samedi 26 juillet 2025

Les Trois Grâces (Joe Krapov)

 





La zythologie qui, rappelons-le, est la science de la bière, n’utilise pas le même vocabulaire que l’œnologie qui s’occupe du vin. D’un côté on dit jaja, de l’autre on parle de bibine ou de pipi de chat quand iel est tiré·e et qu’il faut le·la boire.

Plus que pour le vin on tient compte pour décrire une bière de sa couleur : blonde, brune, ambrée, blanche ou rousse.

Chacune a son caractère, peut vous mettre le coeur en goguette, être servie à la guinguette en quantité telle qu’en sortant vous marchez de guingois et avez quelquefois, le lendemain matin, une belle gueule de bois.

Il y a des gens qui ont le vin triste. La bière rend toujours gai sauf si un de tes parents se retrouve couché dedans. On parle alors de l’amertume de la bière. Ou de client ivre-mort.

On ne dira jamais d’une bière, comme on le dit d’un vin, qu’elle a de la cuisse, qu’elle est bien charpentée, qu’elle a du corps.

Et pourtant, oui, proclamons le sans peur, la Guinness est un peu épaisse ! La Desperados ne rend pas sac d’os ! La Grimbergen fait péter les gaines tout comme la Goudale désespère Scandale. On se sent vite à l’étroit avec une Stella Artois. La Leffe donne de jolis reliefs. La Pelforth rend les femmes fortes. La Pilsner Urquell laisse quelques séquelles. La Chouffe te donne un look de ouf. La Jenlain, bière de garde, fait que l’on te regarde.

Choisis ton carcan, camarade… anorexique !

Les trois Grâces que l’on voit ici assument de se faire mousser, la chope à la main, ou lèvent bien haut le mot « fière » avec leur verre empli de bière. Thalie, Euphrosyne et Aglaé sont les filles de Bacchus et de Vénus. Pour dispenser aux humains l’égalité d’humeur, la bonne grâce, l’éloquence, la joie de l’âme, la sagesse et la reconnaissance on n’a pas besoin de mettre les formes.

Mesdames, détestez les diktats de la mode ! Assumez la largeur de votre garde-robe ! Choisissez l’allure de votre valseur ! Détestez les faux derches qui inventent les normes ! Soyez rabelaisiennes, ubuesques, imposez leur l’hénaurme ! Soyez plus babas cool encore que Mama Cass !




Entrez dans les ordres mais dans vos ordres : choisissez d’être triple carmélites ou, comme ici, trois dra-gueuzes allant, biques, boire des bocks à la brasserie à s’en faire péter la brassière !

Tant pis si dans le Beaujolais un proverbe dit « prendre son lit pour une tirelire en mettant un gros soûl dedans » et si François Hardy vous invite à écouter de la musique soul à rouler par terre !

Il y a un point sur lequel l’œnologie et la zythologie sont d’accord : ce sont des liquides qu’il ne faut pas boire cul sec !

***

Voilà. J’ai fesse que j’ai pu. J’ai rebondi sur cette image des trois grâces en évitant peut-être le piège qui se trouvait derrière. Je ne doute pas que le texte produit par Vegas-sur-Sarthe sur ce même sujet aurait été plus truculent voire succulent. De mon côté je n’ai sans doute pas décroché la lune mais je pense que mon texte est resté séant et ne mettra pas plus que ça en pétard les dames qui écrivent et lisent par ici. Du moins l’espéré-je ou « l’asperge » comme je dis toujours quand on me demande de plancher en prose ou en vers sur une image qui représente trois femmes maigrelettes en train de se shooter au Mediator dans une forêt de bambous !






4 commentaires:

  1. Ah ! Cassie ! Quel talent ! Et Joe aussi, quelle mise en mots, un régal !

    RépondreSupprimer
  2. l’écriture carbure à la mousse, au calembour, au jeu de mots généreux.

    RépondreSupprimer
  3. Ah mon neveu, t'es trop fort ! Tiens, je m'en vais siroter une Rochefort (10) en ton honneur avec bonheur !

    RépondreSupprimer
  4. Et moi qui pensais qu'elles buvaient du vin ! Il faut dire que je préfère le vin à la bière. Donc...Joe tu as bien "fessé" sans déborder. Bravo.

    RépondreSupprimer

Sont tombés du ciel

       Ghislaine ; TOKYO ;