samedi 18 octobre 2025

Défi #894

  

Vous nous ferez ça en un éclair ! 

  

Tonnerre

 

 

 
 
  

Se sont laissé inspirer par l'ambiance militaire

  

 


   

Walrus ; Marie Sylvie ; Kate ; Nana Fafo ; 

Clio 101 ; Cavalier ; Yvanne ; Joe Krapov ; 

François ;

 

LE SERGENT RECRUTEUR (François)

   

(Cartouche)

Il y a toujours un sergent recruteur,
Pour que vous puissiez vous engager,
Il vous fera des promesses de menteur,
Qui finiront par vous faire rager.

Un uniforme un fusil et quelques cartouches,
Et vous voilà parti pour guerroyer,
Vous pouvez même tomber comme des mouches,
Votre solde sera récupérée.

Mais ce sergent recruteur est bien connu,
Par la qualité de son flair infaillible,,
Il a su recruter trois éléments,
Plutôt incorrigibles,
Qui voleront la solde du régiment sans retenu,
Leur nom: Cartouche, la Taupe et la Douceur,
Trois drôles de drilles qui agissent en choeur .
 


Pas encore tout à fait amnésique. 20, Salut les bidasses ! (Joe Krapov)

 

Scrongneugneu ! Ces rogntudju de militaires ne nous foutront donc jamais la paix ?

Voilà que l'autre excité qui nous gouverne, celui dont le leitmotiv de technocrate encravaté est l'inquiétant « Nous sommes en guerre ! », nous balance comme ultime premier ministre rien de moins qu'un moine soldat !

Celui-là, au reste, est fort sympathique : il met 27 jours à rassembler ses troupes, ce qui laisse au fût du canon cher à Fernand Raynaud le temps de refroidir. Puis au bout de 13 h 56 de combat nocturne au creux des draps, il démissionne ! Là où les Athéniens s'atteignirent, le combat cessa faute de combattants.

« Scrongneugneu ! Quand faut y aller, faut y alller ! » peste le général face à la position démissionnaire de son lieutenant préféré et il le remissionne pour deux jours. Il accomplit la mission, dit devant tous qu'il ne retournera pas au front mais on l'y retrouve peu après, disposé à rejouer Azincourt, Trafalgar ou Dien Biên Phu. Charlot soldat ! Laurel et Hardy conscrits ! La Grande vadrouille avec le mitrailleur allemand qui louche ! Voilà, c’est ça, scrongneugneu : on a retrouvé la 7e compagnie, on va sauver le soldat Ryan et moi, du coup, ça me donne envie d'entamer un 20e bistrot mémoire sur les militaires sympathiques - ou pas - dont l’antimilitariste que je suis à l’occasion se souvient quand même.


BANDE DESSINÉE

Commençons par ceux des bédés de notre enfance. Je me souviens de Taka Takata dans le journal Tintin, des généraux Tapioca et Alcazar et du colonel Sponsz dans les albums d’Hergé. de Beetle Bailey, du sergent Laterreur dans Pilote, du lieutenant Blueberry de Charlier et Giraud, des Tuniques bleues, du 20e de cavalerie chez Lucky Luke, des combats entre Snoopy, l’as de la première guerre mondiale, et le Baron rouge. D’autres aviateurs célèbres et concurrents ? Tanguy et Laverdure, Buck Danny, Dan Cooper.

Plus loin dans le temps il y a les légionnaires romains d’Astérix, Le sergent Kirk et les Scorpions du désert d’Hugo Pratt. Et bien sûr, couronnant le tout caricaturalement, l’Adjudant Kronenbourg de Cabu !



CHANSON

Enchaînons avec la chanson : rappelons-nous le colonel Bogey, dont la célèbre marche « Hello, le soleil brille, brille, brille » est sifflotée dans le film « Le Pont de la rivière Kwaï ». A la même époque Graeme Allwright chante la traversée d'une rivière avec de l’eau « jusqu’à la ceinture » quand il était en manoeuvre dans le Louisiana, une nuit au mois de mai, sous les ordres d'un vieux con qui dit d'avancer, scrongneugneu, où on n'a pas pied.


Évidemment tout a commencé bien plus tôt avec« L’Ami Bidasse » de Fernandel , dernière incarnation en date des comiques troupiers et tourlourous de la fin du XIXe siècle, Ouvrard, Polin, Bach et Laverne, etc.

On a eu droit aussi à « La Casquette du Père Bugeaud », aux trois capitaines d' « En passant par la Lorraine ». Malbrough s’en va-t-en guerre en compagnie de Babette (Brigitte Bardot) alors que Trois jeunes tambours s'en reviennent « Ran plan ran pataplan ». Le « Légionnaire » d'Edith Piaf est repris par Gainsbourg.

Nous, bien sûr, nous ne ferons pas de cadeaux au maréchal Nouvoilà. Nous chanterons plutôt « Le Déserteur » de Boris Vian ou, moins digne, « La Médaille » de Renaud. Nous garderons dans notre besace « La chanson de Craonne », « La Butte rouge », « Gloire au dix-septième » de Montéhus.

Nous écouterons, plus gentiment, le « Sergent Pepper’s Lonely Hearts club band » des Beatles, le « Général à vendre » (paroles de Francis Blanche) et « Le Général Castagnetas » chantés par les Frères Jacques, le messager de « Marathon » de Marcel Amont et « Le Général dort debout » de Ray Ventura ainsi que « La Guerre de 14-18 » de Georges Brassens.

Nous concédons toutefois la présence dans notre discothèque d’un tank saugrenu sur la pochette de l’album "Salisbury" d’Uriah Heep.

