samedi 1 novembre 2025

Défi #896

 

Un bout de chemin ? 

 

Venelle

 


  

 

Ont peut-être dû ramer pour participer

 


 Walrus ; Marie Sylvie ; Kate ;  Cavalier ; 

Clio 101 ; Nana Fafo ; François ; Joe Krapov ;

Lecrilibriste ;

 

Mes Universités … (Lecrilibriste)

  

 

Cet Univers cité
Était bien loin de mon Univers
C’était comme un rêve inaccessible
Comme une chimère
Comme un mirage
Une blanche page inexplorée
Comme si le mot apprendre
N’existait pas
Comme s’il fallait à tout prix
Tout Savoir avant d’avoir appris
Pour pénétrer dans l’amphi
ce temple de la pensée
 réservé aux initiés
Alors …
Je ne m’en donnais pas le droit
Mais le mot de Sorbonne
Résonnait dans ma tête
Comme une clé d’émancipation
Pleine d’éclats de joutes exaltantes
Des bandes de St Germain des Prés
Ce Monde fascinant et inexploré
Que j’imaginais facteur de liberté
Libérateur de chaînes
« Fais ce que voudras », voilà !
Ce n’est que bien plus tard
Que j’ai connu cette immense victoire
De franchir les lourdes portes qui s’écartaient
Sur ma rentrée à l’Université .   

 


 

Univers(al)ité (Joe Krapov)

 



De l'université à l'universalité, il n'y a que deux lettres et, c'est vrai, à l'université comme dans le monde entier, on est tous un peu frappé ! A commencer par le doyen de la Faculté que Coluche baptisait Orangina parce qu'il était complètement secoué.


Moi, je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais il se trouve que j'y ai travaillé, à l'université de Rennes 3, de septembre 1997 à janvier 2016 pour être précis. C'est dire si j'ai eu l'occasion d'en rencontrer des gens un poil « originaux ». Si je m’en réfère au cahier de chansons que j’ai composées à l’époque, on voit apparaître des noms comme Dédé le tyrannique, Winnie Bédobeuliou, Moumoune, Mick McKormick, Madame Yonyon, Madame Chèvrefeuille et des tas de sigles administratifs dont je vous fais grâce.


L'université n'est jamais que le stade ultime de l'école, simplement la salle de classe est appelée «amphi», l'élève est appelé «étudiant», l’âge de ses artères est tel qu'il a des hormones qui le travaillent et que du coup les gars veulent pouvoir aller dans le dortoir des filles. Et voilà pourquoi on a eu mai 68 !


En 2016, j'aurais pu faire un trait sur cette période-là de mon existence professionnelle, trop content d'être enfin libéré des hiérarchies, des tâches trop régulières et des gens un peu zarbis qu’on a été obligé de côtoyer, supporter ou remercier : le médecin du travail s’appelait Docteur Trépas et je ne sais toujours pas si je lui dois une fière chandelle ou une corvée semestrielle inutile !

De fait, quand vous partez en retraite, on vous remplace et on vous oublie, à l’université. Mais il faut croire que je suis masochiste ou que je fais ou veux faire partie de ses meubles parce que j'y retourne toutes les semaines, le jeudi, à la cafétéria du Diapason. Moi qui ai tenu l'animalerie des campus de santé et de sciences à Villejean et Beaulieu, je joue aux échecs contre une poignée d’anciens professeurs dont l'un est un fidèle du système Ruiz, appelé aussi «l'hippopotame», et à qui, lorsque j'ai les pièces blanches, j'inflige la torture du début Bird (1. f4), le drôle d'oiseau des ouvertures.



J'y vais aussi le mardi matin tous les quinze jours pour accompagner à la guitare la chorale quasi féminine de chants de marins à laquelle je me suis greffé et dont je suis devenu « le chef ». On répète dans une salle appelée « Le Refuge ». Cela explique peut-être pas mal de choses en notre période de « Tous aux abris ! ».

Cela me vaut d'assister à un spectacle silencieux mais assez drolatique : en attendant que tou·te·s les choristes arrivent je vois passer l'ancien président de l’Université avec un sac à dos de style «Vieux campeur» et un tapis de sol roulé sous le bras ! Lui vient faire du Pilates pendant qu'on chante nos bêtises !

En résumé, l'université mène à tout, à condition d'en sortir.
 
