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Fruit de l’églantier, cynorhodon,
du grec kunόs (chien) et rhόdon (rose)
Lorsque dans un peu moins d’une semaine, vous lirez ces quelques
lignes, je repenserais alors à l’écriture de ce post, post où j’aurais
pu tout simplement vous décliner tous les bienfaits du fruit de
l’églantier et de ses vitamines. Celui du rosier des chiens. Fameux.
Mais commençant juste à écrire, mon esprit vagabonda derechef, comme
souvent, sur mes origines bretonnes.
MALLOZH GAST ! Garder un chien de sa chienne gentiment,
comme le dit souvent, grommelant doucement, gentiment, le cousin Walrus
quand il défie ici, pianotant sur son ordi, et que son chien, qui je le
rappelle est une chienne jolie, ne fait que de l’embêter.
Il me vint donc l’idée de flâner sur mon arbre généalogique - fruit
joli aussi de tant de mes sueurs. Car je remarquais que kunos en grec
ressemblait fort à ki, kon le chien en breton. Je voulais voir si
j’avais des chiens et des roses. Comme ancêtres. Alors, j’y frôle dans
les années 1600-1650 deux Louis Conan (chien), une Marguerite, un Jean
Tanguy (chien de feu) et une Jeanne. Et un autre Jean, Rosnen (rose)
lui. C’est dire.
Une histoire canine de choux et de roses, certes, mais sachant
surtout que l’un de ces ancêtres est un implexe, un doublon, car mon
grand père et ma grand mère en descendent, et sont donc cousins. Fort
heureusement la branche de ma grand mère passe par un certain Joseph
Boulc’h, dont la femme Marie - celà ne s’invente pas - vers 1820 fauta
en adultère de feu avec le petit fils d’Ignace. Du coup, il n’y a plus
de cousinage réel chez mes grands parents, donc.
En effet, vers 1750, Ignace Wilhem, chef mineur autrichien, venant du
Tyrol avec son savoir-faire, s’installa dans la région. Épousant au
passage une jolie bretonne. Du sang neuf allait couler. Ouf. On a eu
chaud. Pensez !
Au village du Guilly, celui de mon père, où tous ses ascendants
finirent par arriver, les uns après les autres, le parler breton est
très spécial, petit chien se prononce ki bine. Au lieu de ki bihan,
comme tout le monde le dit. Même vous. Les missionaires gallois du
Guilly, qui avant de venir avaient bien appris le breton, en perdirent
leur latin. Quant aux futures ouailles ...
Enfants en vacances, on retrouvaient tonton Robert qui avait avec lui
un tout nouveau chien chaque année. Chaque fois, on demandait son nom :
Ki bine ! répondait imperturbablement l’oncle breton taiseux. Bon.
Roz-agroaz, l’églantine pousse dru dans les haies au Guilly. Certes.
Mais ici la douceur de la rose et la gentillesse du petit chien ont fait
place aux méchants loups. Juste les épines, donc. Ce village était
isolé une bonne partie de l’année. Les gens alentours parlaient des
loups du Guilly. Pas sympas du tout les habitants du village, non, même
vus par les autres bretons.
http://protestantsbretons.fr/docs-cont/lecole-protestante-du-guilly-en-1900/
Et puis l’école du Guilly devint célèbre dans la région. Nombre
d’enfants y passèrent, y apprenant contraints un bon français, dit et
écrit. Les certificats d’étude furent légion.
Aujourd’hui c’est comme tout, il n’y a plus rien, ne restent de
l’école - amenée neuve en grands kits par bateaux, du pays de Galles -
que les ruines.
Et autour de la cour, dans les haies redevenues sauvages, naissent, poussent, s’enroulent, fleurissent, fructifient et meurent, les je vous le donne Émile.....
..
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Salle de classe
Sur le noir des tableaux
Aux paysages des enfants sages,
Voici les écoliers, qui
Des images vont à pied,
Par les chemins,
Dans la neige des kilomètres
Chronomètres.
Mains gelées au charbon, qui
Dans la classe y rougeoie,
Y rugit, aux lettres d 'alphabet.
