René, un sexagénaire en pleine forme s'est levé très tôt ce matin de mai. Le soleil est enfin là après des journées interminables de pluie. Il est temps de se consacrer sérieusement au potager. Comme chaque jour, après son café au lait, quelle que soit la météo, il va faire le tour de son jardin. C'est son enfant, ce jardin. Il le bichonne, l'ordonne, le façonne, sélectionne, approvisionne... Enfin il l'aime. Le jardinage est sa passion et depuis sa retraite, il met un point d'honneur a avoir le plus beau du quartier. Rien ne le rend plus fier que de voir les gens s'arrêter pour admirer ses légumes.
Huit heures. René a ramassé un plein seau d'escargots. Il peste contre les gastéropodes qui se régalent de ses salades et s'attaquent maintenant aux fraises. Ses trois poulettes vont s'occuper des indésirables. Elles commencent à se faire vieilles se dit-il. Il faudrait songer à les remplacer mais elles pondent encore assez pour moi. Depuis qu'il est veuf, il vit de peu. A vrai dire, il déteste cuisiner aussi son appétit s'en ressent. Deux, trois œufs par semaine lui suffisent.
Arrivé au poulailler le voilà pris d'une envie très pressante. Sa prostate le taquine. Ça ne peut pas attendre. Il s'approche de la haie séparant son terrain de celui de la voisine. La voisine. Il ne la connaît pas. Il l'a juste aperçue lors de son aménagement quelques semaines plus tôt et croisée chez les commerçants du bourg. Hé pense René, elle a du chien. C'est une belle plante et je m'y connais ! Peut être...Peut être... Allons, vieille baderne se morigène-t-il. Ne pense plus à la chose. Mais...Mais...Il ne peut pas s'empêcher de rêvasser. Elle a acheté en viager voici quelques années la maison des Pradier partis en ephad. Il a appris par la boulangère qui sait tout qu'elle vient de la région parisienne pour passer sa retraite dans le village. Peut être une opportunité. Qui sait ?
René n'est pas curieux, il ne surveille pas cette femme mais elle l'intrigue. Elle ouvre rarement ses volets aussi on ne sait jamais si elle est présente ou absente. Tout en urinant tranquillement René entonne d'une voix puissante sa version très spéciale de Carmen. « toréador ton c.l n'est pas en or ni en argent, ni en fer blanc... » C'est cucul s 'amuse René mais ça m'a toujours fait rire. Juste à ce moment là, il entend parler de l'autre côté de la palissade.
- Vous avez un bel organe.
- Heu ! Pardon ? Vous vous adressez à moi ? ( Ce n'est pas possible. Je rêve. Elle est un peu...olé olé la voisine. Quand même ! Elle ne me connaît pas et elle me parle d'orgasme ! On aura tout vu de nos jours ! Et d'ailleurs je ne vois pas pourquoi elle parle de ça. C'est déplacé.)
- Oui. C'est bien à vous. Je trouve que vous avez un bel organe.
- Ah, organe ? J'avais mal compris. (zut, elle a vu mon machin) René range précipitamment ses petites affaires et écarte un peu les thuyas. La voisine est là, juste en face de lui et elle le regarde en souriant.
- Bonjour.
- Bonjour répond René d'un ton égrillard. Son œil s'allume. (Ma parole, j'emballe se félicite-t-il.) Heu...Comment dire...Vous trouvez que...
- Oui je trouve que vous avez une belle voix. Vous savez j'étais professeur de chant. Dommage que vous moquiez Bizet. Bon. Ce n'est pas très grave. Puis-je vous demander un service ? Voulez vous me prêter un balai ? Enfin un outil pour enlever toutes ces feuilles ?
- Un balai ? Oh non ! Il vous faut un râteau. Mais je peux le faire si vous voulez ?
- C'est gentil mais mon mari arrive demain et il s'en occuperaAh ben mince soupire René. Je peux aller me rhabiller. Quel beau râteau – c'est le cas de le dire – que je me prends !
ah les joies du jardin, ça arrive aussi au quinquagénaire et aux autres jeun-naires que de se passionner pour les belles plantes !
RépondreSupprimerBeau rateau ! Mais qui n'en a pas pris !,)
RépondreSupprimercelui qui n'a jamais jardiné :)
SupprimerC'est ça le problème avec les belles jardinières : elles ont un mari ! Le voilà donc marri, le Renè... ;-)
RépondreSupprimerUn quiproquo comme je les aime. Belle inspiration, Yvanne
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