samedi 30 mars 2024

Mésaventure. (Yvanne)

 


L'iris des marais. Il évoque pour moi un souvenir désagréable.

C'était une journée de mars ensoleillée. Je décidai d'aller prendre l'air comme d'habitude dans les Saulières. Je ne fréquentai pas, ce jour là, les mêmes sentiers que d'ordinaire à l'est. J'avais d'autres projets...

Je savais que le ruisseau le Maumont, situé plus à l'ouest du massif forestier, au fond d'une vallée très encaissée, se partage en deux sur une certaine longueur. Lors d'une randonnée avec mon époux l'année précédente j'avais découvert des profusions de jonquilles et d'iris dans la partie bourbeuse située entre les deux bras de la rivière. Un enchantement. J'avais pu rapporter de la balade un magnifique bouquet jaune, agrémenté de verdure. Le printemps à la maison !

Le marécage du Maumont est un endroit difficile d'accès et connu des pêcheurs mais peu des randonneurs. Qu'est ce qui m'a pris ce jour là de m'y rendre seule ? Sûrement l'envie d'admirer d'abord et ensuite de cueillir quelques unes de ces fleurs printanières.

J'empruntai le chemin sinueux et très raide qui descend sur plus d'un kilomètre. Je pestais comme toujours contre ces satanés destructeurs de beaux sentiers et de Nature que sont les conducteurs de quad. Des ornières profondes m'obligèrent à passer à travers bois pour ne pas risquer une entorse. J'arrivai au Maumont dont les eaux tranquilles serpentaient à travers prés et bois. Je rejoignis en amont le coin fangieux, but de ma balade . Je m'arrêtai un instant pour contempler le tapis coloré qui s'étalait à mes pieds. Je procédai ensuite à ma cueillette en essayant de ne pas trop abîmer l'étendue fleurie et m'apprêtais à repartir quand une idée me vint.

J'avais dans mon sac à dos ma poche et mon couteau à champignons. Comme toute bonne corrézienne. Pourquoi ne pas ramasser une salade de pissenlit pour le soir ? Je posai mes fleurs dans une flaque au bord du ruisseau et traversai la prairie. J'entrepris de couper quelques plantes. Un bruit de branches cassées me fit relever la tête. Puis plus rien. Je pensai à un animal sauvage. Rien d'extraordinaire dans ce lieu isolé. Je revins à mon occupation quand les craquements reprirent et cette fois plus près. Je me redressai et aperçus à travers les branches de l'arbre le plus proche des rayures. Pas d'un spécimen africain non ! Mais quand même d'un drôle de zèbre au pull à bandes bariolées.

Quand je pense à cette scène aujourd'hui je suis encore étonnée par mon sang froid d'alors. Tranquillement je sortis mon téléphone portable de mon manteau et fis mine d'appeler mon mari qui – c'est ce que je laissai entendre – était censé se trouver juste de l'autre côté de l'eau. Je lui dis que j'avais terminé et que j'allai le rejoindre de suite. Puis, sans me presser, je traversai le pré et le ruisseau. Inutile de préciser qu'à partir de ce moment là, n'étant plus à découvert, je déguerpis à toute vitesse et gravis le chemin en me retournant de temps en temps pour voir si je n'étais pas suivie.

Quand j'arrivai tout en haut des bois, essoufflée et fourbue, je montai dans ma voiture garée là et repartis sans traîner à la maison. Bien entendu, je dus raconter ma mésaventure à mon époux parce qu'il s'aperçut très vite qu'il s'était passé quelque chose. Évidemment il ne manqua pas de me faire reproches et recommandations d'autant que je m'étais bien gardée de mentionner mon lieu de promenade.

Dorénavant, je laisse les iris des marais là où ils sont, au bord du Maumont et me contente de ceux de mon jardin. Beaucoup moins de risques potentiels !



8 commentaires:

  1. Fais attention, il va te coller une puce GPS quelque part, ton mari !
    Les bagnards d'aujourd'hui ont encore des tenues noir et blanc comme dans les films de Laurel et Hardy de mon enfance ?

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    1. Quoi ? Je n'y avais pas pensé. Il va falloir que je me méfie. Surtout qu'il ne peut plus m'accompagner à cause de ses genoux fatigués ! :-)
      Je ne sais vraiment pas quelles étaient les intentions de ce personnage. En tout cas, s'il voulait commettre un larcin - peut être du braconnage ? - il aurait pu choisir un pull aux rayures moins voyantes. Et tiens je te le dis : dommage que le bagne ça n'existe plus !

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    2. Et les galères ? :-)

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    3. Aussi ! Peut être que la perspective en calmerait plus d'un !

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  2. C'était peut-être le proprio qui ne voulait pas qu'on pique ses fleurs et ses champignons champions. En tout cas, ouf ! tant mieux que tu aies pu t'échapper.

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  3. Quelle peur tu as dû avoir ! C'est questionnant quelqu'un qui ne s'annonce pas, et s'approche doucement, peut-être était-ce un muet...

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  4. Pas demain la veille que je vais aller toute seule dans la campagne !,)

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  5. Tu as bien fait de te méfier des rayures de zèbre, il parait qu'ils ne sont pas facilement abordables, ces zèbres là

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Ont bien cerné le problème

            Walrus ; joye ;