  

Cambridge (François)

    

Cambridge

 

CAMBRIDGE

 

Combien de fils de Lord ou de bien né,

Ont pu renter à Cambridge

Alors que certains au savoir bien acté,

Ont vu renier leur candidature dans un vertige.

 

Cette université mondiale renommée,

Sait coopter ses candidats,

En prenant ceux qui peuvent grassement payer,

Au niveau pas nécessairement brillant.

 

Il faut savoir y tenir son rang,

Le prestige ouvre la porte du diplôme,

Qui rapportera beaucoup d’argent,

Si vous n’en aviez pas, vous étiez recalé en somme.

 

C’est ainsi que fonctionne ce temple,

D’une université à l’anglaise,

Sous une architecture anglaise,

Dont les valeurs nobiliaires n’ont cessé de plaire.

 

 

 

AMU ZEN (Nana Fafo)

 

A la ferme de Nana fafo

un télégramme vient de tomber :


"Samedi 1 novembre 9h,

toute la ménagerie est attendue à la BU d'AMU.

Aucune dérogation possible."



D'après vous, vont-ils s'AMUsez ?

Auront-ils besoin d'une AMUlette

Serait-ce une AMUsette ?

Ronchonchon deviendra t'il AMUi ?

 

Meilleures ennemies ? (Clio 101)

 


- Qui d’autre ? Sarkozy ?

Ysal se releva d’un bond et fusilla Essaïra du regard.

— Pourquoi toi ? cracha-t-elle. Pourquoi faut-il que ce soit toi ?

Mi-amusée, mi-vexée, son interlocutrice lui dédia son geste le plus insultant.

— “Merci”, ça marche aussi, tu sais ? Et pour ta gouverne, en tant que déesse de la mort, j’ai quelques liens avec les enfers. Toi, entre ton inquiétude pour ta chère Onia et ta complète inexpérience en téléportation, ton lieu d’atterrissage était couru d’avance. Tu as eu de la chance que Lilith m’ait à la bonne et m’ait avertie qu’une immortelle errait dans les enfers. Avec quelqu’un d’autre, c’était l’incident diplomatique ciel enfer et c’est moins drôle, crois-moi.

La mention d’Onia occulta toute mention de l’enfer dans l’esprit d’Ysal. Elle se rapprocha d’Essaïra et plaqua violemment sa main contre la poitrine de son interlocutrice.

— Fous-lui la paix, c’est compris ? Ne t’approche pas d’elle, et si sa colère enfle trop, laisse-la tranquille ! Elle a suffisamment souffert comme ça !

Toute trace d’amusement disparut du visage de la déesse ; ses yeux se rétrécirent, jusqu’à ne plus former qu’un trait rouge vif.

— Cesse de déblatérer les imbécilités que ton Université d’arts martiaux t’a rentrées dans le crâne. Tu prétends avoir rejeté cet endroit, ce n’est pas pour que tu les ressortes à la moindre contrariété.

Terrifiée par la puissance sombre qui émanait d’Essaïra, Ysal recula de quelques pas. Sous la colère de la déesse, elle devinait une violente angoisse, une douleur profonde mêlée de regrets. Quelque chose lui soufflait que les prochains mots prononcés allaient bouleverser toutes ses convictions.

— Je lui ai rien fait à ta copine. Tu veux savoir la meilleure ? Si elle est en vie, c’est grâce à moi et uniquement à moi.

Ysal était tellement ahurie qu’elle ne put émettre qu’un faible couinement. Impitoyable, Essaïra poursuivit.

— Tu croyais quoi ? Qu’en étant abandonnée, affamée, blessée, battue, en plein hiver, à la merci des bêtes et des brigands, elle avait la moindre chance de survie ? Si je n'avais pas été en mission dans le coin ce soir-là, si je ne l’avais pas soignée et déposée devant la masure de forestiers, penses-tu qu’on en aurait retrouvé ne serait-ce qu’un morceau ? Quant à ce qui s’est passé dans la clairière, je n’y suis pour rien. Ta douce petite Onia avait déjà achevé le travail. Je n’ai eu qu’à lui donner l’impulsion pour qu'elle s’enfuie. Autrement, elle aurait fini dans le même état.

