samedi 21 juin 2025

Défi #877

  

Allez, je vous en colle une au mur :

 

Lambris


 

 

Ont fait une bonne pêche

 

 



  


  

Ghislaine ; Marie Sylvie ; Kate ; Joe Krapov ; François ;

Adrienne ; Walrus ;



Comme on peut se tromper...(2) (Walrus)

   

On ne m'y reprendra plus ! Au lieu de me fier à de vagues impressions (ou souvenirs), quand un mot se présentera à mon esprit, j'irai vérifier de quoi il retourne vraiment, promis!

Parce que cette fois encore, je me suis laissé emporter par de vagues associations d'idées, comme les fanons et les baleines, la filtration et le krill.

Je n'ai pas cherché plus loin et je me suis dit que le krill devait être un bouillon de petites créatures marines, animales et végétales qui parvenait à rassasier de monstrueuses baleines.

Eh bien non, non et non, le krill, c'est pas une soupe variée, c'est un bête petit crustacé, une sorte de petite crevette que même les  grises de la mer du Nord qui sont déjà pas grosses le sont quand même plus que lui.

Du coup je me demande combien il en faudrait pour garnir une tomate-crevettes comme  à Nieuport ou Ostende.

J'espère que la question ne va pas m'empêcher de trouver le sommeil cette nuit en remplissant mes rêves de bancs tourbillonnants de ces maudites bestioles.

Et ne me dites pas "Bien fait, ça t'apprendra à nous embêter avec tes mots à deux balles !"

  

 

Plus krill, le style ! (Adrienne)

   

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la presqu'île,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu te biles.
J’irai par la forêt, j’irai par les périls.
Je ne puis demeurer loin de toi, de ton krill.

Je marcherai les yeux fixés sur les terrils,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun tilt,
Seul, inconnu, le dos courbé, mal sur le grill,
Triste, et le jour pour moi sera comme une tuile.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui file,
Ni les voiles au loin descendant vers le Nil,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur tes cils
Un baiser de moi, de Phil, de Bill et de Gilles.

 

le braconnier de civelles (François)

 
 

 

 

Il travaillait une partie de la nuit,

Pour jeter son filet à maille serré.

L'interdiction pouvait lui causer des ennuis,

Il n'était pas un pêcheur agréé.

 

Caché par les frondaisons,

Dans un méandre oublié de la Loire,

Les jours sans lunaison,

Il prenait le risque d'aller au-devant de déboires.

 

La civelle appelée aussi pibale,

De l'anguille est le bébé,

L’eau douce du fleuve l'éloigne de l’aval,

Où elle va grandir et s’enrober.

 

Notre braconnier voulait gagner de l'argent,

Ce poisson étant vendu très cher,

Il commettait des actes affligeants,

Hors quota, en détruisant la ressource en la matière.

 

Peut-être dénoncé par une voix anonyme,

Il fut pris au piège par la maréchaussée.

La réponse du juge ne fut pas magnanime,

Il eut une amende et un billet d’écrou préfacé.

 

Musique funéraire pour banc de crevettes (Joe Krapov)

 




Vaste lueur sépulcrale,
Avant de nous trouver
Bouffés par de plus gros,
Plus voraces que nous

Laissez nous, - pauvres krills ! -
Nous souvenir, tranquilles,
Des pauvres barcarolles
Du temps de notre enfance !

Ne nous accablez pas
De vos karaokés
Où toujours caracolent,
Sinistres cas d’école,
Aznavour et Sardou
Qu’il nous est dur d’entendre !

Dies irae, dies illa !
Pas plus d’îles lointaines
Que de filles alanguies
Ou de colliers de fleurs
Ni même de couronne
Là où Neptune trône !

Nous refusons qu’on nous emmène
Au son d’« Hallelujah »
De Leonard Cohen
Dans le ventre de la baleine
Qui reprendrait à perdre haleine
L’heureux frein de notre existence
Décliné en lyriques stances
Auxquelles, parmi notre troupeau,
De fait, personne n’entend mot !





Écartez l’Amant de Saint-Jean !
« C’est du passé, n’en parlons plus ! »
Si, justement !
Nos funérailles et puis antan !

S’il n’y a plus d’après
A Saint-Germain-des-prés
C’est que c’était bien mieux avant,
Quand nous étions enfants,
Rêveurs, adolescents,
Métèques inconscients,
Simples amis de Georges
Et de son vieux Léon
Porteur d’accordéon.

