samedi 13 septembre 2025

LE POIDS D'UNE COURONNE (Marie Sylvie)

  


 


 Sur le trône, la sultane s'assied, une reine de jade et de perles. 
Elle est là, assise, une figure façonnée de légende par le pouvoir et l'isolement. Son regard, un lac calme qui cache ses vagues intérieures sous un ciel de soie, porte le poids de l'empire. 
Ses mains fines effleurent un parchemin, des mots scellés, des destins tissés dans l'ombre du pouvoir. 
Un sourire léger, une posture parfaite  ... un faux-semblant de normalité, un spectacle pour les regards invisibles qui jugent et qui murmurent. 
Autour d'elle, l'air s'emplit de la majesté du passé, chaque broderie dorée un murmure du temps. 
Un silence de jade et d'or  pèse sur la cour.  



Dernière elle, une figure silencieuse, le * Nabab au teint d'ébène se tient comme une colonne de fidélité, une ombre de chair et de sang. 
Sa haute coiffure pointue touche l'azur des cieux et son éventail de plumes précieuses est une voile qui capte les brises de la cour.
Il est le bouclier, le gardien mais aussi une sentinelle, surveillant chaque mouvement, chaque soupir. 
Son silence est assourdissant,  sa présence constante une cage sans barreaux. 
Le faste des vêtements, les broderies aux éclats brillants ne sont que les murs ornés d'une prison dorée où la richesse étouffe la liberté. 

C'est une scène hors du temps, une mosaïque de couleurs et de lumières.  Le jaune safran des tuniques, le bleu lapis-lazuli du ciel, le rouge profond du  coussin . 
Chaque motif floral sur le tissu, chaque arabesque de la chaise, est un pétale figé dans un jardin éternel. 
Le faste et la grandeur se mêlent à l'intimité d'un moment, un dialogue muet entre la souveraine et son gardien, sous le regard bienveillant d'un palais qui respire l'histoire.

Pourtant chaque instant est un fardeau. 
Ce n'est pas la joie de gouverner mais le poids d'un rôle qu'elle doit jouer à la perfection. 
Elle porte la couronne mais elle est la prisonnière de son propre pouvoir, la victime de sa grandeur.
Dans cette scène figée où le passé rencontre le présent, les spectateurs ne voient qu'une reine.
Mais moi, je perçois l'écho d'une vie surveillée, d'une âme qui aspire à la liberté. 

           Sur la scène du pouvoir, 
           le plus lourd des fardeaux 
           n'est pas l'or de la couronne 
           Mais le silence imposé à la vie                 qui brille derrière l'éclat. 



 

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