samedi 26 octobre 2024

Défi #844

   

Un truc pour les matheux !
Encore que....

 


 

Où se situent-ils sur l'échelle ?

 

 


 

Des dizaines de décibels (Kate)

  

Ah, Joe, quelle bonne idée : Tryphon Tournesol et sa fameuse surdité !

Réelle ou supposée ? La question reste en suspens...

Voici quelques éléments de réflexion, par ordre alphabétique :

Mais là, il a bien entendu !

Quant à ses inventions, elles sont légion ! Tiens, comme Gaston Lagaffe, qui côté inventions s'y entend, si j'ose dire, notamment en instruments de musique ou éléments en tout genre producteurs de bruit ou plutôt émetteurs de décibels !

Et voici l'équation : "inventions + décibels = disputes" qui s'ensuivent, forcément !

Au rayon des inventions "oeuvres de rupture musicales", des pépites : "Le sacre du printemps" de Stravinsky, la "Messe pour le temps présent" de Pierre Henry ... mais d'autres sont allés jusqu'au gag plus loin, notamment Ligeti avec sa "Symphonie pour 100 métronomes" qui demande une mise en place énorme pour un final sans grande surprise au ralenti... mais ouvre la porte à des John Cage et autres créateurs de décibels !

Un seul métronome, c'est déjà bien suffisant, émettrait déjà de 45 à 50 décibels ! Plus mélodieux ? La guitare ? Non, pas celle de Gaston !

La harpe, peut-être ? Ah ! La harpe... Une simple harpe émet aussi pas mal de décibels mais qu'elle est belle ! Et quelle surprise, la veille de la sortie du mot "décibel" du Défi, de l'entendre accompagner (en acoustique live) une chanson qui fête ses quarante ans (déjà !) : "Les yeux revolver" et lui redonne une coup de fraîcheur !

(photo 1 extraite de :

photos 2 à 5 extraites de :

photos 6 à 7 extraites de :

)

N comme Nomade (Adrienne)

   

  

L'Adrienne a de la chance.
Beaucoup de chance!

Elle a la chance d'avoir à l'étage de sa petite maison, deux chambres et une salle de bains.

Alors l'été dernier quand le coq de la voisine s'est mis à crier sous sa fenêtre dès cinq heures du main, elle est allée installer son lit dans la chambre du côté de la rue, où, en gardant portes et fenêtres bien fermées même par 35°, on n'est plus réveillé par le coq.
Uniquement par le trafic.

Quand la voisine a la visite d'un ami pour jouer à des jeux en ligne en criant et en riant jusqu'à deux heures du matin, l'Adrienne installe son couchage de campeuse dans la salle de bains: une chance que cette pièce n'ait pas de mur mitoyen avec la maison voisine!

Ne reste plus qu'un problème: le zzzzzzzzzzzz des moustiques.
Mais par bonheur, c'est bientôt l'hiver.

Vraiment, l'Adrienne a de la chance!

 

Sonne, Automne ! (Joe Krapov)

 


Un de ces quatre matins j'aborderai l'automne de ma belle existence en n’entendant plus rien, en étant aussi sourd que Tryphon Tournesol, savant de référence pour qui pratique encore ce grand art du silence, la lecture.



Je ne serai plus alors obligé de me boucher les oreilles chaque fois que passe dans ma rue un véhicule pénitentiaire qui, pour ramener à la prison un détenu, émet force décibels et lumière bleue, symboles de la rencontre hélas fort peu improbable d'une sirène et d'un gyrophare sur la route devant ma maison.

 

Il se trouve en effet que je loge, à Rennes, sur le chemin qui mène du palais de justice à Vezin-le-Coquet (Vezet-le-Coquin !) où se trouve la nouvelle prison qui avait autrefois pris ses quartiers chez Jacques (Cartier) sur le boulevard du même nom.

 

Le volume sonore des sirènes rennaises est tel qu'il me rappelle celui des ambulances entendues dans Bruxelles. Ce côté « Poussez-vous de là que je m'y mette ! Écartez-vous de ma route ! La justice et la police et la santé passent d'abord ! » me brouille l'écoute.

 


Et en y repensant – n’en déplaise à la fondation M**l*ns*rt -, aux aventures de Tintin et Milou, je perçois mieux aujourd'hui combien le professeur Tournesol représente le Yin de la zénitude dans un océan de Yang de la drôle-de-zébritude.