Laissez Françoise Hardy
Et son amie la rose
L’espace d’un matin
Disserter sur les choses !

Faites taire toute parole
Et toute voix de casserole !

S’il s’agit de trouver sommeil
Dans cette immensité marine
Je ne sais plus pure merveille,
A l’instant tragique où l’on clamse,
Que la petite berceuse de Brahms
Aux sonorités cristallines.




S’il s’agit de dire « Et puis zut !»
Empruntons cet air de « La Flûte » :
Les clochettes de Papageno
Feront danser les bigorneaux !


Elles sont à 3 h 13 ' et 40 "

S’il faut s’abstenir de querelle
Et reconnaître l’existence
D’une culture télévisuelle
- Pauvre dernier lien entre nous ! -

Entrant au monde du silence,
Conjuguons, à bouche fermée,
A l’indicatif de l’absent,
Les mélodies de Vangelis
- Ben oui, le Papathanassiou ! -
Puisqu’il s’agit tout là-dessous,
Dernier récif à la Rossif,
D’apocalypse d’animaux

Ou, un peu au-dessus de ça,
S’il faut plonger en transparence,
Cet air, bien plus de circonstance,
De la matrice Thalassa !




C'est la mer... (Kate)

 

Un défi ? Un jeu ? Un défi qu'on se lance à soi-même ? Un remue-méninges ? Difficile de connaître le nom de ce jeu mais en a-t-il seulement un ?

Ici il est appelé d'une "ligne à l'autre" :

là, un titre fait le lien entre les deux mots :

et j'aime plutôt ça... Oui, c'est l'été ou presque, la mer, la plage, les jeux... Mais qui invente tous ces jeux ? Pas moi en tout cas ! J'ai pourtant essayé d'aller de KRILL à CACAS en changeant une seule lettre à chaque fois... mais peut-être n'est-ce pas possible ? Voyons :

K R I L L

G R I L L

G R I S E

C R I S E  (j'ai la première lettre !)

C R I E E

C R I E S (j'ai la dernière !)

C H I E S (là, ça patine...)

C H I A S (j'ai la quatrième lettre, et de trois... sur cinq !)

Beaucoup d'essais, de tentatives, d'efforts... mais je n'arrive pas à :

C A C A S

Il y a un hic !

Comment dire ?

Que le krill peu m'inspire ?

Comment faire ?

Une échelle de mots

Genre "chaîne alimentaire" ?

Y'a du boulot !

Ce krill

est donc sur le grill

et malgré sa couleur grise

il est en crise

mais son point fort

ce sont les excréments,

oui, c'est comme ça qu'il s'en sort,

apparemment !

En plus de fournir du carbone

avec son caca

(oui, c'est un cas !)

Quoi ! Plus rien ne vous étonne ?

Eh bien il se défend

de ses prédateurs 

grâce à l'odeur de leurs excréments :

il les sent

et ils ne sentent pas bon

tandis que les siens sont bons

pour la planète

vraiment

inquiète

C'est la mer...

d'ailleurs au goût amer...

 

(extraits de :

)

LEÇON D'UN BANC DE KRILLS (Marie Sylvie)

   

Dans l'immensité froide, un ballet se dessine, 
Des millions d'âmes minuscules s'alignent. 
Sans chef, sans parole, sans quête de pouvoir, 
Elles dansent ensemble sans jamais se vouloir. 


Pas de drapeau, de frontière ou de nom,
Juste l'instinct doux d'une union en fusion. 
Le krill sait, sans orgueil, sans rancune, 
Que sa force naît de la tribu, de la lune.


Et l'homme,  grand penseur de sa propre grandeur,
Qui bâtit des empires au prix de la douleur,
Se drape d'intelligence et d'artifices brillants
Mais trébuche souvent sur ces égos grondants. 


Lui qui rêve d'ascension, de conquêtes, de lois, 
Oublie que la grandeur ne naît pas dans la voix
Mais dans l'élan du cœur, discret, silencieux 
Tel un krill anonyme voguant sous les cieux. 


Alors, qui est sage ? Qui est le plus fort ?
Celui qui s'isole ou celui qui s'accorde ?
Peut-être qu'un jour l'homme comprendra 
Qu'être ensemble, vraiment, c'est le plus grand des pas .


