Il fixait depuis plusieurs minutes les plis de son pantalon.
Les fines rayures blanches sur fond de flanelle gris anthracite étaient légèrement plus épaisses
sur la jambe droite que sur la gauche. Cette asymétrie commençait à générer chez lui un profond
Sentiment d’inconfort. Si au moins j’avais pris le temps d’aller dans la cabine d’essayage au lieu de le glisser dans mon sac à dos !!Il sentait la sueur glisser depuis le sommet de son crâne, à travers ses cheveux
Clairsemés et coiffés vers l’arrière, jusque dans son dos. Le col de sa chemise collait à sa peau et il passait régulièrement une main entre le tissu et son cou pour en détacher le coton. Au dos de la chemise il détecta à la pointe de ses doigts l’étiquette et le prix encore accrochés à l’étoffe de la chemise .Qu’est-ce que je suis nul se dit il .
Il avait beau essayer, son cerveau refusait de lui obéir : il n’arrivait pas à cligner des yeux et à détacher le regard de ses cuisses.
Le parc étaient silencieux et la lumière du jour tombant donnait au blanc de la villa une teinte
bleutée. Les arbres se réfléchissaient sur son enveloppe vitrée qui en multipliait le nombre.
Ses mains, posées sur les accoudoirs de la chaise, étaient moites. Le métal froid et le cuir chaud
Provoquaient sur ses paumes une sensation étrange.
Il se souvenait du jour où il l’avait dessinée. Le soleil frappait la fenêtre de son bureau perché
au 50e étage d’une tour de Chicago. La vue sur le Michigan Lake était imprenable. Son déjeuner avait été copieux et il avait eu chaud en regagnant les locaux de son agence. Il craignait d’avoir été suivi quand il s’enfuit sans payer la note du restaurant. Il avait rêvé d’une chaise qui lui aurait permis de s’assoupir quelques instants. Une chaise si large qu’elle s’apparenterait à un lit
Ce soir pourtant, il n’arrivait pas à se détendre malgré l’assise accueillante. Sa ceinture le
Ligotait, sa chemise l’emprisonnait. Son menton recouvrait l’embouchure de son col, jusqu’à se superposer à l’amorce de sa cravate ; il ne respirait plus. Ses chaussettes, trop serrées, coupaient la circulation de son sang et ses chaussures semblaient appartenir à un enfant. Plus, il regardait son corps
et plus celui-ci lui semblait appartenir à un autre.
L’envie le démangeait d’allumer le cigare qu’il gardait en cas d’urgence dans une poche
Intérieure de sa veste. Il ne cessait d’ouvrir et fermer le capuchon amovible de son briquet d’un geste nerveux. Rien ne lui avait été donné dans la vie de ça ,il en été persuadé .Ce n’était pas une bonne idée de voler tout ce qu’il désirait mais c’était plus fort que lui .Il semblait réparer un préjudice
Il regarda autour de lui, comme le font les fugitifs.
Excellentissime, j'ai pu revisiter la Tour Willis (anciennement la Tour Sears) dans mes souvenirs bien qu'elle ait 110 étages et non pas 50 comme la tour que tu évoques. Je vois qu'il y a un bâtiment sur Wacker Drive qui a la bonne taille. J'y repenserai la prochaine fois que je serai à Chicago !
RépondreSupprimerFaucher des vêtements trop petits le ramène-t'il à l'origine d'avoir eu envie de filer à l'anglaise... ? qui sait !
RépondreSupprimerSaisissant portrait avec de profonds ressorts psychologiques !...
RépondreSupprimerOn imagine bien la névrose qui habite ces personnages tourmentés. Beau texte, Tokyo
RépondreSupprimerAhlala ! Faut un minimum de sang-froid pour être kleptomane, voyons ! ;-)
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