 

En opposition à l'alcoolique injurieux, soupe-au-lait, irascible, exubérant et surtout vociférant, à côté de la cantatrice à coffre dont le contre-ut lancé dans son « Air des bijoux » est capable de faire exploser sept boules de cristal d’un seul coup, insoucieux des discours assurés, incessants et imputrescibles de l'assureur Lampion Séraphin, bien loin des coups de feu des Picaros et autres révolutionnaires ou gangsters auxquels va se frotter le jeune reporter Tintin, n'entendant rien à la politique, au conflit entre la Bordurie et la Syldavie, réfugié dans son laboratoire au fond du parc de Moulinsart et vivant dans sa bulle (nom savant : phylactère), l’ami Tryphon apporte à cette bande d'agités une mer de tranquillité (« Objectif : dans la Lune ! ») et un véhicule sous-marin pour plonger dans le monde du silence du Commandant Cousteau.

 


De cette courte analyse d'un personnage littéraire je tirerai non pas un sujet de thèse mais un virelangue : « Quelle sagesse chez ce savant fou et sourd ! Susurre-le dix fois d’affilée sans que ta langue fourche ! ».

 

Et je terminerai par mon conseil du jour : pour éviter les décibels ambiants relisez « L'Affaire Tournesol » et prenez-en de la graine !



En Harley Davidson (Yvanne)

 


  1. Une pétarade soudaine interrompt la conversation entre Marco, le patron du bar et l'Anglaise venue patienter ici pour son rendez-vous. Une moto rutilante, dont les décibels s'élèvent à un tel niveau que chacun des deux répriment une grimace, déboule dans un train d'enfer sur la place du village. La Harley – car c'en est une – s'arrête tout près de la voiture blanche. Son pilote, parfaitement équipé comme il se doit, met pied à terre, se débarrasse de ses gants et de son casque. Il passe machinalement une main dans ses cheveux et entre résolument dans le café .


- Bonjour M'sieur Dame.

Après un rapide regard circulaire il se dirige vers la table devant laquelle est installée la jeune femme. Cette dernière se lève, émue et s'approche de celui qu'elle attendait.

  • Bonjour David. Ça fait tellement longtemps... Je n'ai pas pu venir pour l'enterrement de grand-mère. Comme tu l'as sans doute appris j'ai été gravement malade et...

  • Je sais Jane. Ne sois pas désolée. Grand-mère se faisait du souci pour toi. Elle n'aurait pas voulu que tu sois présente. Mais tu vas mieux maintenant ? Tu es resplendissante.

  • Oui. Je vais bien. Et toi ? Que deviens-tu ? Tu n'as guère changé depuis nos années d'adolescence. Tu es marié je crois.

  • Fraîchement divorcé. Sans enfant. Tu vois : libre comme l'air. Et toi ? Je veux dire : tu as une famille en Angleterre ?

  • Non. Mon goût pour la liberté a été le plus fort. Depuis la mort de ma mère, plus rien ne me retient à Londres. Aussi j'ai l'intention de profiter des largesses de notre grand-mère et de m'installer dans sa maison. C'est pour cela que je t'ai demandé de m'apporter la clé ici parce que je ne connais pas vraiment ton adresse. Je n'ai que le numéro de portable noté quand tu m'as appris le décès d'Henriette.


Marco observe le couple mine de rien et soudain, il ressent la gêne du jeune homme. Celui- ci lui décoche un regard oblique et demande à sa cousine si elle peut l'accompagner à l'extérieur. Ils commandent au barman des bières et partent s'installer en terrasse à l'abri d'oreilles indiscrètes.

- Vraiment Jane ? Tu penses vivre ici dans ce village pommé ?

- Mais oui. J'y serai très bien et je pourrai exercer mon métier facilement. Je suis naturopathe et je soigne aussi par les plantes. Comme grand-mère. J'ai hérité de certains de ses dons également. Ses deux grands jardins me seront très utiles pour mes cultures.

- De quels jardins parles-tu ? Des terres qui entourent la maison ? Mais ces parcelles sont à moi Jane. Tu n'as donc pas lu l'acte que l'étude notariale t'a envoyé ?

    • Non. Les volontés de grand-mère écrites de sa main dans la lettre que voilà sont les plus importantes à mes yeux.

    • Bien sûr Jane. Je comprends mais cela ne suffit pas. Il y a des lois et je suis co-héritier d'Henriette avec toi.

