samedi 18 mai 2024

Ne m'appelez pas Nicolas ! (Kate)

 

Ne m'appelez pas Nicolas !

- Paraît qu'il serait parano ?

- Ah ! Mais pourquoi tu dis ça ?

- Regarde ses yeux, écoute ses mots...

- Attirant, ombrageux, mais ça va...

- Non, il prend tout au pied de la lettre !

- On dirait que c'est plutôt toi qui trimballes ton mal-être !

Nicolas (*), oui, Nicolas Para... quelque chose, ce collègue qui chaque matin prenait si mal le "Comment vas-tu ?" amical que certains lui adressaient encore et quand il leur répondait, leur balançait des répliques du style : "T'es docteur, toi ?", "Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?", quand ce n'était pas des polémiques invraisemblables du genre : "Qu'est-ce que tu as contre mes origines slaves (*) ?"

La journée démarrait bien ! Et si certains jours, il restait totalement à l'écart, on savait qu'il était là mais on ne le voyait pas, il faisait planer une certaine inquiétude.

Bien des années plus tard, - il n'était resté qu'un an -, on se remémorait encore cette fameuse réunion de trois heures de fin de semaine où nous étions une petite dizaine et à laquelle il avait daigné assister. Rien de passionnant mais chacun avait plus ou moins participé en essayant de faire avancer ce projet qui nous concernait tous, bien que peu enthousiasmant.

Lui seul n'avait pas pipé mot, le regard fixe ou vide, difficile à décrire, et le lundi matin, son humeur n'avait jamais été aussi massacrante. Il en résultait, d'après ce qu'il aurait confié ou plutôt hurlé à quelqu'un, que cette réunion avait été particulièrement agressive à son égard et que plusieurs personnes avaient dit du mal de lui. J'ai à ce moment-là bien compris qu'il n'était plus ni utile ni nécessaire de lui dire bonjour, au revoir et encore moins comment vas-tu... Que la seule conduite à tenir était de l'éviter, de le contourner, de l'ignorer, même si cela relevait d'un effort énorme et pénible. S'il m'arrive encore de le croiser au hasard d'une rue, je tourne évidemment la tête de l'autre côté ou je fais comme si je ne le connaissais pas... ce qui n'est pas tout à fait faux !

Pour conclure sur une note plus littéraire, un autre Nicolas, déjà évoqué ici :

(extrait de : 

)

(*) j'ai changé

10 commentaires:

  1. Oui, c'est tout-à-fait ça : si tu lui parles tu l'agresses, si tu ne lui dis rien, tu le snobes ! J'en connais de tous pareils...

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    1. On les reconnaît vite ! Et on les fuit...

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  2. On dirait bien une histoire vécue Kate ! Au lieu de l'éviter ce Nicolas peut être fallait-il au contraire plus s'occuper de lui. Mais sans doute pas facile du tout quand on a en face quelqu'un qui rebute par ses attitudes.

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    1. Même avec des collègues plutôt désagréables, j'ai des souvenirs de moments sympa, mais avec lui aucun... que des mauvais ! Mais l'aide n'aurait pu lui être apportée que par un psy...

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  3. J'ai lu "Le Revizor" de Gogol, m'est avis qu'il avait raison de se douter de tout.

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    1. Oui, cette pièce est formidable, je l'ai vue. Ce grand auteur avait beaucoup de sensibilité et de talent !

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  4. Belle description de paranoïa, comme Yvanne, je pense qu' on dirait bien que c'est du vécu

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    1. Merci Lecrilibriste, seuls deux changements, que j'ai mentionnés...,)

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  5. pas facile de tisser des liens avec un parano, sa méfiance est inscrite en lui comme un moyen de survie, alors la stratégie de fuite est une bonne option car de toute façon quoi que tu fasses ce sera interprété comme une agression. J'imagine qu'en entreprise ça ne doit pas être facile de travailler en équipe avec ce type de personnalité !

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    1. C’est vrai, Nana ! Et lui, pas possible de travailler ensemble !😱

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Ont entassé de la neige à la pelle

        Walrus ; Lecrilibriste ;