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samedi 3 août 2024

Ont franchi le pont

 

 

  

Pont Pont Pont Pont (Joe Krapov)

   

- S'agit-il d'un viaduc ou d'un aqueduc ? me demande l'archiduc. Se trouve-t-il dans le Médoc, en Languedoc, à Iffendic ou bien à Châlons-en-Champagne, chez Pierre Dac ? Ou à Moulinsart, chez Haddock ?

Sans déc' et en l'absence d'indic ou de doc, tout déconnecté ou presque que je suis, je ne pourrai répondre avant lundi aux interrogations de son altesse. J'ai juste entrevu cette image à l'agence postale du village de Faux-la-Montegne (Creuse), grâce à l'amabilité de la préposée qui a dû se demander, après mon départ, quel drôle de zozo j'étais de vouloir ainsi voir un pont juste dix secondes et de m'en aller fort content de cela.

Si j'avais eu le temps, j'aurais pu vous lister les ponts, viaducs et aqueducs qui sont restés dans ma mémoire de pas tout à fait encore amnésique : le pont d'Avignon, le pont du Nord, le pont du Gard, le pont d'Arcole, le viaduc de Garabit, le viaduc de Millau, le pont de Tancarville, le pont de Normandie, le pont de l'île de Ré, le pont des Soupirs et le pont du Rialto à Venise, le pont Charles à Prague, le viaduc de Saint-Brieuc, le pont de Morlaix, le pont de Brotonne, le pont de la rivière Kwaï, les "pon pon pon pon" de Georges Brassens le pont d'or, lesponts du mois de mai...

Mais est-elle vraiment une matière à littérature, cette acrophobie viscérale qui fait qu'on serre les fesses quand on passe sur un de ces ouvrages voire qu'on détourne sa route, carrément, pour ne pas se retrouver au-dessus de plus de dix mètres de vide des deux côtés de son volant ?

Heureusement à Vendôme, petite Venise verte où nous venons de passer cinq jours, nous en avons enjambé plusieurs qui n'avaient rien d'impressionnant. Nous avons marché dans les vignes, le long du Loir à Lavardin et à Montoire et, tout en cheminant, je me suis justement rappelé une consigne du Latourex, le patatourisme. Cela consiste à visiter une ville en prenant toujours la première rue à votre droite mais sans repasser deux fois de suite par une même artère. Vous dessinez ainsi, vu(e) du ciel, la spirale qui figure sur  le ventre du père Ubu (palindrome rennais), personnage dû à l'inventeur de la pataphysique, Alfred Jarry, né à Laval (palindrome mayennais).

J'ai déjà pratiqué ce jeu par le passé en partant de la place de la Mairie à Rennes. Je me suis promis, ces jours-ci, de prolonger bientôt nos séances de marche journalière de 8 à 15 kilomètres en reparcourant la ville ainsi, en photographiant et notant des petites choses, mais, cette fois-ci, en partant de la gare.

C'est bien sûr plus compliqué car il y a finalement peu de moyens de traverser les voies ferrées : celles-ci coupent la ville en son milieu sur un axe rectiligne Est-Ouest ; de ce fait le plan de la ville ressemble au profil de ce gâteau appelé Paris-Brest !

J'ai quand même listé le pont Saint-Hélier, la passerelle de la gare, le pont de l'avenue Villebois-Mareuil, le pont de l'Alma (à Rennes personne n'y tient le rôle du zouave qui a demandé la main de ma soeur), le pont de Nantes... après quoi il me semble que le circuit s'arrête parce que l'on sort de Rennes et que l'on arrive à Cesson-Sévigné.

Cessons donc ici ces jeux d'esprit, ces vues de l'esprit et ces promesses de peut-être Gascon. Il nous reste encore, après avoir passé des vacances étonnamment culturelles, une journée à longer sous le soleil les rives enchanteresses du lac de Vassivière. Et avant de pouvoir répondre aux questions de l'archiDUC il faudra que je me montre bon conDUCteur pour m'en retourner chez nous.

Si je viens commenter vos contributions lundi c'est que je serai rentré à bon port et donc que je serai de nouveau... sur le pont !

 

Du pont à la foire (Kate)

 

Dorian,

Tu as dû  lui jouer une sérénade

Alors que je rêvais d'aubade

La séduire au son

De ta guitare

Plus que moi avec ma cithare

Réussi à faire un pont

Tendu des cordes

Entre vos coeurs

Qui s'accordent

Avec bonheur

De cette affaire

De foire

Faire votre histoire

Où je n'ai rien à faire

Je lui jouais du lydien

Et même du myxolydien

Et pourtant c'est le mode dorien

Qu'elle a fait sien

Dorian,

Je comprends

Et je t'envie

En ce samedi

Trois août

Pas de doute

Je lui souhaite

Une bonne fête

À notre chère Lydie

En ta compagnie

Puisqu'avec moi c'est fini

Je l'ai enfin compris

  

Mademoiselle Coco. (Yvanne)

 


Gabrielle peste en ce matin de mai. Elle doit faire attention à sa jupe qui l'entrave et l'empêche de grimper prestement au-dessus de l'abbaye. Elle regrette le temps où son père lui permettait d'enfiler un pantalon de son frère Alphonse pour l'aider à pousser sa charrette de camelot de marchés en marchés. A cette évocation, Gabrielle sent sa colère monter. Pourquoi son père les a-t-elles abandonnées, ses sœurs et elle ? Elle pense qu'il s'est débarrassé d'elles. Oui, c'est cela : il les a laissées à l'orphelinat d'Obazine, en Corrèze après la mort de leur mère sans se préoccuper de leur devenir. Comme si ce n'était pas assez de chagrin d'avoir perdu leur maman. Il aurait pu se débrouiller autrement songe la jeune fille avec rancœur. Mais il a préféré sa liberté. Qu'il aille au diable !