    • Écoute David. Je pense qu'avec ton métier d'ingénieur ces terres ne te sont pas utiles. Tandis que pour moi...Je peux te les racheter si tu n'es pas trop gourmand.

    • Je ne veux pas vendre Jane.Tu te trompes chère cousine : ces terrains m'intéressent. J'ai décidé d'exercer ma profession à mi-temps puisque cela m'est actuellement possible et de me lancer dans la permaculture.

    • Ah ! On peut peut être s'arranger ? Je n'aurai pas besoin de beaucoup de place et si tu veux je te paierai un loyer.

    • Bon. Il faut que nous en discutions. En attendant, je te propose d'aller sur les lieux. Que dirais-tu d'un petit tour de moto ?

    • Une moto  cet engin ? Plutôt un avion de chasse oui. Mais pourquoi pas ? Allez. Soyons fous !



Tintamarre (Walrus)

  

Je n'ai jamais compté le nombre de fois où je l'ai dit (et d'ailleurs, ça ne sert à rien : ça change toujours !) : le premier à tomber dans les pièges à con(s) que je creuse ici, c'est moi !

Et cette fois-ci, je crains que ça fasse du bruit...

Comme tout un chacun, j'ai entendu parler mille fois dans ma vie de décibel(s) (en condensé "dB", rien à voir néanmoins avec les divisions blindées). Voilà pourquoi il m'est venu tout naturellement à l'esprit.

J'aurais pourtant dû me méfier et me douter que ce ne serait pas simple : je suis assez âgé pour avoir connu les enregistreurs équipés de VU-mètres gradués en... dB et j'aurais peut-être dû me demander pourquoi en réalité ils l'étaient en -dB.

Alors, aujourd'hui (il n'est jamais trop tard pour bien faire, n'est-ce-pas...), j'ai essayé d'en savoir plus que le fait que l'échelle des décibels n'est pas liée de façon linéaire à la puissance du son et j'ai ouvert la boîte de Wikipandore.

Si vous voulez faire comme moi, je vous conseille de tenir votre souris d'une main (moi, bien que droitier, je le fais de la main gauche sans inverser les boutons, on s'y fait, ce qui libère la droite pour tapoter le pavé numérique ou prendre des notes manuscrites) et de laisser l'autre à portée du récipient de votre médoc anti-migraine le plus costaud.

Au début, vous apprenez que le mot est un hommage à l'inventeur du téléphone : Graham Bell. 

Ensuite qu'initialement il servait à quantifier la perte de puissance du signal en fonction de la longueur du câble téléphonique, ça commençait bien !

Plus loin, ça s'est un brin compliqué d'autant que ni mon épouse ni moi n'avons jamais utilisé d'antimigraineux.

Après, il fallait se plonger dans les logarithmes (décimaux parce qu'à un moment on a utilisé les népériens) et surtout résoudre un problème étonnant : tout tourne autour du point de départ de l'échelle : la puissance du son au moment où il n'est plus audible ! Eh ben celle-là, elle n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd !

Donc, si un bruit vous tourmente, faites comme moi : achetez un sonomètre (13€ chez Lidl) et vous inquiétez pas du reste !


 


samedi 19 octobre 2024

Défi #843

   

Un mot qui fait du bruit

 

Décibel

 


 

Ont la tête dans les étoiles

 

 


 

 

À quoi bon le sextant ? (Joe Krapov)

 

 ​

 


Le commandant Smith avait proposé à la jeune Française montée à bord à Cherbourg une petite promenade sur le pont du paquebot. La nuit était tombée, le ciel était sans nuages, on distinguait toutes les étoiles qui scintillaient comme dans ce tableau célèbre du peintre Vincent Van Gogh. Il faisait assez froid cependant.

- A quoi bon le sextant… commença-t-il et il s’interrompit, se souvenant de son service militaire au 10e régiment de dragons de Mourmelon-le-Grand puis de ses années au Prytanée militaire de La Flèche. Il en avait gardé un goût pour les calembours et la gauloiserie qui ressurgissait périodiquement, parfois aux pires moments, semblable en cela aux têtes repoussantes de l’hydre de Lerne qu’affronta jadis Hercule. Hydre mâle, bien entendu, de nature à effaroucher quelque peu les vierges et les rosières ! Il lui fallait toujours maintenant faire la balance entre le vocabulaire de bouvier dont il était capable d’user après une ou deux coupes de champagne de trop bues à la table du restaurant et la dignité qui sied au commandant d’un bâtiment maritime de prestige tout frais sorti des arsenaux.