 

LeKrill de l'océan (Ghislaine)

   


Il y a très longtemps, vivait une créature mythique appelée LeKrill. Ce n'était pas un seul être, mais une entité faite de millions de minuscules krills, liés par une même pensée, un même souffle. Ensemble, ils formaient un nuage vivant qui parfois émergeait des flots.

LeKrill apparaissait uniquement aux marins perdus, guidant leur navire vers les terres oubliées ou les emportant dans les royaumes engloutis, selon la pureté de leur âme.

On dit qu’un jour, il montera jusqu'à la surface et couvrira l’océan tout entier pour réveiller l'autre vie endormie des fonds marins. Ce jour-là, le monde des hommes entendra à nouveau la voix des profondeurs et ils sauront qu'ils n'ont jamais été seuls !

Mais prends garde.
Nul ne peut toucher un seul de ses krills sans être maudit par les vents des marées…Car,
il surgit quand le monde dort.
Un frisson, une masse qui respire en tournoyant.
On murmure que ce n’est pas un banc de vie,
mais un souvenir vivant.
Certains l’ont vu sans savoir qui il était.
D’autres n’ont vu qu’un frémissement et n’ont plus jamais dormi.
Est-ce un appel ? Une mémoire ? Une illusion née du silence ?
On ne sait pas. LeKrill a envahi leur essence de vie.

Ne regardez jamais plus l'océan comme avant.

 

  

samedi 14 juin 2025

Défi #876

   

Mettez nous ça sur le grill !

 

Krill 



  

 

Ont mérité une petite chanson

 

 



 


 
 

Jubilations Mandoliniennes (Joe Krapov)

 

Marina Bourgeoizovna qui est à la fois mon épouse devant les hommes et mon étoile filante devant les constellations s’adonne quelquefois à des activités de conteuse pour enfants dans une école de Rennes.

Il paraît que ça les calme, les mômes. Elle, je ne sais pas. Elle en revient chaque semaine avec des stupéfactions grandissantes d’avoir entendu dans la bouche des petiots des choses comme « Ça ne sert à rien, d’écrire ! ».

Écrire ? Si, ça sert à faire rire !

Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais moi, de mon côté, j’anime depuis de nombreuses années un atelier d’écriture qui a pour effet d’emmener dans le silence pendant une heure des dames dont la plupart ont l’âge d’être les grands-mères des mioches précédemment cités.

Pour calmer les enfants et faire taire les piapiateuses, il n’y a rien de tel que les images. Comme on nous disait autrefois : «Sois sage et tu auras une image !».

Dernièrement j’ai utilisé pour animer cet atelier celles d’un jeu de société collaboratif appelé "Le fil rouge : dans leurs regards ".





Il s’agissait, collectivement, de remettre dans l’ordre chronologique les scènes muettes d’une soirée de réveillon puis de décrire toute la suite d’événements du point de vue d’un seul et même personnage.

Je crois bien que c’est la séance d’atelier d’écriture qui a procuré à son animateur la plus grande des jubilations. Les écrivantes n’étaient pas non plus dans une désespérance profonde même si les images du jeu et les textes qui en sont nés sont profondément ancrés dans le réel. On a bien ri ce jour-là dans la salle Mandoline de la Maison de quartier de Villejean. En témoigne l’enregistrement ci-dessous.


P.S. Il paraît qu’en espagnol « retraite » se dit « jubilación ». J’en profite pour souhaiter une bonne « jubilación » à ma collègue Isabelle qui met un terme à la fin du mois à son travail de « servante du château ».



JUBILATIOIRE (François)

 

Un jeune homme pour son anniversaire,

Invite copines et copains,

Avec l'approbation de père et mère,

La fête va bon train.

 

Ses parents lui ont laissé la maison,

Le groupe se sent vite libre,

Il s'exalte avec raison,

On peut croire que certains sont ivres.

 

Elle est si grande l'exaltation

Que sont commises quelques bêtises.

Qui créent quelques jubilations.

Qui a cassé le vase de Venise ?

 

Il y eut des réponses humoristiques,

Des rires gras et hilares.

Ainsi va cette jouissive pratique.

 

La maison est mise à sac sans crier gare.

Et la fête devient jubilatoire,

Avec des conséquences qu’il faut croire,

Qui vont entrainer bien des déboires.