De « L’Histoire du soldat » de Stravinsky et Ramuz et du « Soldat rose » de M. nous savons simplement qu’ils existent.


CINÉMA

Ne prisant ni la guerre ni les militaires je n’ai rien à dire sur « Les Canons de Navarone », « Le Jour le plus long » et autres films nombreux qu’on a tournés autour des conflits du XXe siècle. Je retiens juste le drôlissime « Uniformes et jupons courts » de Billy Wilder, « How I want the War », un film de Richard Lester avec John Lennon et la patrouille des éléphants du colonel Hathi dans le « Livre de la jungle » de Disney d’après Rudyard Kipling.

Par contre je vous dispense des « Bidasses en folie » avec Les Charlots et même de « La Vache et le prisonnier » d’Henri Verneuil avec, encore, Fernandel en « Kriegsgefangene » (und die Kuh).

De la télé des années 60 il ne me reste que le sergent Garcia dans « Zorro » et le caporal Rusty et son chien Rintintin dans le feuilleton homonyme.





LITTÉRATURE

En littérature il y a « Le Colonel Chabert » de Balzac, « Le Caporal épinglé » de Jacques Perret, Fabrice del Dongo dans "La Chartreuse de Parme" de Stendhal qui passe allègrement du sabre au goupillon, « Les Aventures du brave soldat Chveïk », un roman satirique tchèque de Jaroslav Hasek, « Le Hussard sur le toit » de Jean Giono, « Les Gaîtés de l'escadron » de Georges Courteline...

Je ne sais plus avec certitude qui est l’auteur de ce calembour « Tire ailleurs, c’est mes galets ! ». Jean Yanne, peut-être ?




MENTIONS DE MILITAIRES CÉLÈBRES

Je n'ai pas en mémoire les noms de tous les maréchaux qui ceinturent la ville de Paris sous forme d’un long boulevard. Je sais qu’il y a Ney dans la liste parce que lui se voit comme son homonyme au milieu de la figure ! Je crois savoir qu’on n’y trouve pas Cambronne qui est resté simple général parce qu’il a eu des mots qui ont déplu à sa hiérarchie. Plus loin dans la capitale on trouve le zouave du pont de l'Alma.

Quelle ville de France n’a pas sa rue, son avenue ou sa place du général de Gaulle ? On honore également à Rennes le général Guillaudot, le sergent Palicot, le sergent Maginot qui fut un visionnaire sur toute la ligne et même le général Lafayette qui avait légèrement tendance à épater la galerie au printemps.

Saint-Georges de Lydda est un nom qui me dit quelque chose mais quoi ?

Le capitaine Haddock et les commandants Cousteau et Charcot ne sont pas forcément des militaires mais des marins, tout comme le capitaine dans « Pim Pam Poum » et les différents capitaines imaginés par Jules Verne.


BATAILLES

On se souvient tous de lieux où ont eu lieu des foutages sur la gueule célèbres, pas forcément avec leur date à part Marignan (1515) : le défilé des thermopyles, Alésia (52 av. J.-C.), Hastings (1066), Bouvine (1214), Crécy (1346), Sedan (1870), le soleil d'Austerlitz, le pont d'Arcole, la Bérézina, Waterloo morne plaine... Ajoutons la bataille de Reichshoffen et l’expression « Il pleut comme à Gravelotte ».




Inkerman, Malakoff, Alma et Sébastopol sont des restes de la guerre de Crimée de 1853-1855

En terminant j’ai une pensée pour la grande Duchesse de Gerolstein, créature de Jacques Offenbach, qui déclare avec fougue, à l'instar de Johnny Hallyday, « Ah que... j'aime les militaires » !

Ne pouvant souscrire à pareille assertion, je ne puis pas non plus signer mon texte « GI Joe » !

Pourtant G.I. pour Gentil Iconoclaste, ça me va bien au teint, je trouve !

Ce sera tout ! Repos ! Vous pouvez disposer, Scrongneugneu !


P.S. Comme dessert la maison vous suggère une coupe colonel, une boule de glace citron arrosée de vodka.




Elle voulait voir sa mer. (Yvanne)

  


En cette fin d'après midi, tout le monde chez Nana cherche Ronchonchon. Chacun s'interroge. Mais où est-il allé avec son vélo ? Il est parti depuis le matin, très tôt. Au poulailler, ça caquette, ça jacasse, ça glousse... On se concerte, on suppute.

Enfin, au grand soulagement de tous, le voilà qui arrive, tirant la langue, soufflant comme un bœuf et complètement à plat après tout ce trajet en traînant sa bécane.

- Scrogneugneu de scrogneugneu j'en peux plus ! Ah si je le tenais le mec je le ferais bruxeller moi, foi de cochon !

De qui parle t-il ? La basse cour est en émoi. Quel est le trublion qui a mis leur Ronchonchon dans cet état ?

Ses favorites, Monette et Simone se précipitent, l'une avec une serviette éponge bien moelleuse, l'autre avec la friandise préférée du cochon : quelques mouillettes baveuses de jaune d'œuf. Le voilà vite requinqué, prêt à regagner sa botte de paille pour une nuit paisible. Les poulettes cependant, ne dorment que d'un œil, craignant pour leur soyeux bien aimé. Soudain, elles se poussent de l'aile. Ont-elles bien entendu ? Pas de doute possible. A plusieurs reprises, le goret grogne dans son sommeil les mots « cocotte universelle, Suisse ». Qu'est ce que ça peut vouloir dire ? Elles lui demanderont le lendemain à la première heure.