La jeune fille s'était accoudée au bastingage à la poupe du navire et contemplait le triangle écumeux des remous lâchés sur l'océan.

 - A quoi bon le sextant et le point sur les étoiles à l’époque de la machine pneumatique ? La vitesse à laquelle nous filons la métaphore nous a permis de parcourir plus de 1400 miles.


- Combien cela fait-il de kilomètres ? demanda le petit renard.

La chevelure de Bérénice, jolie rousse à peau blanche, voletait sous l’effet de la brise, découvrant un charmant cou de cygne sur lequel le bel Edward Smith, avec son appétit de petit lion ou de grand méchant loup, eût volontiers posé les lèvres.

 - Plus de deux mille ! Avez vous apprécié le repas de ce soir, Miss Eridan ?

 - C’était parfait, commandant ! La dorade était royale, vous féliciterez le chef de ma part.

 - Ce Monsieur Lelièvre est un fin cuisinier. Il a officié aux fourneaux de « L’Ecu de Sobieski », un restaurant français fort renommé de New-York, la ville où nous nous rendons. Quelqu’un vous attend-il là-bas ?

 Edward était de plus en plus émoustillé par les gestes gracieux de la blanche colombe qui offrait son visage aux caresses du vent, se tournait, minaudait telle une starlette de l’Hollywood naissant et se comportait comme si lui-même avait fait le paon, déposant sur l’autel de ce temple flottant une couronne boréale, une roue constellée d’étoiles, de promesses de voiles qui volent et de coups de bélier dans les portes de la pudeur, ce que le soldat Louis, son voisin de chambrée à Mourmelon, appelait galamment «  démonter la passerelle ».

- Personne ne m'attend, Commandant, sinon le Rochester Museum and Science Center où je vais travailler à un projet de planétarium en tant qu'astronome confirmée.

- Ah ? Vous êtes une spécialiste des étoiles ?

- Oui, dit-elle en sortant un télescope de son réticule et si vous me laissez seule maintenant pour que j’observe La Grande ourse, Pégase et la nébuleuse d’Andromède, j’accepterai volontiers que vous me serviez de cocher à notre arrivée dans la Grosse pomme. Je serai votre petit cheval et je vous montrerai ce que je transporte dans ma carène, je m’occuperai de votre oiseau de paradis, je vous ferai monter au septième ciel : c’est toujours mieux avec une guide qui s’y connaît. Maintenant embrassez-moi pour sceller ce pacte et retournez à votre poste ! Je ne suis pas de celles qui préfèrent l’amour en mer !

Edward mit toute sa fougue à répondre à l’invitation puis elle le repoussa gentiment en demandant :

 - Vous êtes de quel signe astrologique ?

 - Taureau.

- Enchantée, moi, c’est scorpion ascendant scorpion. Votre numéro complémentaire ! A demain, commandant La Grenouille !

 Et elle lui tourna le dos.

                                                                       ***

 Les promesses de Bérénice ne furent jamais tenues. Un peu avant minuit, ce 14 avril 1912, le Titanic heurta un iceberg et le bateau coula.




Un cerf-volant d’étoiles (Lecrilibriste)

   

On dit que Phaéton, ayant obtenu l'autorisation de conduire le char de son père Hélios, en perdit le contrôle et manqua d'embraser l'Univers ! Est-ce le char de Phaéton qui a changé la constellation d’Andromède et de Pégase en cerf-volant ? Est-ce lui qui déversé un 12 décembre sur la Chine une pluie d'étoiles filantes, que les astronomes ont nommé les Géminides.

Mes yeux se perdent dans la voûte du ciel scrutant l'étincelle d'une étoile filante dans l'immensité bleu marine. Je cherche l'étoile, mon étoile, celle de ma famille, qui, en passant près du soleil, va déverser sur la terre sa pluie de poussières d'étoiles, libérées du gel par la chaleur solaire.

J'ai plaisir à penser que ce chargement est un chargement d'âmes qui reviennent sur terre pour parfaire leur évolution après des temps glaciaires d'attente et de réflexion. 