 

Jubilation intérieure (Kate)

   

Joie de participer à
Un tournoi de bridge de
Bien s'entendre avec son partenaire
Imaginer les mains des adversaires
Lancer les enchères
Atterrir à un contrat valable
Tabler et faire un top
Inventer plusieurs plans de jeu
Opter pour l'un d'entre eux
Ne pas jubiler ouvertement

 

 

Comme on peut se tromper... (Walrus)

   

Le mot m'est passé par la tête et je vous l'ai filé. Ben oui, je suis comme ça, je suis un peu comme un de nos anciens premiers ministres de l'immédiat après guerre dont la devise était "J'agis, puis je réfléchis !" (Achille se prénommait-il).  

C'est au moment où j'ai cherché une illustration au mot que j'ai commencé à avoir des doutes. Je n'ai trouvé que des scènes de liesse exubérante, avec de petits bonshommes qui sautent et s'agitent dans tous les sens ! 

Pendant plus de quatre-vingts ans j'avais toujours pris le mot au sens d'un sentiment de joie certes intense, mais intérieure. Un de ces trucs qui vous met le cœur au chaud, une béatitude, une satisfaction qui s'auto alimente mais pas jusqu'à l'explosion.

Mais voilà : tous les dicos sont contre moi, alors...

Bah, c'est pas très grave, c'est pas tous les jours que  j'éprouve ce sentiment non plus... 
L'important, c'est qu'il soit là, au diable son nom !

  

ODE AU TEMPS PERDU (Marie Sylvie)

  


Nous avions jadis, au creux de l'instant, 
Une lente ivresse, un rêve errant. 
L'éclat fugace des heures offertes 
Telle une danse libre et imparfaite. 


Mais voici qu'aujourd'hui l'on compte, l'on presse,
Chaque seconde pliée en allégeance,
Un souffle dicté par l'urgence 
Sans jamais goûter à l'ivresse.


Ô temps perdu, non pas oublié 
Mais effacé sous l'horloge sévère 
Où l'homme troque l'éphémère 
Pour un futur trop bien planifié. 


Que revienne l'éclat d'autan,
La jubilation d'un temps flottant,
Retrouvons l'art de flâner, 
De contempler sans regret 
La douce errance d'une pensée 
Sans maître ni projet.


 

Le 14 juillet 2016 (Ghislaine)

 

C'était samedi déjà ! Il était presque dix neuf heures.
La semaine était passée très vite avec tous ces dossiers à traiter.
Un collègue n'aurait pas été de trop.
Il manquait un formulaire au dernier dossier à clore,
le plus important, l'accord du client et sa signature.
Il se dirigea vers le placard et ouvrit le classeur du client.

Quand Il ouvrit le placard , il y eut comme une explosion de couleurs et de cris de jubilation venant de je ne sais où, accompagnés de confettis et de ballons.
Il ne se savait pas pourquoi ils étaient là, ni ce qu’ils célébraient exactement. Ce n'était pas une fête, ni un succès particulier.
 Et dans cette parenthèse enchantée, la jubilation devenait un langage universel, parlé à coup de rires et de bras levés.

Il avaient l'impression de rêver , d'être dans une autre dimension, il était ahuri, presque figé sans savoir comment réagir !
Devenait il fou à travailler sur ces dossiers ?

Soudain, derrière lui, ses deux enfants, les bras tenant des ballons multicolores couraient vers lui heureux comme jamais !
Sa femme se tenait dans l'embrasure de la porte avec un regard malicieux…

-Tu n'as pas oublié n'est ce pas ?
- Mais oublié quoi ?

Les enfants riaient , sautaient de joie, sa femme venait l'embrasser.

La tête collée à son bureau, il se réveilla en sursaut…
Non cette année non plus , il n' avait pas oublié mais le rêve le rappela à sa triste réalité. Voilà déjà neuf ans que tous les ans, il se rend au cimetière sur la tombe de sa femme et ses deux enfants, tous les trois décédés lors de l'attentat de Nice un quatorze juillet...

Seul son travail l'aidait à survivre...
Seul son travail l'aidait à survivre...
Non il n'a pas oublié et n'oubliera jamais..

 

samedi 7 juin 2025

Défi #875

  

Un truc un peu hors-contexte aujourd'hui ?

 

Jubilation

 


  

  

Auront-ils participé en nombre impair ?

 

 



 




 

 

Ghislaine ; Walrus ; Marie Sylvie ; Kate ; 

François ; Joe Krapov ; Yvanne ;

  

La Léonie Pèsefin (Yvanne)

   

 

Il y avait de tout dans l'épicerie de Léonie. Vraiment de tout. De la muselière pour les veaux au coton à repriser. Un personnage la Léonie. Toujours vêtue de son éternelle blouse grise. Une maîtresse femme qui ne s'en laissait pas conter et répondait du tac au tac et vertement aux hommes qui fréquentaient sa boutique et la chahutaient un peu pour le fun.

