Il avait fallu trois
ans à Iris pour digérer son divorce. Gino et elle avaient pourtant
choisi de mettre un terme à leur histoire d'un commun accord. Mais
la blessure - y songeait-elle avant ? - avait été douloureuse
pour elle. On ne sort pas indemne d'un mariage ayant duré quarante
années. Quarante années de bonheur si l'on exclut les petits
accrochages qui ne manquent pas de se produire dans un couple, même
fusionnel.
Leurs deux enfants
avaient depuis longtemps quitté le foyer familial et tout allait
bien pour eux. Les parents auraient pu être comblés et profiter
pleinement de leur retraite.
Mais non. Justement la retraite avait tout gâché. A se côtoyer des journées entières, ils avaient fini par ne plus se supporter. Voire se détester. Et la pandémie n'avait pas arrangé les choses. Leur union s'étiolait insidieusement mais sûrement. Personne ne comprenait. Au départ les proches se moquaient gentiment d'eux quand ils assistaient de plus en plus souvent à leurs disputes. Mais ils durent se rendre à l'évidence : il y avait bel et bien une cassure. Et plus le temps passait, plus le fossé dans le ménage devenait profond. Chacun d'eux aspirait à une autre existence faite pour elle de voyages, de sorties avec ses amies alors que Gino préférait le calme et la tranquillité au sein de sa maison, aller à la pêche et cultiver son jardin.
Trois ans qu'Iris n'était pas heureuse. Pourtant elle menait cette vie qu'elle avait ardemment souhaitée. Elle disposait de cette liberté dont elle rêvait. Mais voilà : elle se sentait terriblement seule et la peur de vieillir dans cet état lui était insupportable. Son entourage, spectateur impuissant de sa tristesse l'encourageait maintenant à prendre des directives afin de pallier le manque. Iris avait mis longtemps à se décider. Mais un jour elle s'était réveillée en songeant : pourquoi pas ?
Elle avait fait un régime alimentaire, s'était inscrite dans une salle de sport, changé de coiffure et se rendait régulièrement chez une esthéticienne. Elle se trouvait à son avantage et cela l'encouragea à sauter le pas. Elle prospecta en ligne, fréquenta les thés dansants en quête d'un homme qui saurait la séduire.
Après plusieurs échanges avortés, elle pensait avoir déniché enfin celui qui, peut être, pourrait partager ses goûts et mettre fin à sa solitude. Elle se félicitait de leurs contacts prometteurs qu'ils soient téléphoniques ou en visio. Le jour de leur rencontre physique était arrivé. Il l'avait invitée dans le meilleur restaurant de la capitale régionale et elle trouvait cette démarche délicate.
Luc stationnait devant l'établissement. Il était assis dans sa voiture et échangeait au téléphone avec une tierce personne. Il la regardait tout en parlant mais il ne fit pas un geste pour mettre fin à sa conversation qui dura plus qu'il n'en fallait aux yeux d'Iris. Elle attendait, plantée comme une idiote devant son véhicule que ce monsieur veuille bien la rejoindre. Ce qu'il fit enfin. Ses excuses furent désinvoltes et, manque incroyable de politesse il la précéda dans la salle, s'installa à une table sans même y avoir été invité par le serveur. Iris comprit alors qu'il avait ses habitudes dans ce lieu mais elle commençait à penser qu'il se comportait comme un goujat. La suite lui confirma qu'elle ne se trompait pas : il lui posa des questions indiscrètes, fit étalage de ses biens et pire annonça qu'en cas de projet d'union entre eux – incroyable : il en était déjà là ! - il faudrait d'abord passer chez le notaire. Interloquée tout d'abord Iris prit le parti d'en rire. Ce qu'il ne remarqua même pas.
A la fin du repas, il lui proposa tout de go, avec des sous entendus licencieux de terminer l'après midi chez lui. Iris, n'en pouvant plus de tant de muflerie, lui souffla : « nous en resterons là. Au revoir. Nous n'avons vraiment pas d'atomes crochus. »
Quelle idée aussi de s'entêter après une première expérience, faut pas rêver comme ça ! ;-)
RépondreSupprimerC'est bête hein ? Mais l'homme - la femme en l'occurrence - est ainsi fait... :-)
SupprimerRaccrochez, c'est une horreur ! ;-)
RépondreSupprimerC'est une chanson de Serge Gainsbourg qui porte ce titre là !
Encore un repas de trop et une mauvaise rencontre ! C'est la vie...,)
RépondreSupprimerah! bien! je n'avais pas pensé à ces atomes-là :-)
RépondreSupprimerun portrait balsazien ,un lys dans la vallée atomisée par un quotidien et l'usure du temps
RépondreSupprimer