Dans le texte « Étrange ou pas » je vous parlais de la visite de mes amis Paulo et Jacky chez leur voisin le Louis de Cantegril. Ce dernier a rejoint la maison de retraite de la commune après avoir vendu ses petits lopins de terre. Mais il a gardé sa vieille maison dont personne ne s'occupe. Des gamins ayant aperçu la porte de la masure ouverte ont alerté leurs parents.
Après concertation et mettant de côté leurs différends avec Louis, Paulo et Jacky se sont rendus sur place pour évaluer la situation. Et éventuellement prendre des mesures en appelant la police. La porte était bien entr'ouverte mais sûrement pas du fait d'un rôdeur. Tellement en mauvais état qu'un simple coup de vent avait probablement suffi à la pousser.
Des bruits bizarres ont incité les deux compères à entrer. Curieux, Jacky a cherché à savoir d'où ils provenaient. Il a découvert des squatters un peu particuliers dans la chambre de Louis : une famille de loirs avait élu domicile dans une couverture abandonnée derrière le lit du bonhomme. Les deux amis avaient convenu de revenir plus tard pour régler le petit problème.
En définitive, le lendemain Paulo n'a pas accompagné Jacky à Cantegril comme prévu. Ce qui a bien amusé son copain. Paulo est pétochard et sensible à toutes les histoires de revenants qu'il a entendues dans son enfance. Les loirs ont pour lui mauvaise réputation et il n'y touchera pas.
Jacky s'est muni d'un sac pour embarquer la tribu indésirable. Il a l'intention de l' abandonner ensuite dans un bois. Mais surprise : les petits animaux ont devancé ses intentions et pris la poudre d'escampette. En déplaçant la couverture sous laquelle ils avaient établi leurs quartiers, Jacky découvre un pan de lambris à moitié pourri. Il pousse du pied la lamelle de bois qui tombe en s'émiettant.
Jacky hausse les épaules en se disant que tout ici mérite juste un coup de pelleteuse. Il s'apprête à repartir quand soudain il remarque, posée à même le sol une vieille boite de biscuits Lu. Il hésite. Doit-il la ramasser et vérifier son contenu ? Doit-il faire comme s'il n'avait rien vu ? Après tout, Louis est vivant et maître de ses secrets. Et de ses biens. Mais en fait quels biens ?
La curiosité est la plus forte. Jacky se saisit du coffret en fer et l'ouvre sans difficulté. Il contient des lettres. Un paquet de lettres provenant de l'étranger. Elles sont rangées par ordre chronologique. La dernière porte une date assez récente. En fait Louis l'a reçue juste quelques mois avant son départ pour la maison de retraite. Jacky remarque que l'écriture sur l'enveloppe est différente de celle des missives précédentes.
Il éprouve quand même une certaine gêne. Le sentiment que peut être il brave un interdit. Il tourne et retourne ce courrier dans ses mains. Il ne pense pas que Louis ait des choses à cacher. Oh et puis tant pis. Il va la lire cette lettre. Juste celle-ci sur le dessus de la pile. Celle qui, c'est évident, ne provient pas de la même personne. Il déplie une feuille couverte recto-verso d'une fine écriture et la parcourt. Il fait une découverte qui le sidère.
Cette correspondance émane d'une femme, Judith. Et elle serre le cœur de Jacky. Lui, l'intrépide, le bon vivant, lui qui ne se laisse pas submerger par les émotions a les larmes aux yeux. Avec des mots poignants, Judith annonce à Louis le décès de son époux Joseph. Elle lui confie que dans ses derniers instants son mari a évoqué le grand cœur de Louis et sa bravoure, lui qui n'a pas hésité à s'occuper pendant des mois de Joseph et ses deux sœurs cachés dans une vieille grange à l'écart du village. Jacky a vite fait le calcul et constaté que Louis était très jeune au moment des faits. A peine 14 ans.
Jacky décide de rendre visite à Louis. De tout lui raconter. Et surtout de lui manifester ses regrets de n'avoir pas appris à le connaître.
Une bien belle histoire, contée avec des mots... justes.
RépondreSupprimerÇa me rappelle qu'enfant à côté de mon lit, mes parents avaient posé une table de chevet qui contenait des paquets de lettres entourés de rubans. je n'ai jamais défait les nœuds, pourtant, dieu sait si j'étais curieux à l'époque ! Puis, les lettres ont disparu, je ne saurai jamais rien de leur contenu...
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