samedi 14 septembre 2024

Défi #838

   

Pour le modèle, vous avez le choix,
c'est pas ça qui manque !

  

Yole

 


 

Atteints de xanthopsie, ils vous chantent "La vie en jaune"

 

 


 

 

Walrus ; Adrienne ; Lecrilibriste ; Kate ;

Pas tout à fait encore amnésique. 13, Jaune (Joe Krapov)

 

 

C'est entendu, nous sommes tous des hommes - et des femmes - de couleurs. Il y a des peaux-rouges, des xanthodermes - si, si, c'est ainsi-si qu'on appelle celles et ceux qui ont la peau jaune -, des noirs qu'il ne faut surtout pas appeler nègres, des Mexicains basanés, des bronzés qui font du ski ou pas, des blancs qui ne le sont jamais tout à fait et si Elon Musk va sur Mars, nul doute qu'il y rencontrera des petits hommes verts.

Les xanthodermes, pour ne parler que d'eux, nous en font voir de toutes les couleurs. Leur peau est jaune mais le petit livre des Chinois est rouge  comme l'Orient de leur premier satellite et pour les Japonais c'est le rond sur fond blanc de leur drapeau qui flamboie.

On a beau vivre en France ou en Belgique, c'est à dire quand même assez loin de l'Asie, on en trouve partout, des xanthodermes. Il y en a dans "Le Lotus bleu", un album d'aventures dessinées d'un célèbre petit reporter belge et aussi dans "Tintin au Tibet". Celui-là est devenu célèbre et s'appelle Tchang. On connaît aussi bien sûr les blanchisseurs dans le Far-West de Lucky Luke ainsi que, dans le journal de Tintin, l'honorable Taka Takata.


Les Japonaises les plus connues s'appellent toutes Yoko : Yoko Tsuno, Yoko Ono, Yokohama... Je dois être le seul Beatlemaniaque sur la place de Rennes à avoir acheté, au siècle dernier, les disques de la deuxième, artiste performeuse bien givrée et compagne de John Lennon. Son album "Mother" est pratiquement inaudible, je ne l'écoute jamais mais je tiens à le conserver jusqu'au bout comme étant la chose la plus moche de ma collection. L'album "Live in Toronto" où elle ne fait que gémir et crier cachée sous un drap pendant que les autres chantent est du même acabit mais j'adore les deux albums  où elle est accompagnée par les musiciens du groupe "Elephant's memory", surtout le double, "Approximately infinite universe". Sur la pochette de "Feeling the space", son visage a remplacé celui du sphinx de Gizeh. Encore plus pyramidale que M. Pei du Louvre Paris, la dame !




Doit-on déduire de l'existence de ce personnage incroyable que tous les xanthodermes sont terrifiants ? Les gardes rouges, la révolution culturelle, le maoïsme, les supplices chinois, les sudoku, takuzu et autres kemaru sur lesquels, par pur masochisme intellectuel, je me précipite le dimanche matin en sont-ils la preuve effective dans la réalité ?

Dans la littérature nous avons aussi été très gâtés avec le Fu Manchu de Sax Rohmer, L'Ombre jaune et Miss Ylang Ylang dans Bob Morane (Henri Vernes) et il faudrait que je relise ou revoie "Les Tribulations d'un Chinois en Chine" de Jules Verne parce qu'on ne se souvient plus que de la présence de Jean-Paul Belmondo dans ce film-là.
 


Si l'Asie est devenue l'usine du monde et nous approvisionne en toutes ces sortes de technologies qui facilitent nos échanges - ordinateurs, téléphones, appareils photos, trottinettes, sauce de soja, nems et nuoc mam - n'oublions pas que nous lui devons aussi  l'échappée en solitaire de Raymond Covid, dossard n° 19, au sommet du col de Wuhan en 2020, Gengis Khan et Tamerlan, Bruce Lee et son kung-fu, Jackie Chan, Albator et consorts dans la télé de Dorothée, Mishima et son empire de l'indécence, la grippe asiatique, le casse-tête chinois, le haïku, les origamis, l'ikebana ainsi que les très peu drôles kamikaze, hara-kiri et yakuza. Il n'y a pas de yin sans yang si j'ai bien tout compris, de même qu'il y a des magasins Japanim partout, que les dernières lectures des jeunes gens d'aujourd'hui s'appellent des mangas et qu'ils sont tellement pressés de connaître la fin qu'ils commencent par lire la dernière page du livre !

Pour terminer ce billet sur une (autre) note xénophobe - c'est très bien vu par ici, la xénophobie, ces temps-ci ! - et bien que je ne sois pas là pour raconter ma vie, je vous apprendrai que depuis plusieurs années nos voisines du dessous sont des étudiantes chinoises qui restent une année à Rennes et repartent une fois leur cursus terminé. Je ne sais pas pourquoi elles viennent faire leurs études en France vu qu'elles ne parlent qu'en anglais et que, c'est vrai, toutes les enseignes de Rennes portent des noms anglais. En même temps c'est tellement dur de traverser la Manche et les affairistes français ont si peu à coeur d'aimer leur propre pays et leur propre langue que l'impérialisme britannique a emprunté le tunnel et continue de sévir ici plutôt qu'à Pékin : les cours de la "Rennes school of Business" sont dispensés à 100%  en anglais.