— Mais alors, parvint-elle à murmurer d’une voix étouffée, si ce n’est pas toi, pourquoi Onia a-t-elle massacré ces gens ? C’est la lune de sang ? Et dans la forteresse, c’était bien toi…. Alors…je ne comprends pas.

Essaïra la lâcha aussi soudainement qu’elle l’avait saisie et la fixa. Abasourdie, Ysal la contemplait. C’était la parole de l’une contre les enseignements d’une vie ; pourtant, l’intuition de la jeune femme lui hurlait que la déesse disait la vérité.

— Il faut croire que vos enseignements ne sont pas aussi mauvais que je l’avais cru, répliqua Essaïra dans un rire sans joie. La lune de sang existe, elle réveille les instincts les plus meurtriers, les frustrations les plus secrètes mais je n’ai rien à voir avec ça. Nul n’est de taille face à elle, mis à part l’empereur ou le roi des enfers. Ta chère Onia en est l’une des malheureuses victimes. Je pense cependant qu’elle devrait s’en sortir. Comme tu l’as dit, elle a survécu à bon nombre de malheurs, ce n’est pas un petit astre qui la fera sombrer. Quant à ce maître de mes deux, je ne supportais plus son arrogance ; il était temps que quelqu’un le mette face à ses limites. Et, soit dit en passant, ce n’est pas avec tes petits pouvoirs que ta copine aurait pu le terroriser.

Quand Essaïra se tut enfin, Ysal resta silencieuse de longues minutes. Tout ce discours remettait en cause toutes ses certitudes, les enseignements, qui, pour n’en être pas moins délétères, contenaient tout de même une part de vérité.

Du moins c’est ce qu’elle croyait.  Jusqu’à aujourd’hui.

— Il y a autre chose que je ne comprends pas, murmura-t-elle. Depuis que je te connais, tu n’as pas cessé de proclamer ton indifférence envers les dieux et l’humanité. Pourtant, nous te devons toutes les deux la vie, Onia et moi. Pourquoi nous as-tu aidées ?

Quand elle répondit, le ton d’Essaïra avait retrouvé son air cynique ; pourtant, une lueur dans son regard montrait tout autre chose, comme un éclair de fierté.

— Va savoir, il faut croire que vous me plaisez. Vous avez beau avoir le monde entier contre vous, vous n’hésitez pas à vous dresser contre ce qui heurte vos convictions. Onia a eu beau subir tous les malheurs imaginables, elle se relève, serre les dents et poursuit son chemin, peu importe le nombre de fois où elle tombe. Toi, en à peine une heure, non seulement tu désobéis à notre loi la plus fondamentale, mais tu risques un incident diplomatique avec l’enfer. Tout ça pour aider ta copine à se libérer et lui assurer ne serait-ce qu’une petite lueur d’espoir.  Par rapport aux dieux qui regardent leurs temples et leurs fidèles être détruits les uns après les autres sans remuer un orteil, ça me change, crois-moi. Nous avons beaucoup en commun, plus que tu ne le crois.

Essaïra s’interrompit.

L’espace s’assombrit.

Une sonnerie stridente retentit.

Des ombres se matérialisèrent en ondulant, tournant autour des deux femmes en un avertissement sinistre.

Le front d’Essaïra se plissa. D’une main tremblante, elle porta la main à sa tempe droite. Elle écouta silencieusement, avant de se tourner vers Ysal.

— Le roi est rentré. Il t’appelle à lui. Je ne pourrai pas t’aider cette fois.

Elle la releva et poursuivit d’un ton qui se voulait rassurant.

— Témoigne-lui du respect mais reste fidèle à tes idées. Secoue-lui les puces un bon coup, ça ne lui fera pas de mal. Et si sa punition est vraiment trop forte, reviens me voir. 

  

Une Nuit De Brouillard Sur Oxford (Cavalier)

   

Cambridge : le coup d’œil professionnel du Corpus Christi College montre son bâtiment ressemblant à un château sur un terrain herbeux clair sous un ciel bleu ensoleillé.

Oxford : vue non moins professionnelle du clocher carré de Magdalen College prise sans doute de la fameuse bibliothèque.

