Tant pis pour la balade dans les Saulières aujourd'hui ! Avec
quelques regrets Marité se rend en ville pour une démarche
urgente. Mais qu'à cela ne tienne, elle va compenser agréablement
par la suite.
Elle a mis dans son sac
son petit ordinateur portable, sa lecture en cours et a rejoint la
cité gaillarde.
Il est 14 heures. Le café-salon de thé situé dans une toute petite rue du centre ville ne sera animé que plus tard. Marité le connaît bien et a pris quelques habitudes dans cet endroit chaleureux et confortable. Après avoir salué Sophie, la patronne devenue une amie, elle se dirige vers la petite salle qui est en fait conçue comme un jardin d'hiver avec sa pergola recouverte de verdure. Marité va directement s'installer dans son petit coin habituel, tout au fond. Deux larges fauteuils en moleskine rouge sombre encadrent une table ronde juponnée d'un joli tissu aux fleurs pastel. Elle dépose ses affaires sur l'une des banquettes et s’asseoit sur l'autre en face.
Sophie ne tarde pas à apporter un plateau très bien garni. Elle n'oublie jamais les goûts de ses clients. Théière, tasse, pot de lait et une large part de tarte au citron meringuée y sont joliment disposés dans une vaisselle raffinée. Avec un clin d'œil complice la maîtresse des lieux pousse vers Marité un post it où elle a copié les codes d'accès au réseau wifi de la maison. Elle sait que sa cliente tête en l'air oublie toujours de les noter.
Marité déguste sa collation en savourant ces instants de tranquillité. Discrètement elle a pris ses aises, laissé choir ses chaussures et posé ses pieds sur le fauteuil qui lui fait face. Finalement elle ne regrette pas trop sa promenade au grand air. Elle est bien là dans cette ambiance feutrée et verdoyante.
Tout en buvant son thé, elle ouvre son livre et se replonge avec gourmandise dans les secrets qu'a suscitée la redécouverte au 19 ème siècle du carnet de Villard de Honnecourt, compagnon du 13ème siècle. L'architecte du Moyen Age a laissé à la postérité une centaine de feuillets de parchemin comportant des croquis et des dessins. Peut être a-t il voulu léguer un testament pour les compagnons du Devoir ? Sur la centaine de feuillets, 33 folios subsistent et sont conservés à la Bibliothèque Nationale de France. Que sont devenus ceux qui manquent ? Henri Loevenbruck s'est emparé avec bonheur de ce thème sur le compagnonnage et la franc-maçonnerie et cela passionne la lectrice friande de thrillers ayant trait à l'Histoire. Comme elle aurait aimé dans une autre vie posséder sa librairie de livres anciens pour y découvrir les mystères qu'ils recèlent parfois et la somme de culture accumulée aussi naturellement ! !
Il fait chaud. Sophie vient ouvrir la porte-fenêtre qui donne sur le jardin à l'arrière du café. Un magnifique mimosa y déploie son fardeau de corolles lumineuses. Ses effluves un peu entêtants envahissent la salle, évoquant pour Marité des odeurs d'enfance de miel et de réglisse. Le menton dans sa main droite, elle rêve en suivant des yeux un papillon jaune, voletant de ci de là, saoul de parfums et de soleil. Encore l'enfance qui revient en mémoire. Voyant le premier papillon printanier sa grand-mère affirmait en relevant sa couleur safranée ou citronnée : « cette année la mode sera au jaune » Tous les ans d'après elle la mode devait être au jaune. Cette pensée nostalgique fait sourire Marité.
Il lui reste un peu de temps avant que le café se remplisse. Marité ouvre son ordinateur et se connecte au réseau wifi de la maison. Elle sait ce qu'elle va écrire pour participer cette semaine au Défi du Samedi. Elle a déjà jeté des notes au crayon sur le carnet qui ne la quitte jamais. Les idées lui viennent en marchant dans les bois qu'elle aime et qui l'inspirent. Il ne reste plus qu'à les mettre en forme.