Petite âme, Petit grain de sable issu de l'Univers, Petite graine d'étoile, différente, à nulle autre pareille comme chaque herbe, chaque feuille, chaque cristal de neige.

Mystère de la création qui personnalise chaque chose créée, qui a donné naissance à des systèmes de plus en plus complexes, dotés de propriétés extraordinaires comme l'intelligence et la conscience, qui a nommé tous ces points lumineux, les a répertoriés et les analyse pour découvrir peut-être un jour, un peu plus, les mystères de l'Univers.

Bien ancrée sur ma terre, mon regard ne peut embraser qu'un hémisphère. Je regarde le ciel levant les yeux, en levant la tête et pourtant, il n'y a ni haut, ni bas, mais une immense vastitude dans laquelle notre terre tourne et flotte …. Je songe à Thomas Pesquet en apesanteur hors de sa fusée pour la réparer.  Comme le Cosmos a dû lui paraître infini, éternel. Comme il a dû se sentir insignifiant et fragile dans cette immensité inconnue, à regarder les lumières de la terre d'en haut. Il raconte « A la fin de ma sortie, j'ai pu obtenir un peu de temps pour rester dans l'espace. Là, J'ai pu lever les yeux et tout voir, c'était magique »

 

L'héritière anglaise (Yvanne)

   

Marco regarde à la dérobée cette femme installée dans son bar depuis presque une heure. Grande, maigre, elle affiche une bonne quarantaine d'années. Elle ne le dérange pas. D'ailleurs elle lui a poliment demandé si elle pouvait attendre chez lui. Il lisait tranquillement son journal quand elle est entrée. C'est à ce moment là qu'il a vu cette petite voiture blanche immatriculée en Grande Bretagne, garée juste en face sur la place du village. Il y a très peu de touristes en cette fin octobre. Sûrement, ce véhicule lui appartient. Et puis, même si elle s'exprime très bien en français elle parle avec un accent assez prononcé. Il en conclut qu'elle est anglaise. Ils sont légion à posséder une résidence secondaire dans le pays. Il n'est pas étonné outre mesure. Mais alors que fait-elle chez lui ? Qui attend-elle ?

Elle commande une autre tasse de thé et se ravisant, avec un sourire, propose à Marco d'apporter carrément une théière sur sa table. Un grand calme règne dans la salle en ce jour de semaine. Les habitués du matin venant lire les nouvelles fraîches en buvant un café ou un verre de blanc sont rentrés chez eux. Ce n'est pas encore l'heure des joueurs de pétanque ou de belote. Ils viendront après leur sieste. Ils ne sont que tous les deux en ce début d'après midi.

Marco dépose devant sa cliente une grosse théière fumante et aussitôt elle se sert sans tenir compte du geste du patron voulant échanger sa tasse contre une propre. Elle lève la tête pour s'excuser. Elle le remercie aussi gentiment. Marco ne peut s'empêcher de la dévisager. Il avait déjà remarqué sa chevelure cuivrée flamboyante, sagement ramenée en un chignon simple sur la nuque. Sur son visage au teint laiteux une constellation de taches de rousseur lui donne curieusement un air de jeunesse. Mais ces yeux. Ces yeux d'un vert incroyablement intense et profond. Marco se détourne, troublé et regagne sa place derrière son comptoir. Il est certain d'avoir déjà rencontré de tels yeux. Mais chez qui ? Mais où ?

Son regard se porte sans cesse sur cette femme. Elle l'intrigue. Pourtant, elle se comporte naturellement, prend à intervalles réguliers son téléphone, le repose après l'avoir consulté brièvement, contemple sans les voir vraiment les marronniers du square voisin, se tourne de temps en temps vers la porte d'entrée, boit son thé en croisant et décroisant ses longues jambes. Tout ceci calmement et sans hâte. Elle vient de sortir de son sac une pochette plastifiée d'où elle extrait divers papiers dont une lettre manuscrite. Elle la lit attentivement et on sent l'émotion la gagner. Elle interpelle soudain Marco. Ce dernier, surpris, se rapproche de sa cliente. Il comprend qu'elle a envie de parler.- Excusez moi. Vous connaissiez ma grand-mère ?

  • Peut être. Elle habitait le village ? Qui était elle ?

  • Madame Barnisse. Henriette Barnisse. (ah les yeux verts, bien sûr : Henriette...)

  • Henriette ? Je la connaissais très bien. Elle ne venait pas au bourg. Le facteur, l'épicier ou moi même faisions ses courses.