Au chant du coq, Monette et Simone, curieuses et intriguées, font un vacarme épouvantable pour réveiller Ronchonchon. Quand enfin il émerge, elles lui servent un bon petit déjeuner avec empressement. L'animal n'est pas d'humeur au saut de sa paillasse et elles le savent. Elles sont tellement avides d'en apprendre davantage que, malgré tout, elles l'abreuvent de questions au sujet de sa somniloquie.


Mal leur en prend : le cochon se met dans une colère noire et reste muet. Les poulettes ne capitulent pas pour autant. Elles sont tenaces. Voilà qu'une idée jaillit de derrière leur crête.

En chœur elles interpellent Ronchonchon. C'est Monette qui s'y colle en premier.

- Mon ami, il faut que tu répares ton vélo au plus vite. Nous devons aller en Suisse.

- Hein ? Quoi ? En Suisse ? Qu'est ce que vous voulez aller faire en Suisse ?

- Mais enfin Ronchonchon tu sais bien que Simone est née à Genève. Et puis, nous avons quelques économies avec la vente de nos œufs. Il serait bon de mettre un peu d'argent de côté par les temps qui courent. Nous irions à la banque...

  • J'ai envie d'aller voir la mer, moi ajoute Simone. Comme l'autre petite poule, là. Mais évidemment tu ne connais pas l'histoire de la petite poule qui voulait aller voir la mer. Ignorant ! Tu n'écoutes pas quand je lis à voix haute aux enfants le soir.

  • Elles me feront tourner en bourrique. Complètement folles ces femelles ! La mer ! En Suisse ! Pffff !

  • Ben oui. Parfaitement. Et le Léman alors ? C'est ma mer à moi riposte Simone. Et je veux y aller demain.


De guerre lasse, le cochon a changé la roue de sa bicyclette.

Le jour suivant, tout le monde en selle ! Pendant que Ronchonchon pédale, les poulettes se serrent l'une contre l'autre sur le porte bagage . Elles ont caché sous leurs ailes des paquets de billets. On les dirait prêtes à s'envoler tant elles sont gonflées.

Dans la corbeille à l'avant, ils ont placé quelques sandwichs préparés par Nana , les euros ont remplacé le camembert dans certains parce que Monette, très prudente, a dit qu'il ne fallait pas mettre tous ses œufs dans le même panier.


Arrivés à la douane, Ronchonchon, la tête dans le guidon, essaie de passer discrètement. Pas de chance : surgit d'une guitoune un énergumène aux bacchantes fournies et aux joues fleuries. (Ne doit pas sucer que de la glace celui là pensent les trois voyageurs)

- Halte ! Qu'est ce que vous avez à déclarer ?

- Rien. On va voir la mer euh.. le lac Léman.

Le douanier les observe en se caressant le menton. Il s'apprête à les laisser passer quand tout à coup il s'exclame :

- Hé, vous, les deux poulettes, qu'est ce que vous avez sous les ailes ?

- Nous ? On emmène nos poussins à la plage. Chut ! Ils dorment.

- Allez, circulez. Il ne sera pas dit qu'un gabelou suisse a des idées pédophiles.



 

Fanfan (Cavalier)

  


Depuis que je suis enfant, est ce moi ? Ou il y a vraiment une ressemblance entre James Finlayson en drill sergeant, sergent recruteur, avec Laurel et Hardy, bidasses, et Noël Roquevert, le sergent Fier à bras, dit La franchise dans Fanfan la tulipe ? …

Ah, ces seconds rôles de sergents recruteurs, ces bulldogs de la République ou du Royaume, mâchoires serrées, uniforme trop repassé, voix en double take qui casse le tympan des recrues et les nerfs du spectateur.

Et leurs jurons qui se sont édulcorés aux fils des temps dans le genre de Scrogneugneu en francais et D’oh en anglais pour Damn parvenus jusqu’aux Simpson.

Du coup, j’ai pensé mettre en scène mes deux vieux scrongneugneux confondus jadis dans une piécette un peu vaseuse, c’est vrai, mais bon … c’est l’intention qui compte. Avec Fanfan et Laurel et Hardy. De plus, j’y ai rajouté une description de la BD shakespearienne associée.

« Scrogneugneu contre D’oh ! » version bande dessinée

The overturned soup in most wondrous folly

Sous une tente qui fuit, quelque part entre la Flandre et la Fantaisie, un capitaine et un sergent allié font halte, enfin.

Capitaine Bustle (James Finlayson), moustache frémissante et air solennel en chauve qui peut, compte ses recrues :
« Laurel, Hardy… et ce drôle enrubanné qui dit s’appeler Fanfan ? »

Fanfan la Tulipe, sabre au clair, fait un grand écart front banana split à la manière d’un danseur classique :
« Présent, mon capitaine ! Mais je ne combats que pour les beaux yeux des belles et les mauvaises causes ! »

Bustle se redresse, moustache vibrante :
« Soldat, ici on ne combat que pour la gloire ! »

Le sergent Fier à bras (Noël Roquevert), surgit alors, rouge comme un coq de flamand brabant, brandissant un chaudron empli de soupe fumante :
« Pour la gloire ? De se faire marcher sur le pied par un Anglais chauve ? »
Les deux chefs alliés se font face, sabre contre sabre, juron contre juron :

D’oh ! (Damned)
– Scrogneugneu ! (Sacré nom de Dieu)

À ce moment précis, Laurel trébuche sur un seau, et… whoops ! — le chaudron de soupe vole dans les airs. Hardy ouvre grand la bouche et glisse sur une carotte qui s’échappe du chaos. SPLASH ! Il atterrit dans la soupe, qui éclabousse Fanfan et le sergent rouge de panache.

