samedi 5 juillet 2025

Défi #879

   

Comme le veut une tradition établie par MAP (aujourd'hui décédée) en 2012, les sujets de juillet et août seront des photos.

Voici la première :

 


 

Se sont pelotonnés dans le molleton

 

 


  


Walrus ; Ghislaine ; Marie Sylvie ; TOKYO ;

Kate ; Yvanne ; François ; Joe Krapov ;

 

 

"Ghyzair" (Ghislaine)

   


"Le Molleton d’Été, l’Invention Qui Rafraîchit Les Idées Reçues"

Ghyzou, future styliste textile et aimant les  siestes d'été, avait un rêve :
pouvoir porter du molleton d'été quand il fait 35°C à l’ombre.

Bien sur quand elle exprima son idée, tout le monde lui a ri au nez !
""Ghyzou le molleton c’est pour l’hiver""
Elle s’enferma dans son atelier climatisé, déterminée à prouver
au monde que le confort ne devrait pas être saisonnier.

Finalement, grâce à Valrus qui lui avait suggéré bien malgré lui cette idée,
elle mit au point une fibre révolutionnaire.
Un molleton thermorégulant, tissé avec du bambou,
des fibres recyclées et un soupçon d'énigme.
Une matière douce, légère, respirante,
et légèrement fraîche au toucher fut son invention.
Elle l’appela, ""Ghyzair"" le molleton qui vient du frais.

Ghyzou lança sa marque avec un slogan provocateur :

"Pourquoi transpirer et avoir trop chaud l'été quand on peut profiter du molleton d'été ?"

Son invention fit un tabac !
Les festivals d’été étaient pleins de gens en jogging beige molletonné !
Tous les pays au climat très chaud se l'arrachèrent !
On ne se calfeutra plus chez soi, tout fermé avec des ventilateurs !
On s'écria de partout ;
""Elle a mis l’hiver en été et ça j'achète"""

Aujourd’hui, Ghyzou vend ses créations "Ghyzair" dans plusieurs pays.
Et chaque fois qu’on lui demande si c’est vraiment raisonnable
de porter du molleton quand il fait chaud, elle répond avec un sourire :

""L'essayer c'est l'adopter """

Et si grâce à ce cher Valrus, quelqu'un inventait vraiment ce Molleton d'été ???


 

C'est l'été, enfin ! (Joe Krapov)

 

 


Alors ? Ce Défi sur le molleton,

S’y colle-t-on ?


C’est que cela n’est pas coton

Par ces chaleurs que nous avons

D’aller filer des métaphores

En même temps qu’la lain’ de mouton !


C’est tentant de botter en touche,

De s’allonger sur le gazon,

D’y relire Franz Taffetas

Ou « Les Trois moustiquaires »

Voire de s’envoyer « Le Soulier de satin »

Plutôt que de broder

Sur Gabardine Martin,

Sur Richard Burlington,

Sur Popeline Carton

Ou sur Paul Desflanelles.


C’est vraiment très facile de chambray le patron :

Tranquille comme batiste

Il joue sur du velours

Rien ne l’interlocke

Et il rétorque à nos critiques

« Viscose toujours ! Tu m’intéresses !

 Tous les mots que je propose

Sont tissus du dictionnaire » !



Soie ! C’est un fait

Mais batik comme nous sommes

Après l’avoir piqué (le somme)

Nous sommes aussi capables

De mettre les voiles

Vers le soleil

De laisser la cretonne aux Bretonnes,

Les crêpes dentelles

Aux danseuses de tarentelles,

Le sergé à Pontoise,

La mousseline aux Yvelines

Les robes Vichy aux folles à(l)lier

La toile de Jouy aux Josassiens

Le madras aux foulards

Et Jersey à son île


Peut-être aurions nous dû

Placer ici comme défausse

La chanson « Mademoiselle Angèle ? »





Soyons sérieux :

Rangeons le molleton

Dans la malle aux tissus

Pour l’hiver

Et terminons par un conseil :


Il se peut qu’au rugby

Dame Caroline Loeb

Et chante, victorieuse,

« De toutes les matières,

c’est la ouate qu’elle préfère »


Si le coton est hydrophile,

Si la canicule vous épate,

Ne jouez pas les imbéciles,

Ne jouez pas les hydropathes :

Buvez de l’eau, gazeuse ou plate !