  • Pourquoi restait elle à l'écart du monde selon vous ?

  • Elle était assez sauvage votre grand-mère. Et... je peux vous le dire, les gens la croyaient un peu sorcière. Aussi, et ce n'est pas très bien, ils l'évitaient. Sauf quand ils avaient besoin d'elle pour soigner leurs maux. Elle s'y entendait Henriette, pour enlever le feu, réduire une fracture, faire cicatriser des plaies... De plus, elle ne voulait pas être payée et cela arrangeait bien voyez vous. A peine si on lui était reconnaissant pour ses services.

  • Je sais tout cela. Même si nous ne nous voyions presque pas. Elle m'écrivait beaucoup cependant.Vous devez vous poser des questions et vous demander ce que je fais ici. Henriette m'a légué sa propriété et ses jardins. Un cousin doit me rapporter les clés de sa maison. C'est à lui que j'ai donné rendez vous chez vous. Je vais m'installer ici pour exercer mon métier de naturopathe. Je soigne également par les plantes et j'ai quelques dons. Comme ma grand-mère. Croyez vous que je serai la bienvenue ? 

     

Constellation de constellations (Kate)

   

Constellation de taches... de rousseurs, Walrus ? Grande rousse ou petite rousse ?

Allons, levons plutôt les yeux au ciel, la nuit ou sur un pan de ma bibliothèque, le jour. Un pan, oui (après vlan ! Pan !), un rayon tout simplement où se côtoient quelques ouvrages sur les constellations et autres phénomènes astronomiques, entre "L'éloge de la marche" et "La tristesse de la balance" (déjà évoquée il y a quelques années).

J'ai réouvert ces ouvrages, toujours passionnants.

Un fort accent est mis sur Grande Ourse, Petite Ourse et étoile Polaire : les basiques...

Et d'autres perspectives s'ouvrent... même si la Croix du Sud n'est pas visible ici et maintenant !

Régulièrement je consulte le site Stelvision qui permet de voir le ciel en temps et en lieu et de mieux comprendre ce qu'il offre, surtout les planètes visibles.

La "cartographie" établie par les hommes d'il y a bien longtemps ne cesse de m'interroger (il y aurait 3000 ans environ, voire plus !) et le disque de Nebra est une découverte, certes illégale mais merveilleuse !

Question existentielle (Adrienne)

   

Mais qu'est-ce que c'est que ce charabia mathématique? se demande l'Adrienne en voyant la dernière consigne de Joe Krapov.

Par bonheur, il se trouvait parmi les photos celle d'une constellation en forme d'arbre.

- Enfin quelque chose de joli et de vraiment utile! s'est-elle exclamée.

Ce n'est pas de sa faute: à quinze ans, elle voulait étudier les maths et les sciences, mais son père a eu le malheur d'en toucher un mot à l'entretien parents-professeurs.

- Quoi! a dit la prof, véhémente. Je le lui déconseille vivement! Elle va le regretter toute sa vie!

Et pour cause: c'était la prof de grec.

Alors l'Adrienne a continué à étudier le grec.

***

Mercredi elle a participé à une enquête en ligne et la dernière question était: si c'était à refaire, que feriez-vous différemment?

- J'essaierais de faire mes propres choix, a répondu l'Adrienne.


 

Consternation ! (Walrus)

   

J'aurais jamais cru ça de lui !

De qui ?

Ben de Walrus : voilà-t-y pas qu'il propose un mot et immédiatement après (qu'est-ce que je dis "après" ! Avant même !) en restreint l'usage (ou l'acception si vous préférez, chacun ses goûts hein).

Je m'insurge et m'écrie : "Ah, censeur !" non mais...

Je parlerai du Lockheed Constellation si je veux !

Quelle ligne il avait, cet avion de ligne ! (Quand même dérivé d'un modèle militaire antérieur).

Il est célèbre pour avoir fait la Une des journaux pour une  série d'accidents telle qu'on finirait par croire qu'ils avaient sous-traité sa fabrication à Boeing. Mais puisque c'est censuré, rabattons-nous sur le classique...
 
 ~ ~ ~ ~

La constellation classique est constituée d'étoiles. Ça vous en bouche un coin, hein !