Fanfan, toujours sur un pied, le théâtre lui sert toujours, encore, attrape son sabre comme un bâton de majorette et pom pom fait tournoyer le chaudron plein de légumes comme une batte de cricket. Du plein la vue comme d’habitude en bravache. Mais que de charisme. Les rubans s’enroulent autour de Laurel, qui tente de courir mais finit par se prendre les pieds dans la tente.

Hardy, trempé jusqu’aux oreilles, essaie de tirer Fanfan vers lui, mais il finit par l’emmener en pirouette dans la boue, avec des carottes qui volent comme autant de confettis.

Mais Fanfan a une mission de son Roi, en missive secrète, donner un bouquet à une princesse. Il est temps. Et pour la livraison du bouquet, Fanfan fougueux va sans réfléchir le livrer, mais se trompe de film.

Il crève l’écran du téléfilm d’Allan Arkush de 2003, uchronique, où un prince et son acolyte sont transformés en grenouille pour toute l’éternité… À moins que ce prince ne convainque une jolie jeune fille de l’embrasser. Du coup Fanfan se retrouve en grenouille avec son bouquet.

Toujours la même rengaine du baiser magique en crapaudine ! Tornado déçu le laisse en plan et rejoint le beau masqué Guy Williams, pour aller galoper autour d’autre pays. Fanfan retourne déçu aussi dans le bon décor. Le petit nuage magique se dissipe, Fanfan redevient humain, bouquet à moitié brûlé. Fanfan, frisé de vapeur : “Je préfère le théâtre, c’est plus stable…

Bustle, recouvert de boue et de purée, debout, lève le bras et hurle :
« Soldats… je crois que nous venons d’inventer l’OTAN ! »

Le sergent toujours rouge, quant à lui, s’écrase dans un tonneau et en sort la tête à moitié recouverte de soupe :
« Et moi qui pensais que la guerre, c’était du sérieux ! »

Fanfan saute sur Laurel, qui glisse sur Hardy, qui fait tomber un autre seau… et la tente s’effondre en un nuage de toile, de rubans et de légumes volants.

La scène se termine sur un dernier éclat : nos héros, trempés et boueux, se relèvent, debouts, en triangle comique, s’inclinent à la manière d’une troupe de théâtre, et éclatent de rire. En contrepartie ils entament un concours de jurons contre le public qui n’en peut mais :

Sergent Fier à bras : Scrogneugneu, Ectoplasmes à roulettes, Flibustiers de carnaval, Moules à gaufres
Capitaine Bustle : D’oh, Blimey, Oh my god, Bollocks, Little buggers
Hardy doublé par un acteur belge : Frûmez vos guêul, Tiesse di quette, Bôreu d’ troyes et pikeu d’ gades
Laurel par un québecois pur jus : Mausus qu’chus tanné ! Crisse de cave, Câlice de char
Fanfan, bouquet carbonisé : Montjoie ! Saint Denis ! FICHU SORTILÈGE !

Dans la salle, le Capitaine Haddock, ébouriffé, se lève et applaudit : “Tonnerre de Brest ! Quelles belle bande de bachibouzouks, mille sabords !”

Caption final : Thus was born the first Franco-English alliance, pre-Brexit, born of misunderstanding, overturned soup, and wondrous folly !

Avec Gérard Philippe, James Finlayson, Noël Roquevert, Stan Laurel et Oliver Hardy et enfin Emily Beecham-Parcequerousse

« Scrogneugneu contre D’oh ! » – Storyboard BD Complet

Case 1 – Extérieur, tente qui fuit
Caption: Somewhere ‘twixt Flanders and Fancy…
Bustle (moustache frémissante, air solennel) :
• “Laurel, Hardy… and that ribboned knave, Fanfan?”
Fanfan (grand écart frontal, sabre en main) :
• “Present, my captain! For fair eyes and naughty causes!”
Onomatopée: ZING! (Fanfan brandit son sabre)

Case 2 – Gros plan sur Bustle
• “Soldier! Here we fight for glory!”
Sergent Fier à bras surgit, rouge comme un coq :
• “Glory? To be trodden by a bald Englishman?”
Onomatopée: SCROGNEUGNEU!

Case 3 – Duel sabres
Sabres s’entrechoquent :
• Bustle : D’OH!
• Sergent : SCROGNEUGNEU!
Bruit: CLANG! CLASH!

Case 4 – Chaos culinaire
• Laurel trébuche sur un seau : WHOOPS!
• Chaudron de soupe vole : FLY! SPLASH!
• Hardy glisse sur une carotte : SLIP! SPLASH!
• La soupe éclabousse Fanfan et le sergent rouge.

Case 5 – Fanfan acrobatique
• Fanfan, sur un pied, tourne le chaudron : POM POM SWOOSH! ZING!
• Les rubans s’enroulent autour de Laurel : BOING!
• Laurel trébuche dans la tente.
• Hardy tire Fanfan dans une pirouette : TWIRL! WHOOSH!

Case 6 – Livraison du bouquet
• Fanfan traverse le chaos, bouquet à la main : TIP-TOE…
• Il crève un écran voisin où une princesse confuse se penche :
• Fanfan en grenouille : “For thee, my princess!”
• Princesse (mauvaise) : “Euh… merci ?”
• Onomatopée : WHOOPS! (Fanfan l’embrasse et recule sur une peau de banane)

Case 7 – Concours de jurons
• Sergent rouge : SCROGNEUGNEU!
• Bustle : D’OH!
• Laurel : Câlice de char !
• Hardy : Tiess di quette !
• Fanfan, bouquet en équilibre : FICHU RUBAN!
*Tous se regardent, perplexes puis éclatent de rire : HA HA HA!

Case 8 – Bustle héroïque mais boueux
• “Soldiers… I believe we have invented NATO!”
• Sergent rouge sort d’un tonneau, tête pleine de soupe :
• “And I thought war was serious!”
Onomatopée: SPLAT!

