Commençons par le début :
Les premières bistouilles que j'ai vues (et pas "bues", veuillez noter la nuance) remontent à mon enfance. On les fabriquait à base de café (sucré ou pas) et d'un alcool que les adultes de l'époque appelaient "Fine" et dont les étiquettes des bouteilles étaient garnies de plus ou moins d'étoiles.
Bien longtemps après, je me suis mis à rechercher la filiation éventuelle entre cette appellation et la "Fine Champagne" le summum du Cognac. Rien à voir, bien entendu : la dénomination "Fine" est bêtement l'alcool obtenu par distillation d'un vin par opposition au marc qui provient lui de la distillation des résidus de pressage des fruits. On pourrait donc obtenir une fine de Champagne qui n'a rien à voir avec la Fine Champagne du Cognac qui elle provient de deux régions appelées petite et grande Champagne autour de la ville de Cognac, bien loin de la Champagne et des rives de la Marne. Bizarre hein ? (Enfin, pas tant que cela si l'on se rappelle que "champagne" est une forme ancienne de "campagne").
Je n'en ai bues que bien plus tard de ces bistouilles, lesquelles étaient faites à base de Cognac (c'est plus "classe"!). Il est à remarquer que dans le Nord, elles étaient à l'origine plutôt à base de Genièvre.
Cette idée de mélanger du café et de l'alcool a eu beaucoup de succès et aujourd'hui, dans les restos on en trouve de toutes sortes qu'on n'appelle plus bistouilles mais cafés associés à un adjectif régional.
Le premier truc célèbre et un peu plus évolué que j'ai connu, bu et réalisé, c'est l'Irish Coffee. J'avais et même j'ai toujours des verres destinés à sa réalisation :
Vous mettez un peu de sucre dans le fond du verre, vous faites chauffer le whiskey irlandais dans un poêlon, vous y boutez le feu, et vous videz le liquide dans le verre jusqu'au niveau de la première ligne et vous éteignez l'incendie au moyen de café brûlant et faites monter le niveau jusqu'à le deuxième ligne. Vous touillez un peu et vous versez de la crème fraiche battue sur le dessus. Pour éviter qu'elle se mélange avec le café, versez-la lentement sur le dos de la cuiller qui a servi au touillage.
J'en ai fait des dizaines et des dizaines sans même mettre le feu à l'appart (ça, c'est mon fils qui a réalisé cet exploit, mais c'est une autre histoire).
Si incidemment vous examinez le cruchon, vous constatez que le nectar contenu dans ce joli récipient s'appelle "La rosée de Tullamore" (est-ce assez poétique !) et vous pouvez lire dans la petite bandelette la recommandation "Give every man his dew" (Donnez à chaque homme sa rosée) sauf que si vous prononcez la phrase en anglais vous constatez qu'il s'agit d'un jeu de mot puisqu'en anglais "dew" et "due" se prononcent de la même manière et que la phrase peut se comprendre "Donnez à chaque homme son dû". Marrant non ?
Quand je fréquentais la région des Collines (en Belgique, pas au Bénin ni au Rwanda) qui se prolonge de l'autre côté de la frontière linguistique par la région des Monts, Monts qu'escaladent en enfilade les coureurs du Tour des Flandres cher à l'Adrienne, il y avait un restaurant disparu aujourd'hui : Les Prés Bossus, qui possédait son propre mélange tout prêt en bouteilles :
Si vous avez une bonne vue, vous verrez que le restaurateur faisait fabriquer son nectar... à Saint-Vith ! (Un patelin des cantons de l'Est où nous avons, mon épouse et moi, passé de nombreuses vacances en caravane et d'où nous avons exploré systématiquement l'Eifel et ses Bourgs).
Et si en plus d'une bonne vue vous avez un moyen de transport, faites un saut jusqu'ici : j'en ai encore une bouteille et demie !
Santé !
Ça carbure sec ce matin chez toi ! Chez moi, on verse de l'eau de vie dans le fond de la tasse de café après un bon repas. Parfois les dames trempent un morceau de sucre dans la tasse du mari avant que ce dernier ait gobé la gnole : c'est un canard. Mais les digestifs sont un peu passé de mode.
RépondreSupprimerAh ? Bizarre : mardi dernier notre fils nous a emmenés dans un resto thaï inconnu. Nous y avons quand même bu un Calvados de belle facture et lui un Rhum agricole de derrière les fagots. Faut dire que le resto en question est jumelé à une maison important des vins et spiritueux ! ;-)
Supprimerhttps://www.somtam.be/
Ah l'Irish coffee ! J'ai énormément pratiqué ce sport de compéticonfection à l'époque dont je parle dans mon billet. Avec une recette un peu différente : je chauffais le whisky avec trois morceaux de sucre par coupe - bonjour les diabétiques - et je n'essayais pas de flamber le truc. Je servais avec une paille et le plus idiot de mes oncles ne trouvait rien de mieux que souffler dedans pour faire des bulles !
RépondreSupprimerI sont fous, chés gins de ch'Nord !
"Give every man his dew" : quelle beauté ! Beauté de l'humour, du pot, des couleurs, des illustrations et de l'Irlande ! Sinon, pas trop d'alcool pour moi, sauf quand j'étais là-bas et que c'était pub, snooker et Guiness...,)
SupprimerJ'ai des regrets, l'Irlande est le seul pays de Grande-Bretagne où je ne suis pas allé !
SupprimerMais tu as vu l’Écosse ?
SupprimerOui, nos enfants nous avaient offert un séjour à Edinburgh pour nos soixante ans !
SupprimerUn beau cadeau !
SupprimerComme d'habitude j'admire ta précision pour essayer des trucs et les recherches que tu fais pour chaque mot que tu proposes
RépondreSupprimerC'est juste pour la frime ! :-)
Supprimerj'arrive
RépondreSupprimerAlors, quand ?
SupprimerFlûte ! De là à dire que le plus fin des champagne a pour ancêtre le plus vil des breuvages de cambrousse ... et puis si l’homme a son dû, souvent femme se contentera de la rosée fraîche du matin ? Bon ...
RépondreSupprimerFaut comprendre : ce sont des Irlandais... ;-)
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