Après une explication en annexe sur les universités anglaises*. Après un petit couplet sur deux séries Morse et Barnaby … et sur leurs suites actuelles. Un peu loupées. Dont l’une ne décolle pas d’Oxford curieusement*. J’ai souhaité vous en donner ici un dernier petit épisode :

Le Crime n’aura pas lieu à l’Université d’Oxford

Le brouillard montait sur le clocher carré de Magdalen College, effaçant peu à peu les gargouilles et les tourrelles gothiques. Oxford s’éveillait dans sa solennelle torpeur. Lewis, emmitouflé dans un manteau trop lourd, songeait qu’il aurait mieux fait d’être garagiste à Newcastle.
Il ressera encore son manteau : il détestait Oxford, cette ville où tout le monde faisait semblant de penser plus vite que lui. Il vit bien ce banc, taché de tabac brun, entouré de traces de pas dans la boue, la routine.

À côté de lui, Hathaway avançait comme une flèche, l’air songeur et supérieur.
– « Un corps dans la bibliothèque, inspecteur-chef, » annonça Hathaway.
– « Toujours dans la bibliothèque. Ils n’ont pas de fantaisie, ces assassins diplômés. En même temps, ils passent leurs soirées à jouer au Cluedo. »

Le corps du professeur de logique Chambers gisait entre La République de Platon et Le Capital de Marx. Une mise en scène si universitaire qu’elle frisait la parodie. Tout autour, des étudiants en toge feignaient l’émotion, sous leurs visages pâles de séminaire d’hiver.

Lewis observa :
– « Le savoir rend donc coupable maintenant ? »
– « Il l’a toujours été, inspecteur » répondit Hathaway. « L’université n’a jamais su distinguer la vérité de la vanité. »
– « Inspecteur-chef … Hathaway … inspecteur-chef … »
– « Oui, chef ! »

C’est alors qu’une voix claire et vive interrompit la dissection verbale.
– « Inspecteur Lewis ? Scully Barnaby, fille de l’inspecteur Tom, ( Oh pas du cousin, John, non, pitié … par pitié ! NDLR) en stage au département de criminologie. Mon père vous a mentionné dans ses carnets. »

Une jeune femme, manteau rouge, carnet à la main, regard droit, lui tendit la main. Lewis eut un léger recul : les fils de ses collègues morts avaient le don de réveiller ses vieux fantômes.

– « Inspecteur Lewis ? Je vous ai vu aussi dans un documentaire. Vous avez connu mon père ? »
– « Connu, oui. Lui au moins résolvait des affaires avant la pause pub. »
Elle sourit : « Il disait toujours que les crimes des campagnes étaient plus nets que ceux des cerveaux. »

Dans le bureau du défunt professeur, ils découvrirent des lettres adressées à un mystérieux cercle : The Fellowship of Pure Reason.
Hathaway lut à haute voix : Le savoir n’est qu’un crime qui s’ignore.
– « On dirait un slogan de secte universitaire, » lança Lewis.
– « Ou une thèse de doctorat, ce qui revient au même. »

Le soir, dans le cloître, Scully observa les étudiants défiler, leurs robes noires flottant comme des ombres.
– « C’est étrange, dit-elle. L’université se croit un sanctuaire du savoir, mais tout ici respire la peur : celle d’avoir tort. »
Hathaway acquiesça.
– « Oxford vit de son prestige passé. L’intelligence ici est une liturgie. »

Ils examinèrent le banc, les traces de pas. La routine, et découvrirent bientôt que le professeur avait volé les recherches de son étudiante, promise à un brillant avenir. Une humiliation publique, suivie d’une nuit d’orage, d’une chute dans les escaliers. Accident ? Vengeance ?
Lewis, fatigué, conclut :
– « Comme toujours. Le meurtre d’Oxford n’est pas un crime passionnel. Avec cette étudiante, c’est juste un désaccord intellectuel qui aura mal tourné. »

Le soir, sous la pluie, Oxford reprennait son apparence de carte postale gothique. Scully Barnaby marchait à côté de James Hathaway, le long du cloître.
– « James, vous n’avez jamais songé à enseigner ? » demanda-t-elle.
– « Enseigner quoi ? À douter ? J’ai déjà trop d’élèves involontaires. »
Elle rit, un peu triste.
– « Vous parlez comme un homme qui a tout fait, tout vu. »
– « J’ai tout vu, » murmura-t-il. « Sauf ce que je devrais encore sentir. »