Case 9 -Chute finale et hommage Haddock
• Fanfan saute sur Laurel → Laurel glisse sur Hardy → un autre seau tombe : CRASH!
• La tente s’effondre en nuage de toile, rubans et légumes volants : BOOM! WHOOSH!
• Nos héros se relèvent, triangle comique, s’inclinent.
• Dans la salle, Capitaine Haddock, ébouriffé, se lève et applaudit :
• “Tonnerre de Brest ! Quelles belle bande de bachibouzouks, mille sabords !”

Caption final: Thus was born the first Franco-English alliance , pre-Brexit, born of misunderstanding, overturned soup, and wondrous folly!

Un appui ? (Clio 101)

 

 Le souffle court, Onia reprit contact avec la réalité. 
     La vue de la salle de marbre et celle du trône désormais en miettes brisait le soulagement qu’elle avait ressenti en voyant Ysal. Malgré les paroles rassurantes de son amie, elle n’était pas encore sortie d’affaires.
     Raison de plus pour continuer à se battre.
Elle se releva en serrant les dents, mobilisant toutes ses forces, mais elle ne put s’empêcher de chanceler.
     Avec une surprenante sollicitude, l’homme lui saisit le bras pour l’aider à se stabiliser.
— Ma chère, vous pouvez vous vanter de m’avoir causé une sacrée frousse. Pendant un temps, vous m’êtes devenue inaccessible. C'était fort désagréable. Si nous reprenions là où nous avons été interrompus ?
       L’expression arrogante de l’homme et la certitude de sa voix fit vaciller un instant la résolution d’Onia. S’opposer à lui de front, n’était-ce pas une folie ?
    Elle n’avait pas fini de formuler cette pensée que les paroles d’Ysal lui revinrent en mémoire.
Tu es bien plus puissante que lui.
     Armée d’un nouveau courage, elle s’éloigna de quelques pas et le fixa, résolue.
— Vous devez faire erreur. Vous ne serez pas mon nouveau maître.
     De triomphante, la bouche de l’homme se déforma en un rictus furieux.
— Petite garce ! Avez-vous oublié que je puis vous tuer d’un geste ? Que je tiens votre vie entre mes mains, que je puis vous réduire en poussière si je le voulais ?
     En réponse, Onia se concentra, appelant à elle tout le pouvoir que lui avait transmis Ysal. Deux cercles de lumière se matérialisèrent dans ses mains. Bien que surpris, l’homme ne recula pas ; ses yeux s’écarquillèrent et un large sourire se dessina sur sa bouche.

      Onia pâlit, ses mains se mirent à trembler ; les deux boules dorées grésillèrent, instables. 
    Au même instant, la jeune femme sentit une présence dans son esprit.
Un coup de main, chérie ? Tu n’as qu’un mot à prononcer, cette forteresse sera réduite en cendres, et lui avec.
     Onia frémit. Le ton moqueur, l’appel au chaos, la mort, cela ne pouvait appartenir qu’à une seule personne. Pourtant, elle ne ressentait aucune peur, juste la furieuse envie de la faire taire.
— C’est hors de question, Essaïra ! Plus de morts inutiles.
Crois-tu vraiment pouvoir te permettre de refuser ?
     L’ironie avait fait place au courroux. Une onde de colère traversa Onia de part en part. Elle en avait assez de ceux qui entendaient lui dicter sa conduite, ses décisions, sa loyauté.
— Je n’en sais rien et je m’en moque. Tout ce qui m’importe, c’est foutre le camp d’ici. Si vous voulez m’aider, faites-le ; sinon laissez-moi en paix ! 
     Un rire, entre grincement et gloussement résonna dans son esprit.
Chérie, ma beauté, tu es délicieusement impertinente. Screugneugneu, il y a bien longtemps que je n’avais pas autant ri ! Pour la peine, je n’exercerai aucun châtiment. Je vais même te prodiguer un petit conseil. Ma chère Ysal ne t’a pas tout expliqué. Pour commencer, soit sûre de toi. Comme ma vieille amie a dû te l’affirmer, tu es bien plus puissante que ce maître de pacotille. Ensuite, si tu veux augmenter ta force de frappe, utilise tes émotions, repense à toutes les fois où il t’a humiliée, rabaissée, toutes les fois où on t’a maltraitée. Appelle ta colère du plus profond de toi jusqu’au bout de tes doigts. Comme lui, brise ce qui lui est cher et il ne te résistera plus. 
     Dans un son de cloche désagréable, Essaîra disparut de son esprit comme elle était venue. 
     Onia fixa un instant l’homme. L’air triomphant qu’il arborait, persuadé de la vaincre, la décida, faisant fi de toute prudence, à suivre le conseil de la Dame. Elle ferma les yeux et transforma en flot d’énergie pure tout ce qu’il lui avait fait subir. La lumière sur ses mains gagna en intensité jusqu’à l’insoutenable. 
   Dans un cri, elle projeta ses boules de lumière sur les statues gardiennes. 
     Quand l’éclat s’éteignit, il ne restait d’elles que des cendres.
     Soufflé par l’explosion, l’homme avait été projeté contre un mur. Il gisait au sol, un filet de sang lui coulant du crâne, ses fiers habits froissés et à demi brûlés. Sa poitrine se soulevait sporadiquement et il contemplait, les yeux hagards, les signes de son pouvoir réduits à néant.
     Onia le contemplait, sans esquisser un geste.
     Elle le rejoignit et s’agenouilla face à lui.
— Vous allez me laisser partir, sans me retenir. Une fois que j’aurai franchi le seuil de la forteresse, nos relations seront à jamais terminées. Il n’y aura entre nous ni dettes ni contreparties.
     Le regard dans le vague, il acquiesça et toussa. 
— Sortez... par où vous êtes entrée. Et accordez-moi...une faveur : appelez...mon guérisseur.
     Sans lui répondre, Onia se détourna et quitta la pièce de marbre sans un regard en arrière.
     Elle n’eut pas à prononcer une parole.           L’homme qui l’avait guidée à son arrivée se tenait derrière la porte. Il entra alors qu’elle sortait et lui tendit une torche, tremblant.

