Comme le veut une tradition établie par MAP (aujourd'hui décédée) en 2012, les sujets de juillet et août seront des photos.
Voici la première :
Comme le veut une tradition établie par MAP (aujourd'hui décédée) en 2012, les sujets de juillet et août seront des photos.
Voici la première :
Alors ? Ce Défi sur le molleton,
S’y colle-t-on ?
C’est que cela n’est pas coton
Par ces chaleurs que nous avons
D’aller filer des métaphores
En même temps qu’la lain’ de mouton !
C’est tentant de botter en touche,
De s’allonger sur le gazon,
D’y relire Franz Taffetas
Ou « Les Trois moustiquaires »
Voire de s’envoyer « Le Soulier de satin »
Plutôt que de broder
Sur Gabardine Martin,
Sur Richard Burlington,
Sur Popeline Carton
Ou sur Paul Desflanelles.
C’est vraiment très facile de chambray le patron :
Tranquille comme batiste
Il joue sur du velours
Rien ne l’interlocke
Et il rétorque à nos critiques
« Viscose toujours ! Tu m’intéresses !
Tous les mots que je propose
Sont tissus du dictionnaire » !
Soie ! C’est un fait
Mais batik comme nous sommes
Après l’avoir piqué (le somme)
Nous sommes aussi capables
De mettre les voiles
Vers le soleil
De laisser la cretonne aux Bretonnes,
Les crêpes dentelles
Aux danseuses de tarentelles,
Le sergé à Pontoise,
La mousseline aux Yvelines
Les robes Vichy aux folles à(l)lier
La toile de Jouy aux Josassiens
Le madras aux foulards
Et Jersey à son île
Peut-être aurions nous dû
Placer ici comme défausse
La chanson « Mademoiselle Angèle ? »
Soyons sérieux :
Rangeons le molleton
Dans la malle aux tissus
Pour l’hiver
Et terminons par un conseil :
Il se peut qu’au rugby
Dame Caroline Loeb
Et chante, victorieuse,
« De toutes les matières,
c’est la ouate qu’elle préfère »
Si le coton est hydrophile,
Si la canicule vous épate,
Ne jouez pas les imbéciles,
Ne jouez pas les hydropathes :
Buvez de l’eau, gazeuse ou plate !
En hiver, c'est un grand bonheur,
En été trop chaud, c'est un malheur.
C'est une étoffe de laine que l'on peut porter,
Qui sait donner de la chaleur,
J’en ai sur mon lit en absence de couette.
Sur mon gilet doux et chaud que je porte,
Chez moi, quand j'ai refermé en hiver, ma porte.
Molleton gris, molleton rouge,
En fait, il y en a de toutes les couleurs,
Pour accompagner rideaux et draperies,
Ils permettent de nous donner de la chaleur,
Auprès de la buche rouge,
Pour un temps partagé avec sa chérie.
Mais aujourd'hui, il fait si chaud.
Que mes petits pas ont la lenteur d'un slow
Tous mes molletons au placard, je les range.
Je suis tellement déshabillé que je dérange.
En fait, pas grand-chose, je porte,
De toute manière, au frais, j'ai refermé ma porte.
À penser à toi Molleton, je me perçois en enfer,
Je reviendrai te libérer de ton tiroir en hiver.
Paulo, il faut qu'on s'occupe de Louis.
Qu'est ce que tu racontes. Tu es tombé sur la tête ? Moi ? M'occuper de Louis après toute la misère qu'il m'a mise ? T'es malade !
Écoute Paulo. On n'est pas blancs comme neige toi et moi. On a des torts. Alors il faut passer l'éponge. Je vais aller le voir cet après midi à la maison de retraite.
Hein ? Tu vas voir Louis ? Il est fou...Tu es fou.
Oui, je vais voir Louis et lui parler. J'ai fait une découverte chez lui ce matin qui m'a chamboulé.