Été comme hiver la porte de la maison était ouverte. On pénétrait directement dans une grande pièce aux multiples usages. En face de l'entrée se trouvait la cabine téléphonique et contre elle un cagibi faisant office de bureau de poste. Dans un des panneaux de bois surmonté de vitres, s'ouvrait un guichet. Au fond, sur la droite on apercevait la cuisine avec son attirail suspendu aux murs, la table, les chaises et le fourneau sur lequel trottinaient la soupe et le frichti du jour. A gauche il y avait l'épicerie.

Léonie cumulait donc les fonctions d'épicière et de postière. Elle était l'épouse de Martial, l'autre facteur de la commune, collègue de Menaud dont j'ai déjà parlé ici. Dans l'exercice de sa fonction administrative Léonie avait le coup de tampon vigoureux et des manières singulières. Tout le monde la soupçonnait d'ouvrir le courrier. Aussi chacun s'appliquait à barder de scotch les envois qu'on lui confiait. Elle ne se privait pas non plus d'écouter les conversations téléphoniques passées par la cabine, cette dernière n'étant pas fermée. Oui, Léonie connaissait la vie de chacun mieux que le curé et son confessionnal. D'ailleurs les gendarmes du canton ne s'y trompaient pas : ils faisaient régulièrement des haltes intéressées chez elle.

Personne n'avait vraiment le choix. On devait passer par Léonie. Même si on se méfiait d'elle comme de la peste. Et elle en profitait. Elle connaissait sa clientèle. D'un simple coup d'œil à l'entrée d'un quidam, elle savait à qui elle avait à faire et à quelle facette de ses deux métiers elle devait se livrer. Un paquet, une lettre, un mandat dans les mains c'était pour la Poste. Un cabas, un panier, une musette c'était pour l'épicerie. Souvent les gens cumulaient à l'occasion d'événements comme les enterrements par exemple. Ces jours là il y avait la queue chez Léonie.

J'étais souvent chargée des petites courses et j'y prenais plaisir. Pas parce que j'attendais une friandise ! Il ne fallait pas y compter. Bien trop radin la Pésefin ! Non. Simplement j'aimais les odeurs qui émanaient de la boutique. Surtout celles des oranges et des bananes qui évoquaient pou moi des pays lointains. J'aimais regarder l'accumulation des denrées sur les étagères, dans des caissettes et même des tonneaux. Je me souviens particulièrement des couches de harengs fumés et salés qui remplissaient une barrique contre laquelle régulièrement je me cognais.

Sur le comptoir, à côté de la balance à aiguille étaient alignés en bon ordre quantité de bocaux hermétiques contenant les sucreries que je dévorais des yeux. Il y avait là des berlingots de toutes les couleurs, des roudoudous que l'on léchait jusqu'à la coquille, des sucettes Pierrot Gourmand, des malabars roses. S'il me restait trois sous après les commissions j'étais parfois autorisée à m'offrir une douceur. Je choisissais un carambar pour ce qu'il y avait écrit sur son papier d'emballage : énigmes ou blagues.

J'aimais aussi observer la Léonie quand elle pesait sa marchandise. Toujours la même gestuelle. Elle ajustait ses lunettes, s'essuyait les mains sur sa blouse, posait le produit entouré de papier journal sur la balance, disposait méticuleusement les poids en laiton. Enfin, elle se penchait à l'avant pour lire et annoncer la « sentence » Elle encaissait les espèces avec une satisfaction non dissimulée.
Jamais de ristourne. Jamais un compte rond. Elle méritait bien le surnom de « Pèsefin » Ce sobriquet était tellement entré dans les mœurs que parfois certains clients commettaient l'impair de la saluer en la nommant ainsi. Mais Léonie s'en moquait éperdument. Seulement vous pouviez être sûr que le gaffeur se ferait rouler dans la farine. Et honteux, ne piperait mot. 

   

Pas encore tout à fait amnésique. 17, Continuer impair-turbable (Joe Krapov)

 



Il y a 1 taxi pour Tobrouk et hun seul Attila qui, lui, y allait à cheval.