Épilogue 
     Enfin libre, Onia observa son environnement. En face d’elle, un sentier escarpé descendait vers la vallée de son cauchemar. Sur sa droite, une route étroite et sinueuse contournait la forteresse et se dirigeait en pente douce vers une haute montagne, si haute que son sommet se perdait dans les cimes. Juste avant qu’elle ne sorte, l’homme, par l’intermédiaire d’un garde, lui avait exprimé ses doutes. Elle si attachée à sa liberté, serait-elle capable de se soumettre à d’innombrables règles ?             Elle avait souri et commencé à se détourner. Face à son obstination, le soldat lui avait donné quelques indications puis désigné le mont comme sa future destination. 
     Onia respira à pleins poumons l’air de la liberté. Elle ignorait tout, du sanctuaire et de son avenir.
— Qu’importe, s’écria-t-elle, puisqu’aujourd’hui, c’est cette voie que je choisis. 
     Et elle descendit la montagne en chantonnant un air joyeux.

Mot de l'auteur : Et voilà, telle est la fin des aventures d'Onia (du moins pour le moment 😉). J'ai adoré rédiger cet ensemble de textes pour vous, au gré des propositions de Walrus. Le défi : intégrer  chaque mot pour bâtir un ensemble cohérent et accrocheur. 
Si les mots m'inspirent, je continuerais bien sur cette lancée en faisant vivre d'autres personnages de mon univers ? Ça vous dirait ? (Dites-le moi en commentaire😉).

Encore râté ! (Nana Fafo)

 


Après l'épisode des cocottes à bicyclette

Ronchonchon aurait aimé avoir sa revanche sur ce morse,

patron d'estaminet, aux informations douteuses qui se moquait de sa crédulité,

certes pour lui donner une petite leçon de vie,

mais bon Ronchonchon lui, c'est un gros porc, pas un dindon.


En temps que du clan Porcin, il lui préparerait bien un tour de cochon. 

Il s'est pourtant gratté la tête, encore et encore,

à en perdre ses bouclettes rugueuses !


Mais Walrus, avait déjà un coup d'avance en annonçant un

SCRO(N) GNEUGNEU comme pour dire à ce cochon de

RON CHONCHON

"Je t'ai bien eu !"


Et Ronchonchon répondre : "Scrogneugneu j'suis pas content"


Ronchonchon 0 - Walrus 2











Des mots et des gros (Kate)

 

Oh là là !
Il y a longtemps déjà
j'avais adoré
les chevaliers paysans
du lac de Paladru
(que mes yeux ébahis ont vu)
mais là c'est différent
En cet octobre avancé
on ne l'attendait pas
le moine soldat
et le revoilà !
Scrongneugneu !
Que dire de mieux ?
Les "bigre" et les "bougre" en ritournelle ?

Les "Rogntudjuu !" tonitruants de Prunelle ? 
Ajoutons 
"morbleu ventreblelu 
sacrebleu jarnibleu
palsembleu" voire corbleu
à ces jurons
Et pour finir une chanson
pleine de mots et de bleus
et de mots bleus...

Certaines de ces paroles
pas si folles...
 

(extrait de :

)

LES JOURS EN SUCRE (Marie Sylvie)

  



Ce matin-là,  le ciel s'était habillé en robe de satin bleu 
Brodée de nuages en dentelle et de rayons d'or en cascade.
Les arbres tout frémissants 
Chuchotaient des secrets aux moineaux 
L'air embaumait la confiture de Mirabelle 
Et les pages d'un vieux roman.

Sur le banc de bois moussu 
Un vieux monsieur regardait le monde 
Comme on regarde un théâtre en plein air 
Avec ses acteurs imprévus : 
Un chat qui philosophe 
Une brise qui fait valser les feuilles 
Telles des ballerines en tutu. 

Scrogneugneu ! Grogna-il 
Parce que son café était trop tiède 
Et que les enfants couraient sans se soucier des vers de Victor Hugo.

Mais à peine avait-il râlé que le décor s'inclina. 
Un rayon de soleil vint lui chatouiller la joue 
Une coccinelle se posa sur sa manche 
Tel un point final bienveillant 
Et le vent petit farceur lui souffla un chanson oubliée. 

Alors le vieux monsieur sourit un peu malgré lui.
Scrogneugneu ! Pensa-t-il
C'est peut-être le mot secret 
Qui ouvre les portes des jours en sucre
Lorsqu'on le dit avec un clin d'œil au ciel.


             Il faut toujours un peu 
             De grognement dans le sucre
             Pour que la vie ait du goût 

 

Scrogneugneu... (Walrus)

   

... j'ai fait la guerre, moi,  Monsieur !

(J'ouvre une parenthèse : j'ai choisi une des deux orthographes  proposées par le sujet pour éviter justement de m'encombrer de parenthèses, ça économise les mouvements inutiles à mes doigts fatigués par l'arthrose)

... la guerre froide, d'accord, mais la guerre quand même !
Ça ressemblait vachement à un roman qui aurait eu pour titre "À l'Est, rien de nouveau", question de  varier un peu les orientations.