Le vent fit vaciller les lampes à gaz. La brume descendit comme un rideau. Les vieilles pierres s’estompaient tout autour. Seul Scully lui parut encore réelle. Pas si sûr. Alors, il frolla sa joue. Elle se retourna, lèvres entrouvertes pour une réplique, mais Hathaway l’embrassa doucement, sans prévenir, comme on ferme un livre trop lu.
Puis il s’écarta.
– « Pardonnez-moi. Oxford a ses rituels. Le brouillard rend les vivants téméraires. »

Elle toucha ses lèvres brûlantes, étonnée.
– « L’université vous survivra, inspecteur. »
– « Je l’espère bien. Quelqu’un doit bien continuer à faire semblant de comprendre le monde. »

Alors, elle dit doucement :
– « Vous savez, mon père vous aurait apprécié. »
Il répondit, presque absent :
– « Votre père voyait clair dans les villages, les bois et dans les champs. Moi je me perds dans cette satanée brume. »

Un silence. Et puis, car sans raison logique, il l’avait embrassée : pas par désir, mais parce qu’il en a eu assez d’être le témoin permanent des drames des autres. Un geste hors scénario, un acte humain dans un monde d’ombres universitaires.

Au matin, la cloche de Magdalen sonna. Un autre jour d’érudition, d’oubli et de cérémonies recommençait. Lewis, de retour sur les lieux, regarda le banc où ils s’étaient tenus la veille. Un mégot écrasé, une trace de pas dans la boue, la routine. La routine.
Il soupira :
– « Un corps dans la bibliothèque… comme toujours … tant qu’il restera des gens pour mourir proprement entre deux citations latines. »

Et le brouillard, patient, referma Oxford sur son secret. Quelque part une cloche sonnait. Voilà, le couvert est remis. L’université comme personnage principal, la boucle fermée, la brume pour rideau et un baiser qui déjà n’appartient plus à personne.

 


A foggy night in Oxford | Simply Oxford photoblog

* Les universités anglaises comme Oxford ou Cambridge sont nées au Moyen Âge dans des villes à l’écart du pouvoir et du tumulte, des lieux conçus pour l’étude et la prière autant que pour l’ordre social. Ces collèges clos, aux murs anciens, servaient à protéger le savoir comme un trésor fragile. La pierre, les cloîtres, les pelouses – tout devait inspirer la discipline, la continuité, la hiérarchie.

Aujourd’hui encore, ces décors perpétuent une idée très britannique de l’université : un monde à part, à la fois refuge et théâtre, où l’on vient apprendre, briller, ou simplement jouer son rôle dans une tradition qui se met elle-même en scène. Cambridge et Oxford ne sont pas seulement des lieux d’enseignement : ce sont des paysages de l’esprit, entretenus comme des musées vivants du prestige intellectuel.

Voici donc leurs classements :

1 Oxford University

2 Cambridge University

3 University of St Andrews

4 Imperial College London

5 Loughborough University aux bâtiments modernes

* « Dans la réalité, l’acteur qui incarnait Hathaway a quitté les bibliothèques d’Oxford pour le tumulte médiatique : en novembre 2022, Laurence Fox a animé un créneau hebdomadaire sur GB News. Comme si le disciple de Morse s’était lassé du doute pour préférer le micro en polémiques. »

————-

* Inspecteur Lewis à Oxford, éternel décor de mystères bien peignés. Des crimes sans sang, des professeurs trop érudits pour être innocents, et des pelouses tondues comme des consciences universitaires. C’est un fantasme britannique en boucle : la raison affrontant la passion dans un cadre d’ordre et de thé.

Pourquoi ça se passe toujours à l’université ? Parce que c’est un lieu où le vernis craque joliment. Derrière la culture, les crimes paraissent plus élégants. Une tasse de poison dans la bibliothèque, un meurtre à la logique impeccable : ça rassure. Oxford, c’est l’idée qu’on peut être coupable avec style.

Et pourquoi les gens regardent Inspecteur Lewis ? Pour les mêmes raisons qu’ils écoutent un remix d’une chanson qu’ils aimaient vraiment : la nostalgie, plus confortable que l’inconnu. Lewis n’a pas le drame intérieur de Morse, pas la musique ni la mélancolie – mais il prolonge la promenade. Il permet de ne pas quitter ce monde de briques rouges et de secrets en tweed.

