilité.
Les cheveux étant ainsi bien imbibés de Plix, débutait la cérémonie des bigoudis.
Là aussi, la shampouineuse était bien rodée, les gros bigoudis dans ce sens-là sur le haut de la tête, les petits au-dessus des oreilles, puis descendre graduellement vers la nuque où les petits cheveux les plus courts devaient être enroulés et maintenus par des pinces.
Il ne fallait pas essayer d’être créative ni tenter de nouvelles expériences :-)
Tout ce bel édifice était ensuite empaqueté dans un mince filet bleuté, supposé camoufler les bigoudis mais rendant la chose éminemment visible.
La shampouineuse, elle, gardait encore tout un temps cette détestable odeur de Plix sur les doigts et dans le nez.
Mais aujourd’hui encore, elle donnerait fort cher pour pouvoir offrir à sa grand-mère une séance de Plix et de bigoudis.
Son père Jean
était
Bigourdan
Sa mère Hélène
Bigouden
Il ne portait
pas de bigoudis
comme Jimmy
mais il était un peu lent
et moi pleine d'allant
Ma tenue bigarrée
l'avait fasciné
on a parlé
du temps
de ses parents
on est allés chez lui
mais quand il m'a tordu un bigoudi
qui était resté
- simple oubli -
après ma mise en plis
Je lui ai dit :
"Johnny, be good, dis !"
Et comme il n'a rien compris
J'ai repris :
"On n'est pas dans la chanson de Boris Vian !"
J'ai claqué la porte, et vlan !
La
nuit je mens je m'engourdis
je m'enracine au matelas
tu
m'entortilles et tu me dis
"Viens par ici" mais je
suis las.
La nuit je mens je m'enlaidis
à te faire
peur mais toi tu ris
tu m'encourages aux interdits
à
toutes tes bizarreries.
La nuit je mens je m'endurcis
je
suis glacé jusqu'aux orteils
tu m'ensorcelles et c'est
pareil
je vis ma nuit en autarcie.
La nuit je mens je
m'enrichis
je rêve aux millions du loto
tu m'enregistres,
quel gâchis!
c'est toi le foutu numéro.
La nuit je
mens je m'entrevois
dans ton regard à claire-voie
tu
m'encanailles mais l'ennui
c'est mon défaut je mens la
nuit.
Un jour viendra, je te le dis
nos nuits seront
comme nos jours
tu quitteras tes bigoudis
et j'oublierai
mes calembours.