 

  

MES MOLLETONS (François)

 

En hiver, c'est un grand bonheur,

En été trop chaud, c'est un malheur.

 

C'est une étoffe de laine que l'on peut porter,

Qui sait donner de la chaleur,

J’en ai sur mon lit en absence de couette.

Sur mon gilet doux et chaud que je porte,

Chez moi, quand j'ai refermé en hiver, ma porte.

 

Molleton gris, molleton rouge,

En fait, il y en a de toutes les couleurs,

Pour accompagner rideaux et draperies,

Ils permettent de nous donner de la chaleur,

Auprès de la buche rouge,

Pour un temps partagé avec sa chérie.

 

Mais aujourd'hui, il fait si chaud.

Que mes petits pas ont la lenteur d'un slow

Tous mes molletons au placard, je les range.

 

Je suis tellement déshabillé que je dérange.

En fait, pas grand-chose, je porte,

De toute manière, au frais, j'ai refermé ma porte.

 

À penser à toi Molleton, je me perçois en enfer,

Je reviendrai te libérer de ton tiroir en hiver.

 

Pacifier la situation. (Yvanne)

 


  • Paulo, il faut qu'on s'occupe de Louis.

  • Qu'est ce que tu racontes. Tu es tombé sur la tête ? Moi ? M'occuper de Louis après toute la misère qu'il m'a mise ? T'es malade !

  • Écoute Paulo. On n'est pas blancs comme neige toi et moi. On a des torts. Alors il faut passer l'éponge. Je vais aller le voir cet après midi à la maison de retraite.

  • Hein ? Tu vas voir Louis ? Il est fou...Tu es fou.

  • Oui, je vais voir Louis et lui parler. J'ai fait une découverte chez lui ce matin qui m'a chamboulé.

  • Tu es revenu dans sa chaumière ? Et les loirs ? Cette saloperie. Tu les as virés ?

  • Pas besoin. Ils étaient partis. Mais ce n'est pas important. Il faut que je te dise : j'ai fait une découverte. J'ai trouvé une boîte derrière le lit de Louis. Une boîte contenant des lettres.

  • Ah ! Des lettres d'amour ?

  • Arrête un peu. J'en ai ma claque de ces conneries. Et c'est loin d'être des lettres d'amour comme tu dis. Si mon père était encore là, je te jure qu'on se prendrait des belles engueulades. Tu ne le sais peut être pas mais mon père et Louis étaient copains.

  • Je ne vois pas ce que ça change. Tu les as lues ces lettres ? Et puis je m'en fous d'ailleurs. Je ne veux plus entendre parler de Louis. C'est bon. Depuis qu'il est parti je suis tranquille. Fais ce que tu veux. Basta.


Jacky n'est pas vraiment étonné. Paulo est un brave type mais il a la rancune tenace. Et puis, après tout, c'est une affaire entre Louis et lui. Il remonte dans son vieux 4x4 et se dirige vers la maison de retraite de la commune. C'est une petite structure où tous les résidents se connaissent et il paraît que Louis s'est très bien habitué à sa nouvelle vie. C'est quand même un peu surprenant venant de lui mais après tout bénéficier d'un certain confort à son âge le satisfait sans doute.


Jacky pénètre dans le hall. Cette odeur de soupe, de désinfectant. De vieux. Jamais il ne s'y fera. Il préfère crever avant. Des souvenirs remontent. Quand il était gamin il venait là voir sa grand-mère qu'il aimait beaucoup. S'il avait pu en ce temps là lui éviter cette déchéance, mourir ici, il l'aurait fait . Car pour lui, terminer son existence dans ce genre d'endroit relève de l'indignité. Mais la brave femme ne se plaignait jamais. C'était sa fierté de n'embêter personne de sa famille avec son handicap : elle n'avait plus l'usage de ses jambes.