Fini le calme et la
sérénité ! Une bande de mamies en goguette pénètre
bruyamment dans le salon.
Marité leur laisse sa
place sous l'œil amusé de Sophie qui sait que sa cliente n'aime
rien tant que la solitude.
aha tu t'appelles Marité ;-)
RépondreSupprimeraha tu vois juste Adrienne ! ;-) C'est un de mes pseudos d'écriture (les Impromptus Littéraires notamment.
RépondreSupprimerJ'en profite pour corriger une faute : effluves est du genre masculin bien sûr !
Bizarre cette histoire de papiers avec les code wifi, sur mon ancien portable (avant qu'il meure de sa belle mort) toutes les combinaisons adresse/code wifi était enregistrées et le machin se connectait tout seul en fonction de l'endroit à Bruxelles, Bande, Colmar, Saint Valery sur Somme (oui, je suis casanier même en vacances : je retourne souvent aux mêmes endroits).
RépondreSupprimerQuand tu auras tout déniché à propos des Compagnons du Devoir, file-moi une copie : mon beau-fils breton en est un ! ;-)
Pas bizarre : quand je loue un gite où il y a le wifi, pour me connecter avec mon ordi je dois composer avec les codes de la maison. Peut être est ce différent chez toi ? Pas besoin effectivement avec le téléphone portable.
SupprimerLes loges m'ont toujours fascinée. ;-) Je connais des francs maçons mais ils sont peu bavards sur la chose.
Non c'est pareil pour moi, mais comme je reviens dans les mêmes endroits, je ne dois les introduire que la première fois.
SupprimerOui, j'ai même eu un copain franc-maçon mais il restait discret sur les choses, le secret est dans leur nature semble-t-il (bien qu'on sache à peu près tout à leur sujet aujourd'hui si on creuse un peu).
Ah oui : j'ai corrigé pour les effluves !
RépondreSupprimerMerci Walrus ! ;-)
SupprimerMerci à la wifi de Sophie, Marité ! Et pour la tarte au citron, c’est OK !🤩
RépondreSupprimerVoilà encore un point commun entre nous. A l'instar de Sally Brown, j'ai changé ma philosophie du moment. Hier c'était "Grand bien vous fasse aux fesses !". Aujourd'hui, c'est "Offrez-nous cent ans de solitude !". ;-)
RépondreSupprimerAlors moi, qui n'arrête pas en couture de fabriquer des tas de nippes pour les uns et pour les autres et qui ai toujours aimé découvrir la mode, ce qui m'a fait tilt dans ton texte c'est l'affirmation de ta grand-mère sur la couleur à la mode pour l'année ! Je trouve cette idée géniale et originale, vraiment ! Je vais vérifier ça !
RépondreSupprimerMais oui j'ai toujours entendu ça surtout de ma grand-mère maternelle : la couleur du premier papillon du printemps définissait la couleur de la mode ! Tu sais coudre Lecrilibriste. Quel bonheur ! j'adorerais savoir tailler une jupe ou une robe ou autre mais alors je suis archi nulle en couture. En revanche j'aime bien la broderie. Ça me détend.
SupprimerMoi, j’aime bien suivre Marité - prénom trop si joli, aussi, moi. Aussi. M’en souviens des ”petits métiers" travaillés décortiqués avec nos colègues défiants ... jadis. Et ici, un beau texte reposant au goût de miel et de réglisse. Si on a un louis d’or dans la main quand on voit le premier papillon et si jaune, on aura de l’argent à foison toute l’année !
RépondreSupprimerMerci Cavalier. Oui nous avons travaillé de concert sur les défunts Impromptus. Avec Vegas aussi que l'on retrouve de temps en temps ici.
SupprimerPour le louis d'or et le papillon je ne connaissais pas. Je savais pour les crêpes cependant. ;-)
Collègue pas colle aigre douce
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