Il y a 3 mousquetaires, trois petits cochons, trois jeunes tambours, trois marins de Groix, les trois Grâces, les trois Parques, le lecteur de MP3 qui a remplacé les disques 33 et 45 tours et les mini K7. Il y a aussi ce fameux trois mâts fin comme un oiseau, Santiano.

Il y a 5 doigts de la main, le club des cinq d’Enid Blyton, cinq pépins d’oranges chez Sherlock Holmes et le Chanel n° 5 qui servait de pyjama à Marilyn Monroe.

Pour faire la transition, il y a Cléo. "Cléo de 5 à 7" d’Agnès Varda.

Il y a les 7 merveilles du monde, les sept péchés capitaux, les bottes de sept lieues, le clan des sept d’Enid Blyton, les 7 mercenaires, le jeu des sept familles, les sept nains de Blanche-Neige, les 7 boules de cristal, les sept collines de Rome : le Quirinal, le Juvénal, le Gardénal, l’Aventin, le Palatin, le Plaisantin, le Capitole (Ah non, ça c’est à Toulouse ! ).

Il y a les neuf muses, le chat à neuf queues, les neuf symphonies de Beethoven et autant chez Dvořák.

Il y a Raoul de Godewarsvelde qui chante dans « Quand la mer monte » « On s’retrouve chez Léonce on est onze ».

Il y a eu Achille Zavatta et « Le Trésor des treize maisons » dont je me demanderai toujours s’il est un décalque du « Mystère des douze chaises » d’Ilf et Petrov ; « Le 13 est au départ » est une aventure de Michel Vaillant dessinée par Jean Graton ; « La Morte survit au 13 » est un roman de Stanislas André Steeman qui a aussi écrit « Un dans trois » et dont on reparlera plus bas vu que c’est un auteur de polars qui compte.

Il y a ce jeu stupide où l’on se compte quinze point à chaque fois qu’on croise un barbu. Il y a aussi « Quinze marins sur le bahut du mort », une chanson de Michel Tonnerre qui fait référence à « L’Île au trésor » de Stevenson.

Il y a eu, chez Citroën, la DS 19.


Ben oui, évidemment, « L’Assassin habite au 21 » du même S.-A. Steeman.

Il y a des gens qui s’appellent 23. Comme le cardinal André Vingt-Trois. Il y eu aussi Pie VII mais pas Pie 3,14 chez les saints pairs ou impairs.

Il y a « La 25e heure » de Virgil Gheorghiu et « Le Troisième homme » de Graham Greene, « Surcouf le tigre des sept mers », un film avec Gérard Barray.

Il y a des gens qui se mettent sur leur 31 pour fêter l’an 9 à la Saint-Sylvestre. D’autres qui chantent « Au 31 du mois d’août » pour pouvoir dire merde au roi d’Angleterre !

C’est chez le docteur qu’on dit 33 et qu’on n’est pas loin de payer la même somme quand on consulte.

Il y a « Les 39 marches » de John Buchan qui ont été portées à l’écran par Alfred Hitchcock. J’ai dû quand même vérifier la date pour pouvoir dire que c’est antérieur… à la guerre 39-45.

« Les Quarante-cinq » est un roman d’Alexandre Dumas qui parle – ou pas ! - de l’assassinat du duc de Guise.

51, c’est un sacré pastis !

Il y a « Les 55 jours de Pékin » un film que je n’ai pas vu donc je ne vais pas chinoiser sur sa valeur.

Il y a 63 cases sur le plateau d’un jeu de l’oie.


Il y a 69 qui, à défaut d’être l’année la plus chaude de tous les temps, a été une année sacrément érotique, paraît-il.

C’est de 7 à 77 ans qu’on peut lire « Le Journal de Tintin » mais en vérité il n’y a pas de limite d’âge pour ce vice impuni.

Il y a 89 ou 1789 qui est la date de la Révolution française.

Il y a 91 qui est le produit de 7 x 13, deux nombres premiers et qui ne l’est pas pour autant puisqu’il a deux multiples. Comme quoi les chats font parfois des chiens !

Il y a « Quatre-vingt-treize », qui s’écrit pour le coup « Quatrevingt-treize » un roman historique de Victor Hugo qui était lui même surnommé « Totor la terreur » !

Il vaut mieux être riche à millions que se retrouver 101, surtout s’il faut en plus nourrir les 101 dalmatiens d’oncle Walt !

Contrairement à ce qu’affirme une légende urbaine très vivace,Louis Aragon n’a jamais écrit « Que serais-je 103 ?».