Jacky s'enquière du numéro de chambre de Louis à l'accueil et résolument s'avance vers la porte 6. Elle n'est pas complètement fermée. Jacky aperçoit dans l’entrebâillement le vieil homme assis dans son fauteuil. Il s'étonne des changements opérés sur son voisin en quelques mois. Méconnaissable. Il a tellement changé. Il a grossi. Lui, le sauvage, le célibataire qui se fichait comme d'une guigne de son aspect physique est propre comme un sou neuf et bien peigné. Il est vêtu d'un bas de jogging gris en tissu épais, lainage ou molleton et d'une chemise à carreaux bleus. Il semble dormir, la bouche ouverte, les mains croisées sur sa poitrine.


Jacky hésite un peu, craignant de réveiller Louis puis il se dit qu'il ne va pas repartir maintenant. Louis aura tout son temps pour faire la sieste ensuite.

Il frappe légèrement. Aussitôt un « entrez » ferme l'invite à franchir le seuil.

  • Bonjour Louis.

  • Bonjour Jacky.

Les deux hommes se regardent. L'un affiche un petit sourire bienveillant tandis que l'autre, un peu honteux, s'avance timidement. Louis se lève et prend Jacky dans ses bras.

- Je savais que tu viendrais mon garçon. Je t'attendais.




C'est l'molleton (Kate)

 

 

Plus que le coton
C'est l'molleton
Qu'elle préfère
Pensive elle est oisive
En caleçon molletonné
C'est l'molleton
 

La nuit pour dormir
Chemise et pantalon
Pyjama et bonnet
C'est l'molleton
Qu'elle vénère

Le jour pour sortir
Pour faire les commissions
Odorat affuté
Coups de pattes incisives
C'est l'molleton !

 (Merci pour cette chanson inspirante !)

 

Molloton (TOKYO)

 

Rêve d’un molleton en canicule

J’ai rêvé cette nuit qu’un molleton me poursuivait.

 

Un énorme, doux, obstiné molleton.

Rose pâle, gonflé de silence, traînant derrière lui une odeur de linge tiède et d’hiver oublié.

Il avançait lentement, mais inlassablement, sur l’asphalte fondu.

 

Moi, pieds nus, dégoulinante, je courais dans la ville en feu.

Les fontaines avaient tari. Les climatiseurs avaient rendu l’âme.

Et lui, moelleux, gonflé d’amour ou d’angoisse, je ne savais pas,

me traquait, comme une promesse étouffante.

Je criais :

 Laisse-moi respirer !

Je veux du lin, de l’ombre, du vent dans les draps ! »

Mais il ne répondait pas.

Il roulait, il ondulait, il transpirait presque…

Et chaque fois que je ralentissais, il me rattrapait, m’enveloppait un peu.

Une manche. Une doublure. Une pensée chaude autour du cou.

 

Alors je me suis réveillée, le dos trempé, les draps collés à la peau.

Et pendant quelques secondes, je l’ai senti là, dans la pièce :

un coin de couette trop chaud, un fantôme d’hiver, un chagrin doux.

La chaleur m’avait roulée dessus comme un camion de sable brûlant.

Je n’étais plus qu’une pensée liquide, glissant du lit jusqu’à la salle de bain.

 

J’ai ouvert l’eau froide, j’ai fermé les yeux.

Quelques secondes de grâce.

La canicule se taisait, le monde reprenait forme autour de moi.

Et puis —

la voix.Celle de ma mère, pétrie d’amour envahissant, surgie de l’Antarctique domestique :

 

« Tu veux le molleton en sortant de ta douche ? »

 

Le molleton.

 

Il m’a semblé que l’eau se réchauffait brutalement,

que le carrelage se moquait de moi,

que même le savon avait envie de fuir.

 

Le molleton !

Cette épaisseur d’hiver, cette chaleur non désirée,

ce fantôme d’enfance qui me rattrape à chaque sortie de bain.

 

J’ai crié, je crois.

Ou j’ai bégayé un « non merci » acide, entre les dents.

 

Mais je savais que quelque part, dans le placard du couloir,

il m’attendait.

