L'image proposée par Walrus cette semaine m'amène à vous parler
d'un village insolite de Corrèze, blotti dans un chaos rocheux où les croix surmontant les rochers, moins impressionnants que celui-ci certes mais tout aussi authentiques, ne manquent pas.
Clédat
J'ai découvert le village de Clédat tout à fait par hasard un dimanche d'octobre dans les années 80.
Nous étions partis pour une chasse aux cèpes dans les forêts du massif des Monédières en lisière du plateau de Millevaches. En longeant la bordure d'une piste forestière, soudain m'est révélée comme dans un songe une clairière parsemée de multiples roches et de murailles. Je me suis approchée. Pas un bruit. Seul le souffle léger du vent berçait doucement la masse des sapins qui entouraient les lieux. J'ai su alors que devant moi se dévoilait Clédat. Je n'ai été qu'à demi surprise ayant déjà entendu parler de son existence par des amateurs de vieilles pierres dont je suis.
J'ai pénétré dans le village en ruines. Il y régnait une atmosphère surprenante de solitude bienveillante. J'ai compris que Clédat m'accueillait favorablement et j'en ai ressenti une joie étrange. Pas d'envoûtement non mais une sensation de plénitude bienfaitrice.
Une petite chapelle romane se tenait à l'orée. Bien qu'à moitié démolie, sa cloche encore suspendue semblait veiller sur le site.
Sur un rocher devant la porte était plantée une croix aux jolies formes. Des chaumières et des granges éventrées, sans toit, émergeaient parmi des gros blocs de pierre arrondis par des milliers d'années d'érosion. La Nature avait envahi et recouvert de ronces et de mousse les bâtiments effondrés, les chariots en bois et les vieux outils abandonnés dans les charrières.
Je me suis promenée tranquillement dans le village plongé dans un silence invitant à la méditation. J'imaginais les vies minuscules de ses habitants contraints de l'abandonner leur étant impossible de se confronter à la modernité ambiante. Pas de routes. Pas de commodités. Seules des voies caillouteuses et étroites permettaient de rejoindre les hameaux voisins. Les gens vivaient dans une autarcie presque permanente.
Les prés et les champs, désormais inutiles, arrachés jadis laborieusement à la bruyère et à la lande par le travail acharné des hommes laissaient désormais la place à des forêts de conifères. Elles encerclaient l'endroit désert sans toutefois l'étouffer complètement. Clédat respirait encore, même tombé dans l'oubli. Quelques feuillus centenaires, plantés ça et là dans le village faisaient encore la nique aux résineux qui se voulaient envahissants.
Point trop de mystère ici pour moi, même si la Nature sauvage avait repris ses droits. Clédat m'était apparu comme un village assoupi, au repos et non complètement éteint. En me penchant sur sa fontaine, j'ai senti que son cœur était là, caché dans cette source qui avait alimenté de son eau vivifiante les villageois. Et j'en étais heureuse. Je savais que Clédat allait émerger un jour de son long sommeil. Je ne m'étais pas trompée. La suite de sa belle histoire datant du 12ème siècle m'a donné raison.
joli charme que cet archeologie
RépondreSupprimerCe genre d'endroit semble assez répandu en France (profonde), c'est beaucoup plus rare par ici, dommage...
RépondreSupprimerLes vieilles pierres étaient là avant nous et elles resteront après nous !
RépondreSupprimerOn les applaudit bien fort pour cela mais nous sommes bien plus rapides qu'elles dès lors qu'il s'agit de se transformer en poussière ! ;-)
C’est vrai que trouver une croix un peu n’importe où au bord d’un chemin de campagne est toujours émouvant...
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