Celui qui n’a pas trop de thune
Et pétune à Béthune sous le clair de la lune
N’écopera pas d’un coup de tabac
A Tacoma.
Celui qui n’a pas de fortune
Et jardine à Bray-Dunes
Ne rêve pas d’être capitaine
D’industrie ou de brigantine
A Washington.
Et tous les deux ça les étonne
Que les rois de la chevrotine
Aux milliards comptés par centaines
S’obstinent à conquérir Mars,
Veuillent s’en aller voir sur Neptune
Ou désirent boire du Cinzano sur Saturne.
Quand on a des tonnes de platine,
Une centaine d’Aston Martin,
Quand l’écu sonne dans la piscine
De l’onc’Picsou,
Sont-elles inopportunes,
Les vacances en Toscane,
Les roulettes de Cannes,
Les pampas d’Argentine ?
La Terre est trop mesquine
Pour les rois du tungstène ?
Et puis après tout qu’ils y aillent,
Courir la prétentaine aux planètes lointaines,
Et qu’ils s’y ratatinent,
Ces titans du titane !
Ces nouveaux zélateurs de la guillotine pour l’État nous importunent !
Même si ce vieux monde patine,
Les autochtones de Bray-Dunes,
De Béthune, de Catane,
Qu’ils s’empoisonnent de nicotine
Ou qu’ils cultivent l’églantine,
Savent boire l’eau des fontaines,
Camper l’été dans leur guitoune,
Faire défiler sous leurs bottines
Les sentiers des landes bretonnes,
Le pavé des rues bisontines.
Ils aiment les coups de Tramontane,
La musique des Rolling Stones,
Mylène qui chante « Libertine »
Dans les nuits de white satin,
Quelques fables de La Fontaine
Et même parfois Lamartine !
Ils suivent Rimbaud à Charlestown,
Admirent l’étoile matutine,
Adorent voir danser la Gitane.
Et quand revient l’automne,
Lorsque le ciel moutonne,
Ils ne trouvent jamais monotone
De se pelotonner contre leur Valentine,
La mutine qui les lutine à matines,
De se payer, dans leur routine libertine,
Une tranche napolitaine.
Comme ils sont peu soucieux des César de Suétone
Quand ils en ont a plein la rétine
Et que sur leur âme cartonne
Leur Aliénor d’Aquitaine !
Et lorsque la radio entonne
La litanie cire-tatanes
Des croquemitaines qui nous gouvernent
Et feuilletonne les idioties de ces badernes,
Ces clandestines sans thune
Et ces taciturnes teignes...
L’éteignent !
De nos jours, même la plèbe
- Mironton Mironton Mitontaine ! -
Est hautaine !
Un bien beau tableau... hélas si vrai !
RépondreSupprimerToi, au moins, tu sais nous remonter le moral (ite missa est) ! ;-)
RépondreSupprimerMais qui sont donc "ces taciturnes teignes" ? Des va-t-en guerre de la populace ? Y en a-t-il seulement assez ?
RépondreSupprimerJ'aime bien que tu évoques Rimbaud ici, lui "aux poches crevées" !
et un exploit! hop! encore un! bravo.
RépondreSupprimerJ’aime bien tes sentiers des landes bretonnes. Et puis c’est entonner ou ânonner ? Oui c’est vrai aussi qu’elle en fait des tonnes.
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