Pierre était un homme rigide. Il avait toujours raison, même quand il
avait tort. Ses proches disaient de lui qu’il était carré, mais derrière
ce mot poli se cachait une réalité : il était obtus, incapable de voir
plus loin que ses certitudes. Il était aussi un homme de principes.
Dans sa tête, il y avait deux catégories ; ce qui se faisait, et ce qui
ne se faisait pas. Ses enfants, sa femme, ses proches, tous le savaient;
inutile d’essayer de discuter, quand Pierre avait dit non, c’était
fini.
Un jour, sa femme Claire lui parla d’une idée qui lui
tenait à cœur. Sa sœur, veuve depuis peu, voulait s’installer avec eux
quelque temps, le temps de se reconstruire. Elle n’avait nulle part où
aller, et ses enfants étaient très proches de ceux de Pierre et Claire.
Claire avait dit ;
""Ça serait bien pour tout le monde.
La maison est assez grande, ça nous ferait du bien d’être entourés""
Mais Pierre ne fut pas de cet avis du tout
""Pas question. Une maison, c’est une maison, pas un hôtel. Moi, je veux ma tranquillité.""
Claire insista, disant que ce n'était que pour quelques mois,
Mais Non, c’était non.
Sa
sœur finit fut donc par se réfugier chez le frère des deux sœurs, et
peu à peu, toute la famille s’éloigna de Pierre et Claire. Les réunions
de famille se faisaient désormais sans eux, et les enfants de Claire
passaient plus de temps chez leur oncle et tante que dans leur propre
maison.
Les années passèrent, et l’ironie voulut que Pierre, en
vieillissant, se retrouva seul. Ses enfants adultes ne venaient presque
plus le voir, et Claire, usée de tant de refus et de fermeté dans le
non, finit par partir vivre près de sa sœur.
Pierre resta seul, dans cette maison qu’il avait voulu préserver jalousement. Sa ""tranquillité"", il l’avait eue.
Mais au prix de sa famille entière.
Parfois il faut savoir regarder plus loin que ses propres convictions,
il faut ouvrir son coeur aussi, ne pas voir que sa petite personne.
Etre obtus finalement ce n'est pas une vertu.
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