Pô grave, tout ça. Tiens le disque de Ray Ventura est terminé, je m'en vais retourner le vinyle !



N.B. Je m'aperçois que j'ai oublié de mentionner des gens à peau jaune qui ne sont pas asiatiques : Jaunisse Guitarsse, Jaunisse Weissmüllersse, Jaunisse Hallydaysse, Bob L'éponge, Les Simpson, "Le Chien jaune" de Georges Simenon, "Les Amours jaunes" de Tristan Corbière et que j'aurais pu vous chanter"  Nuits de Chine", "La Baya" ou "La Petite Tonkinoise". Ce sera pour une autre fois !

Xanthodermatologue (Kate)

   

- Docteur Noël... mais où est donc son cabinet ?

- Introuvable !

 

- Personne à qui demander... Cette porte, peut-être ?

- Quoi ? Encore une porte ?

- Enfin, une plaque : "Docteur Noël, xanthodermatologue", c'est bien ici on dirait...

- Entrez !

- Docteur Noël !

- Bonjour Madame Bouvier, asseyez-vous. Quel est votre problème ?

- Hum ! Je crois que je me suis trompée d'adresse, excusez-moi !

- Vite ! Par ici la sortie !

- Mais vous n'aurez pas ma peau ! Elle restera comme elle est et moi aussi, na !

 

Attention ! (Walrus)

   

Ne vous laissez pas entraîner n'importe où par l'étymologie  et ne sortez pas de votre panier des fruits à profusion : bananes, citrons, mirabelles...

L'usage du mot est réservé au domaine de l'anthropologie !

Pire, ne vous hasardez pas à déterrer les comparaisons d'usage en des temps révolus, genre "face de citron" si vous voyez ce que je veux dire...

Inapproprié tout ça aujourd'hui !

Et n'allez même pas jusqu'à rire jaune, je vous ai à l'œil petits vauriens...

(Comment ça, je vous mène en bateau ?)

 

 

Post scriptum :


Remarquez que je n'ai rien, mais alors, absolument rien contre les asiatiques !


 

Sur un air de guqin (Lecrilibriste)

   

Un soir dans la taverne
Des quatre points cardinaux
La lumière était terne
Les murs peints à la chaux
Là dans un coin tranquille
A l’abri des rideaux
Un homme xanthoderme
Y jouait du guqin

Il avait la peau jaune
Le cheveu noir luisant
Les yeux com’ des amandes
Le nez gros épatant
Il chantait le folklore
Du pays du milieu
Pour plaquer les accords
C’était très laborieux
Le barman à son zinc
Avec un air furieux
Essorait sa wassingue
Sans le quitter des yeux

La petite annamite
Dans un coin du café
En mal de son Asie
Ecoutait yeux fermés
L‘asiatique jouer
Les airs de son guqin
Et rêvait

 

L comme leucoderme (Adrienne)

   

À l'époque où l'Adrienne jouait à la Madame sur son estrade devant un tableau noir (qui était vert), ses élèves et elle-même avaient deux best-sellers absolus, année après année: les histoires du petit Nicolas par Sempé et Goscinny et Oscar et la dame rose.

Depuis qu'il est question d'expurger tout écrit de ce qui pourrait heurter la sensibilité des uns et des autres, elle se demande dans combien de temps on s'attaquera à Alceste, dont il est spécifié, chaque fois qu'il est question de lui, que c'est un gros qui mange tout le temps.

Comme le disait Muanza, à qui l'Adrienne avait un jour posé la question (noir? black? negro? que pensait-il de ces appellations? laquelle fallait-il préférer?), tout est dans le ton, dans l'intention, dans la façon de dire, dans le contexte: ce n'est pas le mot en lui-même qui blesse, c'est l'intention qu'on sent derrière, qui peut être blessante.

Ou pas.

 

mardi 10 septembre 2024

Triste nouvelle (Walrus)

   

Je viens d'apprendre le décès de MAP le 22 août dernier.


Elle a fait partie de la grande équipe qui a animé ce blog pendant des années avec le Papistache et les mères fondatrices, une époque où les consignes étaient un peu plus "relevées" et, faut-il le préciser, les participations plus nombreuses qu'aujourd'hui.

Elle l'a ensuite animé seule (avec mon aide pour la mise en ligne), c'est elle qui a inauguré les images de l'été.

Enfin, un jour, elle m'a refilé le bébé (et l'eau du bain).

C'était une personne excessivement gentille, souriante, enthousiaste, tout le contraire de moi quoi !

Je ne l'ai rencontrée que deux fois et ça a été à chaque fois un immense bonheur.

Elle nous a quittés brutalement : le 19 elle avait encore joué à un jeu de mots sur le Net avec mon épouse. 