Pleurs et rires en ponctuation,
En dictions et dictées, abhorrées, qui
En punitions, qui
En cour de récréation …
Bancs d 'école aux bancs de bois
Aux abois, d 'essais, qui
Bonnets d'âne et blancs bonnets,
En bons points,
Sous les sarraus, lisent encore ...
Cavalier
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Conan : Surtout porté dans le Morbihan, c'est un
vieux nom de personne breton formé sur le mot "kon" (= chien et
par métaphore guerrier). Plusieurs chefs et un saint bretons ont porté
ce nom. Variantes : Connan, Connen. Dérivés : Conanec, Conannec,
Connanec.
Tanguy : Nom breton très répandu dans le Finistère. C'est un nom de personne formé sur les racines "tan" = feu et "ki" = chien (sans
doute avec le sens de guerrier ardent). Le nom a été popularisé par un
saint légendaire du VIe siècle. Variantes : Tangui, Tanguis."
Rozen : Porté dans le Finistère et le Morbihan, le
nom peut désigner en breton soit la rose, soit une colline à végétation
de lande (breton roz dans les deux cas). On préfèrera ce dernier sens,
il s'agirait donc d'un toponyme devenu nom de famille.
Avec Ignace VILHEM on touche l’histoire du secteur
de production des non ferreux (plomb, cuivre, zinc et argent) dans
l’espace technico-économique français du XVIIe. En effet,
l’Administration française n’avait de cesse de relancer une activité
minéro-métallurgique qui s’était éteinte au cours du XVIè siècle. Mais
où prendre modèle ? Le royaume de France, ne disposait d’aucune
tradition. La minéro-métallurgie allemande va représenter un exemple
incontestable. Et les efforts furent payants : en fin de siècle, le
royaume produisait 1.500 tonnes de plomb brut et 2 tonnes d’argent, une
production essentiellement localisée en Bretagne (Le Huelgoat-
Poullaouen, Pont-Péan, Chatelaudren). Ces mines et fonderie
travaillaient essentiellement pour l’Armée et la Marine. La fonderie de
Baigorry fut ré ouverte en 1728, une concession royale étant accordée à
M. Beugnière de la Tour. Ignace partira travailler un moment dans les
mines de Banca (mines de cuivre). C’est à proximité de cette fonderie
qu’un noyau humain s’était établi fondant ainsi le hameau de « La
fonderie » qui faisait partie de St Etienne de Baïgorry ou naîtra
Christophe son fils. Ignace mourra en Espagne car en 1768 les français
avaient fondé une société pour l’exploitation des mines argentifères de
Guadalcanal. Rechercher tous les actes correspondants ...
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L’intérieur de la salle de classe du Guilly vers 1900-1905. C’est une classe unique et mixte dont les effectifs approchent les 70 élèves. Au fond, Henri Chopin. (photo fonds privé Jenkins-Le Roux).
Ça c'est du beau boulot ! Tu devrais bien t'entendre avec l'Adrienne qui, elle aussi, creuse profond dans le tronc de son arbre généalogique.
RépondreSupprimerEt il faudra que je pense à appeler mes petites-filles "Bine" : ce sont des Le Bihan ! :-)
Eh ben ! Moi qui crains toujours d'écrire trop long ! Mais ce n'est pas un reproche parce que c'est passionnant, ce que tu racontes : la généalogie est, elle aussi, un sacré poil à gratter !
RépondreSupprimerOn part des gratte cul et on arrive aux tondus ! Enfin presque. Je remarque qu'il n'y a pas beaucoup de filles dans cette classe. Et fait surprenant : elles ont la tête couverte. Les temps avaient changé dans les décennies dernières puisque les célibataires corréziens ou des départements voisins allaient chercher femme en Bretagne. ;-)
RépondreSupprimerJ'ai lu ton texte avec grand intérêt Cavalier. Et j'ai particulièrement aimé ton poème-hommage aux écoliers d'antan.
Vraiment magistral autant que passionnant ! L’école et ses sarraus parlent à mon cœur et la généalogie, l’origine des noms me passionnent. Mais... il me semble me souvenir de textes où tu évoquais d’autres origines que bretonnes, en raison du fait que, comme moi (et de nombreuses personnes, heureusement), tu as certainement plusieurs origines.
RépondreSupprimerCasse-tête passionnant ! Que de recherches dans les archives !!!
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