Quant à son second, Hathaway, plus charismatique, évidemment : il incarne l’intelligence blessée que Lewis, brave et terne, ne comprend qu’à moitié. Un reste d’âme dans un spin-off devenu mécanique.

En somme : les gens regardent Lewis comme on regarde un reflet tiède : parce que le vrai feu, Morse, est déjà mort.

* Et aussi, ah oui, le neveu de Barnaby. D’un point de vue purement symbolique, c’est le coup de maître du simulacre : même nom, même accent, même pull-over, mais l’âme a pris sa retraite avec l’oncle.

Quand John Barnaby remplace Tom Barnaby, on ne change rien : le décor reste figé, les vieux manoirs, les clubs de tir à l’arc, les chorales meurtrières… Le neveu perpétue l’illusion d’une continuité. Ce n’est plus une série, c’est une taxidermie narrative.

Pourquoi ce remplacement ? Parce que la série Midsomer Murders est devenue une institution, une petite Angleterre imaginaire où le temps ne passe pas. Changer le héros sans tuer le mythe, c’est leur façon d’entretenir le spectacle : on repeint la façade, on garde le même fond sonore.

Bref : le neveu, c’est la forme pure du post-Morse, post-Barnaby, post-tout. Un hologramme de constable pour que les spectateurs puissent se dire, tasse de thé à la main : « Tout va bien, le crime reste entre nous. »


 

 

Université d'Angers (Kate)

   

- Université d'été ? À Angers ?
- À Montpellier.
- J'y vais !

Aussi simple que ça,
j'ai débarqué là-bas
tous frais payés
j'allais pouvoir souffler
après l'obtention de mon Master Patrimoine et Tourisme
enfin quelques jours d'optimisme
et l'honneur de représenter l'UA
Oh là là !
Après une visite de la ville,
- comme elle est belle ! -

et une nuit à l'hôtel
on allait se rencontrer
communiquer
échanger...
De la chambre d'à côté
est sorti un mec que j'ai croisé au petit déjeuner
et qui m'a parlé :
- Tu es de quelle université ?
- D'Angers
- Ah, l'UA !
C'est ton bras, là ?

- Hum... Et toi ?
- L'UCA.
- Je vois...
Journées chargées
rencontres animées
et la dernière soirée
où au château on nous a transportés

Un rêve, tout y était :
spécialités
boissons variées
jardins parfaits
et en maître de cérémonie
celui qui avait bien ri
quand je lui avais dit
pour me présenter :
- Audrey,
Université d'Angers
et m'avait répliqué :
- Lucas,
de l'UCA,
Clermont Université
pas d'danger
j'suis pas tatoué
tu peux vérifier !
Tu veux danser ?

J'aurais dû me méfier
et mettre une robe d'été
au lieu de mon jean déchiré...

 

 

 

Vous y êtes allé, vous à l'université ? (Walrus)

  

... moi pas !  Enfin, si vous prenez ça au sens "avoir fait ou, à tout le moins, entamé des études universitaires". Sinon, mettre les pieds dans une univ, ça m'est arrivé, et à de multiples reprises.

Vous n'allez pas m'en faire le reproche comme le colonel qui avait évalué mes performances lors d'un petit séjour de sélection de candidats officiers de réserve et en avait conclu deux choses :

  • mon inaptitude totale au commandement
  • ma stupidité de n'avoir pas "fait polytechnique"

Non mais, de quoi je me mêle... 
Ça m'avait quand même permis de choisir mon arme, c'est comme ça que je suis devenu artilleur. Remarquez que je l'aurais sans doute été puisque les chimistes étaient légion (si j'ose dire) dans mon régiment.

Mais revenons à l'université.
La première chose que, bizarrement, ce nom m'évoque, c'est cette chanson de Philippe Clay :


 

Je ne me prononcerai pas sur sa conclusion sur l'état des universités françaises en 1971 : ça ne me regarde pas, je suis Belge. Quelques années plus tard, il a publié un bouquin portant le même titre (dont je n'ai lu que quelques pages) où il raconte sa vie, un peu comme moi ici (et ailleurs) 🤪.

