Il était une venelle sombre.
Des chandelles, en faible nombre, laissaient rejaillir les ombres.
Ysal marchait, le cœur serré, les yeux baissés.
Quand ses pieds butèrent, elle releva la tête.
Une porte, de signes gravés, se tenait là, massive , imposante.
N’était-ce pas l’enfer de Dante ?
Ysal souffla ; elle n’avait plus le choix.
La main tendue, elle effleura le bois.
Dans un grincement, la porte s’ouvrit, elle avança.
Quand elle fut entrée, la porte se referma.
Dans la grande salle éclatante de pureté, un trône majestueux.
Devant lui, deux hommes, deux opposés
Mais si semblables dans leur aspect.
L’un tout de blanc vêtu, les étoiles pour couronne,
L’autre de noir, ceint des flammes et de la fourche.
L’homme en blanc en la voyant, sur le trône monta,
Les traits tirés, le front soucieux, le désespoir au fond des yeux.
Elle, l’air farouche, s’inclina.
- Explique-toi, somma l’empereur.
- - Je ne pouvais faire autrement. Mon amie dans les tourments, il me fallait l’aider.
- - Les contacts avec les vivants par nos lois sont interdits.
- - A quoi sert d’être un dieu, détenir des pouvoirs, si on ne peut parfois appuyer ceux au désespoir ? J’ai fais ce que je devais, je ne regrette rien. Si cela vous déplaît, punissez-moi. Mon cœur, lui, est droit.
- - Moi, l’empereur, tu as fait de moi la risée des cieux. Tu donnes raison à ceux pour qui te donner l’immortalité était déraison.
- - Qu’ils pensent ce qu’ils veulent, ils sont des paresseux. Quel homme sensé verrait ses temples, ses fidèles, à terre jetés, ne pas bouger un doigt.
- - C’est la loi du destin. Quand la roue tourne, nul ne peut s'y soustraire.
- - Ce n’est plus un destin, mais un abandon. Le destin que je veux, est celui que je bâtis. Quiconque, s’il le veut, peut en changer le cours.
- - Prends garde, irrespectueuse !!
- - Sans doute. Mais moi au moins j’agis.
Le roi des enfers éclata d'un rire malicieux.
- - Parbleu, cette petite n’a pas froid aux yeux ! Tu fustiges les dieux, tu contreviens aux lois puis tu réponds à l’empereur. Tu n’as donc peur de rien ?
- - Peu importe ma peur si ma cause est juste.
- - Penses-tu vraiment que par sa volonté, n’importe qui peut être sauvé ?
- - Si son cœur est prêt, oui je le crois !
- - Tous….même Nadi ?
A l’évocation de ce nom, l’assurance d’Ysal se fissura. Pourtant, quand elle répondit, sa voix ne trembla pas.
- - Je le crois. Il y a encore du bon en lui.
- - Par deux fois, il a tué. Et trahi.
- - Et il le regrette. De cela je suis sûre.
Le roi sourit encore. Pour sauver les apparences, il regarda l’empereur qui hocha la tête, résigné. Il n’aurait pas gain de cause, il le savait.
- - Si pour toi sa conscience est encore pure, je te lance un défi. Va le trouver, incite-le à changer. Si tu réussis, ton chemin au ciel ; si tu échoues, l'enfer ma toute belle.
Avant qu’elle n’acquiesce, avant qu’elle refuse, la pièce disparut dans le brouillard.
Quand il se dissipa, elle vit, le lieu de ses cauchemars.
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