Et pourtant, un "beau" jour,  j'ai bien cru qu'on y allait ! 

À l'époque, la vaillante armée belge, en grande partie casernée en Allemagne (de l'ouest, là, rien de nouveau non plus), avait bricolé un système d'alarme (baptisé "Alarme Flash") consistant en un réseau de téléphones (pour éviter les fuites via la radio) reliant les différentes unités avec un centre de commandement censé les mettre immédiatement en branle en cas d'attaque de
l'ennemi .

(ça me rappelle l'histoire de mon collègue et ami Verschtroumpf qui avait joué dans une pièce de théâtre où son seul rôle était d'annoncer à un moment "C'est la guerre avec les Russes!").

Il y avait donc chaque jour un bidasse qui passait 24 heures dans une pièce fermée du corps de garde en compagnie d'un téléphone qui n'avait jamais sonné après les premiers essais de mise au point.

Un jour, ce fut mon tour. J'avais emmené un (gros) bouquin et une pile de formulaires de réglage de tir (j'étais artilleur) pour rédiger sur leur verso vierge une lettre-fleuve à l'intention de ma fiancée (les miliciens bénéficiaient de la gratuité des envois postaux).

Au beau milieu de l'après-midi, la sonnerie du téléphone me tire de ma lecture !

Chouette alors, moi aussi j'allais pouvoir annoncer, c'était mon rêve, "C'est la guerre avec les Russes !". 

Bien vu, c'était un autre pauvre plouc, chauffeur de camion qui était en panne avec son véhicule et qui cherchait la base des Quartier Maîtres et Transport pour réclamer un dépannage. Comment avait-il réussi à atterrir dans le réseau Flash ? J'en sais fichtre rien (mais y a des oreilles qui ont dû sonner quelque-part suite à l'incident).

Caramba, encore raté, scrogneugneu !
 

 

 

samedi 11 octobre 2025

Défi #893

  

 Allez, un truc vieillot qui fleure bon son
maréchal des logis chef en fin de carrière :

 

Scro(n)gneugneu

 

 

 

 

Se sont collés à l'étude des rustines

  


   

Walrus ; François ; Marie Sylvie ; Nana Fafo ;

Kate ; Yvanne ; Joe Krapov ; Clio 101 ;

 

 

Le feu sous la glace (Clio 101)

  


La main d’Onia se referma sur du vide.

Elle se trouvait dans une étendue bleutée, où elle n’entendait ni l’écho de ses pas, ni le bruit de sa voix. Sans lumière et sans bruit, elle ne trouvait autour d’elle que du vide.

 Découragée, la jeune femme s’effondra sur le sol.

Encore une énigme, encore un transfert vers un lieu dont elle ne maîtrisait rien, sans qu’elle pût y faire grand-chose.

Un bruit strident retentit.

Aussitôt, elle se redressa, le corps figé en posture de combat.

Quand l’écho désagréable se fut dissipé, une silhouette au visage mince et allongé, les cheveux tressés en une multitude de petites nattes, apparut dans le lointain.   

Onia eut l’impression que son coeur s’arrêtait de battre. Dans un cri étranglé, elle se précipita vers la femme, indifférente à la sensation étrange de ne plus toucher terre. Celle-ci, en l’entendant, se tourna à demi ; sa bouche s’illumina d’un sourire doux et triste et elle ouvrit les bras.

Onia s’y réfugia, laissant les larmes ruisseler en torrent sur son visage.

Pareilles au cri de l’enfant qui appelle sa mère, ses lèvres ne pouvaient prononcer qu’un seul nom.

-       -   Ysal !

Maternelle, l’apparition lui caressait les cheveux en lui murmurant des paroles réconfortantes.

A ce contact, les pleurs d’Onia se tarirent peu à peu. A regret, elle se détacha de son vis-à-vis et l’observa attentivement. Ses yeux s’agrandirent quand elle vit, tranchant avec la blancheur immaculée de son vêtement, l’entaille rouge vif qu’elle portait au flanc gauche. Elle balbutia, voulut interroger la jeune femme mais elle ne parvenait qu’à prononcer des paroles saccadées.

— Ysal ! Tu es morte ! Alors où sommes-nous ? Es-tu vivante ? Comment m’as-tu trouvée ? Est-ce moi qui aies perdu la vie ?

Ysal ne lui répondit pas tout de suite. D’un geste doux, elle l’attira de nouveau  contre elle et apposa ses mains contre ses tempes. Peu à peu, la crise de panique reflua et Onia put de nouveau respirer normalement.

Ysal lui prit la main et l’invita à s’asseoir.

-         -  Je suis désolée, ma chérie, c’est un peu déroutant, ça va être difficile de tout t’expliquer. Nous avons peu de temps avant que ton geôlier me découvre. Il va falloir que tu me fasses confiance. Pour commencer, je suis bel et bien morte ; toi, tu es vivante et j’espère pour longtemps.

Ysal ménagea une pause et l’enlaça plus étroitement.

-         - Et pour répondre à ton autre question : nous sommes au cœur de ton esprit.

Onia sentit de nouveau son front se couvrir de sueur. Ce que lui disait Ysal n’avait pas le moindre sens. Incapable de se taire, elle saisit la main de son amie et la secoua violemment.

-         - Dans mon esprit ? Mais comment ? Et pourquoi ?

De nouveau, Ysal lui sourit et lui apposa une main sur le front.

-        -  Je sais que mes paroles sont difficiles à entendre mais je n’ai pas le temps de t’expliquer. Si ton adversaire me repère, tu courras un grave danger. Il faut que tu me fasses confiance. Vraiment.