Gabrielle a 15 ans en cette fin de siècle. Mince fille brune, au corps androgyne, elle longe le canal des Moines qu'elle connaît parfaitement. Elle aime sa fraîcheur, le bruit léger de l'eau qui court. Elle se sent bien ici, seule dans cette Nature sauvage. Elle imagine les moines cisterciens qui ont creusé cet aqueduc pour alimenter l'abbaye et ses dépendances au 12ème siècle. Elle admire chaque fois leur courage, leur volonté, leur force. Ils ont taillé dans la roche, à flanc de montagne – parfois de façon périlleuse - cet ouvrage extraordinaire sur une longueur d'un kilomètre 700 . Il s'agissait d' amener les eaux du Coiroux en amont jusqu'au village sous l'égide du premier abbé Etienne, devenu saint Etienne.

 

Gabrielle doit se dépêcher. Sœur Cécile l'a chargée d'aller dans les bois cueillir du muguet pour fleurir l'abbatiale d'Obazine et le tombeau du saint qui y repose. Elle aime bien Sœur Cécile. La religieuse comprend la jeune fille farouche et volontaire qui a une passion pour la solitude. Quand elle le peut, elle la charge de tâches lui permettant de s'éloigner un peu de l'orphelinat et Gabrielle lui en sait gré. Une autre raison préside à leur bonne entente. Sœur Cécile enseigne la couture et Gabrielle sait au fond d'elle qu'elle sera couturière plus tard, comme sa mère. Mais elle sera riche se jure-t-elle pour prendre sa revanche sur la misère qui l'a conduite en ces lieux austères.

Tout en ramassant les fragiles clochettes fleurissant abondamment sur le puy de Pauliac, Gabrielle rêve. Un jour, elle coudra des vêtements confortables pour les femmes. Et pourquoi pas des pantalons se dit-elle ? Pas très féminins mais tellement pratiques. Elle regarde sa tenue d'orpheline : jupe noire et chemisier à col blanc. Contrairement à ses compagnes préférant les teintes plus gaies, elle trouve ces couleurs sobres très élégantes. Et puis, et puis, elle aura sa marque, sa propre marque. Elle sort de sa poche un mouchoir blanc sur lequel elle a dessiné puis brodé les motifs des vitraux du 12ème siècle de l'abbatiale. Durant les longues messes, l'adolescente laisse son esprit s'évader. Son regard embrasse les ornements vitrés, aux « c » entrelacés et elle y voit son avenir. Leur géométrie simple lui plaît. Ce sera sa griffe, son emblème.


 

La jeune fille dévale le sentier de chèvre pour rejoindre l'orphelinat. Le long du ruisseau elle a ramassé une brassée d'iris jaunes et elle a complété sa cueillette par des roses de mai au jardin du monastère. Son panier embaume. Lui vient alors l'idée d'un parfum qui accompagnera ses futures toilettes. Il sera célèbre et célébré. Elle le veut. Elle a une foi indéfectible en elle. Et comme jamais personne ne lui souhaite son anniversaire, le 5 mai, aujourd'hui justement, elle décide sur le champ qu'il se nommera numéro 5. Un beau cadeau qu'elle se fera à elle-même tous les jours puisqu'elle le portera. 

Le destin de Mademoiselle Chanel est en marche.

Vive le vent … (Lecrilibriste)

   

 

Il y a plein de gens qui passent sur le pont
Pour aller travailler
Ou pour aller vaquer à leurs occupations
sur l’autre rive Il faut passer
cinq grandes arches à traverser
Et le vent souffle, souffle, s’engouffre
Traverse le pont comme un malheur
Et les casquettes s’envolent,
les coiffures se décoiffent
Et Les boucles, le matin laquées
Vivent leur instante liberté
Les visages en sont tout transformés
Les vestes serrées sur corps arc boutés
Plongés en avant pour affronter le vent
Un vieux monsieur grogne, il préfère la pluie
Une fille retient sa jupe et rit
Un yamakasi se dit
Que l’aventure sur les toits
N’est pas pour aujourd’hui
Mais demain sera beau
Car c’est l’été de tous les défis

 

Que c'est triste Venise (Walrus)

   

Vous connaissez le "Ponte dei sospiri" à Venise ?
 

 

En toute logique votre étape suivante devrait être Spoleto et son "Ponte dei suicidi"



  

Ouais, y en a qui ne trouvent pas ça si....

  

 

Mais c'est en bas qu'il faut regarder :
 


Le pont (TOKYO)

   

Je l’ai comme un cheveu sur la langue

 C’est le pont d’Arcole celui où mon bisaïeul trépassa un soir d’été

 Clamant sa flamme à sa dulcine

Je l’ai comme un cheveu sur la langue

C’est mille ans de dette à des prisonniers en bastillonnés à la gloire d’un nain.

Quelques répulsions archaïques me font penser que le cercle de bon ses qui nous habite trouvera une issue à ces ponts en milieu aride.

Sous un pont coule la seine tais-toi Verlaine !!

Tant de sensiblerie agace le siècle

Avant quand tu écrivais tu avais l’air d’un con qui fait campagne pour un pont vers la gloire 

 Je ne suis pas vulgaire c’est l’époque qui veut ça

 Alors enjambons ce siècle et d’un seul trait de fusain dessinons un pont

Que nous traverserons avec nos gardes du corps !!!

  

Défi #894

   Vous nous ferez ça en un éclair !     Tonnerre