Plié, prêt.

Avec son regard de tissu brossé et sa tendresse asphyxiante.

 

Le molleton est une étreinte qu’on ne choisit pas.

C’est un câlin imposé, une armure douce contre le vent...

même quand il fait 42 degrés à l’ombre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai ouvert l’eau froide, j’ai fermé les yeux.

Quelques secondes de grâce.

La canicule se taisait, le monde reprenait forme autour de moi.

 

Et puis —

la voix.

 

Celle de ma mère, pétrie d’amour envahissant, surgie de l’Antarctique domestique :

 

« Tu veux le molleton en sortant de ta douche ? »

 

Le molleton.

 

Il m’a semblé que l’eau se réchauffait brutalement,

que le carrelage se moquait de moi,

que même le savon avait envie de fuir.

 

Le molleton !

Cette épaisseur d’hiver, cette chaleur non désirée,

ce fantôme d’enfance qui me rattrape à chaque sortie de bain.

 

J’ai crié, je crois.

Ou j’ai bégayé un « non merci » acide, entre les dents.

 

Mais je savais que quelque part, dans le placard du couloir,

il m’attendait.

Plié, prêt.

Avec son regard de tissu brossé et sa tendresse asphyxiante.

 

Le molleton est une étreinte qu’on ne choisit pas.

C’est un câlin imposé, une armure douce contre le vent...

même quand il fait 42 degrés à l’ombre.

 

LE MOLLETON ÉCARLATE ET LA FUREUR DE AUGUSTE (Marie Sylvie)

  

 



Alors que je regagnais mon domicile en compagnie de Catherine, une camarade avec laquelle je partageais les bancs de l'école tenue par les Sœurs, le véhicule de transport scolaire nous déposait invariablement en lisière de route. Il nous incombait alors de parcourir le dernier kilomètre à pied, le long de cette modeste voie campagnarde. C'est au cours de l'une de ces promenades que nous fûmes les témoins d'une scène des plus singulières : Un bovin pourchassant avec une vélocité surprenante un tracteur. Dans notre candeur enfantine, nous supposâmes que le paysan avait dû priver son animal d'eau ou de nourriture pour que celui-ci manifeste une telle ardeur à sa poursuite. 

Une fois parvenues à la demeure de Catherine, l'hilarité nous tenaillait encore. Sa mère, Cécile, une figure maternelle que j'aurais souhaité avoir tant sa douceur était manifeste, nous interrogea naturellement sur la cause de notre frénésie joyeuse. Nous lui relatâmes alors, avec force détails,  comment cet animal bovin poursuivait avec une telle ardeur le tracteur du Père Léon.

Elle leva les bras au ciel, geste d'exaspération mêlée d'une certaine tendresse, et nous narra l'intrépidité téméraire de Léon. Ce dernier avait eu l'audace d'emprunter le Masser-Ferguson écarlate pour abreuver Auguste, le taureau. Elle nous expliqua alors, non sans un brin d'humour, que se déplacer à bord d'un tracteur rouge équivalait à agiter un molleton de même couleur devant la bête. 

Nous nous précipitâmes aussitôt vers le champ adjacent, où nous découvrîmes le petit tracteur, gisant sur le flanc. Fort heureusement, Léon avait eu la prestesse de sauter du véhicule et de se refugier au sommet d'un arbre tant Auguste s'était montré excité. Seuls des dommages matériels furent à déplorer, conséquence de la vive sensibilité de Auguste à la couleur rouge ! 


 

Oui, je sais ! (Walrus)

   

Madame Chapeau me l'a fait aimablement et immédiatement remarquer dans son commentaire sous le sujet de la semaine :

Faut vraiment être con pour proposer "molleton" en plein cagnard !

Je ne peux qu'approuver sa remarque .


Pour ma défense, je citerai le dialogue pondu par Audiard pour  "Les Tontons Flingueurs" :

"Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait !" 

  


 

Défi #879

    Comme le veut une tradition établie par MAP (aujourd'hui décédée) en 2012, les sujets de juillet et août seront des photos. Voici la...