Scrongneugneu ! Ces rogntudju de militaires ne nous foutront donc jamais la paix ?

Celui-là, au reste, est fort sympathique : il met 27 jours à rassembler ses troupes, ce qui laisse au fût du canon cher à Fernand Raynaud le temps de refroidir. Puis au bout de 13 h 56 de combat nocturne au creux des draps, il démissionne ! Là où les Athéniens s'atteignirent, le combat cessa faute de combattants.
« Scrongneugneu ! Quand faut y aller, faut y alller ! » peste le général face à la position démissionnaire de son lieutenant préféré et il le remissionne pour deux jours. Il accomplit la mission, dit devant tous qu'il ne retournera pas au front mais on l'y retrouve peu après, disposé à rejouer Azincourt, Trafalgar ou Dien Biên Phu. Charlot soldat ! Laurel et Hardy conscrits ! La Grande vadrouille avec le mitrailleur allemand qui louche ! Voilà, c’est ça, scrongneugneu : on a retrouvé la 7e compagnie, on va sauver le soldat Ryan et moi, du coup, ça me donne envie d'entamer un 20e bistrot mémoire sur les militaires sympathiques - ou pas - dont l’antimilitariste que je suis à l’occasion se souvient quand même.
BANDE DESSINÉE
Commençons par ceux des bédés de notre enfance. Je me souviens de Taka Takata dans le journal Tintin, des généraux Tapioca et Alcazar et du colonel Sponsz dans les albums d’Hergé. de Beetle Bailey, du sergent Laterreur dans Pilote, du lieutenant Blueberry de Charlier et Giraud, des Tuniques bleues, du 20e de cavalerie chez Lucky Luke, des combats entre Snoopy, l’as de la première guerre mondiale, et le Baron rouge. D’autres aviateurs célèbres et concurrents ? Tanguy et Laverdure, Buck Danny, Dan Cooper.
Plus loin dans le temps il y a les légionnaires romains d’Astérix, Le sergent Kirk et les Scorpions du désert d’Hugo Pratt. Et bien sûr, couronnant le tout caricaturalement, l’Adjudant Kronenbourg de Cabu !
CHANSON
Enchaînons avec la chanson : rappelons-nous le colonel Bogey, dont la célèbre marche « Hello, le soleil brille, brille, brille » est sifflotée dans le film « Le Pont de la rivière Kwaï ». A la même époque Graeme Allwright chante la traversée d'une rivière avec de l’eau « jusqu’à la ceinture » quand il était en manoeuvre dans le Louisiana, une nuit au mois de mai, sous les ordres d'un vieux con qui dit d'avancer, scrongneugneu, où on n'a pas pied.
Évidemment tout a commencé bien plus tôt avec« L’Ami Bidasse » de Fernandel , dernière incarnation en date des comiques troupiers et tourlourous de la fin du XIXe siècle, Ouvrard, Polin, Bach et Laverne, etc.
On a eu droit aussi à « La Casquette du Père Bugeaud », aux trois capitaines d' « En passant par la Lorraine ». Malbrough s’en va-t-en guerre en compagnie de Babette (Brigitte Bardot) alors que Trois jeunes tambours s'en reviennent « Ran plan ran pataplan ». Le « Légionnaire » d'Edith Piaf est repris par Gainsbourg.
Nous, bien sûr, nous ne ferons pas de cadeaux au maréchal Nouvoilà. Nous chanterons plutôt « Le Déserteur » de Boris Vian ou, moins digne, « La Médaille » de Renaud. Nous garderons dans notre besace « La chanson de Craonne », « La Butte rouge », « Gloire au dix-septième » de Montéhus.
Nous écouterons, plus gentiment, le « Sergent Pepper’s Lonely Hearts club band » des Beatles, le « Général à vendre » (paroles de Francis Blanche) et « Le Général Castagnetas » chantés par les Frères Jacques, le messager de « Marathon » de Marcel Amont et « Le Général dort debout » de Ray Ventura ainsi que « La Guerre de 14-18 » de Georges Brassens.
Nous concédons toutefois la présence dans notre discothèque d’un tank saugrenu sur la pochette de l’album "Salisbury" d’Uriah Heep.
De « L’Histoire du soldat » de Stravinsky et Ramuz et du « Soldat rose » de M. nous savons simplement qu’ils existent.
CINÉMA
Ne prisant ni la guerre ni les militaires je n’ai rien à dire sur « Les Canons de Navarone », « Le Jour le plus long » et autres films nombreux qu’on a tournés autour des conflits du XXe siècle. Je retiens juste le drôlissime « Uniformes et jupons courts » de Billy Wilder, « How I want the War », un film de Richard Lester avec John Lennon et la patrouille des éléphants du colonel Hathi dans le « Livre de la jungle » de Disney d’après Rudyard Kipling.