Mon premier contact avec l'enseignement universitaire a eu lieu à l'occasion d'une leçon (de chimie) destinée à appâter  les élèves de rhéto. Elle était donnée (dans les années 50) par Lucia de Brouckère (la première femme, féministe et libre-exaministe à la limite de l'extrémisme, à enseigner dans une faculté des sciences dans mon pays) avec une énergie effrayante, surtout pour son préparateur qui peinait à suivre avec ses manipulations le rythme de son discours. J'ai pu en conclure que le système de fixation des tableaux guillotines de l'ULB devait être de qualité antisismique.
C'est peut-être elle finalement (avec le concours d'entrée à polytechnique pour lequel j'avais pourtant suivi des cours supplémentaires de math, "math spéciale" ça s'appelait,  on y rencontrait des trucs bizarres : arithmétique théorique, trigonométrie sphérique, dessin ombré) qui m'a fait peur et me contenter d'entrer dans un institut supérieur de chimie.

À quoi tient une existence, finalement !

 

Comment ?
Pourquoi la chimie ?

Mais votre question n'a rien à voir avec l'université ! 

Je vais être bon prince et y répondre malgré tout :

C'est la faute à cet apprenti sorcier qui a commencé mon premier cours de chimie de l'enseignement secondaire par une démo genre "Vous voyez cette solution rouge ? J'y ajoute quelques gouttes d'un liquide incolore et... abracadabra, la voici bleue !"

De la poudre aux yeux, je vous dis ! Il ne nous a même pas dit d'où ça venait, tu parles d'un pédagogue ! 

Du coup je me suis promis de découvrir le pourquoi du comment et j'ai entamé des études de chimie...

Quoi ? Encore une question ?

Ah, vous aussi voulez connaître le fin mot de l'histoire ?

Je l'ai eu, mais je crains de l'avoir perdu, ça vous fera les pieds, curieuse neus !

  

 

 

 

 

 


 
 


MON UNIVERSITÉ DES JOURS VÉCUS (Marie Sylvie)

 

 



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je n'ai pas franchi les portails solennels de l'Université 
Mais j'ai appris à l'école des jours tenaces
Dans les couloirs silencieux du courage
Dans les amphithéâtres de l'imprévu. 

Mon rêve avait des sabots et des battements de cœur :
Je voulais devenir vétérinaire 
Soigner les bêtes avec la tendresse des mains et la rigueur des sciences. 
Mais les chemins banalisés m'étaient fermés
Et mes parents absents de la carte des secours. 

Alors j'ai pris le balai comme on prend la plume 
J'ai fait des ménages dans les maisons et dans mes illusions. 
J'ai donné des heures de soutien scolaire comme on donne des heures à soi jusqu'à ce que Saint-Pavin m'ouvre ses bras d'enfants abandonnés.

Là, j'ai appris à enseigner sans diplôme
À écouter sans juger
À transmettre sans prétention. 
Et un jour, un vrai professeur m'a tendu la craie :
《 Veux-tu remplacer une collègue en congés maternité ?》
J'ai dit oui bien sûr.
Oui à la confiance 
Oui à l'expérience 
Oui à cette université sans murs. 

Puis j'ai monté mon entreprise artisanale 
Avec les outils du cœur et les chiffres de l'instinct. 
Et me voilà dans les amphithéâtres du Technopôle de Le Mans
Non pas comme étudiante 
Mais comme intervenante
Comme celle qui a appris autrement. 

Je n'ai pas été vétérinaire 
Mais j'ai soigné les âmes, les corps, les espoirs.
Par correspondance, par présence, par persévérance. 
Avant que mon corps ne flanche
J'ai été celle que l'on venait voir 
Celle qui savait écouter 
Celle qui savait faire. 

L'Université ?
Je l'ai vécu dans les marges 
Dans les interstices du quotidien 
Dans les regards confiants d'enfants et de clients. 
Et mon diplôme 
C'est la reconnaissance silencieuse de ceux que j'ai aidés à grandir 
À guérir 
À croire.


           L' Université m'a oublié 
           Mais la vie m'a diplômée. 
 Ce que je n'ai pas appris dans les livres 
         Je l'ai appris dans les regards. 
         J'ai soigné sans blouse
          Enseigné sans titre
          Entrepris sans modèle ...
          Et pourtant j'ai tout appris.
          Il n'est pas de savoir plus profond 
         Que celui que l'on acquiert en marchant sans carte.
          Guidée par l'ambition 
          Formée par l'expérience 
          Honorée par humanité. 



 

Défi #896

  Un bout de chemin ?    Venelle