Tout aurait dû rentrer dans l'ordre dans la basse-cour de Nana après la mésaventure de cette pauvre Monette. C'était sans compter sur la rancune de Bruno. On a vu que ce couard de coq n'a pas eu le courage d'approcher Ronchonchon. Mais procédurier comme pas un, il a décidé de porter plainte contre le cochon. Malgré les excuses maintes fois réitérées par le goret auprès de la poulette et de son mec, Bruno n'en a pas démordu et a chargé comme d'habitude Folœil de porter à Ronchonchon une convocation pour le tribunal.
C'est le grand jour.
Tout le monde est réuni sous l'arbre à palabres, en l'occurrence un
gros tilleul, pour assister au procès. Bruno et ses poules ont pris
les premières places. Il ne faut pas oublier que Monette est la
principale victime, Mado le témoin de la scène et Bruno le
plaignant bien entendu.
Ils seront donc appelés
à la barre.
Ronchonchon semble perdu dans le box des accusés. Oreilles baissées, queue peu glorieusement glissée entre les pattes, il attend. Il a perdu ses belles couleurs rose-bonbon. Son groin n'en paraît que plus rouge. Je soupçonne qu'il a mis du remontant dans sa pâtée pour se donner du cran. Ou bien qu'il a sniffé quelque produit illicite. Le voici peut être cocaÏné. On doit s'attendre à tout en ce moment. Bref le cochon fait moins le p'tit fanfaron.
Le silence s'établit peu à peu. Pour la représenter lors de cette affaire hors norme, la basse-cour a nommé à l'unanimité ses représentants comme suit :
- l'oie Blanche, présidente.
- le baudet Hanne, juge. Ça va de soi.
- le chat Gégé, le greffier. Là également ça va de soi.
Un petit mot sur le greffier, enfin, le chat. Gégé est un chat très intelligent, doté d'une intelligence sans artifice. En réalité, il se nomme Gépété. Personne ne s'avise de l'appeler ainsi sous peine de représailles sévères notamment d'être griffé jusqu'au sang. Il maudit sa génitrice pour l'avoir affublé d'un nom pareil, qui, à une lettre près, ressemble à celui de cet imbécile de rital déconnecté de la réalité. A savoir Gepeto.
L'audience ne dure guère plus de quelques minutes et le verdict tombe rapidement, chacun ayant hâte de retourner à ses occupations habituelles. Blanche ne pense qu'à aller cancaner avec sa compagne dans un coin. Hane, masseur à ses heures, rêve de tripoter les porcelets de Simone et de Ronchonchon sous prétexte qu'ils sont trop gras et que cela nuit à leur bon développement. Gégé est obnubilé par cette souris Free Moose qui danse avec indécence devant lui quand elle l'aperçoit. Il ne peut s'empêcher de la chercher partout dans l'herbe et dans l'air.
Après un court
délibéré, voici la sentence : le prévenu Ronchonchon devra
glander pendant 15 jours. Le cochon ouvre grand ses yeux et ses
oreilles. Il n'y croit pas. Il se retient de justesse d'exploser de
joie. Glander. Mais c'est le rêve ! Trop chouette ! Il va
pouvoir profiter de la vie.
Mais Blanche veille au
grain. Elle a compris la méprise du goret et d'un ton très docte,
explique qu'en fait, il est privé de pâtée durant une quinzaine.
Pour se nourrir, il devra chercher sa pitance sous les chênes dans
le bois près de la ferme. Il peut s'estimer heureux souligne-t-elle.
Au Moyen Age, il aurait été pendu et brûlé comme la truie de
Falaise en Normandie devant une grande assemblée de ses congénères
pour montrer l'exemple.
Bien fait pour sa truffe, gnon ? ;-)
RépondreSupprimerça tombe bien mon cochon est en vacances ! il va pouvoir se glander la nouille sous les chênes de sa colline varoise :) une autre version de l'histoire nous attend chez moi...
RépondreSupprimerHeureux de pouvoir glander ! Ah ! Ah !
RépondreSupprimerExcellent choix le tilleul : c'est plein de gendarmes là en dessous ! :-)
RépondreSupprimerSuper, tout est bien qui bien finit. Et pour Free Moose, tremper-la dans l’huile, tremper-la dans l’eau ...
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