Nancy doit être bien triste sans son sourire...



samedi 7 septembre 2024

Défi #837

   

Mais non pas un ictère,

 

Xanthoderme

 



Ont "fait les cuivres" (ou pas)

 

 


 

99 dragons : exercices de style. 82, Jargon échiquéen (Joe Krapov)

 

 


- Bien sûr, si tu veux monter une attaque Saint-Georges il faut que ton adversaire qui a les noirs ait développé son fou en fianchetto.
 

- ??? 

- Il faut qu'il ait avancé son pion en g6 et mis son fou en g7 pour contrôler la grande diagonale a1-h8. Cela se produit quand il applique la défense Pirc ou yougoslave, la défense moderne ou bien évidemment la variante du dragon de la Sicilienne.

- ??? 

- La variante du dragon de la défense sicilienne (1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 Cf6 5.Cc3 g6) a été nommée ainsi en raison de sa férocité et de sa ressemblance avec la constellation du dragon. Son code ECO est B7X : très analysée, elle occupe à elle seule les références B70 à B79, soit une cinquantaine de pages de l'Encyclopédie des ouvertures d'échecs (quatrième édition). La variante du dragon semble être l'une des plus vieilles variantes de la défense sicilienne ouverte. Elle aurait été baptisée variante du dragon en 1901 à Kiev par le maître russe Fiodor Douz-Khotimirski qui s'intéressait beaucoup à l'astronomie et trouvait que la structure de pions d6-e7-f7-g6-h7 avait quelque ressemblance avec la constellation du  dragon. 

- ???


- Oui, tu as raison, revenons à l'attaque Saint-Georges. Dans son livre "Une boussole sur l'échiquier" l'entraîneur Xavier Parmentier l'a baptisée "attaque sourire de bébé" tellement elle est naturelle et simple à mettre en pratique. On peut la trouver aussi sous le nom d'attaque yougoslave ou d'attaque Saint-Georges en référence au martyr chrétien du même nom représenté en train de terrasser un dragon. Dans la sicilienne c'est le fou en fianchetto qui fait office de cracheur de feu. Elle aurait tout aussi bien pu porter le nom de Bobby Fischer tant le champion américain en avait fait une arme terrible. Une de ses formules est restée dans les annales. Avec une telle attaque, même un enfant de 10 ans pourrait battre un grand maître. Il suffit de jouer h4-h5, toc, toc, et c'est mat.

- ???

- Bien sûr, il faut tenir compte de la pendule et veiller à ne pas se retrouver en zeitnot ou en zugzwang dans la finale surtout si tu joues en blitz ou dans un départage en armageddon. C'est quoi ton classement ELO ?

- ???

- Mais tu bites vraiment rien au roi des jeux, toi, hein ? Pourquoi tu t'es incrusté pour kibitzer l'analyse post-mortem ? T'as une question à poser, petit Hans ?

- Oui. Je voudrais savoir où on peut s'acheter un plug anal pour pouvoir tricher dans un tournoi ? 

- Un tournoi d'échecs ? 

- Non, de belote.


 

N.B. La plus grande partie de ce dialogue est tirée de l'article "Variante du dragon" de  Wikipedia et du livre "Mon premier répertoire d'ouvertures avec les blancs" de Vincent Moret (Montpellier : Editions Olibris, 2016).

De fêlure à fracture (Kate)

   

Ma princesse j'ai crié ton nom sur les toits
Jusqu'à perdre ma voix
Et ta couronne s'est brisée
Le soir où ce guitariste a joué

Tu es descendue de la chambre
Pour le voir et l'entendre
Je suis resté à t'attendre
Le coeur en cendres
Les airs de guitare
Te font veiller trop tard
Ma souveraine tu es revenue
Et tu l'as revu
Le lendemain en terrasse

Je t'ai suivie tu ne l'as pas su
Mon impératrice
Je t'aurais pardonné ton caprice
Si ça n'avait été que cela
Mais dix ans déjà
Et toujours le sept septembre
Je te souhaite une bonne fête
Chère Reine
Qu'un air de guitare
A emportée
Avec ta couronne sur les toits envolée

 

Un petit tuyau ? (Walrus)

 

Mon neveu Joe y verra sans doute un dragon mais il y a comme un "twist" : en fait, la bestiole crache... de l'eau !

Quelle horreur diront certains, ils s'attendaient à quoi ? Des cocktails comme le piano de Boris ? Ben non : c'est par là que se déverse les eaux pluviales récoltées sur le toit pas d'un beffroi, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire, mais d'une maison... bourgeoise. Bien bourgeoise parce que c'est pas n'importe qui qui peut se payer un circuit de collecte en cuivre.

Pour faire le boulot, la bestiole se fait aider par quelques comparses. je ne résiste pas au plaisir de vous les faire voir :


 

Inutile de vous dire, je suppose, qui a fabriqué cette étrange ménagerie...

 

Défi #838

    Pour le modèle, vous avez le choix, c'est pas ça qui manque !    Yole