Tu es revenu dans sa chaumière ? Et les loirs ? Cette saloperie. Tu les as virés ?
Pas besoin. Ils étaient partis. Mais ce n'est pas important. Il faut que je te dise : j'ai fait une découverte. J'ai trouvé une boîte derrière le lit de Louis. Une boîte contenant des lettres.
Ah ! Des lettres d'amour ?
Arrête un peu. J'en ai ma claque de ces conneries. Et c'est loin d'être des lettres d'amour comme tu dis. Si mon père était encore là, je te jure qu'on se prendrait des belles engueulades. Tu ne le sais peut être pas mais mon père et Louis étaient copains.
Je ne vois pas ce que ça change. Tu les as lues ces lettres ? Et puis je m'en fous d'ailleurs. Je ne veux plus entendre parler de Louis. C'est bon. Depuis qu'il est parti je suis tranquille. Fais ce que tu veux. Basta.
Jacky n'est pas vraiment étonné. Paulo est un brave type mais il a la rancune tenace. Et puis, après tout, c'est une affaire entre Louis et lui. Il remonte dans son vieux 4x4 et se dirige vers la maison de retraite de la commune. C'est une petite structure où tous les résidents se connaissent et il paraît que Louis s'est très bien habitué à sa nouvelle vie. C'est quand même un peu surprenant venant de lui mais après tout bénéficier d'un certain confort à son âge le satisfait sans doute.
Jacky pénètre dans le hall. Cette odeur de soupe, de désinfectant. De vieux. Jamais il ne s'y fera. Il préfère crever avant. Des souvenirs remontent. Quand il était gamin il venait là voir sa grand-mère qu'il aimait beaucoup. S'il avait pu en ce temps là lui éviter cette déchéance, mourir ici, il l'aurait fait . Car pour lui, terminer son existence dans ce genre d'endroit relève de l'indignité. Mais la brave femme ne se plaignait jamais. C'était sa fierté de n'embêter personne de sa famille avec son handicap : elle n'avait plus l'usage de ses jambes.
Jacky s'enquière du numéro de chambre de Louis à l'accueil et résolument s'avance vers la porte 6. Elle n'est pas complètement fermée. Jacky aperçoit dans l’entrebâillement le vieil homme assis dans son fauteuil. Il s'étonne des changements opérés sur son voisin en quelques mois. Méconnaissable. Il a tellement changé. Il a grossi. Lui, le sauvage, le célibataire qui se fichait comme d'une guigne de son aspect physique est propre comme un sou neuf et bien peigné. Il est vêtu d'un bas de jogging gris en tissu épais, lainage ou molleton et d'une chemise à carreaux bleus. Il semble dormir, la bouche ouverte, les mains croisées sur sa poitrine.
Jacky hésite un peu, craignant de réveiller Louis puis il se dit qu'il ne va pas repartir maintenant. Louis aura tout son temps pour faire la sieste ensuite.
Il frappe légèrement. Aussitôt un « entrez » ferme l'invite à franchir le seuil.
Bonjour Louis.
Bonjour Jacky.
Les deux hommes se regardent. L'un affiche un petit sourire bienveillant tandis que l'autre, un peu honteux, s'avance timidement. Louis se lève et prend Jacky dans ses bras.
- Je savais que tu viendrais mon garçon. Je t'attendais.
Plus que le coton
C'est l'molleton
Qu'elle préfère
Pensive elle est oisive
En caleçon molletonné
C'est l'molleton
La nuit pour dormir
Chemise et pantalon
Pyjama et bonnet
C'est l'molleton
Qu'elle vénère
Le jour pour sortir
Pour faire les commissions
Odorat affuté
Coups de pattes incisives
C'est l'molleton !
(Merci pour cette chanson inspirante !)
Rêve d’un molleton en canicule
J’ai rêvé cette nuit qu’un molleton me poursuivait.
Un énorme, doux, obstiné molleton.
