Lors
d'une visite médicale scolaire durant mon enfance, il fut constaté que
ma maigreur était prononcée. Quelques jours plus tard, deux figures
masculines d'un charisme certain se présentèrent chez mes parents. Ils
exigèrent à mon père, qui les accueillit, qu'à leur prochaine visite,
quinze jours plus tard, j'eusse une apparence " remplumée" , dénuée de
toute marque de sous-nutrition.
Mon
père conçut alors l'idée de me faire consommer des pommes de terre.
Celles-ci à l'époque, étaient exclusivement réservées à l'alimentation
porcine, base de la confection des exquises Rillettes Sarthoises. Ainsi,
bien que végétarienne, je me vis contrainte d'ingérer des pommes de
terre frites. Je découvrais alors les frites, lesquelles, dépourvues de
sel, s'avéraient fort insipides.
Cette
enseigne bigarrée, dépeignant trois matrones aux formes généreuses, me
remémore ce souvenir cuisant où après une quinzaine de jours passée à
être nourrie exclusivement de frites, moi, "Fil de Fer", j'avais non
seulement acquis un fessier plus opulent mais surtout je ne disposais
plus d'aucun vêtement à ma taille.
Lorsque
l'on maigrit, il est toujours possible de porter des habits trop
grands, trop amples mais lorsque l'on grossit, la garde-robe devient
inadaptée, ne permettant plus d'enfiler quoi que ce soit. Je fus ainsi
contrainte d'achever mon année scolaire vêtue d'un bleu de travail issu
de l'usine d' Antoigné, le budget familial ne permettant point de
pourvoir à mon nouvel accoutrement !
Parfois, un simple aliment, loin de nourrir l'âme, redessine le corps et bouscule le quotidien.
Les
plus singulières métamorphoses s'inscrivent quelques fois dans le
secret des assiettes, sculptant au-delà du corps, le fil de nos
souvenirs.
Manger des patates alors qu'il y a des rillettes, quelle drôle d'idée ! ;-)
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