samedi 2 août 2025

Défi #883

   

  


 

Sont tombés du ciel

   


  

Ghislaine ; TOKYO ; Marie Sylvie ; Walrus ; 

Kate ; Yvanne ; Lecrilibriste ; Joe Krapov ; 

François ;

 

LA CHUTE (François)

   

 

Du ciel, elle semble tomber,

D’une hauteur conséquente,

Mais comment va-t-elle chuter ?

L’épreuve ne lui parait pas éprouvante !

 

Pour limiter sa prétendue chute,

Elle n'a pas besoin de s'agiter

Démunie d’un parachute,

Elle ne se fera pas mal,

Vous allez le constater.

 

Le photographe a bien zoomé.

La mer bleue n'est qu'une piscine,

Et la femme dans la mer grise piétine,

Dans l'écume sous un ciel embrumé.

 

Des vacances de ouf. (Yvanne)

  

 

Ras la casquette des vacances chez papy-mamie ! J'ai douze ans quand même. Je suis plus une gamine. Je crois dur comme fer qu'en plus, ils se passeraient de moi. Je le vois bien et je ne fais rien pour arranger les choses. Tant pis pour eux. Je boude. A longueur de journée je boude. Qu'est ce que je peux faire d'autre ?


Je réponds plus aux messages de Manon qui chille sur la plage dans le sud. Elle flambe pour m'épater la gueuse. Je la tej à la rentrée cette meuf mitho 'toute façon. Je peux pas appeler Emma : elle est aux US avec sa famille. Ils sont pétés de tunes ceux là mais ça va : Emma n'est pas iench : elle partage.


Alors j'attends que ça se passe à Bérouet les Bains (c'est moi qui appelle ce trou du c. comme ça) Mais c'est le bagne . Si je reste au lit le matin pour que le temps passe plus vite mamie entr'ouvre la porte de ma chambre dix fois. Pour voir si je suis pas morte. Quand je finis par ouvrir un œil elle fait celle qui est désolée. Elle m'agace. Mais elle m'agace !


Je me lève. Un petit déjeuner ENORME trône sur la table de la cuisine. Et elle me beurre des tartines. Et elle me coupe deux morceaux de brioche qu'elle nappe d'une épaisse couche de confiture. Elle sait pourtant que je n'avalerai rien. Je veux pas devenir une vache. J'ai beau lui dire que c'est du gaspillage. Qu'il y a des enfants dans le monde qui n'ont rien à bouffer. Peine perdue. Elle me trouve maigre .

- « Il faut que tu te remplumes ma chérie. Je me demande ce que vous mangez à Paris. .

  • D'abord mamie on n'habite pas à Paris. Et ma daronne cuisine.

  • Ta quoi ?

  • Ma mère.

  • Tu veux être polie Cloé ?

  • Mais c'est pas un gros mot mamie. Tout le monde parle comme ça.

    Je veux pas dire mais ils sont bolosses mes vieux quand même. J'ai pas le choix. Il faut que je « sois  mignonne » comme ils me serinent à longueur de journée si je veux aller au village cet aprèm.

  • Tiens voilà encore l'autre qui passe et repasse avec sa bécane devant le jardin. Il est chelou celui là. Askip c'est « une tête ». Il peut bien me calculer. M'en tape. Je le trouve trop moche avec ses grosses lunettes, on dirait un têtard à hublots.

Bon. Ils sont gentils mes grands parents et je les kiffe bien. Mamie m'a donné du flouze ce matin et papy m'emmène au village après sa sieste. C'est trop stylé ! Il y a un trampoline géant au parc. J'adore. J'arrive à rebondir très haut. Ah mais voilà l'intello !

  • Salut ! Tu veux que je t'envole ?

  • T'es Goldman toi ? Non. Alors dégage. Tu me bouches la vue. Et déjà qu'elle est pas belle !


Lexique :

  • Chiller : prendre du bon temps.

  • Flamber : se vanter.

  • Tej : jeter.

  • Mytho : menteuse.

  • Iench : chienne.