Par contre je vous dispense des « Bidasses en folie » avec Les Charlots et même de « La Vache et le prisonnier » d’Henri Verneuil avec, encore, Fernandel en « Kriegsgefangene » (und die Kuh).
De la télé des années 60 il ne me reste que le sergent Garcia dans « Zorro » et le caporal Rusty et son chien Rintintin dans le feuilleton homonyme.
LITTÉRATURE
En littérature il y a « Le Colonel Chabert » de Balzac, « Le Caporal épinglé » de Jacques Perret, Fabrice del Dongo dans "La Chartreuse de Parme" de Stendhal qui passe allègrement du sabre au goupillon, « Les Aventures du brave soldat Chveïk », un roman satirique tchèque de Jaroslav Hasek, « Le Hussard sur le toit » de Jean Giono, « Les Gaîtés de l'escadron » de Georges Courteline...
Je ne sais plus avec certitude qui est l’auteur de ce calembour « Tire ailleurs, c’est mes galets ! ». Jean Yanne, peut-être ?
MENTIONS DE MILITAIRES CÉLÈBRES
Je n'ai pas en mémoire les noms de tous les maréchaux qui ceinturent la ville de Paris sous forme d’un long boulevard. Je sais qu’il y a Ney dans la liste parce que lui se voit comme son homonyme au milieu de la figure ! Je crois savoir qu’on n’y trouve pas Cambronne qui est resté simple général parce qu’il a eu des mots qui ont déplu à sa hiérarchie. Plus loin dans la capitale on trouve le zouave du pont de l'Alma.
Quelle ville de France n’a pas sa rue, son avenue ou sa place du général de Gaulle ? On honore également à Rennes le général Guillaudot, le sergent Palicot, le sergent Maginot qui fut un visionnaire sur toute la ligne et même le général Lafayette qui avait légèrement tendance à épater la galerie au printemps.
Saint-Georges de Lydda est un nom qui me dit quelque chose mais quoi ?
Le capitaine Haddock et les commandants Cousteau et Charcot ne sont pas forcément des militaires mais des marins, tout comme le capitaine dans « Pim Pam Poum » et les différents capitaines imaginés par Jules Verne.
BATAILLES
On se souvient tous de lieux où ont eu lieu des foutages sur la gueule célèbres, pas forcément avec leur date à part Marignan (1515) : le défilé des thermopyles, Alésia (52 av. J.-C.), Hastings (1066), Bouvine (1214), Crécy (1346), Sedan (1870), le soleil d'Austerlitz, le pont d'Arcole, la Bérézina, Waterloo morne plaine... Ajoutons la bataille de Reichshoffen et l’expression « Il pleut comme à Gravelotte ».
Inkerman, Malakoff, Alma et Sébastopol sont des restes de la guerre de Crimée de 1853-1855
En terminant j’ai une pensée pour la grande Duchesse de Gerolstein, créature de Jacques Offenbach, qui déclare avec fougue, à l'instar de Johnny Hallyday, « Ah que... j'aime les militaires » !
Ne pouvant souscrire à pareille assertion, je ne puis pas non plus signer mon texte « GI Joe » !
Pourtant G.I. pour Gentil Iconoclaste, ça me va bien au teint, je trouve !
Ce sera tout ! Repos ! Vous pouvez disposer, Scrongneugneu !
P.S. Comme dessert la maison vous suggère une coupe colonel, une boule de glace citron arrosée de vodka.
Très belle promenade littéraire, musicale, cinématographique et historique autour des militaires. J'ajouterais, si tu le permets, Fanfan la Tulipe et le beau Gérard Philippe et Le Crocodile qui s'en allait à la guerre, deux œuvres qui ont bercé mon enfance.
RépondreSupprimerMerci pour ce voyage du combattant ! J'en piaf juste pour l'uniforme, c'est un truc archaïque...
RépondreSupprimerQuel défilé tambour battant ! On voit bien que tu n'es pas un "va-t-en guerre" : tu passes la revue en vitesse. Mais en cadence cependant ;-) Moi, je préfère aller au pas camarade. A mon pas.
RépondreSupprimerAprès un menu aussi complet, je retiens Fernand Raynaud (oui, il a une rue ici tout comme Lafayette et Desaix !), Jean Yanne, bien sûr, Graeme Allwright, évidemment, les Beatles, forcément, et le sergent Garcia, ce faire-valoir de... Zorro !🐎
RépondreSupprimerTiens, tiens... t'aurais pas été contaminé par mon épouse ? Elle aussi finit toujours par un Colonel...
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