N’ayons pas peur de le dire : face à la droitisation et au vieillissement de ses premiers ministres, la France a besoin de 109 !

Il y a un numéro d’urgence, le 115 qui permet de reloger les millionnaires qui se retrouvent 101.

Il y a OSS 117, James Bond 007 et l’agent secret X-9.


Il y a eu la 205 Peugeot.

Il y a « Pacific 231 » une œuvre musicale d’Arthur Honegger d’après « La Bête humaine » d’Emile Zola.

Il y a eu « La 317e section » un film de guerre de Pierre Schoendorffer avec Jacques Perrin ; mais à ce propos, où est donc passée la 7e compagnie avec Pierre Mondy ? Ces rigolos ont-ils égaré leurs 12.7 et leurs 6.35 ?

Il y a 365 jours dans l’année sauf une fois tous les quatre ans quand il y a 29 jours en février.

Il y a l’impair-méable de Colombo et sa célèbre Peugeot 403.

Il y a le 421 qui est un jeu de lancer de dés assez misogyne : quand on fait 221, qui est le nombre de points le plus faible qu’on peut y obtenir, on appelle ça « faire nénette ».

Il y a « Fahrenheit 451 » un roman de Ray Bradbury porté à l’écran par François Truffaut.

Revenons dans le domaine militaire pour mentionner le 503e Régiment de chars de combats de Mourmelon-le-Grand dans lequel Joe Krapov a fait ses classes mais tout le monde s’en fout et moi aussi, à juste titre !

Il y a eu le Boeing 707 puis le 747 puis la Peugeot 203, puis la Renault 5 mais désormais tout le monde roule à vélo ou en trottinette sur les trottoirs des grandes villes.

Il y a « 813 » qui est une aventure d’Arsène Lupin narrée par Maurice Leblanc.


Peut-on mettre ici, sous 847, « Le Train de 8 h 47 » de Georges Courteline ?

Il y a 999 qui est le titre d’un album du groupe Aphrodite’s Child quand on tient la pochette à l’envers.

Il y a les « Contes des mille et une nuits », des histoires à dormir debout racontées par une aristocrate russe, Shéhérazade de Rimsky-Korsakov.

Il y a 1515 qui est une bataille célèbre mais personnellement je préfère la manille anonyme. Ça s’est bien castagné entre la France et l’Italie mais je ne sais plus où c’était. Je sais juste que les soldats étaient fort marris de se prendre des gnons.

Il y a « 2001 l’odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick et "Le  11 septembre 2001 » d’Oussama Ben Laden. 

Il y a commettre un impair qui est moins grave que commettre un crime comme ci-dessus.

Il y a aussi impair-tinence, un qualificatif pour un mec gonflé qui publie un article non revu par ses pairs.

Et qu’est-ce qu’on vous sert pour terminer ? Une 33 export ? Un Label 5 ? Un Get 27 ?

Bouclons la boucle : au jeu de tarot le 1 s’appelle le petit et il rapporte plus de points quand on le « mène au bout », qu’on le pose en dernier. De la même manière, quand on termine son délire mémoriel, arrivé au bout de sa phrase on pose un point.

Final et bienvenu !


DEUX HOMONYMES POUR FAIRE LA PAIRE (François)

 

 

Il est une anecdote que je ne peux taire,

À elle seule elle fait la paire,

Elle est vraie, mais funéraire.

 

Une famille adepte du Rosaire,

Se présentait en nombre impair,

Pour s'incliner devant le père,

De la paroisse du presbytère.

 

On leur présenta un homonyme du père,

Leurs gênes allèrent au-delà de l'impair.

Dans le village deux mêmes noms faisaient la paire.

 

La fille du défunt, demanda comment ils connaissaient son père,

Les deux familles à une seule voix faisant la paire,

Se rassemblèrent dans une prière.

 

Ils se sont excusés à l’église auprès du père,

Qui ravi de ne pas être rappelé auprès du père,

Histoire que cette anecdote fasse la paire.

 

Impair sur impair (Kate)

   

Un impair fait rire... ou pas, enfin surtout les autres et notamment les spectateurs si c'est au théâtre et que Molière les met dans la connivence.
J'ai eu le mois dernier le plaisir de voir la pièce "George Dandin", comédie-ballet dans une mise en scène moderne "déjantée" et très plaisante (humour belge) avec une entrée fracassante déjà dans le hall !