  • Bolosse : naïf.

  • C'est trop stylé : c'est trop bien.

 

Mais on est où, là ?! (Joe Krapov)

 

 

 

- Descends de là immédiatement ! 

- Peux pas ! C'est trop bien ! 

- Descends de là tout de suite ! Obéis ! Mais on est où, là ?! 

- A Faux-la-Montagne ! Dans la Creuse ! 

- Et alors toi tu as besoin d'être dans un trou perdu pour rebondir ? 

- Pour sûr ! Je peux même dire qu'ici je m'envoie en l'air ! 

- C'est du propre ! A ton âge ! 

- Hé ! Ho ! Va pas penser à des choses comme ça, non plus ! Les plaisirs sont tout autant intellectuels que physiques, ici ! 

- C'est à dire ? 

- J'ai vu une exposition, participé à deux ateliers d'écriture, assisté à trois concerts, une soirée goguette, un bal, cinq pièces de théâtre, un spectacle de contes, une lecture concert, une criée de petites annonces drôlissime, quatre lectures dont une très animée des poètes du "Chat noir" que j'adore, un cabaret clown, une rencontre d'autrice, un film documentaire… Tous ça en trois jours, tout gratuit, dans les jardins des habitants, la salle des fêtes ou même l'église. Et je ne te parle pas du discours d'inauguration hilarant de madame le maire ! Inoubliable ! 

- C'est ça, tes vacances ? Quelle folie !  Que de mots inutiles ! 

- Justement, ce festival s'appelle "Folie ! les mots" ! 

- Arrête ça immédiatement et descends de là. C'est terminé, maintenant ! 

- Justement c'était la 20e et dernière édition. Mais ici c'est une terre de résistance. Il y a des chances pour que des gens prennent le relais et qu'il y ait encore quelque chose l'année prochaine. Sinon l'été 2026 sera bien triste ! 

- En attendant de pleurer toutes les larmes de ton corps, descends immédiatement et viens rassembler la gauche ! 

- Bon, OK, j'arrête mais pas forcément pour ça. Il me reste encore trois jours pour faire de la rando dans le coin autour du lac de Vassivière ou du lac du Chammet et au retour on fait un arrêt à Parthenay pour le festival "De bouche à oreille". 

- Mais on est où, là ? Indécrottable sybarite !

 


 

Lévitation ? (Lecrilibriste)

   

 

Est-elle tombée du ciel lors de la dernière pluie
Est-elle plutôt en train d’y monter
Pour voir s’il fait toujours beau au-dessus des nuages
On est-elle en train sans hésiter, de léviter

Émilie ?

Légère comme une bulle de savon
Droite comme un « i »
Sérieuse et concentrée
Cheveux au vent
Elle s’est libérée de la pesanteur
Et défie la gravitation
Pour quelques instants
Et elle aime ça, qu’on se le dise ! 

Elle retombera
Dans la piscine
Ou sur le trampoline
Mais Sans se casser !

 

 

Sur saut (Kate)

   

Surprendre par
Un saut
Rebondir après le départ
S'élancer vers le haut
Amplifier le rebond
Un corps tendu
Tel un obus

Savourer l'instant
Un paysage changeant
Regarder les toits
S'en remettre à soi
Avoir la joie de trouver bon
Un moment intense
Tel une danse

     qu'on décidera de finir
     dès qu'on commencera à ralentir...

 

 

Lévitation en ciel breton (Walrus)

   

  


 

Ben quoi ?...

 

"Lévitation" : ça se voit non ? 

Et "Ciel breton", ça se voit pas, peut-être ?

 

 

 

REBONDS D' ÉVEIL (Marie Sylvie)

  


En regardant cette photographie de cet enfant qui saute sur un ballon trampoline, une mémoire enfouie est remontée à moi. Un souvenir vif, suspendu qui a donné naissance à ce récit. 
L'image du saut, du corps figé dans les airs, m'a rappelé une expérience que j'ai vécu après une tentative d'assassinat....trois jours entre ciel et terre, dans un coma que j'ai perçu comme une série d'évanouissements et de retours à la conscience, chaque éveil ressemblant à un rebond sur un tremplin céleste. 
Cette photographie est devenu pour moi une métaphore visuelle puissante, presque mystique, de cette traversée de l'indicible.
Mon texte nous plonge entre souffle et silence, vie et absence, avec un miroir en guise de témoin  ....