Désespérée, Onia acquiesça. Elle comprenait peu de choses au discours de son amie mais une petite voix intérieure lui soufflait de la croire. Comme si elle avait perçu son monologue interne, Ysal sourit de nouveau et poursuivit.

-         - Pour faire bref, j’ai perçu ton désespoir et ta volonté de te soumettre à cet homme. J’ai demandé la permission à l’empereur céleste de venir t’avertir : c’est la pire idée que tu pourrais avoir.

Ces mots ravivèrent la détresse d’Onia. De nouveau, sa voix se chargea de sanglots.

-         -  Quelles sont mes autres options ? Cet homme a failli me tuer, deux fois. Il vient de me révéler que je suis un monstre, éternellement soumise à une entité qui m’a fait tuer quatre innocents et que je risque d’en massacrer bien d’autres si je ne suis pas capable de maîtriser mes émotions. Il m’a proposé de m’aider à me contrôler, pourquoi ne pas l’envisager ?

Alarmée, Ysal lui serra de nouveau la main et s’efforça de donner à sa voix une tonalité rassurante et convaincante.

-          Il t’a menti et manipulée. Dame Essaïra est trop occupée pour perdre son temps à maintenir des humains sous son emprise. Elle a joint ses forces aux tiennes parce que tu te faisais agresser et son humeur s’est aggravée car nous étions en lune de sang  Désormais, tu ne dois plus rien craindre d’elle.

-         Un meurtre est un meurtre, peu importe les circonstances, murmura Onia d’une voix sourde. Si je succombe de nouveau à la colère, je crains de tout détruire sur mon  passage. Peut-être que cet homme….

-         Par ton intermédiaire, il espère juste contrôler dame Essaîra pour ses projets de conquête. Quand il verra que c’est impossible, il t’éliminera sans  pitié.

-         Mais alors, comment…

Tremblante, Onia se recroquevilla un peu plus. Pour se défaire de sa culpabilité, pour se rassurer un tant soit peu quant à son avenir, elle était prête à accorder crédit aux paroles de son amie. Pourtant, son problème demeurait insoluble. Comment refuser l’offre de l’homme sans risquer d’être anéantie ? Comment le convaincre de la laisser partir ?

D’un geste ferme, Ysal la releva et la tint par les épaules.

-         Tu disposes encore d’une carte à jouer, la plus importante de toutes. Cet homme a cru te soumettre par ses pouvoirs et en te convainquant de ta dangerosité mais il a oublié une donnée essentielle.

Ysal serra un peu plus les bras d’Onia et la regarda droit dans les yeux.

-         Tu es puissante, ma chérie, bien plus puissante que lui.

La jeune femme hoqueta, incrédule ; d’un geste de la main, son amie lui imposa le silence.

-         Ne m’interrompt pas s’il te plaît, tu sais que c’est vrai. Tu as survécu. Au fouet et à la faim, au froid, à l’errance, la solitude, la misère et la haine. Tu as même rencontré la mort mais la Faucheuse elle-même n’a pas voulu de toi. Et qui plus est, tu n’as plus rien à perdre. Tu as failli détruire la forteresse et il a été contraint d’utiliser la majeure partie de ses pouvoirs pour te maîtriser. Si tu t’abandonnes à la fureur de dame Essaîra, si tu lui laisses les rênes, c’est la mort assurée pour lui et il le sait. Il suffit que tu l’impressionnes un tant soit peu et il t’ouvrira lui-même les portes.

Une lueur ténue, aussi fine qu’une brindille, s’alluma dans les yeux d’Onia. L’espoir demeurait encore fragile mais elle commençait à y croire, à un détail près.

-         Même si tu dis vrai, même s’il me laisse partir, où irais-je ? Si je revis le même enfer,, si je suis de nouveau condamnée à errer sans but, face à l’hostilité de tous, j’exploserai à coup sûr.

En un geste doux, Ysal lui effleura la joue.

-         Il y a un sanctuaire,  plus haut dans la montagne. Il fait partie des derniers lieux où les savoirs ancestraux d’Edona sont préservés. Ses habitants ont la réputation d’être aussi froid que la glace car ils ont appris à maîtriser leurs émotions. Tu y trouveras la paix et le moyen de vivre avec cette force qui sommeille en toi. Et, je l’espère, la possibilité de donner une nouvelle orientation à ta vie.

Elle avait à peine fini sa phrase qu’elle se plia en deux en grimaçant de douleur. Son image se brouilla à plusieurs reprises.

-         Ysal, s’écria Onia en la rattrapant aux épaules. Que t’arrive-t-il ? Ton image pâlit !

Le front trempé de sueur, Ysal se redressa à demi. Elle serra la main d’Onia en un sourire désolé. Un mince flux d’énergie se déversa dans la paume de la jeune femme.

-         Il m’est impossible de rester plus longtemps, le maître m’a pratiquement repérée. Ce que je t’ai transmis n’est qu’une rustine, c’est provisoire mais ça suffira.

Terrorisée à l’idée de la perdre, Onia tentait de juguler les larmes qui lui montaient aux yeux.

-         Ysal…ne pars pas !

-         Je n’ai plus le choix ou tout ceci aura été vain. Prends courage ma chérie, et n’oublie pas : tu es bien plus forte qu’il ne le pense. Flanque lui une bonne frousse et rends toi au sanctuaire. Tu y trouveras de nombreuses réponses.

Dans l’instant qui suivit, Onia se retrouva seule.

Une seconde plus tard, elle se trouvait de nouveau dans la pièce de marbre, affrontant le regard du maître, furieux et déconcerté.

 

Nous ont fait une réponse éclair, tonnerre de Brest !

      Joe Krapov ; Kate ; Marie Sylvie ; Walrus ; Nana Fafo ; Yvanne ;