Rose pâle, gonflé de silence, traînant derrière lui une odeur de linge tiède et d’hiver oublié.
Il avançait lentement, mais inlassablement, sur l’asphalte fondu.
Moi, pieds nus, dégoulinante, je courais dans la ville en feu.
Les fontaines avaient tari. Les climatiseurs avaient rendu l’âme.
Et lui, moelleux, gonflé d’amour ou d’angoisse, je ne savais pas,
me traquait, comme une promesse étouffante.
Je criais :
Laisse-moi respirer !
Je veux du lin, de l’ombre, du vent dans les draps ! »
Mais il ne répondait pas.
Il roulait, il ondulait, il transpirait presque…
Et chaque fois que je ralentissais, il me rattrapait, m’enveloppait un peu.
Une manche. Une doublure. Une pensée chaude autour du cou.
Alors je me suis réveillée, le dos trempé, les draps collés à la peau.
Et pendant quelques secondes, je l’ai senti là, dans la pièce :
un coin de couette trop chaud, un fantôme d’hiver, un chagrin doux.
La chaleur m’avait roulée dessus comme un camion de sable brûlant.
Je n’étais plus qu’une pensée liquide, glissant du lit jusqu’à la salle de bain.
J’ai ouvert l’eau froide, j’ai fermé les yeux.
Quelques secondes de grâce.
La canicule se taisait, le monde reprenait forme autour de moi.
Et puis —
la voix.Celle de ma mère, pétrie d’amour envahissant, surgie de l’Antarctique domestique :
« Tu veux le molleton en sortant de ta douche ? »
Le molleton.
Il m’a semblé que l’eau se réchauffait brutalement,
que le carrelage se moquait de moi,
que même le savon avait envie de fuir.
Le molleton !
Cette épaisseur d’hiver, cette chaleur non désirée,
ce fantôme d’enfance qui me rattrape à chaque sortie de bain.
J’ai crié, je crois.
Ou j’ai bégayé un « non merci » acide, entre les dents.
Mais je savais que quelque part, dans le placard du couloir,
il m’attendait.
Plié, prêt.
Avec son regard de tissu brossé et sa tendresse asphyxiante.
Le molleton est une étreinte qu’on ne choisit pas.
C’est un câlin imposé, une armure douce contre le vent...
même quand il fait 42 degrés à l’ombre.
J’ai ouvert l’eau froide, j’ai fermé les yeux.
Quelques secondes de grâce.
La canicule se taisait, le monde reprenait forme autour de moi.
Et puis —
la voix.
Celle de ma mère, pétrie d’amour envahissant, surgie de l’Antarctique domestique :
« Tu veux le molleton en sortant de ta douche ? »
Le molleton.
Il m’a semblé que l’eau se réchauffait brutalement,
que le carrelage se moquait de moi,
que même le savon avait envie de fuir.
Le molleton !
Cette épaisseur d’hiver, cette chaleur non désirée,
ce fantôme d’enfance qui me rattrape à chaque sortie de bain.
J’ai crié, je crois.
Ou j’ai bégayé un « non merci » acide, entre les dents.
Mais je savais que quelque part, dans le placard du couloir,
il m’attendait.
Plié, prêt.
Avec son regard de tissu brossé et sa tendresse asphyxiante.
Le molleton est une étreinte qu’on ne choisit pas.
C’est un câlin imposé, une armure douce contre le vent...
même quand il fait 42 degrés à l’ombre.
Madame Chapeau me l'a fait aimablement et immédiatement remarquer dans son commentaire sous le sujet de la semaine :
Faut vraiment être con pour proposer "molleton" en plein cagnard !
Je ne peux qu'approuver sa remarque .
Pour ma défense, je citerai le dialogue pondu par Audiard pour "Les Tontons Flingueurs" :
"Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait !"
Comme le veut une tradition établie par MAP (aujourd'hui décédée) en 2012, les sujets de juillet et août seront des photos. Voici la...