       Ce jour-là, tout a basculé. Une main, un geste, une violence inouïe tentèrent de briser mes cervicales comme pour m'effacer. Le souffle arraché, le corps glacé ... et puis plus rien. 

Trois jours suspendue entre ciel et terre. Ni ici, ni ailleurs, comme un bond sur un trampoline cosmique, projetée dans les airs, le corps figé à l'apogée, le souffle suspendu dans un entre-deux. Chaque rebond était un éveil furtif, fragile. À peine la conscience revenue, le simple fait de vouloir remuer me faisait rechuter comme une chute au ralenti vers l'évanouissement. 

La médecine appelle cela  " Coma", mais moi, je l'ai vécu comme une suite de départs et de retours, comme une série de sauts vertigineux entre vie et non-vie. Une boucle étrange, haletante, où chaque élan vers la lucidité se heurtait à une brume invisible, où à chaque éclair de conscience, l'envie de bouger me replongeait dans l'obscurité. Un va-et-vient incessant entre le néant et la douleur. 

Dans ce brouillard d'âme, cette errance floue, une image m'a marquée, une scène m'est restée gravée comme un souvenir vif, presque irréelle :
Mon époux, penché sur moi, un miroir de poche en main. Cette vision de ce geste m'a interpellée, hantée, obsédée même. Pourquoi ce miroir ? 
Pourquoi cette image si précise dans un monde aussi incertain ?
Pourquoi cette scène gravée alors que tout était censé être effacé ?

À mon réveil, dans ce monde qui ne ressemblait plus tout à fait au précédent, je lui ai posé la question. Il m'a expliqué simplement, doucement, qu'en cas de doute entre vie et mort, on place le miroir sous le nez. Si la vie est encore là, même fragile, une fine buée se dépose sur le verre.
Cette révélation m'a touchée au plus profond car au cœur de ce passage flou entre deux monde, ce miroir était peut-être le symbole de mon souffle encore présent. Une étincelle de vie que lui, mon pilier,  avait tenté de percevoir. 

Et dans cet entre-deux, j'ai compris qu'il y a des éveils qui ne sont pas que physiques. Ce sont des éclats d'âme qui interrogent notre esprit, nos liens, nos vérités. 
J'ai ouvert les yeux sur l'essentiel. 


 

Sont tombés du ciel (TOKYO)

   

Sont tombés du ciel (Version dystopique – enfants génétiquement parachutés)

Le nouveau programme s’appelait Drop & Grow.

Les enfants, conçus en laboratoire, étaient parachutés dans des zones à repeupler.

L’État garantissait un pack de départ : un kit d’éducation, deux robots nourriciers, une mission.

Personne ne s’en souvient, mais la première génération fut larguée un 12 mars.

Il pleuvait.

Aujourd’hui, ils ont grandi.

Et ils veulent savoir qui les a lâchés.

Et surtout : pourquoi.

 

Un saut de jeunesse (Ghislaine)

  


Un léger bond comme un souffle d’air,
Ses pieds quittent la terre, elle est fière.
Sur la toile bleue, peur de rien, elle s’élance,
Libre et vive, sa jeunesse est comme une danse.

Le vent fait voler ses longs cheveux,
Le monde en bas devient loin, curieux.
Dans un instant en suspension, elle vole,
L’enfance en plein essor, sans boussole.

Au sommet d’un coussin géant,
Elle s’envole, libre, en riant.
Le ciel est bleu et dans son cœur,
C’est un éclat de mille couleurs.

Suspendue entre sol et vent,
Elle défie le temps, l’instant.
Un saut, un rêve, une illusion,
Petite jeunette en ascension.


 

Défi #883