samedi 8 novembre 2025

Un Souvenir divin (Joe Krapov)

  

Elle voulait que Je l’appelle Venelle !

Elle souhaitait qu’on se gondolât, ou quoi ?

Tout son organisme, étendu, était en forme de poisson et, certes, ses petites rues serpentaient comme des veinules autour du liquide amniotique, halieutique et iridescent de sa folie adolescente. Mais elle avait de jolies places, un arsenal de séduction qui se campe haut, un fondement fondamental de fondamenti au cordeau, des anches pleines pour les hautbois de Vivaldi et toute une vénération religieuse à venir qui reposait sur les plus affermis des pieux.

Si tu vas à Rio, comme chantait Dario, n’oublie pas de donner le nom de celui qui fait son renom, celui du Palazzo par où elle soupire quand nous soupons au Danieli de velouté au basilic et qu’elle reste fuyante comme toutes les femmes poisson natives du cinq mars qui refusent le marc parce que le pousse-café rime avec « pousse-au-crime ».

- J’en ai assez, déclarait-elle comme à la douane, sur la pointe des pieds dans ses petit souliers, que Tu m’offres des campaniles, que Tu me bâtisses des palais pas laids garnis de palines peu palotes. Ta plus belle avenue du monde, je ne m’y reconnais pas. Je suis une discrète, une humble dentellière. Je rêve d’être une ruelle dans une île de pêcheurs entre une maison rouge et une maison moutarde, que des enfants y jouent à cache-cache humain et non à labyrinthe mondain-mondialisé comme aux Champs-Élysées. S’il Te plaît, appelle-moi Venelle !

Je n’ai jamais eu le dernier mot avec les femmes. J’ai cédé à ses désirs. Elle vit à Burano, solitaire et tranquille, oubliée de tous sauf de Moi.

Quant à cet autre écrin que Je lui avais fait pour que nous puissions vivre d’amour sérénissime et de carnaval fou, Je l’ai appelé Venise et Je me mords les doigts de ce que c’est devenu !



Les jolies femmes ont toujours raison ! N’oubliez jamais cela si vous devez bâtir un monde !

N.B. Les deux photographies sont de Marina Bourgeoizovna.




 

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