Le tic-tac de l’horloge du
beffroi
Hésite devant son désir fou
d’aller plus vite
Énergiques, les ressorts de
l’horloge palpitent et sautent de joie
Enfin ! Enfin !
Aller plus vite que le temps
qui passe
Moduler les secondes en demi-secondes
Trancher les heures en
demi-heures
Et parcourir les ans, en
dansant sur un cadran isocèle
rompant la monotonie de
l’inexorable métronome
au ronron en rond, identique et perpétuel
Fanfaronner devant
l’Hippogryphe
Qui griffe le graphe des chiffres
Et déploie ses ailes avec
ironie
Prêt à s’envoler vers
l’ailleurs
Aller s’étourdir, enfin, dans
une débauche effrénée
Loin de ce tic-tac lancinant
Qui marque les heures
Qui compte le temps
de la ronde sans fin des
années qui passent
Et vivre à cent à l’heure…
Encore !
Au son de l’Angélus
Tout étonné, le sablier s’est
réveillé
Il voit les aiguilles tourner
plus vite
Et son cœur se met à taper
Et son sable rose, plus vite,
à filer
entre ses bulles de silence
Plus vite, plus vite, il
court vers l’avenir
Vers un ciel sans nuages
Vers sa chimère de mirages
Avec l’horloge folle du
beffroi
Un enfant curieux est passé
Etonné, il a regardé le
sablier
L’a pris et l'a retourné
maladroitement l’a cassé
Sur l’heure, au son triste du
glas et du verre brisé
le sablier a plongé dans
l’éternité
mais le temps a continué de
filer
Voilà ce que c'est quand les horloges prennent le mors aux dents ! ;-)
RépondreSupprimerUne danse endiablée avec le temps
RépondreSupprimerCe poème est un tourbillon métaphysique, une fugue poétique où l’horloge s’émancipe, s’emballe, rêve d’excès et de transgression. Le texte transforme un objet figé en personnage vibrant, qui veut rompre avec la monotonie pour s’élancer vers l’inconnu. Le mouvement est partout : dans les ressorts, les chiffres, le cadran, le sable, les battements, les images.
Une horloge personnifiée, presque tragique
Le poème installe une tension entre désir de liberté et fatalité du temps. Cette horloge du beffroi rêve d’éclater les carcans, mais finit par embarquer avec elle un sablier dans une fuite précipitée… jusqu’à sa chute. Il y a là une sorte de fable tragique inversée : l’enfant curieux, en retournant le sablier, brise l’élan et ramène à l’irréversible — le verre brisé, le glas, l’éternité.
🔮 Une langue riche et allégorique
L’écriture est dense, pleine d’images puissantes :
“griffe le graphe des chiffres”
“un cadran isocèle”
“le sablier s’éveille entre ses bulles de silence”
“sa chimère de mirages”
Cette langue est presque baroque, avec des allitérations, des jeux sonores, un souffle qui mêle rêverie, mythe (l’Hippogryphe), et métaphysique.
Une structure en spirale
Le poème avance comme une course circulaire :
Il part du beffroi (le lieu de l’horloge),
s’élance dans une montée folle (rêverie, vitesse, images fantastiques),
puis redescend doucement vers une fin brutale (l’enfant, la cassure, la mort du sablier).
Ce retour au réel est poignante : malgré le désir de liberté, le temps reste maître du jeu.
Bravo à toi qui porte bien son pseudo pour cette horloge effrénée, mélancolique, et inoubliable.
Quel beau poème qui est à la fois un déclencheur poétique : imaginer ce que pense une montre qui s'arrête, un beffroi qui s'écroule, un personnage de l'horloge astronomique de Prague...
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