Le processus de regroupement utilisé par nos ancêtres (et ceux d'autres individus) est assez simpliste (ou primitif voir plus haut) : trouver dans un secteur du ciel une série de points lumineux constituant une figure rappelant un animal, un être mythique ou un objet, même de loin, et souvent de très loin, mais bon, les étoiles c'est pas la porte à côté, et nommer l'ensemble ainsi.


Quand on y regarde de plus près (façon de parler puisque ces objets se trouvent à des dizaines voire des centaines d'années-lumière d'ici) on constate qu'elles n'ont pas grand chose en commun puisqu'elles se situent à des distances du même ordre les unes des autres.

Et voilà-t-y pas qu'on nous raconte que certaines d'entre elles auraient une influence sur nos  existences alors que l'énergie qu'elles nous envoient ne serait même pas suffisante à recharger mon smartphone, consternant je vous dis !

Les coupables sont les constellations zodiacales : celles qui n'apparaissent dans notre ciel qu'à certains moments en raison de l'inclinaison de l'axe de la terre sur le plan de l'écliptique, les seules qui sont visibles (à ces mêmes moments) depuis les deux hémisphères terrestres et qui servent de prétexte aux horoscopes.

Qu'est-ce que vous dites de ça ?

Vous avez votre opinion, je suppose.

Moi, finalement, je m'en balance : je suis né un 22 octobre !


 

samedi 12 octobre 2024

Défi #842

   

Mais non, pas l'avion de chez Lockheed,
le nez dans les étoiles :

 

Constellation

 


 

Nous l'ont fait en boucles

 

 


 

Walrus ; Vegas sur sarthe ; Kate ; Adrienne ; Joe Krapov ; 

D'où l'importance de la bergère. (Suite de mésaventure champignonesque) (Yvanne)

   

P/ - Tu peux rire espèce d'idiot. Aide moi plutôt...
J/ - Tu crois quand même pas que je vais venir te chercher ?
M/- Hep vous là bas !
Paulo voit arriver en face de lui une femme attifée d'un pardessus à la Colombo brandissant un gros gourdin. Il n'en mène pas large et pense que les ennuis vont commencer. Comment se sortir de ce guêpier ? Évidemment, Jacky a disparu.
M/- Je vous parle : qu'est ce que vous faites chez moi ?
P/ - Pardon Madame...
M/- Vous étiez deux tout à l'heure. Où est passé votre copain ?
P/ - Il est parti de l'autre côté du pré. C'est vos chèvres ?
M/- A qui voulez vous qu'elles soient. Il n'y a personne ici à part moi. Je vous écoute : pourquoi c'est plein de cèpes écrasés dans l'herbe ?
P/- Ben...Mais... C'est les chèvres. A cause du bouc...
M/- Bêêê ! Mêêê ! C'est qu'il bêle mieux que mes biquettes celui-là !
La bonne femme se moque mais ne quitte pas Paulo des yeux. Il voit bien qu'elle n'a pas peur. Qui sait ? Peut être est elle armée ? Finalement, Jacky avait raison : qu'est ce qu'on est venus foutre ici ?
M/- Alors ? J'attends. Il a fait quoi mon bouc ?

Voilà Jacky. Il a dû contourner le bois de sapins. Paulo respire un peu mieux.
J/- Bonjour Madame. On va vous expliquer...Comme on traversait votre pacage, le monsieur à cornes nous a attaqués.
M/- Bien fait. Déjà vous n'aviez rien à faire là. Et puis mon Bigoudi n'aime pas les hommes. Des fois qu'ils s'en prendraient à ses femelles...Vous avez compris non ? Avec les femmes il est doux comme un agneau. Vous allez voir. Bigoudi ! Bigoudi ! Viens ici avec maman.