J'avais déjà vu cette pièce il y a longtemps dans une mise en scène traditionnelle et j'avais bien ri. C'est bien "George" sans "s" et c'est bien Dandin, Monsieur Dandin devenu Monsieur de la Dandinière par son mariage avec Mademoiselle Angélique de Sotenville et donc par alliance avec cette famille à particule : "Vous l'avez voulu, vous l'avez voulu, George Dandin..." (réplique culte)
Ce n'est pas lui qui commet un impair. Dès le début de la pièce nous assistons à la scène où il se retrouve devant sa demeure en présence du valet Lubin qui en sort et qui lui confie, dans le plus grand secret, que son maître Clitandre transmet un billet à Angélique dont il est épris et que le mari de celle-ci ne doit rien savoir. Dandin encaisse cet impair et la pièce démarre sur cette indiscrétion malencontreuse...
Bref, Georges Dandin est cocu, il est le dindon de la farce...
Retour au XXème siècle... Plus récemment, mes voisins de palier, charmants et agréables... Ma voisine (appelons-la Marie-Ange), fréquentait chaque mardi soir un cours (de tai chi, dirons-nous), et je m'y étais inscrite aussi dès la rentrée d'octobre. En novembre, elle n'est pas venue mais la fréquentation de chacun n'était pas forcément régulière. En me croisant le lendemain dans l'escalier de l'immeuble, elle m'a dit que sa cousine était malade et qu'elle n'avait pas pu venir. La semaine suivante, elle était absente également.
Quelques jours plus tard, son mari (appelons-le Arnaud), a sonné à ma porte pour me demander quelque chose concernant l'immeuble, je crois. C'était sans importance, je n'avais pas la réponse et, juste pour respecter les règles élémentaires de la politesse, je lui ai demandé des nouvelles de la cousine de son épouse.
- Sa cousine ?
- Oui, elle est malade.
- Oui...
- Enfin, elle va mieux, j'espère ?
- Oui... Tu as vu Marie-Ange hier au tai chi ?
- Non...
- Et la semaine dernière, elle est venue ?
- Euh, non... Je ne crois pas... Enfin, je ne l'ai pas vue...
Il est resté muet, blême, sidéré, les traits figés, son sourire habituel disparu. Son visage décomposé disait tout : j'avais commis un impair... et de taille ! Il a tourné les talons et est rentré chez lui.
J'étais mal et n'arrêtais pas de dire "Mince ! Qu'est-ce qui se passe ?"... Pas besoin d'un dessin, bien sûr, et les explications, il me les a données quelques jours après : sa vie avait basculé sur une parole. Encore une variante sur le même thème. J'étais très désolée, certes, mais au lieu de me servir ce gros mensonge, pourquoi ne pas me dire sur la vraie raison de tes absences, Marie-Ange ? Nous n'étions que simples voisines, sans plus... Tu n'avais sûrement pas suffisamment confiance en moi, d'une part, pour partager une telle confidence et d'autre part, même si on peut faire confiance à quelqu'un, on n'est pas à l'abri d'une fuite, d'une gaffe.
À ce dilemme la solution a été un mensonge qui sonnait vrai et sincère mais qui n'a pas résisté longtemps : impair sur impair donc... Et Marie-Ange perd son mari alors qu'Angélique le garde... mais le contexte et l'époque ne sont pas les mêmes et si l'on rit de l'un on ne rit pas de l'autre et je regrette cet impair.

 

15, noir, impair et manque (Walrus)

   

Silence de mort autour de la table à l'annonce du croupier (c'est bien la peine d'annoncer un résultat que tout le monde peut constater (sauf les aveugles bien entendu, comme le chantait Georges. Et d'ailleurs, comment font-ils pour déposer leur(s) jeton(s) ceux -là ? Même mon épouse qui a œuvré quarante ans pour la Ligue Braille ne m'a pas donné de solution ).

Donc : personne n'avait gagné ! 


Bon, que personne n'ait misé sur le 15, on peut le comprendre : il n'y avait quand même qu'une quinzaine de joueurs autour de la table.

Mais qu'il n'y en ait même pas eu un qui ait misé sur une bonne chance simple, statistiquement, c'est très peu probable.

Alors, qu'est-ce que ça prouve ?

Ça, c'est facile : que je n'ai jamais mis les pieds dans un casino !

 


 

Défi #877

   Allez, je vous en colle une au mur :   Lambris