Y Faut pas pousser mémé dans les ulex quand même !
C Dans quoi ?
Y Tu ne sais pas ce que sont les ulex ?
C Non. Tu ne peux pas t'exprimer comme tout le monde ? Tu veux me bluffer aujourd'hui ? (rires)
Y Les ulex sont de la même famille que les ajoncs. On les appelle ici buissons ou genêts. Mais ils ont des épines. Et ça pique. Comme les orties d'ailleurs. Touche...
C Ouille ! Mais qu'est que ça vient faire là, les ulex ?
Y Regarde : il y en a partout dans cet ancien pré laissé en friche. Ils sont fleuris. Ils annoncent le printemps. Comme les hirondelles.
C Oui mais tu ne m'as pas dit pourquoi tu emploies ce mot bizarre. Il me rappelle la chanson de Françoise Hardy. Tu sais ? Quel titre déjà ? Ah oui : « Comment te dire adieu »
Zut ! Tu n'as pas un kleenex ? Ces chatons me font éternuer. Alors ? Pourquoi ulex ?
Y Ne cherche pas ! C'est une idée d'un copain Belge pour le défi écriture de la semaine.
C Ben ton copain met la barre haute...Tu sais ce que tu vas écrire ?
Yvanne et son amie Cathy cheminent tranquillement dans les Saulières. Il fait tellement beau aujourd'hui ! Il y a dans l'air des senteurs de vert prégnantes et subtiles, crues et douces à la fois. Un printemps précoce ? Un peu trop peut être. Mais après toutes ces journées interminables et démoralisantes de pluie, on ne va bouder le soleil et ses rayons salutaires. Les fossés s'animent du jaune des boutons d'or, du parme des violettes, du bleu azur des pervenches. Un enchantement. La Nature s'éveille et avec elle tout le petit monde des bois. Ça chante, ça fourmille. Enfin tout revit. Et les sourires des personnes rencontrées font chaud au cœur.
Y Nous parlions de quoi au fait ?
C Je ne sais plus. Ah si ! Je te racontais la mésaventure de ma cousine Hélène. Mais tu ne me crois pas. Pourtant je peux t'assurer que c'est la stricte vérité.
Y Bon. Je t'écoute. Même si cela me semble exagéré.
C Ce n'est pas important. Passons. Il n'y a pas que des ulex dans ce pré. Regarde toutes ces fleurs de pissenlit ! Le jaune domine et illumine la prairie. Comme si la Nature voulait se faire pardonner les grisailles de l'hiver.
Y Sais-tu que toutes ces fleurs servent à soigner ? Oui bien sûr, tu le sais. Quand j'étais enfant ma grand-mère qui croyait beaucoup aux vertus des plantes m'emmenait chez le « metze ».
C Décidément... Le metze ?
Y Oui. Le mage, le sorcier, le guérisseur si tu veux. Tout cela à la fois. On appelait ainsi dans ma commune un petit bonhomme qui connaissait tous les secrets des simples. J'adorais aller dans son « séchadour », une pièce située au-dessus de son four à pain. Il y avait là toutes ses cueillettes dans des claies, des sacs, sur du journal à même le sol. Étaient suspendues en bouquets, tête en bas, toutes sortes de plantes dont des branches d'ulex justement. Il se dégageait de cette profusion d'herbes, de tiges, de racines une odeur puissante, enivrante. Mais quel bonheur de regarder les bocaux pleins bien rangés sur des étagères avec, soigneusement notés sur des étiquettes, les noms des mélanges, des préparations ! Un goût de mystère planait qui, tu l'imagines attisait ma curiosité. Mais je pouvais rester là seulement si je promettais de ne rien toucher.
C Tu as déjà évoqué des personnes assez singulières de ton enfance. Moi, en ville, je n'ai rien connu de semblable.
Y A la ville ou à la campagne qu'importe ! Il y a partout des gens intéressants. Peut être que par manque de distractions j'étais plus encline que toi à observer mon entourage ? La prochaine fois je te parlerai de la Demoiselle. Tu veux faire un bouquet d'ulex ?
C Non merci. Je vais me contenter de ces inoffensives violettes...
Tu me fais penser à ma grand-mère maternelle qui était un peu sorcière sur les bords...
RépondreSupprimerCharmantes violettes ! Hier j’ai vu des perce-neige et toutes ces plantes me parlent aussi...
RépondreSupprimerje préfère aussi les violettes, ça sent bon et c'est délicieux :-)
RépondreSupprimerTu les manges Adrienne ? ;-)
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