Jacky et Paulo se regardent et réfrènent une forte envie de rire malgré la situation peu avantageuse pour eux. Le bouc, la barbichette arrogante s'approche, toise les deux amis puis se frotte à sa maîtresse qui semble insensible à son épouvantable odeur.
J/- Euh ! Pardon. Vous êtes la sœur de Louis ?
M/-Vous connaissez Louis ? Je parie que c'est lui qui vous envoie. Quand il peut me mettre la misère celui là, il n'y manque pas. Ne me parlez pas de cet abruti qui m'a mise sur la paille en bouffant tout l'héritage de nos parents. Que les yeux pour pleurer il m'est resté ! Et mes chèvres heureusement.
P/- Non. Ce n'est pas Louis qui nous a envoyés chez vous. C'est juste une coïncidence. On ne l'aime pas nous aussi. Il n'arrête pas de nous causer des problèmes.
J/- Mais on se venge vous savez. Pas méchamment mais on ne laisse pas passer.
M/-Tant mieux ! Venez jusqu'à la maison tout me raconter. Je m'appelle Marinette. Avant, vous allez m'aider à changer mes bêtes de parcelle. Vous tombez bien tiens et vous me devez bien ça. C'est toujours un peu difficile pour moi toute seule de guider le troupeau à travers les chemins. Quelquefois mes filles sont enragées et Bigoudi et moi avons du mal à en venir à bout.
P/- Je veux bien vous rendre service Marinette mais s'il vous plaît, gardez votre animal près de vous. Au fait :  pourquoi vous l'appelez Bigoudi ? C'est un drôle de nom pour un bouc !
M/- Ah regardez le beau toupet cranté qui frisotte entre ses cornes. On croirait que je lui ai fait une mise en plis non ? Et puis c'est rigolo Bigoudi. Il le porte bien je trouve.

Marinette rit tout en appelant ses bêtes. Paulo et Jacky acceptent de lui donner un coup de main. Puis, invités par la bergère ils se rendent chez elle boire un café. Et bien sûr, comme elle l'a demandé ils ne se font pas prier pour lui confier toutes les péripéties occasionnées par son frère. Mais aussi leurs vengeances quelquefois cocasses ce qui fait jubiler la frangine de Louis.

M/- Je suis contente finalement d'avoir fait votre connaissance. Revenez quand vous voulez chercher les champignons chez moi et surtout faites en sorte que ce corniaud de Louis le sache. Vous n'allez pas repartir sans cèpes aussi. Je vous donne ma cueillette de ce matin. Regardez comme ils sont frais et parfumés. Et puis voilà une clayette de cabécous à vous partager. Bonne route et à la prochaine  les amis ! Drôle de bonne femme songent les amis en question ! On reviendra.


La môme Bigoudis (Walrus)

   

Mon père avait un ami qui se prénommait André.

Cet André, question de simplifier les choses, avait un fils qui s'appelait... André !

Ce second André et moi étions amis, question de génération...

C'est avec lui que j'ai fabriqué ma première dose de poudre à canon (recette chinoise : salpêtre, charbon de bois et soufre). C'est avec lui que j'ai pratiqué mon premier troc : une mitraillette Schmeisser enrayée contre un casque américain. C'est avec lui que j'ai appris à me passionner pour le Jazz. C'est avec lui que j'ai assisté à Charleroi au seul concert de Count Basie de mon existence. C'est ensemble que nous avons méprisé le rock'n roll naissant. C'est chacun de notre côté que nous sommes devenus chimistes, lui industriel (il faisait dans les balbutiements du pare-brise chauffant), moi de laboratoire (je faisais n'importe quoi) dans deux établissements séparés de la même institution scolaire.

"Et les bigoudis là-dedans ?" vous écrierez-vous fort raisonnablement : c'est quand même bien moi qui ai choisi ce sujet à partir en boucle...

Vous inquiétez pas, j'y viens : mon copain avait une voisine que nous apercevions régulièrement dans le jardin contigu parée de ces accessoires capillo-modeleurs. Tout le monde l'appelait Ginette sauf mon copain qui l'appelait "La môme Bigoudis".

Comme c'était prévisible, après l'avoir charriée sur ce thème pendant quelques années, il a fini par l'épouser.

Ils ont eu quelques enfants et, pour faire un compte rond, j'imagine, la môme Bigoudis et lui ont joué famille d'accueil pour quelques autres. Je m'en souviens parfaitement vu le nombre de cadeaux dont nous nous munissions quand nous leur rendions visite.

Ça fait bien des années aujourd'hui qu'André est allé rejoindre Satchmo, Bix Beiderbecke et Boris Vian au paradis des cornettistes... (Je me demande ce que sont devenus les centaines de 33 tours de jazz qu'il possédait. Il avait même un copain pilote de ligne qui lui en avait ramené des États-Unis).

Eh oui : j'ai plus d'amis à qui on a pu réciter "Ashes to ashes, dust to dust" que de bien vivants.

Bah, l'essentiel demeure malgré tout :


Ont créé un truc explosif... ou pas

      Walrus ; TOKYO ;