samedi 22 février 2025

Gorse Attacks! (Cavalier)

  

La petite route serpente sur la lande. Elle se gorge encore de l’or des genêts nains. Près du col, tu te gares doucement le long d’une grande haie d’ajoncs fleurie. Protègeant un maigre champ. Alors, tu suis le sentier qui grimpe à travers la lande au mont Roc’h Trevezel. Et là, quelle vue !

Le soleil se couche sur les monts d'Arrée. Au lointain, une grande auréole marron orangée, l’enveloppant, confond encore le ciel rouge sang avec les collines métalliques bleutées. Tous les détails s’estompent, se désagrègent. Seule une fine ligne cuivrée, furtive, scintille sur l’horizon et démarque, pour un instant, l’éther, du chaos des mamelons pierreux. La lande ocre s’assombrit de traînées glauques et profondes, puis d’ombres fugaces qui glissent telles des ondes en vagues de terreur sur l’océan rouillé. 

L’Ankou et sa meute de lièvres blancs prennent possession des lieux. Ils partent à ta recherche. Détourne ton regard si tu les aperçois.

Incliné près de toi, un bloc de granit, grand menhir rose et gris, entouré de buissons de genêts et d’ajoncs dorés, se détache devant les hautes aiguilles échancrées, agressives, qui lancent leurs doigts tendus vers l’azur encore mauve. Pas un nuage n’est resté là. Un silence total s’étend et t’oppresse. L’Ankou rôde quelque part. Tout s’enfuit. Des bruyères brisées, des épines d’ajoncs lacèrent tes jambes nues. Des trous dérobent leurs mousses noires et spongieuses sous tes pas pressés. Des pierres traîtresses retardent tes fuites en vaines retraites.

Tout l’univers se meurt avec toi. Le manteau de la nuit te traverse. Ta lampe de poche s’étiole. L’obscurité éteint tes yeux. Ta voiture n’est plus là. Ta voiture s’est perdue.

"Wig ha wag ! Wig ha wag !"

 


5 commentaires:

  1. Très belle évocation.
    Quand nous étions en vacances dans le Trégor, nous avons poussé jusqu'aux Monts d'Arrée : spécial comme région ! Mais j'ai retrouvé ma voiture : nous sommes repartis avant la nuit ;-)

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  2. Un tableau saisissant de beauté et d’étrangeté et un paysage où les légendes nous enveloppent et nous hantent...

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  3. ah! les monts d'Arrée! quels bons souvenirs!
    (faudrait que j'y retourne :-))

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  4. Quel beau texte poétique et mystérieux ! Un brin oppressant aussi. J'adore !

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  5. Je confirme l'atmosphère bien décrite ici. Le jour où j'ai fait le tour du lac de Brennilis où se situe la porte de l'enfer, je n'étais pas très rassuré ! ;-)

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Défi #877

   Allez, je vous en colle une au mur :   Lambris